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Daily grind

Les WSOP, ce n'est pas seulement les bracelets, la gloire et les gros buy-ins. C'est aussi les Daily Deepstacks, des tournoix annexes joués au Horseshoe durant les Championnats du monde. Une alternative qui ne manque pas d'intérêt, notamment pour certains grinders français... Allez, suivez-nous au bureau des inscriptions : on vous emmène explorer l'univers des "Daily's".

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Les WSOP, c'est 99 "bracelets events" cette année. Le tout, en un gros mois et demi de tournois. Un calendrier déjà bien chargé... Mais qui laisse tout de même pas mal de place aux tables du Horseshoe et du Paris. D'autant que les organisateurs ont décidé d'augmenter encore la capacité d'accueil du festival, en utilisant deux nouvelles salles du Horseshoe pour ajouter des tables de poker : la Normandy Ballroom et la Florence Ballroom, situées au fond du casino, derrière les tables de cash-game et la salle Hall of Fame. Et ces salles, elles sont spécifiquement dédiées à deux choses : tout d'abord, recevoir les centaines de joueurs s'inscrivant sur les tournois les plus populaires des Series, comme le Millionaire Maker, dont plusieurs tables du Day 2 étaient postées en haut des escalators. Mais surtout, elles servent également à jouer les fameux Daily Deepstacks, durant toutes la durée des Series.

Couloir
Ces Daily, vous les connaissez peut-être si vous suivez de près les World Series, où s'il vous a pris l'envie de venir grind pour pas trop cher dans l'antre des World Series. Chaque jour, au minimum trois tournois annexes aux WSOP sont ainsi organisés au Horseshoe : à 13, 16 et 20 heures. Des MTT au buy-ins plus modestes (250, 400 et 200 $) et qui se jouent sur un jour, comme il y en a tous les jours dans les différents casinos de Vegas, avec évidemment des structures moins intéressantes que les tournois WSOP mais qui restent cependant extrêmement populaires auprès des joueurs. Songez par exemple que le 250 $ de 13 heures enregistre parfois plus de 1 000 entrées, et propose donc des prizepools alléchants, avec pas loin de 30 000 $ à la clé pour le vainqueur. Sur le 400 $ du samedi premier juin, le vainqueur Raymond Chui a empoché 16 449 $, et sur le 200, Jackson Young est reparti avec 6 889 $.

GregCMAutre exemple ? Greg Ceran-Maillard, collègue bossant sur ces WSOP pour un opérateur de jeu en ligne qui aimeJo bien les chevaux, a tenté sa chance il y a trois jours sur le 250 $ : le tournoi a validé 1 019 inscriptions, et a selon Hendon Mob été gagné par un joueur français dont le nom n'a pas été communiqué : ce dernier a empoché pas moins de 29 000 $ ! Alors, on en pense quoi de ces tournois ? "La structure, ça va jusqu'à la bulle, détaille Greg, qui a terminé 27e pour quatre buy-ins, soit 1 026 $ exactement. Après, c'est plus turbish. C'est un peu frustrant d'être éliminé alors que tu as laissé tant de joueurs derrière toi. Et le niveau..."

Legendes
Si vous croisez ces légendes du poker, c'est que vous êtes sur la bonne route

Vous l'aurez compris, il y a certainement de la value à prendre, ce qu'à également bien compris Jonathan Guez, responsable des traders chez Winamax. Entre son Day 1 et le Day 2 du Millionaire Maker, pour lequel il s'était qualifié dimanche, il a donc décidé de tenter sa chance lundi... Il a bien fait : au beau milieu de la nuit, Jo nous a envoyé un message explicite "C'est gagné !" Un deeprun réussi sur un field de 873 entrées "seulement" (hé, on est lundi, les Américains venus pour le week-end sont rentrés chez eux), qui lui rapporte 26 265 $ après avoir battu en heads-up un autre Français, Roger Di Maria. Une occasion rêvée donc de lui demander comment se déroulent un tournoi qu'il a joué presque de A à Z...

"J'ai register au dernier niveau. J'avais 25 000 jetons sur des blindes à 1 000 /1 500, cela fait 16 blindes (il est possible de register jusqu'à la fin du niveau 8, à 5h35 de l'après-midi). Pour la petite histoire, ce tournoi m'a été financé car j'avais parié que Balogun marquerait avant la mi-temps, il a marqué à la 44e minutes... En tout cas, la moitié du field avait déjà été éliminée. C'est du 10-handed, donc tu n'es pas obligé de relancer avec A-3 off. La structure est cool les trois premières heures, après c'est une boucherie. Il faut éliminée 800 ou 900 joueurs en une journée..."

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Jo qui découvre qu'il va jouer quelques heures en 10-handed

La suite ? Jo a eu beaucoup de réussite sur des coups à tapis, et placé quelques petites sucreries pour arriver avec 600 000 jetons alors que la moyenne était à 85 000. "Mais au bout d'un moment, tu te fais vraiment rattraper par la structure. Celui qui touche du jeu, bien joué à lui..." Jo a par exemple réussi à passer deux Dames contre deux Rois et Roi-Dame à tapis couvert (il a fait la Dame)... Ensuite, personne ne peux payer personne, car les stacks sont trop similaires." Ensuite Jo a gagné un flip crucial avec As-Roi contre deux Dix pour posséder un tiers des jetons à cinq left, et finir le travail. "Il faut tellement de chance et de timing. Je pense que j'ai rentré une cote à un milliard ! J'aime bien, ce sont des tournois accessibles. Mais soit tu run hot, soit tu min-cash : le 135e prend 500 $, et le 12e 1 200 $... Et les gens sont détente, fair-play, le field est plein de vieux américains et américaines. C'est bonne ambiance. Les seuls problèmes, c'est le 10-handed au début, et il y a trop de redraws. Mon tournoi a fini à 4h15, il faut aussi être prêt à ça."

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Bref, vous l'aurez compris, ces tournois friendly consituent une belle opportunité de prendre un beau billet pour des bankrolls ne pouvant pas se permettre de jouer tous les tournois WSOP à quatre chiffres. C'est le cas par exemple de Dominique Terzian. Doumé, c'est un cas à part : lui, il vient à Vegas pour grinder sans relâche, mais pas pour jouer ces bracelets events qui font tant rêver le chaland. "Moi, je joue les petits tournois, nous confirme le Sudiste. Je n'ai pas une bankroll de malade : mon budget pour Vegas ne dépasse pas les 20 000 $, et je fais des tournois de 200 $ jusqu'à 800 $. Pour les WSOP, j'ai fait le Gladiators, je vais faire la Pokernews Cup à 600 $. Je joue aussi à l'Orléans, au Wynn, qui fait des tournois moins chers maintenant, et au Venetian par exemple. Et si par bonheur je fais un beau résultat, je joue plus cher. Le poker, ça va trop vite, et moi j'aime bien monter en puissance." Avec une exception pour les magnifiques tournois Seniors, donc. Et parfois plus : "J'ai aussi joué le Main Event il y a deux ans, j'avais sauté à trois mains de la fin sur le Day 1 pour un pot de 2,3 fois l'average." Après avoir atteint les places payées sur le Seniors Championship (Doumé est d'ailleurs en lice sur le Super Seniors, réservé aux joueurs ayant au moins 60 ans. "J'ai soixante ans et six jours, rigole Doumé. Je suis peut-être le plus jeune !"

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La Provence Ballroom, vue de l'intérieur

Une chose est certaine : la strat de Doumé fonctionne : "J'en suis à 17 ITM en 22 jours ! J'aime bien jouer, je peux jouer 24 heures d'affilée, explique celui qui loge généralement à proximité du Horseshoe, dans la résidence Platinum par exemple. Je préfère faire deux tournois à 400 $ plutôt qu'un 1 000 $ et ne pas jouer pendant deux jours si je suis éliminé." Des stats incroyables, sauf pour lui : Dominique est le recordman français et européen des places payées sur le site de référence Hendon Mob, avec pas moins de 449 ITM (!!) depuis 2011, ce qui le place actuellement en 11e place du classement mondial. "Une fois, j'ai fait trois placées payées dans une journée," se souvient Doumé. Et encore, il doit en manquer pas mal... "J'ai vraiment commencé à m'y mettre en 2017, explique ce joueur de cartes depuis 40 ans. J'ai connu le poker trop tard." Le revers de la médaille ? Doumé ne gagne pas souvent : "J'ai 22 victoires, mais pas sur des gros tournois." Une anomalise, sans aucun doute, pour un pedigree aussi fourni. Tout les coups à tapis je suis devant quand j'ai une tonne

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Mais revenons à nos moutons : c'est quoi la recette pour aller loin sur ces structures ? "Faire ITM, c'est jouable, c'est mon premier objectif, explique Doumé. Par rapport au nombre de jetons que j'ai, je me projette, je sais les coups où je peux aller ou pas. Je pique des jetons, je disparaît, je re-entre..." Des tournois sur lesquels l'expérience peut également aider : "J'utilise aussi les tells, explique Doumé. Par exemple, il y a un mec qui avait l'air décontracté, mais tu le vois qui regardes le serveur, qui se retourne, qui joue avec son téléphone..." Selon son ami Sébastien, qui a visiblement tenté de lui montrer des tableaux de ranges de mains sans succès, Doumé reste "un joueur d'instinct. C'est le poker à l'ancienne. Pourtant, il traine avec des joueurs comme Sonny Franco ou Paul-François Tedeschi !" "Je joue mi-vieux mi-jeune, précise Doumé,qui confie préférer le full ring au 6-handed. Je m'adapte."

Concernant la fin de ces tournois, Doumé est bien d'accord avec Greg CM : "A la fin, c'est de la roulette. Je joue pour gagner : si il faut mettre les jetons au mileu je les mets, mais je me fais toujours salir, comme je ne suis pas chattard." Dominique peut cependant compter sur un autre atout durant ces tournois qui se terminent au milieu de la nuit, et pour les WSOP dans leur ensemble : "L'endurance ! C'est ma force. Chez moi, c'est zéro craquage. Je peux jouer deux tournois dans la même journée." Ce qui n'est clairement pas le cas de tout le monde.

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La Normandy Ballroom

En attendant la prochaine victoire de Doumé, tout le monde peut aussi tenter sa chance sur les Daily Deepstacks, pour dire qu'il aura gagné un tournoi à Las Vegas alors que Gus Hansen, Phil Ivey ou que sais-je encore jouent pour les plus prestigieux bracelets dans le même casino. C'est aussi ça, la magie des WSOP.

Tout savoir sur les tournois Daily Deepstacks

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Gayer égaie la journée

Trois jours après avoir décroché une victoire à 430 briques au Wynn, Damien Gayer avance au Day 3 du Millionaire Maker avec le plus gros tapis du clan Français. L’occasion de découvrir ce grinder assidu et discret, qui emmène dans son sillon une douzaine de joueurs tricolores au Day 3, à 316 left de 1 250 125 $. Event #54 : Millionaire Maker 1 500 $ (Fin de Day 2)

Damiens Gayer

Ce cru 2024 est toujours aussi léger en nombre de bracelets français. Pour voir nos Bleus perfer à Vegas, il faut plutôt regarder du côté des autres casinos du Strip. Comme chaque année, les Wynn, Venetian et autres Aria servent des festivals bien alléchants pour les grinders mid-stakes. De nombreux Français se sont mis à table sur le dernier Mystery 2 200$ du Wynn et Damien Gayer s’est carrément régalé, en décrochant une win gargantuesque, pour près de 430 000 $.

« C’était incroyable, mais c’était long ! On a fini à sept heures du matin, raconte Damien, que l’on retrouve en plein deep run sur ce Day 2 de Millionaire Maker. Il y avait beaucoup d’ICM dans cette table finale, donc je n’ai pas fait de véritables folies. Mais j’avais le feeling, la confiance et bien sûr la réussite. Notamment au moment du 4-max, j’ai pris les bons check/raise, j’ai senti les coups. La finale durait des heures, plusieurs joueurs ont demandé à continuer le lendemain, mais un Israélien a insisté pour continuer. Et il a bien fait. Avec lui, on était les deux joueurs les plus endurants et on s’est retrouvé en Heads-up. Les autres ont un peu craqué ».

Gayer

Damien Gayer n’est pas un nom qui sonne à l’oreille des couvreurs. Ex-coloc de Nicolas Vayssières et Quentin Roussey, le résident maltais est avant tout un grinder online, qui dispose tout de même d’une petite expérience live. « Ça fait à peu près cinq ans que je fais le circuit. Surtout Vegas, et les EPT de temps en temps. Et jusque-là, je n’avais pas vraiment eu de réussite. Cette perf’, c’est un peu un accomplissement ».

Sans même besoin de tirer de grosses enveloppes, le Palois score ainsi la plus grosse perf' tricolore de ce Vegas, devançant même Alban Juen qui l’avait précédé de quelques semaines en prenant le 1 100 $… du Wynn. Deux jours plus tard, le revoilà en plein deep-run, à baguer des jetons pour un Day 3 de Millionaire Maker, avec un stack colossal, le plus gros du clan tricolore.

« Après la finale, je n’ai même pas dormi. Je me suis inscrit le soir même au Milly Maker. C’est pas passé, je suis revenu dimanche et c’est là que j’ai bag. Après le Wynn, j’avais prévu de faire un break pour digérer un peu, mais il y avait le Milly dans la foulée. J’ai dû continuer de jouer alors que je suis éclaté ».

Un enchainement bien senti. Damien continue de surfer sur le run, tout en faisant attention à ne pas s’emballer, ou tomber dans l’excès de confiance.

Bonnant Gayer

« J’ai juste essayé de me “reset” au niveau mental. J’avais pas mal bossé cet aspect avant de venir à Vegas. Et dans la tête, tu as vite fait de te détendre après une perf’. Là, j’ai vraiment envie de finir correctement ce Vegas. - Mouais. Même si tu blank tout, tu finis à + 350K quoi, sourit le copain Clément Bonnant (photo, à droite), raillant la discipline de fer de son ami grinder. - Pourquoi tu rigoles, toi ? Non, il faut se dire “Ça, c’est fait”. Maintenant, chaque tournoi qui arrive est une nouvelle opportunité.

Damien saisit celle qui s’est présentée deux jours plus tard. « J’avais 200 000 au départ de ce Day 2. J’ai eu un spot qui m’a propulsé. Un duel SB contre bouton. J’avais été assez actif sur la demi-heure précédente et là, je 3-bet 1010, et le bouton 4-bet shove 45 blindes, je paie et il a 44. Je pense que c’est la dynamique qui l’a un peu chauffé ».

Derrière, le Palois continue d’escalader les hauteurs du chipcount et domine une table plutôt docile. « C’est plus facile quand tu as des jetons. Surtout sur un tournoi comme celui-ci. Un peu comme le tournoi du Wynn, les tables sont vraiment soft. Là, j’ai pu monter à 2 100 000. Je tente un bluff qui ne passe pas sur la dernière heure, mais ça fera quand même 1 500 000 pour demain ». Le même tapis que le copain Clément Bonnant, pour profiter d’un Day 3 avec le copain de Malte, en tant que pilote et copilote de l’escadron bleu.

Jean-Marie Blanc

Au milieu de ce parterre de professionnels aguerris (voir plus bas), un amateur surnage, en plein rêve éveillé, Jean-Marie Blanc. "Ça se passe bien pour moi depuis le début, j'étais 14ᵉ au classement ce matin, nous glisse-t-il. C'est mon tout premier ITM sur un tournoi WSOP !" Pourtant, JM est loin d'être un rookie de Vegas. "Je viens tous les ans depuis 2009 avec des collègues du Puy-en-Velay, détaille ce médecin. Mais d'habitude, je joue des petits tournois entre 200 et 500 $ dans d'autres casinos. L'an dernier, j'ai gagné le H.O.R.S.E. à 300 $ du Golden Nugget. On ne doit pas être beaucoup de Français à gagner ce genre de tournois. Et vendredi, j'ai deal le 200 $ du Orleans avec un Brésilien. Les 1 500 $, j'en fais une fois de temps en temps quand ça va bien aux tables, donc pas tous les ans."

Cette année est donc une bonne année pour Jean-Marie, qui reviendra avec une grosse vingtaine de blindes pour faire durer la belle histoire encore un peu plus longtemps. "En plus demain, on va jouer dans la salle d'à côté, non ? Trop la classe ! Tiens, d'ailleurs, j'ai eu Barny Boatman à ma table aujourd'hui. C'est marrant, il est plein de tics, mais quand même quoi, Barny Boatman !" Si ça, ce n'est pas un joueur en plein kiff'.

Baptiste Bensadi

À la table de Jean-Marie, Baptiste Bensadi a terminé la journée avec un bon petit setup des familles... sauf qu'il se tenait du mauvais côté. Deux Rois chez le Français et deux As chez son voisin très content, qui double son tapis de 300 000 jetons et fait chuter le vainqueur du Battle Royale du SISMIX 2023 dans la zone rouge écarlate pour demain.

Tapis_Volant

L'autre belle histoire du jour, c'est évidemment celle de notre confrère Victor Saumont. Après avoir démarré dans l'une des salles annexes situées à l'étage du Horseshoe, que l'on vous présentait dans un précédent article, Tapis_Volant a tranquillement fait son trou sur ce Day 2, entre 2-barrel bluff, "folds de nit" et lancers de pièce remportés avec habileté, comme cette paire de 9 qui tient contre As-Dame malgré l'apparition d'un As au flop, en se transformant en couleur runner-runner. Si la fin de journée n'a pas été facile, en partie à cause d'un bon gros désert de cartes, Victor reviendra tout de même avec douze belles blindes, porté par tous les espoirs de la #TeamCouvreurs.

Sonny Franco

Sonny Franco est sur un nuage depuis le début de ces WSOP. Certes, la grosse perf' tarde à se concrétiser, mais en attendant, il continue de placer des jetons dans des sacs avec une régularité désarmante. "C'est mon quatrième Day 3 d'affilée, attaque-t-il. Ah non, troisième en fait, parce que le 3K 6-max où je fais 11ᵉ, c'était un Turbo sur deux jours. Mais à côté de ça, Monster Stack, 5K 6-max et maintenant celui-ci, ça fait trois Day 3." Sonny détiendra-t-il la recette secrète du deep run ? "Je late reg le plus tard possible. Ici, j'ai fait ça à chaque fois, j'arrive en toute fin de Day 1. Donc en fait, je joue quatre heures pour être ITM et douze heures pour faire Day 3." Dit comme ça, ça parait facile.

Mustapha Kanit

Mustacchione sans moustache, vraiment ? Glabre comme au premier jour, mais toujours aussi souriant, Mustapha Kanit boucle ce Day 2 avec un tapis de 775 000, légèrement inférieur à la moyenne, alors qu'il a dû en découdre sur sa dernière table avec le Champion du Monde 2014 Martin Jacobson, assis juste à sa gauche. L'Italien du Team Winamax est accompagné au Day 3 par sa coéquipière Leo Margets, qui valide un deuxième deep run consécutif quelques jours après avoir terminé 57ᵉ du 5K 6-max.

Nicolas Barthe

Deux W rouges peuvent en cacher un autre. Alors que son collègue trader Jonathan Guez chutait en 459ᵉ place, Nicolas Barthe fait durer le plaisir pour ce qui est son sixième ITM (!) sur ces WSOP. "Physiquement, c'est dur, nous a avoué "Céba". J'ai rail Jo jusqu'à 4 heures du matin la nuit dernière pour suivre sa victoire sur le 250 $. Pendant les premières pauses, je suis remonté à ma chambre, ça m'a fait du bien." On lui souhaite une bonne nuit de sommeil, pour revenir plein d'énergie, comme le reste du clan français, dès 11 heures (20 heures en France). Et s'ils ont besoin d'un petit somme réparateur juste avant la reprise, l'Équipe de France joue son dernier match de poules de l'Euro contre la Pologne à 9 heures. Sinon, ils peuvent toujours compter les millions...

Fausto & Flegmatic

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Violent pour Tapis

Le deeprun s'achève en 263e place pour Tapis_Volant après un ascenseur émotionnel Nicolas Barthe double d'entrée Event #54 : Millionaire Maker 1 500 $ (Day 3)

Tapis 2
On rêvait d'un double-up, mais c'est malheureusement l'inverse qui s'est produit bout d'une heure de jeu à peine dans ce Day 3 : notre collègue Victor Saumont est éliminé du Millionaire Maker. Après avoir débuté la journée avec 12 blindes à la table de Jason Wheeler et Martin Jacobson, Tapis_Volant avait pourtant su éviter une première balle : "Je me doutais que ma table allait casser, du coup je tankais un peu pour ne pas être de grosse blinde avant. Le joueur à ma gauche tankait de fou... Finalement, il a pris la big blind, moi non." De quoi préserver une partie de son tapis, même s'il se retrouve alors en position UTG+1 sur sa nouvelle table.

Victor ne verra ensuite aucun spot évident à négocier, hormis une main où de son propre aveu il aurait pu payer pour ses 8 dernières blindes après que le joueur UTG+1, qui le couvrait, soit parti à tapis. Finalement, c'est sur une défense de blinde que tout va se jouer : relance du cut-off, et call du couvreur-vidéaste en BB. Le flop vient 9-7-5 rainbow, et Victor annonce directement. C'est payé après quelques secondes par le cut-off, qui retourne As-9, devant le 10-9 de notre collègue. Le turn 10 est magique... Mais la river A cauchemardesque.

Saumont1
Victor termine finamement 263e pour 8 200 $. "Aujourd'hui, c'était dur, confiait-il après sa sortie, forcément déçu. "C'est violent ce truc. Tu te dis que tu chattes avec ton 10, mais je ne me réjouissais pas trop non plus... Bon, je fais 263e, j'avais fait 257e sur le Main Event en 2017. Après moi, je ne joue jamais ce genre de tournoii, j'imagine que tu ne peux pas être content de prendre cinq buy-ins quand tu le joues tous les ans... Maintenant, je vais me reposer." Car dès demain, vous retrouverez "Tapis" dans ce reportage, mais dans la peau du couvreur cette fois. Alors bravo Victor (qui était le dernier membre de la villa des reporters Winamax à ne pas avoir fait ITM sur ce Vegas 2024 !), et merci : on a vibré.

Barthe
D'autres Français ont eu plus de chance depuis le début de ce Day 3. C'est le cas de Nicolas Barthe, qui a trouvé un double up d'entrée ! "Une joueuse relance à 50 000 UTG, je fais 125 000 avec deux Dames. Call, et flop 2-3-6. Je c-bet 100 000, elle fait all-in, je call, elle a 9-9." Pas d'horreur sur la fin du tableau, et "Séba" passe à 1,4 millions il poursuit le 6e deep run de son été vegassien avec près de 60 BB en sa possession.

Surinach
Le Pro Dream PMU Jeremy Surinach, lui, survit comme il peut. Tombé à 5 blindes sans pouvoir y faire grand-chose, il décide de défendre sa BB après une relance du cut-off. Comme Victor, lui aussi donk-shove sur le flop, qui est venu KJ5. Il obtient un fold et garde encore de l'espoir dans ce tournoi. Pour l'instant, aucune autre élimination n'est à signaler pour le clan français.

Kanit
Le dernier représentant du Team W, Mustapha Kanit, est compté à 500 000 jetons après 1h30 de jeu.

Chris Moorman, l'un des meilleurs joueurs de tournois online de l'histoire, a lui perdu quelques plumes. Après une relance de sa part en position intermédiaire, Jessica Vierling défend sa BB, avec 220 000 derrière. La joueuse américaine fait directement tapis sur le flop 346, et l'Anglais effectue le call avec son AK. Le 10 au turn le laisse devant, mais c'est bien un J qui tombe sur la river. Rien d'inquiétant pour le champion WSOP, qui conserve un tapis de 1,4 millions.

Destins liés

João Vieira entame le Day 3 parmi les gros tapis, tout comme David Benyamine Et si les deux joueurs se retrouvaient au sein du Team Winamax à l'avenir ? Event #58 : Poker Players Championship 50 000 $ (Début du Day 3)

PPC
Nous l'avons un peu laissé de côté en fin de journée hier, occupés que nous étions par le deeprun de notre collègue Tapis_Volant et des Français sur le Millionaire Maker. On va se rattraper tout de suite, car il s'est passé de belles choses sur ce Poker Players Championship mardi, certaines nous intéressant au plus haut point : João Vieira et Gus Hansen, nos deux Teams Pros en course dans le tournoi, ont passé ce deuxième cap... et cerise sur le gâteau, c'est avec un gros tapis que le Portugais a débuté le 3e des cinq jours au programme. Après avoir terminé le Day 1 dans le ventre mou, Naza a pris son envol durant le Day 2, s'emparant brièvement du chiplead pour finalement boucler la journée avec le 6e tapis des 33 survivants, soit 1 428 000 jetons.

Vieira
Pour ce Day 3, le Madérois nous confiait qu'il allait simplement tenter de faire de son mieux, comme chaque jour. L'occasion de mettre fin à une spirale négative : après une première table finale au début des WSOP sur un tournoi d'Omaha en 8-Handed (6e pour 106 795 $), le Portugais à quasiment tout blank durant les trois semaines suivantes, ne parvenant qu'à empocher un min-cash sur deux tournois de Hold'em joués en 6-Max, le 3 000 $ et le 5 000 $. Ce PPC constitue donc l'occasion rêver d'inverser la tendance, et de prouver à la face du monde ses compétences en Mixed Games, lui qui a gagné ses deux bracelets en No Limit Hold'em mais a toujours échoué sur les dernières marches lors des tournois de variantes aux WSOP. L'objectif premier sera évidement d'atteindre le Day 4, alors que le tournoi offrira 14 places payées : on pourrait bien les atteindre à l'issue de cette journée, où comme d'hab on jouera cinq niveaux de 100 minutes. João évoluera pour commencer à une table composée notamment de Phil Ivey, Stephen Chidwick et Jared Bleznick.

Hansen
On allait aussi vous parler de Gus Hansen, qui faisait partie des shortstacks à l'entame du Day 3. Mais pour son grand retour sur le PPC, The Great Dane n'aura pas tenu plus d'une heure dans ce mercredi. Mais nul doute que le triple champion WPT a dû apprécier de revenir parmi ses pairs.

Benyamine
Tiens, en parlant du Team Winamax... L'un des joueurs présents dans ce field nous a lâché un petit scoop : David Benyamine, rien que ça, nous a fait part de son souhait de rejoindre la meilleure équipe de poker du monde ! "Je vais jouer beaucoup de tournois en Europe désormais. On va me voir sur les EPT, sans doute sur des High-Rollers en No Limit... Je vais voyager. Le poker, c'est reparti pour cinq ans. Alors si Winamax a envie..." Comme Gus Hansen l'avait fait lors du WPT Championship l'an passé, ce qui avait débouché sur son arrivée au sein du Team quelques mois plus tard, David nous a donc fait ce qui ressemble à un appel du pied. Une légende du poker français, et de surcroît mondial, au sein du Team W ? On dit oui !

En attendant, David se concentre sur ce PPC, dont il a entamé le Day 3 avec le 4e tapis : "C'est toujours sympa de jouer ce tournoi, souriait-il. J'ai terminé une fois 4e [en 2013], et à chaque fois que je le joue, je suis proche des places payées. Cela fait du bien d'avoir un peu de jetons, mais ce gros tapis ne veut rien dire. Le but est de bien jouer, une main après l'autre, et même un bet après l'autre." Et pour nous aussi, c'est évidemment une bonne nouvelle de voir un David Benyamine à son aise parmi les siens : "Je joue tout le temps avec certains d'entre eux", noux expliquait-il avant le lancement de la journée. Bonne chance David !

James Obst est chipleader du tournoi depuis deux jours... Qui parviendra à déloger l'Australien ?

La répartition des prix

Position Prix
Vainqueur 1 178 703 $
Runner-up 768 467 $
3e 519 158 $
4e 363 914 $
5e 265 054 $
6e 200 896 $
7e 158 719 $
8-9e 130 943 $
10-11e 113 028 $
12-14e 102 299 $

Boudet son plaisir

Un vétéran du clan français monte un énorme tapis sur le Mixed Stud8-Omaha8. Un tournoi largement trusté par les Américains, choisi spécialement par Patrice Boudet pour faire son grand retour à Vegas, dix ans après sa dernière fois.

Event #61 : Omaha8 - Stud8 2 500 $ (Day 2)

Boudet

« Je suis d’un temps que les moins de vingt ans… Tu connais la chanson », lance Patrice Boudet, que je retrouve à la première pause du jour sur le Day 2 du Mixed-Games Stud8-Omaha8. Un combo de deux variantes “Hi-Lo”, le format de prédilection de Patrice. « Je joue aussi en No-Limit. Mais après trente-cinq ans de jeu, les deux Dames contre As-Roi, ça me fatigue. C’est trop de loto. Ce que je préfère, c’est le “Hi-Lo”. On jouait beaucoup de tournois de variantes à l’Aviation. Je te parle de ça, c’était les années 90, début 2000. On avait du Stud, du Dealer Choice, j’ai toujours adoré ça. A Paris, je joue régulièrement avec des amis, on se fait des parties de cash-game en Omaha8 ».

Cette fois, c’est sur un tournoi WSOP, sous les projecteurs de Vegas que le Parisien tente de faire des “wheels”, dix ans après sa dernière venue. « Avec le boulot, c’est compliqué. Mais là, j’ai mon ami Martel de La Chesnay qui m’a poussé et on s’est dit qu’on venait pour dix jours. Je ne viens même pas pour le Main Event. A mon âge, c’est difficile les tournois si longs ».

Dix ans après, Boudet remarques quelques changements notoires. « Les fields sont devenus immenses. J’ai vu qu’il y avait plus de 10 000 personnes sur le même tournoi hier (le Millionnaire-Maker), le poker est monstrueux maintenant. Sur les Mixed-Games, on est un peu moins, mais c’est surtout des Américains. En Europe, on a un temps de retard. Ce sont surtout les vieux qui jouent, les jeunes, ils ne savent même pas ce que c’est. Là, c’est beaucoup de papis-mamies et tu sens que ce sont des joueurs qui se connaissent et qui jouent toute l’année ».

"J'ai vendu à Benyamine son premier ordinateur"

Boudet

Lui même est représentant de la vieille garde française, qu’il a longtemps côtoyé de l’ACF jusqu’à Vegas. « Je jouais beaucoup à Hausmann, à l’Aviation. C’est même moi qui les ai équipé informatique ment, à l’époque où on sortait les machines pour imprimer automatiquement les tickets d’inscription, se souvient Patrice, qui a longtemps travaillé comme vendeur en informatique. C’est moi qui ait vendu à David Benyamine son premier ordinateur. A Angelo (Besnainou) aussi, Paul Testud… Je les connais tous ».

En revanche, Boudet n’a aucune idée des nouveaux visages du poker de 2024 et ne reconnait pas les nouvelles stars du jeu, à l’instar de Yuri Dzivielevski, situé deux sièges sur sa droite. « Le Brésilien là ? J’ai vu qu’il jouait beaucoup de mains, mais à part ça, il ne m’impressionne pas du tout. J’ai tenté un bluff contre lui, après avoir loupé mon “Low”. J’avais aussi une paire de 7… Et il a call-muck » réagit Patrice, à qui j’apprends dans la foulée que ce “Yuri” a gagné cinq bracelets, dont le dernier il y a trois jours. « Ah oui quand même ».

Boudet Dzivielevski

Pour l’instant, Patrice a parfaitement muselé le récent vainqueur du 9-games Mixed, en parvenant même à doubler son tapis, déjà conséquent en début e journée. « Je ne suis pas très en forme en Stud mais j’ai touché beaucoup de mains en Omaha8. C’est un jeu que je pense que jeu maitrise bien. Il faut vraiment éliminer beaucoup de mains pré-flop. Sinon, tu touches une paire ou un bout de quelque chose et tu pédales, tu pédales… » analyse Boudet, qui avait notamment atteint une demi-finale WSOP sur ce format.

« C’était en 2009. J’avais éliminé Vanessa Selbst sur ce tournoi. Elle voulait me tuer et j’avais réussi à la bluff-catch. Je me souviens encore qu’en demi, je fold pré-flop un 2-3-T-J sur lequel j’aurais bust deux joueurs si j’avais décidé de call ».

Le voilà à un peu plus de 100 left de ce nouveau WSOP Mixed-games, promettant un beau billet de 222 703 $. Dix ans après, Patrice espère pouvoir approcher une nouvelle finale WSOP mais pour l’heure, il s’agit déjà d’entrer dans l’argent, puisque seulement 77 des 507 partants verront la couleur de l’ITM (avec un min-cash à 5 000 $).

Eric Rabl

Seul Tricolore encore en course dans ce O8/Stud8, Patrice Boudet est tout de même escorté par l'ami francophone Eric Rabl. Finaliste de ce même tournoi l'an dernier, le Suisse revêt le maillot de l'écurie Smardex... Dont il est le créateur. Une Team de jeune joueurs High Roller, mené notamment par le prodige Thomas Santerne.

Glaser

Les requins des variantes sont évidemement de la partie, avec ici un Benny Glaser parmi les chipleaders et en quête de son sixème bracelet.

Plan à trois

Trois Français chassent encore les deux millions de dollars Damien Gayer mène le trio bleu Event #54 : Millionaire Maker 1 500 $ (Day 3)

On va bientôt passer en dessous de la barre des 100 joueurs restants dans le Milly Maker, et alors que nous abordons les blindes 40 000/80 000, le clan français a subi une sérieuse hécatombe : sur les 12 Bleus au départ du Day 3 à 315 joueurs restants, ils ne sont plus que trois en piste pour devenir millionnaire en dollars. Après la sortie de Victor Saumont, on a dit au revoir à Sonny Franco, Baptiste Bensadi, Jeremy Surinach, Clément Bonnant, Jacques Mayer, Fred Delval, Mathieu Rabalison (KJ contre As-10 chez Benjamin Underwood) et Jean-Marie Blanc.

Et parmi le trio, le mieux stacké est le même qu'hier : Damien Gayer. Après avoir commencé la journée avec 1,6 millions de jetons, le voilà à plus de 3 millions après cinq heures de jeu dans ce Day 3. Le Français a surtout réussi à faire deux As contre As-Roi "chez un reg bulgare. Tout est parti préflop. Sinon, j'ai gagné des petits coups postflop. Je me sens à l'aise, même s'il y a de très bons joueurs à ma table. J'essaie donc de sélectionner mes spots. A part ça, rien de spécial." Damien semble en tout cas assez tranquille dans ce Day 3...

... tout comme Virgile Turchi, souriant au moment de venir taper la discute, et qui a employé presque exactement ce terme. "Tranquillou !" Précisions de "KKJBet" : "Depuis le Day 2, j'ai un tapis qui oscille entre un quart et un demi-average, entre 6 et 20 blindes. On construit. Je n'ai pas trop de spots, mais on maximise dans les spots de survie. Cela se passe bien, je suis content d'être là. On est à 113 left du titre ! " Pour sa septième place payée des WSOP 2024 (déjà), Virgile est en train de réussir l'un de ses meilleurs deepruns jusqu'à présent. Pourvu que ça dure pour celui qui est à la recherche de sa première finale sur les World Series. Et tiens, on vient de le voir sortir un shortstack avec A-10 contre K-4 préflop, pour pointer à 1,2 millions, soit une quinzaine de blindes.

Le troisième larron, Nicolas Barthe, fait lui aussi preuve d'une régularité sans faille depuis le début de l'été, avec cinq places payées au compteur. Fort d'un stack de 17 blindes, il se situe dans une zone de resteal, ce qu'on l'a d'ailleurs vu faire à deux reprises. De quoi se maintenir à jeu. Nicolas, trader chez Wina pour rappel, fixait la cote de sa participation à la finale à 25... En espérant que le bet soit bon !

Maria Lampropoulos, l'une des deux dernières féminines de ce tournoi, se débat avec un tapis sous la moyenne depuis un bon moment

Gün dégaine

Après des années de “grindouille”, Fabien Gün s’est décidé à tenter l’aventure professionnelle juste après ses 30 ans. En plein deep-run sur le 3 000 $, le Franco-Suisse raconte son désir de s’offrir sa liberté, mais surtout, de n’avoir aucun regret.

Event #60 : 3 000 $ No-Limit Hold'em (Day 2)

Fabien Gun

« Tout est parti d’une discussion avec mon patron, raconte Fabien Gün, entre deux folds directement depuis son deep-run sur le 3 000 $. Je bosse en finances - comptabilité et mon chef me propose une nouvelle formation, avec l’idée de me faire évoluer. C’est en parlant avec lui que j’ai compris que ce n’était pas du tout mon projet ». Plutôt que de persévérer dans un milieu qui ne lui plaisait qu’à moitié, Fabien a décidé, à 30 ans, de s’adonner pleinement à sa passion et de tenter l’aventure de joueur professionnel.

« Ces dernières années, je regardais des gars comme Julien Sitbon, ou Jonathan Pastore. Des joueurs qui sont parfois là depuis longtemps mais qui ont connu des ascensions incroyables. En les voyant, je me suis dit “je ne sais pas ce que je fais à ne pas essayer”. J’avais l’impression de ne m’être donné une chance et que j’aurais des regrets si je ne le faisais pas. Je pense que ces gens là se sont donnés les moyens d’y arriver ».

Gün sonde ses envies, concerte ses proches, s’accorde un budget et un temps pour mener à bien son projet : Cinq ans pour faire quelque chose dans le jeu. Et ce avec l’aval de sa femme et même de son patron. « Je grindais depuis presque 8 ans et sur les cinq dernières années, ma copine me poussait pour que j’aille encore plus loin dans le poker. Quant à mon patron, il savait que j’aimais bien le jeu. Le poker est quelque chose de relativement répandu dans le milieu de la finance, et il m’a plutôt soutenu ».

Fabien Gun

Avec son boss, Fabien s’arrange pour trouver une nouvelle forme de contrat. Un temps partiel de trois jours par semaine pour que les quatre jours restants soient dédiés à la grind. « La vie en Suisse est assez chère. Jusqu’à maintenant, je ne me suis privé de rien, mais c’est surtout grâce au salaire que j’avais en Suisse. Ce compromis m’assure un revenu, ça me permet de payer les charges, mais maintenant, je dois être très sérieux sur la BRM. Et surtout, ça me permet de travailler le jeu, alors que lorsque tu as un travail à côté, tu n’as jamais le temps de faire ça. »

Installé en Suisse depuis l’enfance, Fabien a progressivement monté sa roll, en testant à peu près tout les formats de jeux possibles. « Je n’ai jamais vraiment fait d’énormes perfs en MTT. J’ai eu pas mal de petits gains réguliers, et j’ai pris une fois 27k, mais je considère que c’est assez peu par rapport à tout ce que je joue. J’ai surtout pas mal joué en cash-game, sur des applications » explique le grinder, désormais installé sur de belles limites online.

Le joueur interrompt la discussion quelques secondes pour jouer une main. Un joueur a open-shove 15BB UTG et visiblement, Fabien a trouvé deux cartes pour lui aussi mettre son tournoi en jeu. Gün avance ses douze blindes au milieu et retourne… AK, en très bonne posture face au A4 adverse. Attention au flop… 426. Turn brique, Fabien se lève en voyant la river… K ! Double-up, le Français se relance dans ce tournoi, à 250 left sur un field de 1 775 joueurs.

« J’ai cru que c’était la fin, reprend le joueur tout sourire, avant de poursuivre la discussion. Mes parents ont déménagé en Suisse quand j’avais onze ans, dans le canton de Berne. C’est assez proche de la Suisse-Allemande. Je connais d’ailleurs un certains nombres de grinders germanophones, notamment la bande à Dinesh (Alt), avec Samiyel (Duzgun), son frère… La Suisse, c’est petit, tout le monde se connaît, surtout dans le milieu du poker. En vérité, peu de joueurs professionnels sont restés en Suisse, la vie y est tellement chère ».

Le projet de Fabien n’est pas seulement de faire de sa passion un boulot. Comme beaucoup de joueurs de poker, il est attiré par la liberté et l’indépendance que permet la vie de joueur.

« Je suis près à m’investir pendant cinq ans, mais je sais l’intensité que ça demande. L’idée n’est pas de jouer “H-24” pendant le reste de ma vie. Je veux investir du temps dans quelque chose que j’aime, mais après, je veux être libre de faire d’autre chose. Le but final, c’est de pouvoir profiter de la vie ».

Pour l’instant, Fabien n’en est qu’au premier mois de sa transition et trouve déjà un premier shot, à 200 left de cet énorme 3000 $ WSOP, avec 676 900 $. Serait-ce donc le prix de la liberté ?

Julien Sitbon

L'homme qui a inspiré Fabien Gün se situe à quelques mètres de lui. Julien Sitbon est également en mode “deep-run” sur ce 3 000 $, et même sur le tournoi online du jour. "J'ai fait deux bulles hier, sur le Milly et le Online. Cette fois, je me suis levé cinq minutes au moment de la bulle pour être sûr de passer" plaisante Julien, qui possède une quinzaine de blindes à l'aube des deux derniers niveaux du jour.

Julian Milliard

Un visage qu'on retrouve souvent avec un énorme stack, à quelques encablures des Final Day de gros tournois américains. Une fois n'est pas coutume, Julian Milliard a monté une tonne sur ce 3 000 $. En espérant

David et João vers le tube de l’été ?

David Benyamine et João Vieira atteignent les places payées du plus beau tournoi de variantes de l'année Pour l'heure, le patron s'appelle Phil Ivey Event #58 : Poker Players Championship 50 000 $

Deux heures de main par main. Voilà ce par quoi il faut passer pour atteindre l'argent sur le Poker Players Championship, le tournoi le plus prestigieux des World Series of Poker – hors Main Event. Il faut dire qu'avec seulement quatorze places payées, une action limitée à trois tables, une majorité de variantes jouées en format Limit et une profondeur de tapis générale on ne peut plus confortable, mieux valait se montrer patient. D'autant que le nombre de joueurs réellement en danger était réduit à une petite poignée.

Hal Rotholz

Lanterne rouge d'assez loin et bubble boy tout désigné, Hal Rotholz (photo) n'a fait que repousser l'échéance. Il trouve d'abord un improbable brelan en Stud sur la septième street pour battre les deux paires de Maxx Coleman, avant de doubler à tapis préflop en PLO pour "remonter" autour des cinq blindes.

Daniel Negreanu - Hal Rotholz

À chaque fois, Daniel Negreanu se lève de sa chaise pour jouer le rôle du commentateur, décrivant l'action à ses collègues installés autour des tables extérieures. Également short stack, Michael Mizrachi est de loin le plus attentif.

Michael Mizrachi Rail

Dans la tête d'un Grinder.

Hal Rotholz

Au final, c'est sur un dernier coup de No-Limit Hold'em que Rotholz a fini par prendre la porte, sa paire de 8 ne tenant pas dans un coup à trois finalement perdu contre le As-Dame de Daniel Negreanu. D'assez loin le joueur le moins connu du field à la bulle, l'ami Hal compte tout de même pas moins de six finales WSOP, toutes en variantes, dont deux l'an dernier sur... le PPC (8ᵉ) et le 25K H.O.R.S.E. (9ᵉ). Il repart cette fois bredouille, laissant ses quatorze désormais ex-compagnons se regrouper sur deux tables pour les deux derniers niveaux de ce Day 3.

David et João n'ont pas tremblé

João Vieira

Malgré l'élimination de Gus Hansen en tout début de journée, on peut toujours se prendre à rêver d'un premier W rouge en finale de ce Poker Players Championship, ce qui serait une grande première dans l'histoire de cette épreuve mythique. Quatrième du 25K H.O.R.S.E. l'an passé, et en difficulté depuis quelques semaines malgré une finale d'entrée sur le PLO à 5 000 $, João Vieira valide aujourd'hui sa toute première place payée sur le PPC.

João Vieira - Bryce Yockey

Dans le cortège de tête ce midi, le Portugais s'est maintenu entre 1,5 et 2 millions de jetons, en contrôle face à des joueurs contre qui il a l'habitude de batailler chaque été. On l'a notamment vu placer un check/raise "pot" en PLO sur la casquette de Bryce Yockey, sur le turn d'un tableau 53KQ. Après un long tank, le double vainqueur WSOP (en PLO et PLO High-Low) a préféré sagement abandonner.

David Benyamine

Un temps chipleader à vingt joueurs restants, David Benyamine n'a eu aucun mal à tracer sa route sur ce Day 3, même s'il a dû laisser son fauteuil de leader à un certain Phil Ivey. Les deux hommes ont clashé sur un gros pot en Stud, où Ivey a trouvé un full magique sur la sixième street, pour battre le brelan d'As du Français, qui détenait deux flèches cachées. Onze ans après une belle quatrième place, Benyamine retrouve l'argent sur ce PPC, juste après avoir fait un clair appel du pied à Stéphane Matheu pour intégrer le Team Winamax. On en reparle une fois son nom gravé sur le Chip Reese Trophy ?

Michael Mizrachi

Lui, il l'a déjà gagné trois fois ce PPC, en 2010, 2012 et 2018. Bourreau de Julien Martini en milieu de Day 2 après un call plus que discutable en PLO, le Grinder a emmené jusqu'à l'ITM les jetons du Français et peut toujours prétendre à une quatrième couronne. Un exploit qui serait évidemment inédit.

Phil Ivey
Troisième en 2006, douzième en 2008, neuvième en 2018, huitième en 2019 et sixième en 2023 : c'est la sixième fois que Phil Ivey se faufile dans les places payées du Poker Players Championship. Cette fois, l'homme aux onze bracelets a revêtu sa casquette son bob son chapeau de pêcheur de leader. Actuellement sixième au classement Player of the Year, grâce notamment à sa victoire sur le Deuce to Seven Triple Draw Championship il y a deux semaines, Ivey a l'occasion de frapper un très, très grand coup sur sa scène préférée.

James Obst
Il devra toutefois se méfier de James Obst, porté lui aussi par des vents favorables dans la foulée de son sacre sur le Stud Championship. L'objectif est simple pour l'Australien, qui n'a fait que truster le haut du chipcount aujourd'hui : améliorer de trois crans sa quatrième place de 2023.

Daniel Negreanu - Maxx Coleman
Huit places payées depuis le début de l'été, mais toujours aucune table finale pour Daniel Negreanu, qui continue de peiner dans le sprint final aux WSOP. Si ses derniers bracelets remontent déjà à 2013, à Melbourne puis Enghien-les-Bains, il n'a plus gagné à Vegas depuis... 2008 ! Son meilleur résultat sur le PPC est cependant nettement plus récent, une cinquième place en 2017.

Jeremy Ausmus
Quatrième du Shootout à 1 500 $, troisième du Freezeout à 2 500 $, runner-up du 100K puis septième du 250K : Jeremy Ausmus est sur ce que l'on est en droit d'appeler un joli run cet été. Amateur de Pot-Limit Omaha mais aussi friand de variantes "exotiques", comme il l'a prouvé en mars avec deux deuxièmes places en mixed games sur le PokerGO Tour, l'Américain se verrait bien grimper sur une cinquième table finale sur ce festival, afin de, lui aussi, se rapprocher de la tête du classement POY, dont il occupe la troisième place.

Phil Hui
"Je l'ai eu à ma table sur le 1 500 $ H.O.R.S.E. sans savoir que c'était lui. Il a fait croire à tout le monde qu'il ne connaissait qu'une variante, avant d'essayer de "pot" en Limit Omaha High-Low. En trente minutes, il a monté trois startings stacks." L'anecdote est signée Fausto et montre bien le côté facétieux de Phil Hui... qui a fini par gagner ce tournoi il y a dix jours. L'Américain est donc bien plus qu'un petit rigolo, avec un total de quatre bracelets à son palmarès... dont le PPC, glané en 2019.

Johannes Becker
Il ne se pointe chaque année que pour jouer les plus gros tournois de variantes, et il avait bien failli l'emporter en 2017, échouant à une marche du trophée battu par Elior Sion : quel que soit le tournoi, quelle que soit la variante, Johannes Becker est toujours l'un des joueurs les plus dangereux du field.

Poker Players Championship : les deux dernières tables

Table 1

# Joueur Tapis Big Bets
1 Renan Bruschi (Brésil) 1 655 000 21
2 James Obst (Australie) 2 725 000 34
3 Chris Brewer (USA) 2 430 000 30
4 Johannes Becker (Allemagne) 2 640 000 33
5 Jeremy Ausmus (USA) 1 975 000 25
6 Daniel Negreanu (Canada) 1 455 000 18
7 Phil Ivey (USA) 3 255 000 41

Table 2

David Benyamine

# Joueur Tapis Big Bets
1 Dylan Smith (USA) 725 000 9
2 Michael Mizrachi (USA) 520 000 7
3 João Vieira (Portugal, Team Winamax) 1 500 000 19
4 Maxx Coleman (USA) 400 000 5
5 David Benyamine (France) 3 050 000 38
6 Bryce Yockey (USA) 2 400 000 30
7 Phil Hui (USA) 2 250 000 28

L'échelle des gains

Position Prix
Vainqueur 1 178 703 $
Runner-up 768 467 $
3e 519 158 $
4e 363 914 $
5e 265 054 $
6e 200 896 $
7e 158 719 $
8-9e 130 943 $
10-11e 113 028 $
12-14e 102 299 $

WSOP 2024 : tous nos articles

Même processus, même résultat

Damien Gayer et Virgile Turchi représenteront les Bleus à 45 joueurs restants Le premier termine encore au-dessus de la moyenne Le second se sort d'une nouvelle journée passée parmi les shortstacks Assuré de 30 500 $, le duo tentera de se rapprocher de la finale Event #54 : Millionaire Maker 1 500 $ (Fin du Day 3)

Duo
L'un des plus beaux tournois des WSOP 2024 fait son petit bonhomme de chemin : après un Day 3 débuté avec 315 entrants, ils ne sont plus que 45 joueurs en lice au bout d'une longue journée, qui aura duré près de 13 heures, en comptant les breaks. Le temps d'envoyer dans le rail presque 90% du field... Mais aussi un gros pourcentage de Français : des 12 Tricolores en lice au départ de la journée, ils ne sont plus que deux à défendre les couleurs bleu-blanc-rouge : Damien Gayer et Virgile Turchi. Et concernant les deux mousquetaires, on peut dire qu'ils ont continué sur leur lancée, chacun à leur manière...

Duo 2
Commençons avec Damien Gayer. Après avoir démarré le Day 2 dans le top 10% des tapis (1 670 000) et en tête du clan français, c'est encore lui qui mènera le duo bleu pour le Day 4, même si cette fois, il termine avec un tapis simplement dans la moyenne : 6 300 000. Mais si Damien a réussi à faire grossir son tapis, le Day 3 n'a cepandant pas été un long fleuve tranquille : "J'ai eu un bon début de journée, ça s'est bien déroulé, commence le grinder. Je suis rapidement monté à 2,5 millions. Puis j'ai eu trois-quatre heures un peu creuses, où j'ai adopté une stratégie conservatrice. Je suis tombé autour des 20 BB après le dinner-break."

Damien
Désormais parmi les shortstacks, Damien a alors joué la main charnière de sa journée : "J'ai fait mon premier coup à tapis couvert, où j'ai 3-bet shove As-Valet." Opposé à deux Rois, le grinder trouve un As dès le flop pour repasser à 2,6 millions. "J'ai eu de la chance sur ce coup", concédait Damien, qui a alors repris sa marche en avant : "La journée se termine bien. Il y avait deux très bons joueurs à ma table, mais j'ai pu par exemple passer un 3-barrels en value. J'ai aussi payé une relance du bouton à 2x en BB avec 74. D'habitude, il faisait 3x ou 4x avec ses mains fortes. Il a c-bet deux blindes sur un flop K-8-5 tout à coeur, j'ai raise 6,5x, et il a snapfold. Ce sont des profils que j'ai joué en live, j'étais sûr de mon read." Un peu comme les coups joués hier... Au final, Damien, qui a relancé la dernière main et a montré un 2 () est donc satisfait : "C'est un très bon scénario, on est encore là. 25 BB pour demain, c'est très bien. Fatigué ? Depuis cinq ou six jours, c'est magnifique ce qui se passe, alors ce n'est pas grave de dormir trois heures par nuit !" On espère pour lui que l'adrénaline ne redescendra pas de sitôt...

Turchi
Pour Virgile Turchi en revanche, le Day 3 ne s'est pas déroulé dans les mêmes eaux. Comme il nous l'a confié plus tôt dans la journée, KKJBet n'a jamais pu monter un gros stack. "C'est comme ça depuis le Day 2 ! Je n'ai pas dépassé l'average. Mais c'est un jeu de survie ! J'ai 4,15 millions pour un average à 6 millions, mais en fait, que tu bag 4 ou 6 millions, ce n'est pas le plus important. Il y a des jetons dans le sac." Virgile a cependant joué un peu au poker : on l'a vu tanker pour payer un tapis de 7,5 blindes avec A7 sur un 3-bet shove, gagner le coup contre 109. "J'ai aussi gagné un coup avec deux Rois contre un resteal avec As-2 off. J'ai pris les spots pour survivre, les spots d'opens avec cette structure. Il n'y en a pas un qui voulait sauter à la fin pour le palier..." Sourire aux lèvres, Virgile semble en tout cas très confiant pour la suite, sans doute un peu grâce à ses très bons résultats en live ces derniers temps, dont sa seconde place aux FPS Monte-Carlo. On le comprend : KKJBet a la possibilité d'atteindre une première table finale WSOP... "Je suis grave chaud pour demain", conclut le grinder. Nous aussi !

Ruban
Néanmoins, nos deux Français ne font pas partie des gros tapis, et vont devoir composer avec le chipleader Martin Mathis et le top reg autrichien Max Neugebauer, qui ont baggué exactement le même stack au top du chipcount : 13 025 000 ! Le Russe Ivan Ruban (photo) sera 5e en jetons avec 10 200 000.

Wheeler
Le nom le plus connu du field restant est certainement l'Américain Jason Wheeler (5 millions de jetons), un vieux de la vieille détenteur d'une bague WSOPC, d'un bracelet WSOP et ayant cumulé 5 millions de dollars de gains en live.

La partie reprendra à 11 heures du mat' ce jeudi, avec des blindes 125 000/250 000/250 000 (level 32). Le but sera de s'approcher au maximum de la table finale, alors que tout les participants restants sont assurés d'empocher 30 500 $. On suivra tout ça avec attention. Quant à l'auteur de ces lignes, il vous laisse entre les mains expertes des collègues pour la fin des WSOP; dont le Main Event qui débute dans huit jours : c'était un plaisir de vous raconter les Championnats du Monde... À très vite sur un nouveau coverage !

Petit hommage à Nicolas Barthe, qui sera le 3e meilleur français de ce Milly Maker : le trader de Wina nous a expliqué avoir sauté en 69e place. En résumé, il a raise all-in avec deux Dames pour 13 BB au Hi-jack, mais ça ne gagne pas contre As-10 qui possédait 11BB, avant de perdre ses deux dernières blindes avec deux Septs contre deux Valets. "Dommage, mais content quand même," concluait Nicolas. "Je fais mieux qu'il y a deux ans, et je repasse devant Jo Guez [qui a gagné 26 000 $ il y a deux jours] en total de gains sur Hendon Mob ! Il fallait que je fasse top 89 pour repasser devant." Notre spécialiste des cotes remporte 20 940 $ pour sa 5e place payée WSOP de l'été, après notamment les 20 000 $ encaissés sur le HORSE Championship. VGG !

Neymar
Tiens, au fait : pendant que le Brésil joue la Copa America (avec un match à Las Vegas cette semaine), le convalescent Neymar s'est offert un petit sit&go sur le plateau télévisé avec quelques connaissances ce mercredi, dont Tom Dwan

Like a Virgile

Virgile Turchi termine 25e du Millionnaire Maker pour 55 560$ Il réalise déjà son huitième ITM des Series Dernier français, Damien Gayer se bat avec un tapis sous les 20 blindes Event #54 : Millionaire Maker 1 500 $ (Day 4)

Virgile

Il ne reste plus qu'un français pour tenter de faire mieux que Florian Ribouchon l'an dernier sur ce Millionnaire Maker 2024, après la sortie de Virgile Turchi en 25e position. Short-stack depuis le début du Day 2, le jeune grinder a réussi à bien sélectionner ses spots pour se maintenir en vie jusqu'au troisième niveau du Day 4. Découvrant une paire de 2 au cutoff avec 8 blindes, il pousse son tapis et se fait payer par son voisin de droite Ramon Rivera muni d'une paire de 4.

Turchi_Busto

Pas de miracle sur le board pour notre résident londonien qui laisse seul Damien Gayer représenter les chances tricolores dans ce tournoi. "Honnêtement, je suis très content de mon jeu et de mon attitude, raconte Virgile quelques minutes après sa sortie. C'est toujours frustrant, forcément. mais c'est déjà une belle perf. En plus, j'ai été short-stack depuis le début du Day 2, donc je suis quand même content d'aller aussi loin sur ce tournoi. Maintenant, on va aller se reposer un peu. Je sais pas encore ce que je vais jouer, le Main Event, c'est sûr, mais on verra si on joue d'autres tournois avant."

La dernière fois qu'il avait fait un Day 4 dans un tournoi, c'était lors de sa plus belle perf' en carrière, avec une place de runner-up sur le Main Event du FPS Monte-Carlo pour près de 200 000 €. Cette fois, Virgile se "contente" de 55 560 $ pour cette 25e place, prouvant encore une fois qu'il est l'un des joueurs à surveiller sur ces WSOP, avec déjà un 8ème ITM sur ces Series.

Gayer_Turchi

Concernant le dernier français en lice sur l'épreuve, la journée avait idéalement démarré. "J'ai pris plusieurs spots d'open qui sont passés, puis j'ai jam une paire de 7 en SB après un open du bouton. C'est passé. Ensuite, j'élimine l'un des joueurs les plus compétents de la table, le belge Arthur Thiriart, qui pousse ses 8 blindes avec As-5 quand j'ai As-Roi." Grimpé à plus de 12 millions après ce démarrage, Damien Gayer, auteur il y a quelques jours d'une énorme perf' au Wynn, nous confiait "être concentré sur le moment présent. Sur ma table de départ, il y avait surtout des regs de petites limites, avec des Hendon Mob à 30-50k$, et surtout beaucoup de short-stacks. C'était parfait pour ce début de Day 4. Le flot des éliminations aidant, Damien a été déplacé plusieurs fois et la suite s'est avérée plus compliquée, avec plusieurs pots perdus dont l'un d'entre eux où il chech/call deux streets avec QT sur un tableau T9673. Son adversaire a eu la politesse de ne pas mettre une troisième cartouche sur la river avec 99. Retombé dans le ventre mou du classement avec une vingtaine de blindes devant lui, Damien va une nouvelle fois tenter d'égayer cette journée en tentant d'aller accrocher la table finale de ce Millionnaire Maker. Et c'est tout ce qu'on lui souhaite.

Gayer

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Gayer, c’est fini

Damien Gayer s'arrête en 21ᵉ place pour 55 560 $ Aucun Français ne sera millionnaire sur ce tournoi cette année Event #54 : Millionaire Maker 1 500 $ (Day 4)

Damien Gayer

La pièce a fini par tomber du mauvais côté. Quelques minutes après Virgile Turchi, dont le parcours en mode short stack ninja s'est arrêté en 25ᵉ place, Damien Gayer a chuté à son tour autour de l'une des trois dernières tables de ce Millionaire Maker. 21ᵉ, il encaisse le même gain que son compatriote, 55 560 $.

Suite au passage du niveau suivant et un open/fold UTG, il ne reste guère à notre dernier Frenchie qu'une douzaine de blindes devant lui lorsqu'il aborde le dernier coup de son tournoi. Une main du genre "qui se joue toute seule". Min-raise à un million de Paul Saso depuis le cut-off, 3-bet à 2,5 millions de Franco Spitale un cran plus loin et tapis de Damien depuis la grosse blinde. Saso lâche l'affaire, mais l'Argentin paie avec une main plus que légitime, AK. Muni d'une paire de Valets rouges, le Français doit esquiver les balles, mais après un flop 764 anodin, un K déboule sur le turn pour mettre fin à son beau parcours.

Damien Gayer

"Je suis forcément un peu déçu, nous a confié Damien après avoir collecté son petit ticket bon pour 55K. Quand on arrive aussi loin, on a évidemment envie d'aller au bout. Mais je ne peux pas me plaindre, ces six derniers jours ont été irréels," ajoute-t-il en référence à sa deuxième place sur le 2 200 $ Mystery Bounty du Wynn pour plus de 420 000 $ (primes non comprises). "J'ai eu beaucoup de réussite pour en arriver là, et à ces profondeurs, c'est un tel jeu d'équilibriste. À 35 left, j'avais 50 BB, et il suffit de perdre un coup ou deux, les blindes qui augmentent, et on peut chuter rapidement à 25 BB."

Après autant d'heures de poker en si peu de temps, l'objectif maintenant va être de récupérer. "Je ressens quand même un peu de fatigue. Le Day 2 du Wynn a duré 18 heures, on a fini à 6-7 heures du matin. Bon, physiquement je suis bien, je voyais d'ailleurs que j'étais mieux que les autres, mais il faut penser à la suite. J'avais prévu de faire un break de deux jours après le 2K du Wynn, mais il y a un très beau 3K5 là-bas en ce moment, je verrai si je me lance dessus. Le 10K de ce week-end, lui je vais essayer de le jouer via un sat'. Car non, je ne vais pas me chauffer à jouer tout de suite plus cher." Bien dans son corps et dans sa tête, la tête sur les épaules : Damien Gayer a déjà décroché le plus gros gain français à Vegas cet été, mais il est loin d'en avoir terminé.

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Fausse João sur le PPC

João Vieira bulle la table finale du PPC (9ᵉ, 130 943 $) David Benyamine est en finale, avec l'un des plus petits tapis Quoi qu'il arrive, le plus beau tournoi mixed games du monde couronnera un champion inédit Event #58 : Poker Players Championship 50 000 $ (Day 4 et Finale)

João Vieira

D'accord, on l'avoue : à l'aube de cette quatrième journée de Poker Players Championship, le scénario était déjà écrit dans notre tête. Pour la première fois de son histoire, le légendaire PPC allait voir un joueur floqué du W rouge s'asseoir autour de sa table finale. Un stakhanoviste des WSOP qui joue tout ce que le festival lui propose d'été en été, que ce soit en No-Limit Hold'em, en variantes ou en mixed games. Mieux, il allait être accompagné par un Français, et pas n'importe lequel. Une sommité du jeu à Las Vegas, rare, pour ne pas dire seul, tricolore à avoir ses entrées depuis des années dans les parties de cash game les plus chères de la ville, là encore dans tous les jeux possibles et imaginables. Problème : notre prophétie ne s'est réalisée qu'à 50%. Entre João Vieira et David Benyamine – puisque c'est bien d'eux qu'il s'agit – seul un a réussi à s'inviter en finale... et avec l'un des trois plus petits stacks.

Renan Bruschi OUT

Il faut dire qu'avec un tiers des joueurs restants à sortir pour atteindre la TF à huit, le long de niveaux de cent minutes chacun, tout était possible, même cette série d'événements pas loin d'être catastrophique. Ainsi, après la sortie rapide du short stack Michael Mizrachi (12ᵉ, 102 299 $), la situation a mis du temps à se décanter. Il a fallu un 4-bet shove en No-Limit Hold'em de James Obst avec As-Valet, qui s'empale contre le As-Roi de Johannes Becker dans un pot énorme (11ᵉ, 113 028 $), pour accélérer le processus. Sur la sellette depuis le milieu du Day 3, c'était ensuite au tour de Renan Bruschi de faire ses bagages (10ᵉ, 113 028 $, photo), sur un ultime coup de Pot-Limit Omaha. Après avoir 3-bet depuis la grosse blinde avec AJJ8, il engage le reste de son tapis sur un flop A52 mais ne peut rien faire contre le AQ99 de Phil Ivey.

Daniel Negreanu - Phil Ivey

À ce moment-là, João et David sont tous deux confortablement installés dans le milieu du peloton. La lanterne rouge circule alors entre Bryce Yockey, Daniel Negreanu et Phil Ivey. Bubble boy de la finale tout désigné avec une poignée seulement de big bets devant lui, le Canadien parvient à scoop pour sa survie en Stud High-Low, trouve les nuts en Deuce to Seven Triple Draw pour presque doubler à nouveau et remporte dans la foulée un énorme pot 4-bet en 3-way, toujours en 2-7, pour passer chipleader de sa table. Tombé sous les dix blindes après ça, Phil Ivey survit à un tour de No-Limit Hold'em avant de doubler en Stud. Le vent a clairement tourné autour du vaisseau amiral de l'Event Center du Horseshoe. Un peu plus de cinq heures après le lancement de la journée, c'est au tour de João de se retrouver dans l'œil du cyclone.

João Vieira - Dylan Smith

Il joue sa dernière main du tournoi dans la variante qui lui a le mieux réussir, pour lui avoir offert sa première (et seule donc à ce jour), finale du festival : le Pot-Limit Omaha. Premier de parole, Naza annonce pot et se fait payer au bouton par Bryce Yockey. Tout va ensuite très vite une fois dévoilé le flop 1076. Check, pot, check/raise all-in et call. Avec AKQQ, João est techniquement devant le 8654 de l'Américain, mais est en danger immédiat face aux multiples tirages de Yockey. Le 5 turn offre tout de suite à ce dernier la quinte. João doit absolument trouver un pique pour rester en vie, mais la river amène un 3. Le meilleur joueur portugais de l'histoire va devoir attendre un an de plus pour devenir finaliste du Poker Players Championship. Il termine neuvième pour 130 943 $. Une place et un gain anecdotique pour celui qui ne visait, on s'en doute, rien d'autre que la gagne.

David Benyamine

En prenant le verre à moitié plein, on peut tout de même se féliciter de la présence d'un Français en finale de ce tournoi mythique. Lui aussi bien ballotté par les flots lors des demi-finales, David Benyamine retrouve la dernière table de ce PPC, onze ans après une belle quatrième place. Un retour en catimini, avec le septième tapis des huit finalistes, juste devant Bryce Yockey et au coude à coude avec Phil Ivey, mais qu'importe. La structure ayant un peu souffert durant la première moitié de ce Day 4, les écarts entre les stacks sont bien moindres que quelques heures auparavant. Multiple finaliste des tournois de variantes les plus chères des WSOP depuis plus de quinze ans, titré sur un Omaha High-Low Championship en 2008, David Benyamine a l'expérience de ces grands rendez-vous. La France du poker peut donc avoir toute confiance en lui pour renverser la situation et se placer, pour commencer, parmi les cinq joueurs qui reviendront pour en finir demain jeudi. Ensuite, on pourra tranquillement penser au bracelet et aux 1 178 703 $ à la gagne.

Chris Brewer - Johannes Becker

Chris Brewer et Johannes Becker se sont un temps envolés en tête du classement, avant d'être freinés par le retour tonitruant de Daniel Negreanu. Ce qui n'a pas empêché les deux hommes d'atteindre aujourd'hui leur deuxième TF de PPC, l'Américain ayant terminé cinquième en 2021, et l'Allemand runner-up en 2017.

Jeremy Ausmus
Cinquième table finale cet été pour Jeremy Ausmus ! Quatrième, troisième, deuxième puis septième, l'Américain est en bonne position pour aller chercher ce qui serait son septième bracelet. De surcroît, il se livre à un match dans le match avec Phil Ivey, sur ce tournoi qui pourrait être déterminant dans la course au titre Player of the Year. Actuel troisième du classement, Ausmus compte 300 points de retard sur le leader Chris Hunichen et 300 d'avance sur Ivey. Pour l'heure, ils sont tous deux assurés de 329 points, tandis que le vainqueur empochera près de 1 200 points.

Dylan Smith
Un mot tout de même sur le chipleader Dylan Smith, sans nul doute le moins connu des huit finalistes. À son palmarès en tournois live, un peu plus de deux millions de dollars avec, comme meilleur résultat, une victoire sur le High Roller PLO à 25 000 $ de la PCA en 2023. Autant dire que le voir soulever le Chip Reese Trophy demain serait une immense surprise.

Le seat draw au départ de la finale

PPC Table Finale

# Joueur Tapis Big Bets
1 Bryce Yockey (USA) 2 055 000 10
2 Johannes Becker (Allemagne) 3 420 000 17
3 Jeremy Ausmus (USA) 4 625 000 23
4 Chris Brewer (USA) 4 355 000 22
5 Phil Ivey (USA) 2 140 000 11
6 David Benyamine (France) 2 135 000 11
7 Daniel Negreanu (Canada) 3 260 000 16
8 Dylan Smith (USA) 4 835 000 24

L'échelle des gains

Position Prix
Vainqueur 1 178 703 $
Runner-up 768 467 $
3e 519 158 $
4e 363 914 $
5e 265 054 $
6e 200 896 $
7e 158 719 $
8e 130 943 $

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Yoshi avait pris l’étoile

Pour son premier tournoi live, Yoshi termine 61ème pour 5 253 $ Le streameur/casteur de Fortnite ne s'arrêtera pas là niveau poker Event #62 : Pokernews Deepstack 600 $ (Day 2)

Yoshi 2

La belle histoire de la journée - ou l'une des belles histoires de la journée - c'est de retrouver Jose Carlos Abreu à 75 joueurs left du 600 $ Pokernews Deepstack, un tournoi qui a réuni la bagatelle de 5 110 joueurs. Mais alors, ce nom ne vous dit rien ? Et pourtant, si vous suivez Vegas depuis le début des Series, vous avez sans doute vu quelques-unes de ses storys, puisqu'on le connaît mieux sous le pseudo Yoshi, un pseudo qu'il porte depuis sa plus tendre enfance, quand son frère l'a nommé comme ça parce qu'il choisissait toujours ce personnage à Super Mario.

Membre éminent de la communauté Fortnite, où il castait de grosses compétitions et streamait aussi ses parties sur Twitch, il se passionne depuis quelques années pour le Poker, une passion en pleine mutation depuis Monte-Carlo, où tout a changé pour lui. Et le responsable n'est autre que Jonathan Pastore.

"Ce qui est marrant, me raconte Yoshi, c'est que Jonathan était un fan de mes streams. Un jour, il m'a vu streamer du poker et m'a envoyé un message sur mon discord, en me disant qu'il pouvait me donner quelques conseils si j'en avais envie. Je ne le connaissais pas, donc j'ai cru que c'était un peu un random. Puis, j'ai commencé à m'intéresser beaucoup plus au jeu, et je suis tombé sur ses deep runs, sur le Main Event des WSOP-E et sur son bracelet WSOP gagné à Vegas. Un mois plus tard, il m'a recontacté et j'ai mis du temps à comprendre que c'était le mec que j'avais vu deep run, c'était pas du tout un random, il avait même gagné un bracelet. Je lui ai répondu et on est rapidement devenu amis, un feeling incroyable, on était presque tout le temps ensemble."

Mais alors, qu'est-ce qui conduit ce streameur et passionné de poker à jouer ce tournoi à 600 $ ? "C'est tout simplement mon premier tournoi live. J'avais joué un freeroll à Tours il y a quelques mois, mais c'est le premier payant. C'est un cadeau d'anniversaire que m'a fait Jonathan, il a payé le buy-in et on fait 50/50 sur les gains."

Pour l'instant, le moins que l'on puisse dire, c'est que Yoshi vit un "run de fou" selon ses propres termes sur ce tournoi qui garantit un billet de 282 876 $ à la première place. "Mon seul objectif, c'était de faire ma première ligne Hendon Mob. L'histoire est belle, je me suis même retrouvé à 2,6 millions de jetons après un gros hero call (dans le top 15 du classement à 85 left). Un coup où j'ai une paire de 9 et où un joueur me met à tapis sur un flop hauteur Valet avec deux piques. Je l'avais beaucoup observé et d'habitude, quand il avait du jeu, il regardait le board ou devant lui. Là, il me fixait dans les yeux. Je me suis basé sur ce tell et sur mon instinct pour payer et il avait tirage couleur."

Yoshi

S'il est en train de vivre un run exceptionnel pour son premier tournoi live, Yoshi n'en oublie pas les raisons de sa présence ici. A savoir continuer à suivre Jonathan - et les joueurs français en général -, pour alimenter un projet de documentaire initié avec le deep run de Jonathan Pastore sur l'EPT Monte-Carlo (où il a filmé de la première à la dernière main), et pour s'occuper des réseaux de Jonathan (et de la joueuse américaine Rania Nasreddine, finaliste également à Monte-Carlo). Ils font également ensemble un récap' des bleus, en revenant sur les performances des français sur les WSOP et dans les autres casinos de Vegas.

"J'ai pas mal de followers (114k sur Instagram) mais c'est fou comme mon nombre d'impressions est plus élevé depuis que je fais des storys à Vegas. Je suis passé de 100 000 impressions/semaine à 500 000. Ce qui me ravit, c'est qu'il y a beaucoup de joueurs de ma communauté Fortnite qui ont l'air de s'intéresser au poker maintenant. Et si je peux ramener du monde vers ce jeu que j'adore, c'est vraiment trop bien. Evidemment, vu mon run sur ce tournoi et le kiff que je prends depuis deux jours, je ne peux que conseiller aux gens de venir jouer un tournoi à Vegas, c'est vraiment incroyable." Son plan est clair dans sa tête : progresser pour se mettre plus à fond sur le poker et pourquoi pas se professionnaliser dans le domaine.

Au contact des joueurs, il a beaucoup appris, et c'est sans doute ce qui a pu lui permettre aujourd'hui de performer sur son premier tournoi.

Contacté à son sujet, Jonathan Pastore nous confiait qu'il savait "à peine convertir son stack en blindes" avant le début du tournoi, mais qu'il "connaît les bases, il n'a jamais ouvert un solver, jamais fait de review, mais il est curieux, il apprend beaucoup, il a un bon instinct, un bon feeling, il comprend pas mal de choses naturellement, il a assisté à quelques cours sur les tells, il arrive même maintenant à prendre des décisions par rapport à ça, il suit son instinct et ça fonctionne."

S'il parvient à se frayer chemin vers le Day 3, Jonathan Pastore devrait être plus impliqué et lui prodiguer encore plus de conseils. "Je ne voulais pas l'embêter à lui donner des conseils techniques, parce que ça peut être un peu destructeur, et puis aujourd'hui, je n'étais pas trop disponible pour lui parce qu'en plein deep run également (il était très deep sur le 3K en début d'après-midi), mais demain, s'il a besoin, je serai là pour le soutenir s'il bag."

Après avoir atteint son pic à 2,6 millions, Yoshi a connu des moments plus compliqués. "Je crois qu'ils ne me respectent plus trop. Il me 3-bet à chaque fois que j'open. Et j'ai rien pour me défendre. Mais à un moment, j'aurais." Retombé à 1,5 million, soit une vingtaine de blindes, Yoshi avait encore l'air confiant, malgré une image quelque peu écornée depuis deux heures. Mais il a fini par rendre les armes en 61e position pour un gain de 5 253 $.

Lavis

Sur ce tournoi, côté français, à signaler également un Lorenzo Lavis flamboyant avec 3,4 millions devant lui, dans le top 15 du tournoi à la reprise demain à 60 joueurs restants. Celui dont on n'oubliera jamais qu'il ne s'est pas réveillé pour le Jour 5 du Main Event des WSOP en 2016 dispute des tournois à petit buy-in sur ce Vegas 2024 et s'est pour l'instant illustré uniquement en dealant un 400$ au Resort Worlds pour un peu moins de 5 000 $. Et si c'était sur ce 600 $ Pokernews Deepstack qu'il allait nous chercher le deuxième bracelet de l'été ? Réponse demain sur le Day 3 dès 11h.

Baraka Barracano

Spécialiste des fields “Seniors“, Lionel Barracano échoue aux portes d'une table finale WSOP, après un deep run magnifique devant 3 362 joueurs, partagé en primes avec quelques copains.

Event #59 : Super Senior 1 000 $ (Day 3)

Lionel Barracano

« Mes senioooors, il est l’oooooor, l’or de se faire buster » chantonnait Yves Montand dans un film mythique de Gérard Oury. L’acteur français évoquait à coup sûr le 30 left de du tournoi Super Seniors, où l’on retrouvait trois français, portés par la folie des grandeurs. 358 000 dollars. C’est le prix dont pouvait rêver Lionel Barracano, Dominique Terzian et Djelloul Bourouissa. Trois Français qui se retrouvaient sur la même table, côte à côte, à 28 left du Super Seniors WSOP.

« C’est génial de partager ça avec les copains, affirme Lionel Barracano. Doumé, je le connais bien, je l’ai vu sur plein de tournois, surtout qu’il est de Valence et moi de Lyon. Djelloul, je ne le connaissais pas. J’étais moi-même venu avec un copain à Vegas, Philippe Rup… Et on est revenu ensemble au Day 3 aujourd’hui. Il a fait 80e ! ».

Terzian Djelloul Barracano

Super Seniors en brochette

Lionel Barracano va cependant vite se retrouver seul en piste. Le shortstack de Djelloul s’évapore en 27e position, tandis que Doumé se fait prendre dans un duel de blindes, avec un open-shove 13BB J5, qui s’empale sur une paire de valets en grosse blinde.

Stagnant autour des 20BB, Lionel quitte l’arène quelques orbites plus tard, sur la plus classique des rencontres. Open QQ 500 000 (2BB) au bouton, 3-bet shove Gary Fisher AK en BB, l’A au flop et Barracano prend la 12e place du Super Senior, pour 22 598 $.

Lionel Barracano

« Au poker, t’es toujours déçu quand tu sors. Mais je suis quand même content, je me suis régalé pendant ces trois jours. Je suis un amateur, ça fait quelques années que je suis à la retraite, je viens seulement pour le plaisir et là je sentais les émotions monter » confesse Lionel, qui n’en est pas à son premier essai sur les WSOP.

« J’ai découvert le poker en 2006. En 2008, je gagne un tournoi sur internet. Un 50 balles rebuy sur Titan Poker. Ça m’a lancé. Je me suis dit alors que c’était possible. Depuis, je joue en cash-game Live, j’ai lâché internet et j’essaie de gagner un peu en cash-game pour pouvoir m’offrir des tournois » raconte le Rhodanien.

Pour son cinquième Vegas, celui qui a longtemps travaillé dans la finance décroche un 8e ITM estampillé WSOP, le quatrième dans les catégories “Senior”. « J’avais calé mon calendrier spécifiquement pour ça : j’ai joué le Senior (218e sur près de 8 000 joueurs), le Super Senior (12e sur près de 3 000 joueurs), et un Senior au Venetian » détaille Lionel, fin connaisseur de ce genre de field. « Ca joue mal, très mal même. Ils ne font que “caller”. Il y a très peu de 3-bet, ils jouent surtout leurs cartes… Mais évidemment, il faut de la réussite pour aller loin ».

Lionel Barracano

Barracano admet volontiers avoir mis quelques bad-beats. « Le premier jour, je tombe à 10 000 jetons, j’envoie tapis avec 45, je me fais payer par As-Roi et je fais le 5. Ou encore, hier, sur la dernière main du jour, un joueur open au bouton, je fais tapis avec As-Valet, payé par As-Roi et je fais le Valet turn ».

La chance l’a malheureusement quitté sur ce dernier flip, celui qui lui aurait ouvert la porte d’une table finale WSOP. Mais encore une fois sur ces WSOP, on se contentera d’une place frustrante, quoique très honorable, après un énorme deep run. GG Lionel.

La grande aventure Lebgo

Michel Leibgorin énorme chipleader à 6 joueurs restants Event #63 : No-Limit Deuce to Seven Single Draw 1 500 $ (Day 2 et Finale)

Michel Leibgorin

Il l'avait coché dans son agenda, ce 2-to-7 Single Draw. "C'est mon jeu de prédilection", nous annonce Michel Leigborin au moment d'emballer un gros chiplead à l'issue du Day 2, à 6 joueurs restants d'un tournoi qui a généré 453 entrées. Il a près de deux fois plus de jetons que le deuxième et est plus que jamais en position pour aller chercher la deuxième breloque du clan français dès demain.

Et pourtant, notre français n'avait pas les éléments avec lui sur cette fin de journée. Déplacé sur la table télévisée secondaire, le français mal-voyant qui utilise une loupe pour regarder ses cartes ne parvenaient plus à discerner correctement ses mains. Pendant une heure, il a du se résoudre à tout folder avant de demander à être déplacé sur une table standard.

Malgré cette difficulté liée à son handicap, il a fait étalage de sa science du jeu sur une variante qu'il aime plus que tout et où il avait déjà terminé 30ème en 2016. "Je n'ai pas joué le Super Seniors juste pour pouvoir participer à ce tournoi que j'aime plus que tout. J'ai beaucoup joué au nullot quand j'étais plus jeune, un jeu que j'aimais beaucoup, le 2-to-7, c'est à peu près la même chose, à une carte de décalage."

Pour monter cet impressionnant tapis, le Français a réussi à s'offrir quelques belles victimes à son tableau de chasse, comme un certain Patrick "Padz" Leonard, éliminé en dixième position de l'épreuve. "Je relance avec un T-8 et il me fait tapis dans les blindes. Comme il est assez solide, j'ai l'impression que je vais devoir casser mon T, mais je le vois qui reste pat. Je décide de pat aussi et je gagne finalement contre un T-9." Il a aussi été bien aidé par un gros double-up à 10 left quand il a trouvé 7-5-4-3-2, soit les nuts contre un adversaire qui avait décidé de mettre 50 blindes avec un T-9 servi. Une fois qu'il s'était bâti un gros stack, il est parvenu à caser quelques belles games dont il a le secret, quand il transfome un tirage 7-5 en bluff après avoir tiré une Dame et fait folder ... une Dame meilleure.

Michel Leigborin atteint sa troisième finale WSOP après sa 6e place sur un 1 500 $ Pot-Limit Hold'em en 2016 et sa 7e place sur un 1 500 $ No Limit Hold'em Freezeout en 2022, mais cette fois, il est dans un fauteuil pour enfin décrocher le bracelet tant convoité, demain dès 13h00, même s'il retrouvera face à lui quelques experts de variantes comme Ali Eslami, Owais Ahmed ou David Funkhouser.

Michel Leigborin

Le seat draw au départ du Day 3

# Joueur Tapis Blindes
1 Owais Ahmed (USA) 410 000 7
2 Tzu Peng Wang (Taïwan) 1 515 000 25
3 David Funkhouser (USA) 1 645 000 27
4 Michel Leibgorin (France) 3 995 000 67
5 Ali Eslami (USA) 1 485 000 25
6 Charles Tucker (USA) 2 325 000 39

L'échelle des gains

# Gains
Vainqueur 123 314 $
Runner-up 81 412 $
3e 54 868 $
4e 37 764 $
5e 26 555 $
6e 19 087 $

David Baker

David "ODB" Baker, un grand spécialiste de variantes, aura cédé ses derniers jetons en 7e position, bullant l'ultime Day de ce 2-7 Single-Draw

David contre les Goliaths

David Benyamine se qualifie miraculeusement pour le Final Day du PPC Le Français aura à peine deux big bets pour se mêler à la lutte pour le titre, mais il est toujours là, à cinq joueurs restants de l'un des trophées les plus prestigieux du poker Chris Brewer mène la danse devant Daniel Negreanu Event #58 : Poker Players Championship 50 000 $ (Fin du Day 4)

David Benyamine - Daniel Negreanu

"Je suis fier de moi. J'ai pris plus de plaisir que si j'avais gagné un tournoi. Je ne me suis jamais battu autant." Non, David Benyamine n'a pas gagné le Poker Players Championship. Il en est même très loin. Mais il n'empêche : il fait bien partie des cinq derniers prétendants au Chip Reese Trophy, qui reviendront ce jeudi sur les coups de 14 heures pour se disputer le bracelet, la gloire éternelle et les 1 178 703 $.

La raison de cette pure satisfaction est simple. "J'ai eu zéro jeu de toute la journée, rien !, nous a-t-il soufflé en quittant le plateau télévisé de l'Event Center du Horseshoe. Que ce soit en Hold'em ou en Omaha, je n'ai rien touché. Honnêtement, je ne sais pas comment j'ai fait. Les autres ont flanché, ils ont un peu trop gamble. Moi, j'ai tenu." Et ce sera bien là le principal point positif de ce Day 4 sur lequel nous basions énormément d'espoirs. Comme celui de voir un membre du Team Winamax fouler pour la première fois la feutrine de l'ultime table de ce PPC. Il n'en fut rien, João Vieira ayant vu son tapis fondre progressivement avant de rendre les armes aux portes de la TF, en neuvième place.

Johannes Becker

Derrère, la partie a repris, toujours aussi indécise, avant, déjà, encore, toujours (comme vous préférez), David Benyamine dans le rôle du fusible désigné. Contre toute attente, le premier à sauter autour de la dernière table fut Johannes Becker, l'Allemand s'empalant avec ses deux paires en PLO contre le brelan d'As floppé d'un Chris Brewer devenu nouveau maître des opérations (8ᵉ, 130 943 $). Chipleader quelques minutes plus tôt après être revenu de nulle part lors des demi-finales, Phil Ivey était le suivant sur la liste (7ᵉ, 158 719 $). Son dernier coup ? Une hauteur 9 jouée à fond en Deuce to Seven Single Draw, qui se heurte à la hauteur 8 de Dylan Smith, l'autre surprenant Canadien de cette TF, aux côtés d'un Daniel Negreanu en pleine forme.

Le Kid Poker a notamment trouvé un one-outer river en Omaha High-Low sur un board K878J pour frapper une quinte flush et battre le full de Bryce Yockey, qui se pensait certainement serein avec son AK84.

Dans la foulée, toujours en O8, DNegs précipite la sortie de Jeremy Ausmus dans une confrontation flush max contre deuxième flush. Également impliqué dans le coup et à tapis dès le flop, David Benyamine s'en sort quant à lui de justesse en récupérant un quart du pot grâce à une river providentielle. Sur la main suivante, il partage ensuite le reste du tapis d'Ausmus avec Chris Brewer (photo). "Alléluia !," peut-il alors claironner, conscient des miracles successifs dont il a eu besoin pour en arriver là. La tâche promet d'être rude ce jeudi pour ne serait-ce qu'égaler sa quatrième place décrochée en 2013, mais au sortir d'une telle journée passée sur le fil du rasoir, on se dit que tout reste possible.

Chris Brewer

De l'autre côté du spectre, le patron de cette dernière ligne droite de PPC se nomme donc Chris Brewer. Cinquième de ce tournoi en 2021, il faudrait un véritable cataclysme pour qu'il n'arrive pas à faire mieux cette année. Il devra se méfier dans son rétroviseur d'un Daniel Negreanu en embuscade, plus que jamais dans le coup pour aller chercher un septième bracelet, le premier depuis 2013, à Vegas depuis 2008. Une anomalie pour un compétiteur de son calibre, qu'il pourrait réparer de la plus spectaculaire des manières, l'une des années récentes où on l'attend peut-être le moins.

Le seat draw au départ du Day 5

Bryce Yockey

# Joueur Tapis Big Bets
1 Bryce Yockey (USA) 3 670 000 9
3 Chris Brewer (USA) 10 465 000 26
4 David Benyamine (France) 900 000 2
5 Daniel Negreanu (Canada) 7 635 000 19
6 Dylan Smith (Canada) 4 030 000 10

Les sortants du Day 4

João Vieira

# Joueur Gains
6e Jeremy Ausmus (USA) 200 896 $
7e Phil Ivey (USA) 158 719 $
8e Johannes Becker (Allemagne) 130 943 $
9e João Vieira (Portugal, Team Winamax) 130 943 $
10e Renan Bruschi (Brésil) 113 028 $
11e James Obst (Australie) 113 028 $
12e Michael Mizrachi (USA) 102 299 $

Les prix restants à distribuer

Position Prix
Vainqueur 1 178 703 $
Runner-up 768 467 $
3e 519 158 $
4e 363 914 $
5e 265 054 $
6e 200 896 $

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Quatre mains c’est tout

La pente était trop raide pour David Benyamine, qui n'aura joué que quelques minutes aujourd'hui (5ᵉ, 265 054 $) Event #58 : Poker Players Championship 50 000 $ (Day 5 et Finale)

David Benyamine OUT

Pouvait-il le faire ? Ou plutôt, avec deux petits big bets pour reprendre cette cinquième et dernière journée : allait-on lui donner la possibilité de le faire ? Passé entre les mailles du filet à un nombre incalculable de reprises lors de la deuxième moitié du Day 4, tandis que Johannes Becker, Phil Ivey et Jeremy Ausmus quittaient un à un la table finale, David Benyamine avait salué ses capacités de résistance, se félicitant d'en être arrivé là en touchant "zéro jeu". Pour aller plus loin aujourd'hui, il allait lui falloir un peu plus que ça. Un petit coup de pouce du croupier par exemple.

C'est exactement ce qui arrive dès la première main du jour, la dernière en Omaha High-Low. Le Français défend en grosse blinde suite à une ouverture de Dylan Smith au cut-off, relancée par Bryce Yockey au bouton. David mise 200 000 sur le flop K62, voit Smith payer à sa gauche, avant que Yockey ne double la mise. Le Français investit ses derniers 50 000 jetons et, après un fold du Canadien, se retrouve en heads-up avec Bryce pour un spot de triple up. Benyamine retourne alors AJ53, une très bonne main de départ en O8 devenue un monstre dans sa situation. Il doit cependant améliorer pour espérer prendre l'intégralité du pot à Yockey, son AK52 ayant floppé deux paires. Turn 6, river 8, le Français empoche la moitié du pot avec un meilleur low As-2-3-6-8 et repasse au-dessus du million de jetons.

PPC Table Finale

On passe alors au Razz et, après avoir mis deux fois le bring-in (la mise obligatoire pour le joueur qui affiche la plus "mauvaise" carte, soit la carte la plus haute dans cette variante) et abandonné dans la foulée, David paie le "complete", soit une ouverture, à 200 000 de Bryce Yockey encore lui. Le Français prend l'initative sur la quatrième street, rien n'est misé sur la cinquième et les derniers 650 000 de Benyamine partent sur la sixième. Avec 83 / 259J, il est devant le 43 / 2K910 de l'Américain, mais ce dernier tire un 8 pour améliorer tandis que David reçoit une Q.

L'inévitable n'a pas pu être évité. David Benyamine termine cinquième de ce Poker Players Championship pour 265 054 $ (le deuxième plus gros gain d'un joueur français sur ces World Series), échouant à une marche de son meilleur résultat sur ce tournoi, lorsqu'il avait fini quatrième en 2013. Un résultat qui ne changera ni la vie, ni la carrière de notre Frenchie, habitué à jouer les plus grosses parties de cash game de Vegas, mais qui devrait lui permettre de s'inscrire en maxi late reg au Pot-Limit Omaha Championship à 10 000 $, dont le Day 2 a repris à 13 heures. Et, si l'on en croit ses propres mots prononcés en début de Day 3, on devrait revoir David en Europe prochainement, sur les festivals EPT, mais pas que. "Je vais voyager. Le poker, c'est reparti pour cinq ans," nous avait-il annoncé. Au vu de ce qu'il nous a montré ces cinq derniers jours, on ne peut que s'enthousiasmer.

Daniel Negreanu

Attention mesdames et messieurs, le nouveau chipleader de ce PPC à quatre joueurs restants s'appelle... Daniel Negreanu ! Juste avant l'élimination de David Benyamine, le Kid s'est fendu d'un joli call en Razz avec 8-6-4-3-2, pour prendre un gros pot à Chris Brewer, alors en bluff avec trois paires. Non seulement le Canadien signera aujourd'hui quoi qu'il arrive son meilleur résultat sur ce tournoi, mais il vient de se mettre en position idéale d'aller chercher un septième bracelet, qu'il attend depuis bientôt onze ans. Comptez sur nous pour surveiller ça de près.

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‹ 10 000 nuits à rêver d’un bracelet ›

Michel Leigborin loupe le bracelet d'un cheveu. Il termine runner-up pour 81 412 $ après une brillante prestation Event #63 : No Limit 2-to-7 Lowball Draw 1 500 $ (Finale)

Michel Leigborin

On était en droit de rêver à un nouveau bracelet français sur ce Vegas 2024, plusieurs semaines après la victoire surprise de Thibault Périssat sur l’event #14 des WSOP, avec l'incontournable Michel Leigborin à 6 left du No Limit 2-to-7 Single Draw à 1 500 $ qui avait réuni 453 entrants, avec un large chiplead pour le français à la reprise. Et pourtant, la malédiction française a encore frappé, puisque notre tricolore a buté sur la dernière marche, comme Johan Guilbert il y a quelques jours, alors que le bracelet lui tendait les bras.

Devenu mal-voyant après une réaction allergique rare à un médicament il y 21 ans, Michel Leigborin disputait cette table finale sur une table tout à fait standard, loin des projecteurs des tables télévisées de la salle principale du Horseshoe. Pour la simple et bonne raison qu’hier, en fin de journée, il ne voyait même plus ses cartes à cause de la lumière des projecteurs. Une heure dans le noir, avant de demander au floor s’ils pouvaient être déplacés sur une table normale pour continuer à jouer dans de bonnes conditions pour lui.

Malgré une entame difficile qui l’a vu faire doubler rapidement Owais Ahmed, un sacré client en variantes, Michel a rapidement repris les rênes de la table finale en pratiquant un poker hyper-agressif contre des adversaires qui ont eu bien du mal à s’adapter. Et pourtant, notre français n’est responsable que d’une seule élimination sur cette table finale, c’est en grattant les jetons un à un qu’il a continué à se maintenir tout en haut du chip-count sur cette table finale.

Ari Eslami

Ari Eslami, le joueur le plus craint par Michel Leigborin, finalement 5e de l'épreuve

Après la sortie rapide de Tzu Peng Wang en 6e position, c’est l’épouvantail de la table finale Ali Eslami qui prenait la porte en 5e place, l’un des joueurs qui faisait le plus peur à Michel ce matin, victime d’un beau draw qui rentre chez le futur vainqueur David Funkhouser alors qu'il était parti avec une main plus forte, et cédant ses derniers jetons quelques minutes plus tard contre David Tucker.

Owais Ahmed, éliminé par Michel Leigborin en 4e place

A 4 joueurs restants, c'est le moment que choisit Michel Leigborin pour reprendre le pouvoir. Et le tout quasiment sans abattage. Une agression permanente preflop, des 3-bet qui mettent ses adversaires dans des situations compliquées, des grosses mises qui rendent perplexes mais poussent ses adversaires à folder, et il se détachait largement pour dépasser les 4 millions avant de s'offrir le scalp d'Owais Ahmed. Le joueur américain envoie son tapis de 6 blindes et se fait payer très rapidement par notre français. Il décide de tirer une carte avec son T-7-6-2 mais découvre qu'il est drawing-dead puisque Michel Leigbotin reste pat avec 8-5-4-3-2. Grâce à cette élimination, notre tricolore passe à 5,5 millions et a l'équivalent du tapis de ses deux derniers adversairew réunis.

Mourant, David Funkhouser va se refaire une santé en se montrant très agressif preflop, poussant son tapis 5 fois d'affilée et revenant dans la course, éliminant au passage le très passif David Tucker en restant pat avec un T-6-5-3-2 tandis que son adversaire tirait fin avec son T-6-4-2 (seulement un 3 le faisait gagner).

David Funkhauser

David Funkhauser, vainqueur de l'épreuve

Le heads-up peut alors commencer entre les deux hommes, avec un léger avantage pour David Funkhouser avec 6,3 contre 4,9 million sur les blindes 80 000 / 160 000. On s'imagine que l'opposition peut durer longtemps entre deux joueurs qui se sont pas mal chauffés pendant cette table finale, avec clairement l'avantage pour le français, mais finalement, il n'aura fallu qu'une poignée de mains pour connaître le dénouement. Sur la main finale, David Funkhouser ouvre à 400 000 et se fait 3-bet à 1,1 million par Michel Leigborin. Après une intense réflexion, il réclame le stack du français, à savoir 4,1 millions, et c'est snap !

Michel Leigborin

David Funkhouser détient un 9-8-7-6-4 et Michel Leigborin est à tirage avec un 8-6-3-2. Il tire une carte, un 9, un 7, un 5 et un 4 le font gagner, mais malheureusement, c'est un K qui le fait se lever de son siège en lâchant un "merde" pour exprimer toute sa frustration. Très respectueux, son adversaire vient le saluer, admiratif devant le jeu produit par son adversaire tout au long de cette table finale.

Les français présents dans le rail, Slimane Mamèche en tête, ne manqueront pas de féliciter Michel pour cette belle place de runner-up pour 81 412 $. Et pourtant, Michel Leigborin est inconsolable. Ses larmes ne peuvent plus couler, mais la tristesse est bien là, après avoir touché le bracelet du bout de doigts.

"Je me sens détruit, confesse-t-il, on devrait être super heureux de faire une deuxième place, mais c'est la tristesse qui domine. J’attends depuis tellement longtemps ce bracelet que je suis dévasté. Il était juste à portée de main, il était là. C’est un rêve depuis que je viens ici, depuis 1995, ça fait 10 000 nuits que j’en rêve de ce putain de bracelet, il était à portée de main."

Michel Leigborin

Sur la dernière main de son tournoi, Michel avouait ne pas être sûr de son choix. "Je ne sais pas si j’ai fait le bon call, faudrait que je demande à Julien Martini, ou à des vrais spécialistes de la variante, c'est ma variante de prédilection, mais je ne suis pas sûr d'avoir pris la bonne décision. A ce moment-là, il jouait quand même très bien. Donc, je me dis bon, je vais tirer, si je prends le coup, je suis à 10 millions, il ne lui reste plus rien, allez. Il avait pris deux fois les bonnes décisions contre moi, ça m’avait bien énervé. Je me suis dit, c’est un mec qui réfléchit bien quand même. Je n’étais pas si serein, pas si sûr de moi pour aller grinder contre lui. Je me suis dit que c’était un spot à prendre, une fois que j’ai mis les 1,1 million, je le vois sur un T-9, ou un T-8, je me dis bon, je joue 20 cartes, j’ai ma cote, et puis non, je n'avais que 16 cartes, je ne sais pas si j’ai la cote, je demanderai."

Après vérification, Michel Leigborin avait 30% contre la main de son adversaire dans cette situation précise et regrettera peut-être d'avoir pris ce gamble alors qu'il avait passé une table finale parfaite en évitant les confrontations compliquées et en se servant de son agressivité pour empocher beaucoup plus de pots que les autres.

La déception était grande pour Michel Leigborin, qui au moment du heads-up disait à son adversaire "I never was so close to a bracelet !" en regardant le bracelet posé par le floor entre les deux joueurs. Pour sa troisième table finale sur un event des WSOP, il n'a clairement pas démérité et s'est même montré très impressionnant à ce jeu qu'il qualifie de son "jeu de prédilection", mais devra retenter sa chance pour remporter la breloque tant espérée. Est-ce qu'une si belle occasion se représentera un jour ? Rien n'est moins sûr, mais quand on pense que Michel disait au début du Jour 2, que "c'est la seule chose qui lui manque dans la vie", on peut être certain qu'il se battra encore pour essayer de faire mieux dans les années à venir.

Reprenant ses esprits après quelques minutes à errer, il se montrait philosophe : "Voilà, c’est la vie, demain, je serai content, au moins, je fais un Vegas positif, c’est déjà ça, c’est mon troisième Vegas positif d’affilée, ça n'arrive pas tout le monde. Au niveau. Même si je joue encore, il sera positif, je te garantis, au niveau de la gestion de l’argent, moi je mets tout au coffre-fort, je leur perce les yeux, ils voient plus le jour. Je vais me reposer un peu, maintenant, et je vais sans doute rejouer un peu encore."

Michel Leigborin

Le classement de la table finale

# Joueur Prix
1 David Funkhouser (USA) 123 314 $
2 Michel Leibgorin (France) 81 412 $
3 Charles Tucker (USA) 54 868 $
4 Owais Ahmed (USA) 37 764 $
5 Ali Eslami (USA) 26 555 $
6 Tzu Peng Wang (Taïwan) 19 087 $

Michel Leigborin

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There’s a new Kid in town

Daniel Negreanu remporte le PPC pour 1 178 703 $ Près de onze ans après son dernier titre WSOP, seize ans après son précédent sacre à Vegas, le Kid décroche son septième bracelet sur le tournoi de mixed games ultime de la planète poker Un couronnement teinté d'émotion qui fait plus que jamais rentrer le Canadien dans la légende Event #58 : Poker Players Championship 50 000 $ (Day 5 et Finale)

Daniel Negreanu Winner Photo

Daniel Negreanu est le vainqueur du Poker Players Championship des World Series of Poker 2024. On laisse l'information infuser en vous quelques instants jusqu'à pleinement intégrer votre système. Parce que nous, pas loin d'une heure après avoir assisté à ce sacre en direct, on a encore du mal à y croire. L'affirmation va paraître cruelle à l'endroit d'un champion tel que le Canadien, ambassadeur n°1 de notre jeu depuis plus d'une décennie, double Player of the Year WSOP en 2004 et 2013 et détenteur de six bracelets, mais avec le temps, on s'était en quelque sorte habitué à le voir perdre. D'abord, parce que beaucoup sont encore sous le choc de cette renversante onzième place sur le Main Event 2015. Ensuite car, sur la scène des World Series, il compte plus de deuxièmes places (10) que de titres (6, donc). Ensuite car, depuis son dernier bracelet obtenu sur les WSOP-Europe à Enghien-les-Bains en octobre 2013, il est monté onze fois sur le podium sans parvenir à repartir avec l'or autour du poignet.

Daniel Negreanu Bracelet

"Franchement, c'était embarrassant pour moi de n'avoir que six bracelets, a-t-il avoué devant la presse. J'ai joué tellement de ces tournois pour seulement six bracelets, alors qu'un joueur comme Phil Ivey en a onze… Et j'ai trop de deuxièmes places. Donc cette victoire change un peu la donne. Peut-être même que ça me va lancer et que je vais en gagner un ou deux autres ensuite avant la fin de ces Series." Le Daniel Negreanu de 2024 est-il redevenu le Kid Poker des débuts ? Celui qui collectait quatre trophées entre 1998 et 2008 avant de s'inviter en deuxième place du Big One for One Drop à un million en 2014 pour s'emparer de la tête de la All-Time Money List ? Ou a-t-il dû se transformer en quelque chose de plus grand ? Quelque chose qui dépasse son aura de superstar, afin de rentrer de nouveau dans la peau d'un gagnant.

Daniel Negreanu

"Je ne pense pas avoir déjà mieux joué, a-t-il lâché avec l'assurance qui le caractérise tant. Parfois, vous jouez bien et c'est déjà très bien. Mais pour faire partie des tout meilleurs, il faut pouvoir faire encore mieux que ça." Car ce septième bracelet, Daniel Negreanu n'est pas allé le chercher n'importe où, mais sur l'épreuve la plus mythique des World Series of Poker après le Main Event : le Poker Players Championship à 50 000 $. "C'est LE tournoi, celui qui réunit tous les meilleurs joueurs. Vous avez John Hennigan à votre gauche, Brian Rast à votre droite, il n'y a aucun spot facile. La structure est extrêmement longue, il faut rester affuté mentalement pendant cinq jours. Pour gagner ce tournoi, il faut le mériter. Si j'avais pris ce bracelet sur un random 1 000 $ Turbo Online, on serait tous rapidement passés à autre chose, moi le premier. Mais le PPC... Il n'y a aucun autre tournoi que je voulais plus gagner."

Daniel Negreanu Bracelet

Il est évidemment facile d'écrire l'histoire a posteriori. Mais peut-être qu'un champion naturel de la trempe du Canadien ne pouvait revenir sur le devant de la scène que sur un tournoi à la hauteur de son statut. Désormais, il sera impossible d'oublier qu'il a mis fin à une disette de plus de dix ans sans bracelet sur ce tournoi réservé à la crème de la crème des joueurs de poker tout terrain. Ceux qui sont capables d'alterner entre neuf variantes pendant cinq jours, à raison de douze heures par jour. D'où l'émotion qui a assailli le Kid, laissant échapper quelques larmes au moment de brandir le bracelet, comme si c'était le premier - à l'image de Chris Hunichen sur le 100K quelques jours plus tôt.

David Benyamine - Daniel Negreanu

Mais pour ce faire, il a fallu batailler, passer par tous les états connus du poker de tournoi, dont celui de short stack, à plusieurs moments clés lors des Day 3 et 4. Sans pour autant trembler. "Même si vous tombez à deux big bets, il faut tout faire pour survivre. On l'a vu sur ce tournoi avec Phil Ivey et David Benyamine. Tout ce qu'il faut, c'est gagner un ou deux pots. J'ai toujours été à l'aise avec le jeu short stack, je ne lâche jamais rien." Arborant depuis deux jours un t-shirt flanqué de l'inscription "Rocky & Apollo & Clubber & Drago", en référence au boxeur mythique créé par Sylvester Stallone et ses trois principaux antagonistes, Daniel s'est alors mis dans la peau de l'underdog, encaissant les coups pour mieux jaillir avec sa fausse patte là où on l'attend le moins. "Rocky, always Rocky baby!", quand on lui a demandé auquel de ces quatre-là il s'identifiait le mieux.

Daniel Negreanu Rail

Sauf qu'après avoir été trop longtemps le Rocky du premier film, ce perdant magnifique qui attire immédiatement la sympathie, il s'est mis dans la peau de celui de Rocky III, retrouvant l'œil du tigre pour réapprendre à gagner. "Plusieurs fois sur ce tournoi, j'ai été capable de prendre des décisions ultra-importantes. Deux mains d'affilée, j'ai eu hauteur 8 en Razz. Je n'étais pas bien avoir perdu le premier coup et j'ai quand même réussi à prendre la bonne décision dans la foulée. Je pense aussi avoir très bien appliqué ma stratégie, en comprenant quand appuyer, quand freiner et contre qui. Par exemple, Chris Brewer, ce n'est pas un joueur de Limit, il préfère les jeux de big bets. Donc face à lui sur ces variantes, vous savez qu'il va vous pousser dans vos derniers retranchements. Dans ces moments-là, ça ne me dérange pas de laisser filer, pour reprendre le dessus plus tard."

Bryce Yockey

Mieux, Daniel Negreanu a surpris, ne frappant pas forcément là où on l'attendait. "J'adore le PLO... mais les autres aussi ! Donc je me suis demandé : "Sur quels jeux est-ce que je les domine ?" Les jeux de Stud ! Alors à chaque fois qu'on passait sur une variante de Stud, je chantais une petite chanson dans ma tête : "Allez, c'est parti !" À l'inverse, je me suis retenu de jouer mon jeu habituel en PLO, je ne voulais pas me faire avoir. Finalement, c'est là que j'ai eu la chance de gagner des coups à tapis préflop cruciaux." C'est ainsi qu'il a mis fin à un heads-up de plus de trois heures face au coriace Bryce Yockey (photo).

Daniel Negreanu Heads-up

Le Canadien, qui venait de creuser un nouvel écart... en Stud, après une série d'allers-retours entre les deux hommes, ouvre au bouton, c-bet sur un flop 1077, voit l'Américain le check/raise puis lui demande le reste de son tapis. Avec 9632 pour gutshot et flush draw, Yockey paie et doit améliorer contre le AQJ7 de Negreanu, qui a floppé brelan. Une carte suffit au bonheur du Kid : une Q qui lui donne full et la victoire. "À un moment du heads-up, je me suis demandé : "Quand tu auras perdu, qu'est-ce que tu vas dire à propos de Bryce ?" Puis je me suis ressaisi et je me suis dit. 'C'est mon moment. C'est mon moment, c'est mon moment, c'est mon moment !'"

Daniel Negreanu Amanda

Sans attendre, Daniel fonce alors dans les bras de sa femme Amanda, évidemment aux premières loges. Car ce bracelet n'est pas seulement le premier depuis onze ans, c'est aussi le premier qu'il remporte depuis 2008 dans une ville qui a fini par devenir sa maison, dont il est devenu l'un des acteurs majeurs, poussant notamment pour l'installation d'une franchise de hockey sur glace, les Golden Knights, qui ont soulevé leur première Stanley Cup sept ans seulement après leur création. C'est aussi et surtout le premier bracelet de Daniel Negreanu en tant que mari. "Amanda est ma plus grande fan, c'est génial de gagner avec elle à mes côtés. Elle a dû me supporter à travers tout un tas de moments. J'ai eu mon lot de bad run, de deuxièmes places cruelles et elle vivait ça, elle aussi. Elle ressentait ma douleur."

Daniel Negreanu - Phil Ivey

Mais ce n'est pas la seule personne pour qui le Canadien a trouvé de bons mots. Car ce septième titre tant attendu, il l'a obtenu quelques semaines après un autre retour tonitruant, marqué cette fois-ci du nombre onze : celui de Phil Ivey. "C'est sympa de gagner mon septième bracelet quelques semaines après le onzième de Phil. Nous sommes amis depuis longtemps et, pour moi, il est le meilleur joueur de poker de tous les temps. J'ai beaucoup appris de lui. J'ai beaucoup joué avec lui sur ce tournoi et une partie de moi voulait l'affronter en heads-up pour le titre." Ces WSOP 2024 ont donc été le théâtre de deux résurrections, la preuve que les légendes sont décidément éternelles. Les World Series continuent d'écrire l'histoire de ce jeu qui nous passionne et décident de qui restera dans l'histoire.

Daniel Negreanu Vlog

"J'ai toujours voulu être considéré comme l'un des plus grands, conclut Daniel. Mais à regarder les chiffres, la réalité est simple : je ne gagne pas assez ! Et c'est d'autant plus frustrant que parfois, vous savez que vous faites tout ce qu'il faut, mais le public, lui, ne le sait pas. Les gens se disent sûrement que je dois mal jouer. Mais ils ne savent pas tout ce que j'ai traversé ces dernières années. Maintenant que j'ai gagné, ils vont sans doute se dire "Ah, il a fait les choses différemment." Oui, j'ai gagné des coups à tapis, voilà ce que j'ai fait différemment !" Un dernier trait d'humour propre au Kid qui ne doit pas cacher la réalité de ces cinq derniers jours. À observer le rail du vaisseau amiral du Horseshoe se remplir de minute en minute, bouillonner, trembler pour lui au moindre pot perdu par son chouchou, applaudir à chaque coup gagné, puis scander son nom une fois la victoire acquise, la planète poker n'attendait qu'une seule chose : pour célébrer de nouveau le talent de l'un de ses plus grands génies.

WSOP 2024 - Event #58 Poker Players Championship 50 000 $ 89 joueurs - Prizepool 4 249 750 $

Daniel Negreanu Amanda Winner Photo

# Joueur Gains
Vainqueur Daniel Negreanu (Canada) 1 178 703 $
Runner-up Bryce Yockey (USA) 768 467 $
3e Chris Brewer (USA) 519 158 $
4e Dylan Smith (Canada) 363 914 $
5e David Benyamine (France) 265 054 $
6e Jeremy Ausmus (USA) 200 896 $
7e Phil Ivey (USA) 158 719 $
8e Johannes Becker (Allemagne) 130 943 $

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Qu’est-ce qu’on attend ?

Bruno Lopes énorme à 10 joueurs left du Senior's High-Roller Event #65 : Senior's High-Roller No Limit Hold'em 5 000 $ (Fin du Day 2)

Bruno Lopes

On vous racontait tout à l'heure que Bruno Lopes s'amusait comme un petit fou avec les Seniors fortunés du Horseshoe, sur une nouveauté du programme de cette année cochée depuis bien longtemps sur le planning du Team Pro Winamax. Quelques heures plus tard, Kool Shen emballe le 2eme stack à 10 joueurs restants d'un tournoi qui a mobilisé 680 entrants et promet 573 876 $ au vainqueur de l'épreuve.

Tout sourire après avoir bag et remplit la fiche de renseignements qui servira à l'équipe télé pour le Stream de demain, Bruno nous lâchait avec humour qu'il était "obligé de se battre sur des tournois de vieux, vu qu'il ne perfe plus sur des tournois comme les EPT". Faut dire qu'il avait visé quelques tournois réservés aux Seniors sur ce Vegas. "Sur le Seniors du Venitian, j'ai monté un tapis énorme, je leur marchais dessus mais j'ai pas su m'arrêter et j'ai spew à 20 places de l'argent". Il arrive même à caser un whine sur le fait qu'il ne va pas pouvoir jouer le Seniors à 10 000 $ du Wynn à cause de son deep run sur cet event WSOP.

Quand on lui demande comment il a monté son impressionnant stack de 6,5 millions sur ce Day 2, il avoue qu'il a beaucoup touché.

"Il n'y a pas de secrets, t'as des joueurs, ils te disent qu'ils grindent, qu'ils montent leur stack jeton par jeton, mais faut quand même bien flopper. Ici, par exemple, j'ai touché 3 brelans, et j'ai pris masse à chaque fois. Ça aide quand même bien. C'est fou parce que des fois, tu mets des heures pour essayer de gratter ton premier jeton bleu, et puis d'un coup, tu passes énorme grâce à un brelan où on te donne tout."

Le coup qui l'a propulsé vers les sommets, c'est encore un brelan floppé. "Avec 2,5 millions devant moi, un joueur avec le même stack que moi open, j'ai 99 de small blind. Je paye. Dans ma tête, je me dis si tu poses le 9 de coeur, je gagne le tournoi. Et ça tombe 985. Je check/raise chérot. Turn 4, j'envoie un parpaing et il me paye. River brique 2, je lui mets tout. Je fais un peu le gars qui veut pas être payé. Dans ma tête, je me dis si tu payes, je gagne le tournoi. Et là, il finit par me payer avec deux Valets."

Quand ça ne se passe pas très bien sur les autres tournois, tu commences à croire à des trucs un peu mystiques, confesse Bruno en rigolant. Bruno a également bien profité d'une défense de blindes avec 8-7, qu'il a check/raise dans un 3-way pot sur un flop 8-7-2, faisant tout mettre au relanceur initial en posession d'une belle paire d'As.

"La sensation quand tu double-up ou que tu prends un coup énorme, c'est assez fou. Quand tu ramasses les jetons, tu sais plus où les mettre, y en a partout. C'est pas comme quand tu doubles avec 20 blindes, là, je passe de 80 à 120 blindes, c'est vraiment pour ça que tu joues au poker."

Bien sûr, Bruno Lopes pense déjà au bracelet, d'autant qu'il n'était pas passé si loin il y a trois sur le Seniors à 1 000 $ où il avait fini 24e sur 5 404 après avoir subi deux gros bad beats pour finir son parcours. "J'ai quand même bien envie de le prendre, ce p***** de bracelet, Le Senior's d'il y a 3 ans, ça me reste encore en travers de la gorge."

Angela Jordison

Demain, tout est possible pour le Team Pro qui pourrait bien atteindre sa première table finale WSOP. Le field restant lui semble globalement assez faible, et la seule joueuse qu'il craint, Angela Jordison (photo), une élève de Faraz Jaka, longtemps chipleadeuse, a perdu deux Rois contre deux As dans le dernier quart d'heure de ce Day 2, chutant dans le ventre mou du classement. Bruno nous a raconté que la joueuse était passé près de lui pendant une pause en lui disant un provocant "You and me !" qui signifiait qu'elle l'avait identifié comme son plus grand rival sur ce tournoi.

Demain, on espère que les français se mobiliseront pour venir encourager Bruno Lopes, plus que jamais en position idéale pour aller viser une première table finale, et qui sait le premier bracelet du Team Winamax dans cette édition 2024 des WSOP.

Le classement à 10 joueurs restants

# Joueur Stack BB
1 Kevin Nathan 7 300 000 91
2 Bruno Lopes 6 535 000 82
3 Samuel Wagner 4 220 000 53
4 Arie Kliper 4 125 000 52
5 Michael Vela 4 015 000 50
6 Mark Checkwicz 3 610 000 45
7 Angela Jordison 1 890 000 24
8 John Thornton 1 455 000 18
9 Richard Lowe 1 410 000 18
10 Judith Bielan 980 000 12

Les prix restants à distribuer

Place Prix
1 573 876 $
2 382 581 $
3 266 257 $
4 188 385 $
5 135 543 $
6 99 203 $
7 73 877 $
8 55 998 $
9 43 216 $
10 33 968 $

Bruno Lopes