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Iadisernia, un dresseur au milieu des étalons

Entraineur de chevaux, Giuseppe Iadisernia a décidé de se frotter aux boss de fin du No-Limit Hold’em sur le prestigieux High Roller à 100 000 $. L’Italo-Vénézuelien a donné quelques bons coups de cravache pour passer la première épreuve, dominée par Henrick Hecklen et Nick Petrangelo. Event #47 : NLHE High Roller 100 000$

Iadisernia

Des poids lourds sur toutes les tables. Les meilleurs joueurs du monde se sont donnés rendez-vous dans la section Purple du Paris pour un High Roller à six chiffres entre mastodontes. Chaque table pèse des dizaines, parfois des centaines de millions de dollars de gains en tournoi. Giuseppe Iadisernia fait partie des très rares amateurs ayant osé s'inviter à la table des “tops”. Un joueur vénézuelien, passionné de longue date, qui n'a pas peur de se confronter aux meilleurs du monde. Il l'a fait pendant des années, aux tables de poker, mais surtout dans une autre discipline qui l'a couvert d'or et de succès : les courses de chevaux.

« C’est mon hobby, précise Giuseppe. Dans la vie, je suis développeur informatique. Mais les chevaux, je les côtoie depuis tout petit. Ma famille était déjà dans le milieu. Je suis entraineur. Mon rôle, c’est de les préparer du mieux possible pour qu’ils soient performants le jour de la course ».

Iadisernia

Iadisernia dans sa "Big Stable" (source Pokerologia)

Dans sa vie professionnelle, de joueur de poker ou d’entraineur hippique, Giuseppe a parcouru des kilomètres. Et ce dès le plus jeune âge. « Je suis né en Italie mais mes parents ont déménagé au Vénézuela quand j’avais 6 ans. J’y ai vécu un temps, mais je suis installé aux États-Unis depuis plus de vingt ans. Mes chevaux, mes affaires, ma vie, tout est en Floride ».

Comme le poker, Iadisernia a pris cette passion très au sérieux. Fondateur de l’écurie « The Big Stable », Giuseppe a participé à près de 2 000 courses, pour 271 victoires, un peu moins de 800 podiums et 5 millions de gains en carrière (source : Equibase). « Aujourd’hui, j’ai moins de temps pour m’occuper des chevaux. Je suis moins impliqué. J’ai eu quelques périodes de succès, notamment avec Delosvientos, mon meilleur cheval » se remémore Iadiserinia.

Ses années fastes remontent à 2008. Tandis qu’Erik Lindgren enchainait les perfs sur les WSOP, Giuseppe Iadisernia rasait les conférences américaines, son cheval fétiche pointant à plus de 50% de victoires. Cette année là, Delosvientos remportait notamment le célèbre « Brooklyn Handicap », l’une des plus grandes courses du pays, au Belmont Park de New York.

DelosVientos

L'intouchable "Delosvientos" lors de sa win sur le Brooklyn Handicap

« La vie elle même est une course, philosophe Iadisernia. Et qu’on parle de poker, de cheval ou de la vie, toutes les courses ont des points commun. En hippisme, il y a beaucoup de stratégies. Pendant la course, mais surtout avant. La clef, c’est la préparation physique et mentale. Le cheval est comme un être humain. Il faut lui donner beaucoup d’amour, de tendresse et comprendre qui il est pour savoir de quoi il a besoin. Il y en a qui sont jaloux, d’autres qui sont fainéants, d’autres qui sont très disciplinés » détaille Giuseppe, qui voit dans le hippisme et le poker de nombreuses similitudes.

« Comme le joueur de poker, le cheval a ses routines. Il faut trouver celles qui lui conviennent, qu’il apprécie. Ce que j’aime, c'est analyser les chevaux, identifier leurs profils, pour les préparer au mieux ».

Aujourd’hui, c’est sur le tapis vert plutôt et non sur le gazon que Iadisernia a su faire parler son sens du “profiling”. Malgré la présence des meilleurs étalons du circuit, le Vénézuelien était levé sur ses étriers tout le long d’une course, qu’il a commencé au grand galop. Il a mis les coups de cravache à Stephen Chidwick, botté Mikita Badziakouski sur un flip puis arnaché ses opposants highstakers pour se positionner dans le Top 5 du chipcount… Un mauvais saut devant l’obstacle Nick Petrangelo le fera redescendre à 1,2 million, soit deux fois le stack de départ et 40 blindes pour reprendre la course demain.

« J’aime jouer contre ces joueurs. La chance m’a beaucoup aidé aujourd’hui. C’était bien, mais j’ai fait un mauvais call contre Petrangelo. Mais tant que j’ai des jetons, je suis content », commente le vainqueur du Super High Roller Bahamas 2018.

Sur sa route, Giuseppe a également croisé un certain Adrián Mateos. Journée en demi-teinte pour notre Team Pro, qui n’a pas monté de gros tapis, mais réussit à baguer 775 000 jetons. Ça fera 25 blindes pour le Day 2. En revanche, il n’y aura pas de João Vieira, éliminé sur le dernier niveau du jour.

Le Top 10 à la fin du Day 1

Position Joueur Nationalité Jetons
1 Henrick Hecklen Danemark 3 505 000
2 Ben Tollerene USA 2 815 000
3 Nick Petrangelo USA 2 700 000
4 Jared Bleznick USA 2 655 000
5 Chris Unichen USA 2 215 000
6 Santosh Suvarna Inde 2 135 000
7 Jérémy Ausmus USA 2 090 000
8 Brian Kim USA 2 015 000
9 Johannes Straver Pays-Bas 1 965 000
10 Justin Saliba USA 1 860 000

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Baby Main Event

Quatre mousquetaires poursuivent le rêve à 55 left du Monster Stack. Samuel Anclevic, Arnaud Enselme, Robin Guillaumot et Clément Meunier reviendront au Day 4 d'un tournoi qui, par son envergure et sa structure, prend des allures de Main Event. Event #38 : NLHE Monster Stack 1 500 $ (Day 3)

Robin Guillaumot

"Il y a comme une odeur de Main Event, lance Robin Guillaumot en se frottant le bout des doigts comme s’il humait de bonnes épices. Quand tu vois qu’on était plus de 8 000 au départ [8 704 entrées exactement, NDLR] et que le field se rétrécit comme ça... Tu le vois aussi chez les adversaires. Ils sont capables de folds de mutant que tu ne verrais pas ailleurs… Mais aussi de dégoupiller à tout moment." Pas de quoi le décontenancer pour autant. "Je n'ai eu que des décisions simples depuis le début. J'ai bluffé un mec river pour tout son tapis, mais c'est à peu près tout. Globalement, je n'ai eu aucune table difficile."

À la place, il a surtout connu un joli coup de boost au bon moment. Avec 19 blindes, il commence par gagner un coup à tapis préflop avec Roi-Valet contre deux Valets, avant de rafler un 3-way all-in avec deux As. "En deux coups, je suis passé de short stack à deux averages." Le grinder d’Avignon connait la saveur des deep runs WSOP sur ces fields massifs, lui qui avait atteint le Day 4 du Main Event 2021, en étant d’ailleurs l’un des protagonistes de la bulle. À 55 left d’un gros million de dollars, il reviendra demain escorté de trois compatriotes qui comme lui, trouvent à ce tournoi une dégaine de Main Event.

Samuel Bifarella

"C’est son bébé, affirme Samuel Anclevic. Tu sens que les gens jouent différemment que sur un tournoi normal. Ils sont plus “straight-forward”, plus “small-ball”. Il y a comme une ambiance de Main Event. J’aime ces tournois-là parce qu’ils conviennent vraiment à mon style de jeu. Tu as le temps, c’est full exploit… Beaucoup mieux pour moi que les fields plus techniques avec structure rapide."

La lenteur de la structure a permis à Samuel de se construire un joli mur de jetons, brique par brique. "J'ai passé un flip pour ma survie en début d'après-midi avec As-Dame contre deux 10. Puis derrière, je n'ai joué aucun véritable gros coup. Pas de gros "all-in" pré-flop, pas de full "double-up"... J'ai juste hit beaucoup de flop et remporté beaucoup de pots".

Cette addition de petits coups forme un gros total : 13 200 000 jetons dans le sac, soit 44 blindes à la reprise, très largement au-dessus de la moyenne. De là à sentir à quelques vibrations ? "Je ne dirai pas “vibration”, mais c'est vrai qu'à 80 left, je sentais une petite pression. Pas celle qui te fait déjouer, au contraire, celle qui mobilise davantage ton cerveau. Tu comprends que tu es dans un spot potentiellement “life-changing”. Le seul problème de cette pression, c'est qu'elle consomme beaucoup d'énergie. Mais en ce qui me concerne, j'ai toujours été bon sous pression."

Comme, au hasard, lorsqu'il se glissait jusqu'en deuxième place du 1 500 $ Freezeout en 2022. Pourtant, même si Vegas a tendance à bien lui réussir, c'est perclus de doutes et d'interrogations qu'il attaquait ce tournoi. "Je suis là depuis début juin, et je trouvais que je jouais comme une pipe. En plus, je n'étais pas bien, j'avais une douleur à une dent qui s'était réveillée... Je me suis vraiment posé la question de rentrer. Puis comme quoi, un deep run, ça remet les idées en place. Et les finances, aussi."

Arnaud Enselme

"Un tournoi similaire au Main ? J'en sais rien, je n'ai jamais deep run le Main," répond très pragmatiquement Arnaud Enselme. En revanche, le Team Pro Unibet a ses repères sur ce Monster puisqu'il l'a deep run pas plus tard que l'année dernière, s’arrêtant en 48ᵉ place, pour un peu plus de 25 briques. "Peut-être que ça me donne inconsciemment de la confiance. Mais ça reste un tournoi parmi tant d'autres", rationalise "Nono", qui enchainera donc un deuxième Day 4, mais avec près de deux fois plus de jetons que la dernière fois. "J'ai cha**** de ouf, admet le Bordelais. J'ai resteal KJ bouton contre cut-off pour 19BB, il m'a snap call avec AK. C'est venu Q105, brique turn, et 9 river".

Percer un field de 8 000 joueurs n'est pas possible sans un brin de chance. D'ailleurs, tout aurait pu se terminer aux portes du Top 100 pour Arnaud, qui s'est retrouvé à jouer, et donc gagner, le flip de la survie avec une paire de 6 contre As-10 pour remonter à vingt blindes. Pour le reste, il a fourni comme à son habitude une partie exemplaire, faisant preuve de patience pour redresser ce stack chancelant, pour finir par passer la barre des 10 millions.

Clément Meunier

Clément Meunier aussi a connu ce coup de pouce du destin. Et plutôt deux fois qu'une. Malgré son stack faiblard de 2 850 000 jetons (neuf blindes à la reprise), il était aux anges. "Je ne vais pas me plaindre. J'aurais dû être parti depuis longtemps, affirme le Red Diamond (spécialité Short Track), arborant fièrement son pull Winamax. J'ai 3-bet shove deux 10 et Samuel s'est réveillé en grosse blinde avec deux As. J'ai fait le 10. Et avant ça, j'avais passé Roi-Neuf contre Roi-10 !" On espère que Clément sera aussi inspiré à tapis demain. De plus en plus présent sur le circuit Live, le grinder maltais s'assure déjà un quatrième ITM sur cette campagne végassienne, le premier à cinq chiffres, puisque tout le monde est actuellement assuré de 21 025 $.

Hugues Girard

Si ce contingent tricolore du genre "petit mais costaud" a de quoi laisser rêveur, quelques heures plus tôt, le casting nous mettait carrément des étoiles dans les yeux. Corentin Ropert, Alex Réard, Sonny Franco, Romain Lewis, Rémi Castaignon et Hugues Girard (photo) : tous étaient encore dans le coup aujourd'hui, avant de rendre les armes entre la 176ᵉ et la 90ᵉ place. Mais ne boudons pas notre plaisir : les chances de nouvelle table finale française sont réelles sur ce tournoi qui offrira, rappelons-le, près d'1,1 million de dollars à son futur vainqueur, couronné jeudi.

Martin Kabrhel

Un flot continu de paroles et des jetons qui n'ont cessé de couler dans son sens : plus que jamais aujourd'hui, Martin Kabrhel a fait du Kabrhel, pour empaqueter ni plus ni moins que le chiplead. L'insupportable tchèque attaquera le Day 4 avec 24,425 millions, soit plus de 80 blindes, et une confiance en lui toujours aussi inébranlable. Messieurs, dames, préparez vos boules quies.

John Duthie
Ayant terminé sa journée juste à sa gauche, John Duthie a fait preuve de son flegme tout anglais pour terminer tranquillement à huit millions tout pile. Un peu moins d'un an après avoir atteint le Day 5 du Main Event, le papa du circuit EPT fait de nouveau durer le plaisir sur un gigantesque field WSOP.

João Simão
Autre habitué de ce genre de tournoi, le Brésilien João Simão aura fort à faire au départ du Day 4, qu'il attaquera avec sept petites blindes.

Fausto & Flegmatic

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3 tables, 3 espoirs

4 au Day 4, et 3 à 3 tables left. Notre commando bleu continue d’avancer dans la mission Monster Stack, récompensée d'un million de dollars. Parti en éclaireur, le lieutenant Anclevic a succombé peu après midi, mais le jeune aspirant Clément Meunier a démontré son adresse pour revenir aux avant-postes. Event #38 : NLHE Monster Stack 1 500 $ (Day 4)

Clément Meunier

Les derniers seront toujours les premiers. Et vice-versa. Chipleader du quatuor tricolore au départ de la journée, Samuel Anclevic est le premier à tomber sur ce Day 4 de Monster Stack. Comme hier, il a d’abord renfloué son compatriote Clément Meunier (photo) sur un bad-beat. « J’open-shove A2 pour mes six dernières blindes, Samuel me paie AK et je fais le 2 » raconte Clément, qui avait déjà mis deux 10 contre deux As à son compatriote pour sa survie en milieu de Day 3.

Cette fois, Anclevic ne parviendra pas à freiner sa chute et se fait emporter quelques orbites plus tard sur un open-shove du bouton avec A10. Samuel décide de payer pour ses 15 dernières blindes avec son KQ. Aucune carte ne viendra sauver le runner-up 2022 et il se contente de la 43ᵉ place, pour 30 802 $.

À l’inverse, Clément continue de prendre les bons vents et remonte en deux coups au-dessus de la moyenne. Un flip sans souffrance avec AK contre JJ qui fait brelan d’As au flop. Puis quelques minutes plus tard une agréable séquence pré-flop avec deux Barbus. Open Clément Meunier UTG pour 1 million, 3-bet de João Simão à 2,5 millions, cold 4-bet du bouton à 4,5 millions et 5-bet shove pour 10 millions chez Meunier, entrainant deux snap-fold. Le Français prend 80% de son stack sans même voir un flop : le voilà à 18 millions de jetons.

Arnaud Enselme

Arnaud Enselme aussi a connu l’embellie sur ce début de journée. Trouvant les bons spots, grattant les petits pots avec ses bonnes fréquences de 3-bet et éliminant quelques short stacks, le Team Pro Unibet passe de 13 à 30 millions en deux heures. Un stack le plaçant même parmi les chipleaders du tournoi… jusqu’à ce set-up malheureux. Open Arnaud en début de parole, 3-bet shove 15 BB de la grosse blinde, payé : As-Dame pour Enselme, As-Roi pour son opposant, qui tiendra. Au moment du redraw, le champion du monde online possède toujours 16 millions de jetons, sur les blindes 300 000 - 600 000.

"Est-ce que tu veux que je te slowroll ?"

Robin Guillaumot

Enfin, Robin Guillaumot s’accroche encore et toujours dans le dernier wagon du chipcount. Il a notamment pris quelques jetons à l’ex pilote de la locomotive Martin Kabrhel. « Il est pas désagréable, mais on joue trois mains par heure. Il tank toutes les décisions, il parle à tout le monde. Quand c’est pas les joueurs, c’est le croupier. Mais c’est contre lui que j’ai doublé ! ». Et avec la manière : un superbe craquage d’As 6 BB deep, dans un style très “Kabrhel fashion”.

Limp au cut-off du Tchèque et Robin trouve K10 en BB. Tapis et Martin demande alors « Do you want me to slowroll you » (est-ce que tu veux que je te slowroll ), demande poliment Martin ? Ce à quoi Robin Guillaumot répond « Yes, take your time ». Kabrhel tankera une petite minute avant de finalement payer avec… AA. Mais il en faut plus pour abattre notre grinder français : K Flop, 10 river et Robin se relance !

Sur le niveau suivant, il perdra quelques pions, puis doublera encore contre ce même Kabrhel, pour 7 blindes cette fois. Open Kabrhel, shove AK Guillaumot, call 108 et ça tient pour Robin, toujours dans la course avec 7 millions de jetons.

Tous les joueurs sont désormais assurés de 37 689 $. Une élimination supplémentaire permettra d’ailleurs d’accéder au palier suivant, à 46 448 $. Des paliers désormais conséquents pour ce field largement amateur et qui provoquent un net ralentissement du rythme de jeu. Vous avez dit « tension » ?

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Dominación Nación

L'Espagne place trois joueurs en finale et vise un troisième bracelet en trois semaines Event #44 : NLHE 2 000 $ (Day 3 et Finale)

Le poker espagnol est-il en train de vivre un nouvel âge d'or ? Cela y ressemble fort. Porté par la locomotive Adrián Mateos, qui a intégré en début de mois le Top 10 de la All-Time Money List à même pas 30 ans, c'est tout un écosystème qui semble se transcender à chaque grand rendez-vous. Alors que les espoirs français sur l'Event #44 un classique tournoi de Hold'em à 2 000 $, portés par Damien Le Goff, se fracassaient en douzième place sur un cruel lancer de pièce perdu (As-Roi qui n'améliore pas contre une paire de 8), nos voisins ibériques plaçaient non pas un, non pas deux, mais bien trois représentants autour de la table finale à dix.

Javier Gomez

Une quarantaine de tournois à peine ont trouvé preneur depuis le début de ces WSOP (sur 99), et déjà l'Espagne a une occasion en or de conquérir son troisième bracelet de l'été. Le week-end dernier, le surprenant Antonio Galiana brisait coup sur coup les rêves de victoire de Romain Lewis puis Johan Guilbert en TF du 2 500 $ Freezeout. Quelques jours plus tard, Sergio Aido réparait une anomalie en allant chercher sa première breloque sur le 50K, devançant au passage son ami de toujours Adrián Mateos, resté au pied du podium. Cette fois-ci, les trois conquistadores se nomment, par ordre décroissant de tapis au départ de la TF, Javier Gomez (photo), Juan Carlos Vecino et Javier Zarco. Trois profils d'une solidité à toute épreuve.

Présent sur le circuit depuis près de dix ans, le premier a éclos en 2015 en signant une première finale EPT à Malte, avant de remporter le WPT Prague sous les yeux de votre serviteur. Ont suivi en 2017 une finale sur un 25K à Monte-Carlo et une victoire sur un 5K du Venetian, une deuxième TF EPT à Prague en 2022 et, tout récemment, une troisième place sur le High Roller FPS, encore à Monaco. "Et en 2021, il a fait troisième d'un Super GG Millions pour plus de 800 000 $, complète notre ancien collègue de Winamax.es Álex, resté cette année à la maison, mais qui reste un obsevateur privilégie de ces WSOP. Il est le plus expérimenté des trois, le plus "froid" aussi, et celui qui est le moins susceptible de s'envoyer en l'air."

Juan Carlos Vecino

Deux crans à sa gauche, Vecino aussi fait preuve d'un palmarès conséquent, mais sévit principalement online. Basé en Estonie, il est le prototype du jeune grinder, alternant entre MTT et Expresso. "Il a remporté un gros SCOOP et un Sunday Million," poursuit Álex, en plus de deux piques collectés sur des Side Events EPT en 2018 et 2019, entre Barcelone et Monte-Carlo.

Javier Zarco

Si ces trois-là jouent pour leur premier bracelet, Javier Zarco est celui qui s'en est approché le plus près. En 2015, il échouait à une marche du titre sur le Millionaire Maker, encaissant tout de même un joli chèque de 790 000 $. Quatre ans plus tard, il accédait de nouveau à une finale WSOP sur un énorme field, celui du Monster Stack, qu'il quittait brièvement en neuvième place. À son crédit toutefois, une gagne à plus de 550 000 $, sur un 3 500 $ du Venetian en 2017. "Il a étudié aux États-Unis, complète la bible Álex, ce qui explique ses nombreux résultats là-bas et ses deux finales WSOP-Circuit. C'est après le Millionaire Maker qu'il s'est focalisé à 100% sur le poker."

Ojo al dato!

2016: @Amadi_17 y @deivid29_ , ganó Adri
2018: @TuA133 y Mario Prats, ganó Mario
2023: @Kaju85 y Sergio, ganó Kaju
2023: Samu y Ramón, ganó Samu
2024: @Amadi_17 y @petgaming , ganó Pet

Siempre que coinciden 2 ??en FT de WSOP, se gana. ¡Hoy coinciden 3! ¡Suerte! pic.twitter.com/wP6m5i0iV0

— Álex Hernando (@hernando_alex) June 19, 2024

Depuis 2016, les Espagnols ont placé cinq fois deux de leurs représentants en table finale d'un tournoi WSOP, et à chaque fois, ils sont repartis avec le bracelet. Cette fois, ils sont trois. Le six sur six est-il inévitable ?

L'Invincible Armada

Gomez, Zarco, Vecino : nous avons là affaire à trois professionnels chevronnés... ce que sont quasiment tous les joueurs espagnols qui se rendent, été après été, à Las Vegas, toujours plus nombreux. Álex encore : "D'année en année, de plus en plus d'Espagnols viennent jouer l'ensemble des World Series. Il n'y a pas si longtemps, ils étaient en minorité. Aujourd'hui, ceux qui ne viennent que pour la période du Main Event sont nettement moins nombreux. Nous sommes une centaine dans le groupe WhatsApp des "Espagnols à Las Vegas". En enlevant ceux, comme moi, qui ne sont pas sur place, une poignée de journalistes, photographes et autres membres des médias, je dirais qu'il y a entre 70 et 80 joueurs déjà sur place."

Juan Maceiras

L'an passé, ils étaient autour de cent Espagnols à avoir joué le Main Event, pour un nombre record de 26 ITM, soit un impressionnant ratio d'un joueur sur quatre payé. Encore plus dingue, deux avaient atteint le Top 10, Jose Aguilera échouant aux portes de la table finale officielle, quand l'ancien Team Pro PS Juan Maceiras (photo) s'arrêtait en huitième place. À titre de comparaison, la France, on s'en souvient amèrement, n'avait pas dépassé le Day 6, Clément Richez portant notre drapeau jusqu'en 50ᵉ position "seulement".

Le parallèle fait mal, et il n'a peut-être pas lieu d'être sur un échantillon d'années et de tournois aussi faible, mais il n'en cache pas moins une réalité factuelle : l'Espagne mise davantage sur la qualité que la quantité. La petite communauté d'il y a dix ans n'en finit plus de grandir, mais reste toujours aussi soudée. L'émulation globale tire tout le monde vers le haut et les résultats suivent. "Sur le Main Event, on va avoir quelques amateurs, des qualifiés ou une poignée qui viennent avant tout pour se faire plaisir. Mais tous les autres sont des pros."

Winamax Live Sessions ES Episode 9

Javier Gomez était déjà l'une des stars de l'épisode du jour des Winamax Live Sessions.

Et encore, le pays se permet de laisser quelques-uns de ses meilleurs éléments à la maison. Ou plutôt, en Andorre, où la majorité des pros espagnols s'expatrient pour raisons fiscales. Problème : contrairement à la France, la principauté pyrénéenne et les États-Unis n'ont pas signé d'accords fiscaux. En tant que résident andorran, il n'est donc pas possible de bénéficier d'un numéro ITIN, qui permet d'éviter d'être taxé à hauteur de 30% sur ses gains, comme n'importe quel Américain. Les high stakers que sont Vicent Boscà, Vicente Delgado – dont vous pouvez par ailleurs admirer chaque semaine les excès aux tables des Winamax Live Sessions ESJuan Pardo ou Ramón Colillas n'ont donc aucun intérêt à venir jouer cher de ce côté de l'Atlantique.

Au niveau européen, il ne fait aucun doute que l'Espagne domine cette scène high roller, avec d'autres noms supplémentaires comme Nacho Moron, Roberto Perez, Lander Lijo, Sergi Reixach et Ka Kwan Lau. Il est loin le temps où Carlos "The Matador" Mortensen, dont la carrière s'est par ailleurs quasi exclusivement construite aux États-Unis, représentait le poker ibérique à lui tout seul. Aujourd'hui, chaque joueur espagnol représente une menace réelle sur n'importe quel tournoi majeur du circuit. "Nous sommes les meilleurs, c'est aussi simple que ça !", conclut Álex. On serait presque tenté de croire : le temps de taper ces lignes, Javier Gomez s'est envolé en tête du 2K à sept joueurs restants, devant... Juan Carlos Vecino et Javier Zarco. Eh bien dans ce cas : a por ellos!

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Les vieux renards

L'un des plus beaux tournois des WSOP est parti pour battre tous ses records Kool Shen et quelques Français comptent bien profiter du spot Event #46 : Seniors NLHE Championship 1 000 $

Salle
C'est l'un des plus beaux tournois des WSOP, tout le monde s'accorde à le dire : le Seniors Championship a débuté mardi. Pensez donc : on vise plus de 10 millions d'euros de prizepool, et le vainqueur pourrait empocher 1 million de dollars, soit 1 000 fois sa mise ! Les joueurs ne s'y trompent pas : après les 4 993 entrées enregistrées lors du Day 1A, ils sont déjà plus de 4 000 assis en table aujourd'hui après le level 5, alors qu'il est possible de register ou de re-entry jusqu'au début du level 9. La Ballroom du Horseshoe est pleine à craquer et la Paris Room est également bien remplie, le tout avec des gamblers âgés d'au minimum 50 ans, la condition sine qua non pour prendre part à l'épreuve. L'an passé, le tournoi avait compilé 8 140 entrées, et le vainqueur Lou Hallett avait empoché 765 731 $ : des chiffres records qui devraient être facilement effacés lors de ce cru 2024.

Kool Shen
Évidemment, on est clairement sur un event à ne pas rater si on est un joueur d'expérience : on retrouve d'ailleurs quelques Français dans le field, dont Kool Shen. Il y a deux jours, le rappeur avait les yeux qui brillaient en parlant de ce tournoi, et a confirmé son enthousiasme dans le tchat du Team Winamax ce matin. 24ᵉ il y a deux ans (en perdant "deux coups dégueulasses, un 70/30 et un 80/20 de suite"), Bruno sait qu'il est possible de réussir un gros deeprun : "On a un petit edge." La stratégie ? "Il faut être un peu aggro, mais tu sais qu'il y a beaucoup de calling stations. Il vaut mieux être en value. Il ne faut pas s'emballer. Si après plusieurs limps tu décide d'isoler par exemple, tu vas entendre "call call call call". Et après, va te battre contre quatre mains avec ton Roi-Dix... C'est vraiment un tournoi mental." Et le physique alors ? Ça joue aussi ? "Tu sais, le petit vieux qui dort bien ses 8-9 heures, ça va", explique Bruno, 58 ans et sportif accompli. "En général, je ne me couche pas trop tard. Et je ne suis pas le plus jeune." Autre facteur important : ne pas changer de table : "Ce sont des joueurs plutôt prévisibles. Alors une fois que tu les as scannés, c'est encore plus embêtant de changer, confirme Bruno. Je suis déçu d'avoir changé, j'avais monté des jetons sur ma première table et ils ne m'avaient pas vu bluffer, c'était le paradis... Mais il faut s'adapter, la route est tellement longue."

Car oui, si ce tournoi est aussi beau, c'est aussi en raison de sa structure : deux Days 1 donc, 20 000 jetons de départ et des niveaux d'une heure, et surtout une épreuve qui durera pas moins de cinq jours, avec un Day 5 prévu lundi ! Et il vaut visiblement mieux ne pas sauter trop tôt une fois dans l'argent : "Si tu ne vas pas vraiment au bout alors que tu as joué quatre jours... tu repars avec cinq buy-ins," précise le pro W. Pour l'instant, Bruno Lopes est bien parti, lui qui joue sa deuxième bullet sur ce tournoi après avoir tenté sa chance sans succès hier: "J'ai pas mal commencé. il faut "runner" un peu good ! Deux joueurs se sont jetés sous mes roues. L'un deux, qui n'avait pas joué pendant deux heures, a relancé UTG, j'ai As-As au bouton, je 3-bet, il 4-bet. Là je me dis qu'il a deux Rois, alors je fais tapis. Il call avec 9-9... Puis j'ai 3-barell all-in avec deux Dames sur un flop hauteur 10, il m'a call avec 10-8 off ! J'ai encore pris un tapis après avoir relancé avec Roi-Valet, défendu par la BB. Il check/raise le flop K-4-5, je paie, il fait tapis sur le turn J... Il avait juste flush draw avec 8-2... Pourvu que ça dure." Kool Shen possédait ainsi 76 000 jetons, soit quasiment quatre tapis de départ, après quatre heures de jeu dans ce Day 1B. Allez, on fait mieux qu'il y a deux ans ?

Guenni
Ce qui est bien aussi, c'est que Bruno n'a pas à traverser la Ballroom s'il veut discuter avec ses potes français : Jacques Guenni (photo) et Antonin Teisseire sont postés sur des tables adjacentes, comme nous le faisait remarquer le premier nommé. "C'est improbable que l'on soit à côté !" Jacques joue lui aussi sa seconde bullet dans ce tournoi : "Je suis arrivé à Vegas hier, j'étais un peu excité, et je me suis un peu emballé aux blindes 100/200, déplore l'ex-régulier de l'ACF, qui restera à Vegas jusqu'à la fin du Main Event (retour prévu le 10 juillet, jour du Day 4). "J'avais 15 000 jetons au début du coup, je n'ai pas trouvé le bouton fold avec As-Roi, il y avait deux As en face. Maintenant, je ne peux plus re-entry."

Guenni 2
Mais comme tout le monde, Jacques (à droite), qui loge au Encore, est heureux de jouer ce Seniors Championship : "On ne joue pas des Seniors en France, donc c'est marrant. Ici, c'est magnifique, c'est un de mes tournois préférés. La structure est superbe et t'oblige à ne pas rentrer dans trop de coups, parce que tu n'as pas 50 000 jetons au départ. Et au Day 1, tu sais que tu as des chances d'avoir des tables tranquilles. C'est un des plus beaux." Jacques nuance toutefois : "L'an passé, il y avait tout de même plus de vingt bracelets en finale !" Jacques, lui, s'était arrêté au Day 3 (548ᵉ pour 2 253 $) : gageons qu'il fera mieux que l'an passé, où que ce sera le cas pour l'un de ses compatriotes : "J'ai vu Pierre Zerbib à l'aéroport hier, Jean-Paul Pasqualini, Pierre Neuville et il y a peut-être Karim Lehoussine", renseigne le Parisien, qui ne s'est pas gêné pour se commander une petite bière en plein après-midi. L'occasion de trinquer avec son voisin, qui tourne carrément au Jack Daniels. Hé les gars, c'est pas un peu tôt pour l'apéro ?

Teisseire
Antonin Teisseire, qui loge lui au Planet Holywood jusqu'au 14 juillet, n'est pas loin. "Cela fait deux fois que je joue, j'ai sauté à 14 heures." Bonne chance Tonin !

Phillips
Deux crans à la gauche de Kool Shen, on retrouve un visage bien connu du showbiz américain, et aussi des WSOP : Lou Diamond Philipps. La preuve, même la croupière de la table y va de son petit selfie avec l'acteur de 62 ans, qui s'est révélé en 1987 avec le film La Bamba notamment, mais aussi dans Young Guns. Il s'est également illustré en tant que producteur, ou réalisateur avec À l'épreuve du feu (merci Wikipédia). Au niveau poker, Lou compile 52 000 $ de gains en tournois live (merci Hendon Mob), dont une 189ᵉ place au Main Event des WSOP 2009, où il avait attiré l'attention des caméras d'ESPN, forcément. Vous pouvez le voir en action dans cette vidéo à 34'32'' par exemple. Une autre époque...

Jampal
Visiblement, qui se ressemble s'assemble, vu qu'à la table de derrière évoluait un autre acteur star : Brad Garrett, qui a notamment été nommé aux Emmy Awards pour son rôle dans la série Everybody Loves Raymond. Avec deux places payées WSOP à son palmarès personnel, qui compte 15 lignes Hendon Mob et 121 000 $ de gains, Brad (64 ans) n'a cependant pas fait long feu. À la place, voilà une photo de son bourreau, Jampa Dothar (175 000 $ de gains en carrière) qui visiblement se souviendra de ce moment.

BaxterBilly Baxter, lui, est une légende des WSOP et de Las Vegas. Et surtout, le détenteur de sept bracelets avait terminé runner-up de ce Seniors Championship l'an passé !

Raymer
Greg Raymer, champion du monde 2004. Il avait 39 ans, vingt de moins qu'aujourd'hui... L'Américain joue pour une troisième place payée en carrière sur ce Seniors Championship

Matusow
Mike "The Mouth" Matusow, à la recherche de son quatrième bracelet WSOP

Pastor
Juan Manuel Pastor, quatrième de l'EPT Londres 2011, 22ᵉ du WiPT Madrid 2022 (tout de même) et 654 754 $ de gains en live

Mort
Un senior qui n'a pas peur de la mort

Duo
Allez, on en place une pour Hamid Gharachamani (qui nous a fort opportunément écrit son nom de famille) et son collègue Brad Core, chipleader de sa table. "Il sera en table finale, assure Hamid, porteur d'un maillot de la Mannschaft, l'équipe d'Allemagne de football. "Mon fils est fan de M'Bappé, mais je n'ai pas aimé son comportement contre l'Autriche, où il s'est blessé et est revenu sur le terrain..." On attend avec impatience un France-Allemagne dans cet Euro 2024.

Bleu 2
On avait déjà repéré cette joueuse l'an passé... Visiblement, elle a fait des émules

Bleu

First time in a tourney. #wsop seniors. pic.twitter.com/BerYrq6290

— Joe Schneider (@LA_inkslinger) June 19, 2024
Une petite quinte flush royale des familles

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Finale courte, perf’ monstre

Maîtrisant à la perfection les techniques de short-stack ninja, Robin Guillaumot a résisté tout le Day 4 pour atteindre la table finale du Monster Stack. Son parcours héroïque se termine finalement en 9ᵉ position, pour son premier gain à six chiffres (114 998 $), sur un field de 8 703 joueurs. De quoi faire décoller encore un peu plus la carrière de ce jeune grinder montpelliérain, qui n’est pourtant pas spécialiste de MTT. Event #38 : NLHE Monster Stack 1 500 $ (Day 4 et Finale)

Robin Guillaumot

« Il n' y a pas de quoi être frustré. Je viens de faire ma première perf’ à six chiffres, réagit Robin, quelques minutes seulement après sa sortie. Et puis quand tu es tout le temps short, tu as moins d’attente ».

Robin Guillaumot a effectivement passé l’essentiel de son Day 4 dans le dernier décile du chipcount. Card-dead durant de longues heures, il a traversé sereinement ce désert de cartes, sans jamais s’agacer de ce manque de jeu. « Je reste très calme. J’avais déjà fait ça toute la journée d’avant. Et en cinq minutes, tu peux passer de 10 à 40 blindes. Il faut être patient. Et puis, les décisions sont plus faciles quand tu n’as pas de cartes » sourit-il.

La sérénité n’empêche pas les émotions. En transperçant ce field titanesque (8 703 joueurs), Robin a senti les palpitations monter, à mesure qu’il se retrouvait sous les 1 000, puis les 100, puis les 20 joueurs. « C’était surtout hier, quand tu passes la barre symbolique des 100 left. Quelques heures plus tôt, on était 500 dans la salle et là, tu te dis qu’il y a une chance sur 100 que tu deviennes millionnaire ».

Robin Guillaumot TF

À partir du Day 4, les paliers commençaient à donner le vertige, mais Robin n’en a pas fait cas. Il les a franchis les uns après les autres, à force de bons folds, mais aussi de quelques coups clefs. Ce craquage d’As mémorable après que Martin Kabrhel lui demande poliment « Do you want me to slowroll you? ». Ce A9 contre KQ qui tient pour sa survie dans le tournoi autour des 25 left, alors que Robin était tombé à 4 blindes. Ce 3-bet jam avec AJ, qui permet de doubler contre le A8 de Federico Castaing.

Monster Stack TF

Arrivé en table finale, Robin trouve un premier double-up pour ses 2,5 dernières blindes avec Roi-Dame contre le 87 de Ruben Neves. Quelques orbites plus tard, il envoie ses 4 BB au milieu avec A9, payé par le 99 de Jerry Maher. Un board 3325… K. Cette fois, c’est terminé, Guillaumot prend la 9ᵉ place de Monster Stack, pour 114 998 $.

Robin Guillaumot OUT

Un gain colossal pour ce grinder, loin d’être un spécialiste de MTT. « Je suis joueur de cash-game. Je fais un peu de tournois Live, surtout quand je viens à Vegas une fois par an. Mais sinon, je joue à Paris, en parallèle de ma carrière d’ingénieur, dans laquelle j’ai aussi des projets » affirme le Montpelliérain.

« J’avais fait quelques tournois quand j’étais plus jeune, autour de La-Grande-Motte. C’est là qu’on a commencé avec Samy [Dubonnet], qui était dans le rail pour m’encourager toute la partie. C’est un peu avec lui que je me suis mis au poker, on a fait du chemin depuis ».

L’un est devenu l’un des tops joueurs MTT français, l’autre un joueur de cash-game accompli, et désormais finaliste WSOP.

Guillaumot Dubonnet

« Ce qui est dingue, c’est que je fais table finale pour mon premier tournoi en No-Limit du festival. Enfin, mon deuxième puisque j’ai mis deux bullets. Mais sinon, j’ai surtout joué les tournois Mixed-Games. J’adore ça et j’ai un peu travaillé le jeu cette dernière année. Mon meilleur jeu reste le No-Limit, c’est là que j’ai le plus d’edge, et surtout le plus d’expérience ».

Robin Guillaumot Rail

Joueur polyvalent, Robin a d’ailleurs prévu un joli cocktail pour le programme de fin de séjour. Un peu de cash-game, mais encore quelques tournois, comme le beau "5K 6-max" ou le 9-Game. Problème : les deux démarrent le même jour... ce jeudi.

Arnaud Enselme

N’oublions pas les superbes de deep runs de nos autres Français sur ce même tournoi. Ce matin, ils étaient un beau quatuor de grinders à se présenter sur le Day 4. Le mieux doté en jetons, Samuel Anclevic, était finalement le premier sorti. Le runner-up WSOP a connu une journée en enfer pour sortir en 43ᵉ position, pour 30 802 $.

Clément Meunier - João Simão

Surgissant parmi les chipleaders autour des 35 left, Arnaud Enselme (photo au-dessus du paragraphe précédent) a subi deux mauvais coups (As-Dame contre As-Roi puis A5 qui resteal contre JJ) et se contente finalement de la 24ᵉ place, pour 46 448 $. Même prix pour Clément Meunier (photo ci-dessus), qui a comme Robin joué les équilibristes en jeu shortstack avant de sortir sur une bataille de blindes anecdotique en 18ᵉ position.

Pedro Neves

On vous a parlé de l'Espagne aujourd'hui, mais le Portugal aussi possède une très belle génération de jeunes grinders. Ils seront deux parmi les sept finalistes à attaquer le cinquième et dernier jour. Loin devant son compatriote Jose Carlos Brito, Pedro Neves (photo), 2,4 millions de dollars de gains au compteur, sera le grandissime favori pour le bracelet et le gros million de dollars à la gagne, avec 85 blindes devant lui, contre 50 pour son plus proche poursuivant Aaron Johnson. Avec quatre joueurs en queue de peloton coincé entre 13 et 15 blindes, on pourrait assister à une conclusion éclair.

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Un bracelet gros comme ça

Au terme d'une finale riche en émotions, Chris "BigHuni" Hunichen s'offre son premier bracelet et un gain colossal de 2 838 389 $ Event #47 : NLHE High Roller 100 000 $

Chris Hunichen

En jetant un œil au casting des six derniers joueurs présents pour le Final Day de ce 100K, nombre d'observateurs et de fans de poker à travers le monde se prenaient sans doute à rêver d'un premier bracelet pour la légende Viktor Blom. Avec 90 blindes, soit plus de 40% des jetons en circulation, "Isildur1" s'avançaient dans la peau du grandissime favori. Mais quatre jours après avoir terminé troisième du 50K, le Suédois a de nouveau dû se contenter de la médaille de bronze. À la place, ce deuxième High Roller au programme cet été a sacré un autre first timer, bien placé sur la fameuse liste des "meilleurs joueurs au monde sans bracelet", l'un des top players online de ces dix-quinze dernières années : Chris "BigHuni" Hunichen.

Chris Hunichen

De notre côté de l'Atlantique, il n'est pas le pro américain le plus connu du field, ne quittant guère les États-Unis que pour aller taper le carton au Panama, en République Dominicaine ou aux Bahamas. Ce qui ne l'a pas empêché de signer sa plus belle victoire live en carrière à Barcelone en 2019, sur un 10K EPT. Des victoires, c'est justement ce qu'il manque au palmarès d'Hunichen, qui culminait avant ce tournoi à près de 11 millions de dollars, pour quatre titres "seulement", pour une impressionnante collection de podiums, dont une troisième place ici même deux ans plus tôt, à 1,9 million, sur le 250K des WSOP. Une frustration qui semblait plus que jamais présente sur ce qui allait être la dernière main du tournoi, lorsqu'il est parti à tapis avec une main dominée. "Je ne peux pas croire que je vais encore terminer deuxième d'un de ces foutus tournois...", a-t-il carrément soufflé. Pas aujourd'hui Chris. Pas aujourd'hui.

Heads-up

Non, ce jeudi 20 juin 2024, les dieux du poker avaient l'air d'avoir choisi leur camp. Lors d'une phase à trois indécise, Hunichen remporte un lancer de pièce à suspense avec une paire de 5 contre le As-Valet de Jeremy Ausmus. Ce dernier trouve un As au turn, mais un 5 fracasse la rivière pour offrir un double up à Chris. Quelques minutes plus tard, l'Américain trouve un 6 river pour faire passer son As-6 devant le As-Roi de Viktor Blom, qui n'allait pas s'en remettre. Enfin, c'est une nouvelle rivière providentielle qui lui a permis de passer ce bracelet à son poignet. Parti à tapis avec 97 sur 952, il se fait payer dans la seconde par Ausmus, qui retourne une paire de Valets. Turn K. River 9. Chris Hunichen se jette dans son rail en feu. Le voilà enfin Champion WSOP, en plus d'un gain non négligeable de 2,8 millions de dollars.

Chris Hunichen

"[Cette finale], c'est l'ascenseur émotionnel le plus fou que j'ai vécu de ma vie... fois mille !, a-t-il concédé après sa victoire. Le 6 river était magique, le 5 river était magique, et le 9 river était probablement le moment le plus magique de ma vie. Ça n'avait aucun sens ! Mais je sentais qu'il était temps. C'était mon moment." Un moment qui arrive au bout d'une période personnelle compliquée, marqué par le décès de son père l'été dernier, au milieu des WSOP. "L'année écoulée a sans doute été la plus difficile de ma vie. Mon père m'a soutenu dès mes débuts dans le poker, quand personne d'autre ne croyait en moi. Aujourd'hui, je jouais bien plus que pour le bracelet ou l'argent. Je jouais pour lui," avoue-t-il dans une voix étranglée par l'émotion, les larmes aux yeux.

Chris Hunichen - Jeff Platt

Un bracelet d'autant plus attendu que Chris est comme chez lui aux World Series. "Je viens depuis quinze ans, je connais tout le monde ici. C'est un peu comme une deuxième maison. D'ailleurs, je sais que beaucoup de membres du staff me soutiennent à chaque fois que je suis en finale, dont Bob [l'un des floors en chef des WSOP, NDLR]." Ajoutez à cela un rail aussi bruyant que fourni, rempli d'amis de longue date et de membres de la famille, et vous obtenez une chaude ambiance, pleine d'amour et de bienveillance, loin de la froideur habituelle de ces joutes high rollers. Il suffisait de voir Chris tomber dans les bras des uns et des autres, potes, photographes, croupiers ou membres du staff, pour comprendre que le bonheur et l'émotion étaient sincères. "J'avais tellement de monde derrière moi, ça me rend encore plus heureux." Et ils devraient encore plus nombreux le 4 juillet à la traditionnelle fête que Chris organise chaque année dans la résidence familiale. D'ailleurs, vous êtes tous invités, de midi à minuit, contre la modique somme de 65 $. Work Big, party Big!

WSOP 2024 - Event #47 : NLHE High Roller 100 000 $ 112 entrées - Prizepool 10 836 000 $

Chris Hunichen Winner Photo

# Joueur Gains
Vainqueur Chris Hunichen (USA) 2 838 389 $
Runner-up Jeremy Ausmus (USA) 1 892 260 $
3e Viktor Blom (Suède) 1 311 091 $
4e Chance Kornuth (USA) 932 725 $
5e Aleksejs Ponakovs (Lettonie) 681 796 $
6e Justin Saliba (USA) 512 465 $
7e Daniel Aharoni (USA) 396 396 $
8e Isaac Haxton (USA) 315 805 $
9e Michael Jozoff (USA) 259 371 $

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‹ Le bracelet le plus facile à prendre ›

Meddi Ferrah n'est pas loin du bracelet sur l'une des structures les plus turbish des WSOP Toujours en lice à 26 joueurs restants sur ce tournoi à 2 110 entrées, le Français nous explique comment aborder le format Event #51 : Super Turbo Bounty NLHE Freezeout 1 500 $

Ferrah
"C'est le bracelet le plus facile à prendre." Meddi Ferrah est sincère quand il nous explique pourquoi il a décidé de jouer le Super Turbo Bounty de ce jeudi. Une bonne idée, puisqu'il n'a jamais été aussi proche d'atteindre le rêve de presque chaque joueur de poker : à 26 joueurs left et trois tables restantes, aux alentours de 22h30 heure locale, le Français était le dernier Tricolore en lice sur un tournoi qui a débuté à 10 heures ce matin... et qui a enregistré pas moins de 2 110 entrées !

Vous l'aurez compris, on ne part pas sur une structure lente pour éliminer autant de concurrents en aussi peu de temps : 25 000 jetons de départ, et des niveaux de 20 minutes. La même que sur le tournoi à 200 $ quotidien de l'Orleans Casino et ses 20 000 $ garantis... Sauf que là, le buy-in est 7,5 fois plus élevé, et que le prizepool n'a rien à voir : 2 816 850 $ étaient en jeu, dont 240 724 $ pour le vainqueur. Meddi, soutenu par Alex Reard dans le rail, est d'ores et déjà assuré d'encaisser 7 480 $. Et cela, en plus des bounties accumulés : chaque joueur éliminé rapporte 500 $.

Le Turbo Bounty : un style de tournoi que le régulier des clubs de jeux parisiens connait bien, puisqu'il avait terminé 24ᵉ du Super Bounty à 1 000 $ de 2022, pour 11 208 $. "En début de tournoi, les bounties valent davantage d'argent. Avec mes colocs, on a calculé qu'un bounty valait 9 000 jetons. Tu calcules les cotes des pots en fonction de ça. Moi j'ai fait un bon départ, et j'ai pris 5 bounties, pour atteindre tranquillement les places payées. Une fois dans l'argent, les bounties ont encore une incidence quand les paliers sont faibles, quand on passe de 1 800 à 1 900 $ par exemple. "

ferrah 1
En late game en revanche, ce n'est plus la même histoire : on repart sur les bases d'un tournoi normal. "La moyenne est à 14 blindes, ce n'est pas horrible. Il faut voler les blindes, jouer main après main. Le premier qui joue une turn a gagné. Les bounties ne valent plus grand-chose, et il y a encore des joueurs qui font des erreurs. Et il faut des bons croupiers, sinon il y a des rulings, tu joues deux mains en une orbite." Meddi avouait également qu'il ne reconnaissait personne dans le field restant, plutôt une bonne nouvelle a priori (nous, on a spotté Quinn Do, Joe Kuether et Phillip Yeh, des regs WSOP). "Je suis très détendu, confiait le Tricolore, arrivé à Las Vegas il y a quatre jours et qui a préféré faire l'impasse sur le 5K 6-Max. Il ne faut pas faire de bêtises, mais il y a moins de pression. Ce n'est pas comme si je jouais 100 BB avec Fedor Holz à ma gauche !"

En attendant le Millionaire Maker, qui débute demain et qu'il a déjà cash à deux reprises, le Français a en tout cas l'occasion d'aller chercher le second bracelet de l'été pour le clan tricolore, ou au moins sa meilleure perf' personnelle en carrière : cela s'était passé à Vegas, déjà, sur un event du Wynn, lors duquel il avait encaissé 53 000 $ en 2019. Easy, non ?

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On the edge

Huit Français et trois membres du Team Winamax atteignent les places payées sur l'un de leurs tournois préférés de l'année Mais au fait, y a-t-il une si grande différence de niveau entre Européens et Américains en 6-max ? Event #52 : NLHE 6-Handed 5 000 $ (Day 2)

On connait la chanson : à chaque nouveau tournoi joué en 6-max aux WSOP (et ils ne sont pas si nombreux), les espoirs de tout le clan français se soulèvent. À six par table, grâce à des centaines, des milliers d'heures d'entraînement sur Winamax, où le fullring n'est pas loin d'avoir disparu, nous sommes censés être les meilleurs. Surtout si l'on ajoute l'expérience live des festivals Winamax, exclusivement dédiés à ce format. L'an passé, Alexandre Réard donnait raison à tout un peuple, en enlevant le plus beau et le plus relevé de tous, le légendaire "10K 6-max", sur lequel Davidi Kitai avait terminé runner-up en 2016. Deux cas loin d'être isolés puisque, en 2019, Thomas Cazayous avait triomphé sur le 3 000 $, avant que João Vieira ne prenne le relais sur le 5K, éliminant au passage son coéquipier Pierre Calamusa. Et que dire de 2022, année du sacre de Léo Soma sur 1 500 $, imité deux semaines plus tard par Jonathan Pastore, toujours sur ce 5K. La boucle est bouclée.

Julien Sitbon

Alors, c'est clair : on a un edge, non ? Ou, pour poser la question différemment : les joueurs américains sont-ils toujours des cibles aussi faciles sur ces tournois ? "C'est difficile à dire, hésite Julien Sitbon. D'abord parce que l'échantillon de tournois est faible. Cette année, avant celui-là, je n'ai joué que le 3K. Certains sont bien meilleurs qu'avant, ça, c'est sûr. Mais cela reste compliqué pour eux parce qu'ils n'ont pas beaucoup de tournois 6-max à jouer. Il y en a d'ailleurs cette année sur WSOP.com [cinq au total, dont deux en PLO, NDLR]. Ce n'était pas le cas avant."

Nicolas Vayssières

"Sur les tournois du .com, que ce soit sur GG ou PS, tout est quasiment en 8-max, poursuit Nicolas Vayssières. Mais bon, quand tu travailles tes ranges sur GTO Wizard, tu pars des positions tardives, donc ce n'est pas si difficile pour eux de s'adapter. Moi, en revanche, au départ, sur ces tournois, quand je me retrouvais UTG ou UTG+1, j'étais un peu perdu !" Le désavantage des Français en fullring serait donc plus important que leur avantage en 6-max ?

Au niveau du live en tout cas, il n'est pas rare, ici comme ailleurs aux États-Unis, de débuter un tournoi à dix par table, avant, éventuellement, de passer à neuf une fois la période d'enregistrement tardif terminée. À l'inverse, les festivals EPT par exemple, se jouent depuis plusieurs années en 8-handed, dans le but d'améliorer l'expérience de jeu et donner aux joueurs la possibilité de jouer plus de mains.

Valentin Oberhauser

D'une manière générale, l'agressivité des Européens se heurte bien souvent à la passivité des Américains, surtout préflop. Un stéréotype qui tend toutefois à se dissiper. "Ils sont plus agressifs qu'avant, mais ils ne le font pas forcément avec les bons combos," avance de son côté Valentin Oberhauser, qui vient de valider un 2/2 sur les tournois 6-max depuis le début de ces Series, après une 29ᵉ place sur le 3K.

Boris Berthomet

L'agressivité, une approche qui a tendance à plutôt bien fonctionner sur un format où tout peut très vite changer. Julien Sitbon en sait quelque chose. "Je n'ai pas gagné un coup de la journée, souffle celui qui avait terminé le Day 1 dans la peau du chipleader. J'ai fait de 500 000 à 200 000, sans pouvoir rien faire. Mais j'ai passé la bulle, c'est déjà ça." Tout comme Boris Berthomet (photo), Sonny Franco, Axel Hallay, Simon Wiciak et Maxime Chilaud. À noter tout de même que ce 5K 6-max est passé de 1 200 entrées l'an passé à seulement 818 cette année, soit une baisse de fréquentation de plus de 30%. Une question de calendrier ? Ou est-ce que les Américains en avaient assez de se faire marcher dessus ? Peu importe, tant qu'à l'arrivée, le bracelet est français.

João Vieira
Un petit tour dans l'argent et puis s'en va pour João Vieira, éliminé en 118ᵉ place pour 123 ITM. Une sortie qui n'avait pas l'air de ravir Scott Seiver, l'Américain, double vainqueur de bracelets depuis le début de l'été, ayant apparemment placé quelques paris sur le Portugais.

Leo Margets
Tout roule en revanche pour Leo Margets. Arrivée en début de Day 2, la Catalane a passé la bulle avec pas loin de deux fois la moyenne.

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Arrivés sur le tard, toujours pas partis

L'un s'est inscrit au dernier moment, l'autre a tenté le coup après avoir débarqué quelques heures avant à Vegas : mais deux jours plus tard, Sonny Franco et Simon Wiciak sont bien les deux derniers représentants français au Day 3 du 5k 6-max ! 37 joueurs courrent encore derrière le bracelet et les 656 747 $ promis au vainqueur.

Event #52 : NLHE 6-Handed 5 000 $ (Fin du Day 2)

Dans ce tournoi où huit Français ont atteint les places payées ce vendredi, deux d'entre eux peuvent encore jouer le titre : Sonny Franco et Simon Wiciak atteignent en effet le Day 3, alors que 37 joueurs sont encore en lice pour aller chercher le bracelet et le premier prix de 656 747 $. Déjà assurés de 19 174 $, les deux Frenchies ont chacun leur petite anecdote à raconter concernant leur entrée sur ce 5k 6-max…

Franco
On commence avec le mieux staké des deux, Sonny Franco (1 365 000). « J'ai register dans les deux derniers niveaux du Day 1, explique le Sudiste, car je devais aller voir les Battle Robots avec mon fils. Je suis rentré avec 40 BB… » Les Batlle Robots, quézaco ? Bah, des espèces de voitures robots qui se battent dans une arène, pardi, et dans un batîment concomitant au parking des employés du Horseshoe. On comprend que le fiston ait voulu voir de quoi il retournait : Sonny loge dans un appartement avec vue sur le spot… Alors, ça vaut le coup ? « C'est bien pour les enfants », répond Sonny… Si on a encore des doutes sur la qualité du spectacle, une chose est certaine : ce late reg lui a bien réussi. Sonny a en effet plein de coups de poker à nous raconter, alors qu'il avait entamé la journée avec 80 000 jetons. « Au début, c'était compliqué, j'avais trois regs à ma table, dont Jeremy Ausmus et Joao Vieira. Mais je suis monté à 150 000 rapidement, et je gagne 7-7 contre As-Roi chez Ausmus pour un pot de 120 000. Après, je ne joue pas spécialement de coups, je passe la bulle avec 350 000… »

C'est dans les derniers niveaux de la journée que tout s'est accéléré pour Sonny, en commençant par l'élimination du redoutable Joseph Cheong en bataille de blindes. L'Américain limp en SB, Sonny fait 50 000 en BB. 175 000 chez le finaliste Main Event WSOP, tapis 800 000 chez Sonny, call pour un total de 700 000 chez Cheong, avec deux Valets, bien crush par les deux Rois de Sonny, qui grimpe alors à 1,6 million. « Un moment, j'ai 850 000 sur des blindes à 15 000, poursuit Sonny. Le bouton relance à 40 000, je call 4-4 en SB, la BB call, ça vient 8-5-4 avec deux Trèfles. Tout le monde check. Le turn est un As, je check, la BB fait 125 000, call chez moi. La river est un 3, je check-call 375 000. Il a 6-2 pour une quinte. » Mais Sonny ne va pas mettre longtemps à se refaire : « Sur 10 000/20 000, ce même joueur relance UTG à 40 000, et je call deux Rois en BB. Je check-call 60 000 sur J-8-5, et 220 000 sur une turn 5, qui ouvre un tirage couleur. La river est un 9 rainbow, je fais 240 000, il call-muck. » Sonny, qui a déjà terminé 11e du 3k 6-max il y a quelques jours, reviendra avec 55 belles blindes pour le Day 3. « Ce Vegas se passe bien, il ne manque pas grand-chose. On va essayer de concrétiser! »

Wiciak
Pour Simon Wiciak, le tournoi se résume également à une histoire de late reg. Enfin, dans le sens ou le pro PokerStars est arrivé à Vegas à deux heures du matin, le jour du coup d'envoi du tournoi, son premier du séjour donc… « J'ai à peine dit bonjour aux gens de ma villa, j'ai dormi 3 heures. La fin du Day 1 était un supplice, mais j'étais content car je finis avec 80 000 jetons. Je passe la bulle avec 15 BB, trop content. Après les paliers sont hyper flat, ce qu'il y a entre les creux n'est pas très important. » Simon a ensuite bénéficié de setups favorables pour monter un stack. « J'ai gagné As-Roi contre K-Q, As-10 contre K-10, un gros gros flip avec As-Roi contre deux Valets, pour passer à 550 000. Puis j'ai changé de table, je suis monté à 1,2 million. » Pour terminer la journée, l'ex-footeux a tenté de rester actif : « 30, 40 joueurs lefts, c'est là que tu montes des stacks. » Témoin, ce coup joué aggressivement : « J'iso en BB avec 5-2 off. Sur le flop 8-7-3, je c-bet 80% du pot, la SB call. Le turn est un 9, check-check. La river est un 3, il check, j'overbet. J'ai des 9-4 off dans ma range par exemple. Il passe, je lui montre pour qu'il pense que je vais arrêter de bluffer, alors que ce sera le contraire. » Là, on résume, parce que Simon avait beaucoup de choses à dire, et semble avoir bien récupéré depuis le Day 1. « C'est toujours une bonne chose d'avoir une image aggro, il ne faut pas se contenter de gagner des flips. C'est bien d'avoir un peu d'expérience dans ces situations. » Au final, LURAKEN, son pseudo le plus connu sur Winamax, termine avec 725 000, soit 29 blindes à la reprise, fixée à midi.

Blanco
Les deux Français devront faire face au chipleader Turbo Nguyen (2 700 000), à son dauphin Lucas Blanco (2,6 millions, photo), mais aussi au top reg WSOP Georgios Sotiropoulos, 3e, Ihar Soika, Jose Latorre, Krasimir Yankov ou encore Bruno Volkmann. Les trois pros Winamax In The Money ont malheureusement été éliminés… Alors on suivra l'évolution de nos deux Bleus, en espérant une nouvelle table finale tricolore sur l'un des tournois les plus courus des WSOP !

La machine infernale

Finaliste du 50k il y a quelques jours, Adrián Mateos est toujours en piste pour faire encore mieux sur le tournoi le plus cher des WSOP. Champion en 2021, celui qui fêtera ses 30 ans dans quelques jours vise un doublé qui lui permettrait d'ores et déjà de valider la meilleure année de sa carrière en live. Et alors que le Day 2 est déjà bien avancé, les cartes semblent toujours favorables au pro Winamax...

Event #55 : Super High Roller NLHE 250 000 $ (Day 2)

Tournoi
Quatre tournois se jouent actuellement dans l'Event Center en ce beau samedi de World Series. Mais si les Français sont plutôt focus sur le 5 000 $ 6-Handed, où Sonny Franco est toujours en course à 16 joueurs restants, la grande majorité des railbirds n'ont d'yeux que pour une autre épreuve : le Super High Roller à 250 000 $. Pensez donc : ce n'est pas tous les jours qu'on peut observer de près Daniel Negreanu et Phil Ivey sur le même tournoi, à même pas un mètre cinquante des barrières pour le premier, alors que le second est également bien visible sur la table de derrière. Cerise sur le gâteau, nous sommes sur le tournoi le plus cher des WSOP 2024, et les deux légendes sont entourées de la crème de la crème des joueurs de tournois live du monde entier : en vrac, le numéro 1 de la All Time Money List Brynn Kenney, le 3e au classement Stephen Chidwick, le tout frais champion du High Roller à 100 000 $ Chris Hunichen, le détenteur de cinq bracelets WSOP (dont un gagné cette année) Nick Schulman… Et évidemment, notre Team Pro Winamax Adrián Mateos, qui n'allait certainement pas manquer ce SHR.

Mateos
Que dire sur l'Espagnol ? Déjà, qu'il a réussi un très bon départ dans cette épreuve : il a ainsi terminé second en jetons à l'issue du Day 1, juste derrière le chipleader Sean Winter. Un stack de 4,2 millions qui a légèrement grimpé depuis le début du Day 2, puisque le Madrilène était compté à 4,8 millions au bout de trois heures de jeu… Mais pour cela, il a fallu gagner un 20/80 contre Andrew Lichtenberger : car Adrian, qui avait perdu la moitié des jetons accumulés vendredi, s'est retrouvé à tapis couvert contre « LuckyChewy » avec deux Dix contre deux Dames, et a directement frappé le Dix au flop. Le signe d'un run good qui ne se dément quasiment jamais ces derniers mois, où Amadi_17 enquille les millions comme des perles et vient d'entrer dans le top 10 de cette fameuse All-Time Money List. Cette année, le Madrilène a déjà encaissé 8 464 316 $ de gains en même pas six mois de live ; soit un très gros temps d'avance sur 2023, qui reste son meilleur cru en carrière jusqu'ici, avec 9 550 234 $ ajoutés à sa bankroll… Rappelons qu''Amadi a déjà atteint la table finale du High Roller à 50 000 $ sur ces WSOP 2024 (4e pour 681 554 $), et a déjà remporté ce Super High Roller à 250 000 $ en 2021. Homme de records, Adrian pourrait ainsi réussir un exceptionnel doublé sur cette édition 2024, et remporter par la même occasion un 5e bracelet WSOP.

Ivey
Pour atteindre son but et succéder au tenant du titre Chris Brewer, Adrian va devoir se débarrasser de ses 36 adversaires encore en course, sur un field de 75 joueurs déjà écrémé de moitié donc. Une affluence dans les clous de celle de l'an passé (69 entrées), et un tournoi qui s'achèvera dimanche à l'issue du Day 3. Niveau pépètes, ça donne un prizepool de 18 675 000 $, douze places payées pour un min-cash (lol) de 506 757 $, et un énorme chèque de 5 415 152 $ promis au futur vainqueur. Nul doute que c'est le seul payout que regarde Adrian, qui aura besoin de faire top 5 pour battre d'ores et déjà son record de gains en une année de live. Voilà qui serait une bonne façon de célébrer un peu en avance son passage à la trentaine, lui qui fêtera donc ses 30 ans le 1er juillet… A por ellos !

Hunichen
Chris Hunichen,qui n'a pas bust depuis cinq jours

Franco, la perf’ tranquille

Dernier français en cours sur le prestigieux 5 000 $ 6-max, Sonny Franco se contente de la 9e place, pour 59 665 $. Une jolie perf’ à ajouter à un palmarès exceptionnel de longévité et de polyvalence. Et pourtant, ce n’est ni les chiffres, ni l’approche d’une finale WSOP ou encore d’un bracelet qui risquent d’affoler Sonny.

Event #52 : NLHE 6-Handed 5 000 $ (Day 3)

Sonny Franco

« Je me sens bien, tranquille » commente Sonny Franco, quelques secondes après avoir reçu son petit ticket violet, bon pour presque 60 000 $. On le sait, Sonny, n’a jamais été le roi des interviews. Il se contente de courtes phrases, simples, justes et laisse son talent s’exprimer sur le terrain vert. En somme, il est le Zinédine Zidane des grinders bleus, juste avec un peu moins d’accent.

A l’instar de Zizou, Sonny est né sur la côte, remporte la plus part de ses un contre un, il a joué dans les plus grandes arènes (pokeristiques) du monde, accumulé une expérience colossale, tout en prenant des titres quasi chaque année pendant presque quinze ans de carrière.

Ce n’est donc pas l’approche d’une finale WSOP, ou encore pire, le busto à quelques places d’un titre de champion du monde et de 650 000$ qui vont faire trembler Franco. La tranquillité est l’une des armes fétiches de son arsenal. Ces situations de haute pression, ces deep runs à six chiffres potentiels, il les a éprouvé tant de fois. Le natif de Gruissan sait juste comment les gérer, tranquillement.

Grinder tout-terrain

Aujourd’hui, Sonny a réalisé une perf’ sur le prestigieux 5 000 $ 6-max. L’un des tournois les plus relevés des WSOP, un repère de regs internationaux, chevronnés, maîtrisant parfaitement les subtilités du short-handed, cher à Winamax. Pas forcément le terrain de prédilection du "Team Pro" Partouche, qui n’a plus cliqué sur un tournoi 6-max depuis dix ans.

Sonny Franco

« J’ai joué pendant longtemps, quand je commençais, mais maintenant, je ne fais plus que du Live, donc c’est vrai qu’on joue quasi jamais ce genre de format. Là, ça m’a plutôt réussi, d’autant que j’avais déjà deep-run le 3 000 $ (11e pour 37 419 $) », rappelle Sonny, qui signe d’ailleurs son quatrième ITM sur ce tournoi en cinq WSOP (il avait atteint l’argent du 5 000 6-max en 2019, 2021 et 2022). « Ca montre qu’on a pas besoin d’être super aggro pour réussir dans des tournois comme celui-ci. Le 6-max, ça ne change pas tant de choses d’un point de vue de l’agressivité. C’est juste que tu joues plus de mains ».

Fidèle à son style équilibré, tout-terrain, Franco a su changer de vitesse au bon moment pour passer les kilomètres du tournoi. Sa capacité à grappiller de petits pots pour se maintenir autour des 20-25BB, à coups de re-steals et d’arrachages lui ont permis de rester dans la course tandis que le field réduisait à vue d’œil. Ultra patient, il a ensuite trouvé les quelques gros spots à tapis pour parvenir au cap des 3 tables left, puis des demi-finales. Tout d’abord, sur un superbe bad-beat.

A 18 left, open Ihar Soika bouton, 3-bet 22BB de Sonny KJ en grosse blinde et snap-call par deux As ! Le flop vient Q53, Sonny se lève de la chaise, pour mieux voir ce run-out fabuleux : Turn J, river K. Deux paires backdoor, craquage de l’espace et voilà Sonny à 45 blindes !

Quelques orbites plus tard, il trouvera un nouveau double-up sur un slow-play bien malicieux. Open 120 000 Bernd Gleissner sur la blinde de Franco qui défend pour voir le flop 1072. C-bet 155 000, payé. Turn Q, second-bar 225 000… Et raise 505 000 de Franco. Tapis 1,2 million, snap-call et Sonny montre… QQ ! Attention tout de même aux carreaux contre le A4 adverse. 8 river, ça tient, Sonny revient dans le Top 5.

Sonny Franco

« C’est le moment où il faut prendre des risques » affirme Sonny après un nouveau 4-bet shove sur la tête de Mostafa Haidary. Souvent caché dans le milieu de peloton, Franco sort de sa boite en demi-finale, avec l’idée d’encaisser les jetons avant d’aborder une éventuelle finale… Malheureusement, une série de petits coups perdus le font redescendre de 40 à 20 blindes en moins d’une heure. Le coup fatal surviendra quelques minutes plus tard.`

Open Haidary UTG 225 000, 3-bet Pedro Madeira bouton pour 650 000. La parole arrive sur Sonny en BB : cold-4-bet shove 2 000 005. Quelques secondes plus tard, Haiday re-shove par dessus et le Brésilien entre dans le tank. Il finira par laisser les deux hommes entre eux, showdown ! AQ pour Franco et 1010 pour l’Australien : KK5 sur le flop. Ca commence pas mal, turn 3, river 9 … Ca finit mal. Sonny succombe à ce flip fatal et se contente de la 9e place, pour 59 665 $.

Le succès sans forcer

Sonny Franco

Très peu de déception sur le visage de Franco, qui retient tout de suite ce bon début de campagne. « J’ai vibré quand même. Si je gagne ce flip, je suis presqu’à 5 millions, lâche Sonny qui relativise dans les secondes suivantes. C’est un bon Vegas. J’ai fait 6-7 tournois et je fais 9e de celui-là, 11e du 3 000$ et j’ai aussi deep run le Monster Stack ». Cette fois, on était quand même proche d’une finale WSOP, d’un bracelet, le seul trophée légendaire qu’il manque à sa très large collection.

« J’étais à une marche du bracelet à Rozvadov (2e du 10 000$ 6-max WSOP Europe), rappelle Sonny. Mais je ne fais pas de course. Si ça vient, ça vient ». La gloire, les lumières, Sonny ne les a jamais vraiment cherché. C’est seulement sa capacité déconcertante à remporter des bagues WSOP-C, des piques, des WPT, UDSO BPT, MPO et autres acronymes qui ont fait de lui une star du poker français. Ce soir, elle était à un flip d’ajouter une nouvelle ligne de choix à son palmarès de géant. Mais cette fois, on se contentera de 60 000$. Et c’est déjà bien. Tranquille.

Saout met le Turbo

7 ans après son dernier Main Event, Antoine Saout s’assiéra ce dimanche à une table finale de WSOP à Las Vegas. Après avoir brillé sur le plus beau et le plus long tournoi du monde, il tentera de gagner le plus explosif et le plus rapide des MTT du programme, le Super Turbo Bounty, avec l’objectif de prendre 612 briques, et son premier bracelet.

Event #57 : Super Turbo Bounty (Finale)

Antoine Saout

486 joueurs à midi, 9 joueurs à minuit. Voilà le carnage qui s’est produit aujourd’hui dans la section “Purple” de la Paris Ball Room. Avec des niveaux de vingt minutes, et un KO de 3 000 € sur la tête de chaque jouer, ce Super Turbo Bounty favorise l’action. Romain Lewis pourra vous en parler. Vainqueur de ce même tournoi il y a trois ans de cela, notre Team Pro n’a cette fois joué… Qu’une main dans ce tournoi, sa paire de dames se faisant craquer par une paire de valets.

Peu nombreux sur la ligne de départ, les Français n’ont pas vraiment été les protagonistes du tournoi. Un seul parvenait à attendre l’ITM. En revanche, il s’est largement signalé par la suite. S’emparant du chiplead autour des 30 left, Antoine Saout a déroulé pour se retrouver avec l’un des plus gros tapis au Day 2, c’est à dire en table finale, à 10 left de 612 997 $. Seul Olivier Weis (40BB) et Aliaksei Boika (33BB) ont su monter un stack plus gros que celui de notre Français (30BB).

« Il y a encore de bons joueurs, affirme Antoine. Geilich, qui est un joueur de Triton, le Japonais, qui est aussi un reg de High Roller (et vainqueur de bracelet WSOP Short-Deck 2022), Aliaksei Boika… Peut être qu’il y a encore un ou deux joueurs récréatifs, mais c’est assez relevé. Parce qu’en début de journée, c’était bien ».

Antoine Saout

Ce 10 000 $ Super Turbo Bounty attire effectivement un field très éclectique. De nombreux riches amateurs préfèrent se croustiller un tournoi WSOP de cette structure plutôt que de lutter pendant des jours contre des joueurs infiniment meilleurs qu’eux et qui finiront par prendre le dessus. « Jonathan Pastore s’est même retrouvé avec une mamie qui ne connaissait pas les règles » me confiait un grinder français, éliminé précocement de ce 10 000 $.

Antoine, lui, a trouvé les bons spots pour monter un stack et traverser le field. « J’ai pris un bounty assez rapidement. Au bout de la première pause, j’en avais déjà trois. Je suis arrivé à la bulle avec un peu moins que la moyenne, puis derrière, j’ai remporté mes coups à tapis. Il le faut dans ce genre de tournois. Mais à chaque fois, j’étais devant, ou c’était un flip ».

Les lancers de pièces et 80-20 gagnés lui permettent de s’élever dans le ciel de tournoi, dans lequel il planera toute la soirée. Un call bouton avec As-Valet contre le As-Cinq de Yang Wang qui envoyait ses 12BB au milieu. Ça tient. Un flip avec Q10 conter 22 pour prendre les cinq dernières blindes de Sang Sim. Voilà comment s’emparer d’un chiplead, qu’Antoine ne lâchera que dans les dernières minutes du tournoi, suite à la remontée d’Aleksei Boika.

« Il aura la positions sur moi demain d’ailleurs. Il est chipleader, il est compétent, donc il faudra certainement se montrer patient… Et changer de rythme quand il le faut. Mais ça, on sait faire » analysait Saout avant de prendre le chemin de sa chambre. Il en ressortira pour aller jouer une finale WSOP à Las Vegas, chose qu’il n’avait pas fait depuis… Juillet 2017 et sa dernière finale sur le Main Event.

« J’ai fait une finale WSOP Europe à Londres, puis à Rozvadov sur le 25 000 $ High Roller quand même. Mais à Vegas, j’ai fait onzième (en 2014 sur un 1 500 $ Ante-Up), et sinon, jamais d’autres finales que les Main Event ». Saout pourra donc dire qu’il a atteint les finales des tournois les plus longs, mais aussi du plus court des World Series. « C’est sur deux jours quand même » sourit Antoine, puisqu’effectivement, les floors ont mis fin à la partie après avoir atteint le 9-left peu avant minuit. L’affaire aurait pu être plié en deux heures mais les WSOP ont préféré donné aux finalistes l’honneur et les projecteurs du Prime Time, puisque la finale sera retransmise en direct sur Poker Go à partir de 14H00 heure locale.

A la clef, 612 997 $ et un bracelet WSOP, un trophée qui manque encore à la collection de Saout, auteur de perfs mirobolantes, mais rarement de grosses wins (un seul de ses dix meilleurs scores est associé à une première place - un 600 € Deepstack du Venetian).

« Ça serait superbe. Mais je t’avais dit, je crois que c’était à Prague, que je préfère encore le prestige de l’EPT aux WSOP. C’est mieux les gros trophées, je suis pas trop bijou. Mais un bracelet, c’est cool aussi hein ».

Pay-out & Chipcount

Aaron Johnson

Joueur Pro du Minnesota, Aaron Johnson sera également de la finale du Super Turbo Bounty... Quatre jours après avoir atteint celle du Monster Stack, dont il terminait runner-up pour 732 329 $. Running Hot tho ?

Joueur Nationalité Stack
Olivier Weis Allemagne 6 500 000
Aliaksei Boika Biélorussie 5 360 000
Antoine Saout France 4 280 000
Steve Buell USA 4 225 000
Aaron Johnson USA 3 400 000
Michael Rocco USA 3 140 000
Frank Funaro USA 2 670 000
Shota Nakanishi Japon 2 100 000
Aaron Johnson USA 1 605 000
Ludovic Geilich UK 1 250 000

Michael Rocco

Ultra régulier sur le circuit international, Michael Rocco sera l'un des plus gros palmarès et les plus sérieux clients à la victoire finale.

Position Prix
1er 612 997 $US
2e 408 658 $US
3e 282 983 $US
4e 199 342 $US
5e 142 892 $US
6e 104 261 $US
7e 77 460 $US
8e 58 616 $US
9e 45 195 $US

L’important c’est pas la chute, c’est l’atterrissage

Adrián Mateos sera chipleader pour le Day 3 du tournoi le plus cher des WSOP ! Après un mauvais départ, le pro Winamax a fini en trombe et visera son 5e bracelet Il reste 14 joueurs pour 12 places payées, avec 5,4 millions de dollars à la win Event #55 : Super High Roller NLHE 250 000 $ (Fin du Day 2)

Mateos
Il est là. Encore une fois. Comme souvent, Adrián Mateos sera au Final Day d'un Super High Roller. Déjà, au départ de la journée, le pro Winamax pouvait nourrir de gros espoirs de Day 3 : deuxième en jetons, celui que son coéquipier Joao Vieira a autoproclamé meilleur joueur de tournois du monde avait de quoi voir venir. Sauf que rien ne s'est passé comme espéré. "J'ai perdu toutes les mains pendant les trois-quatre premières heures de jeu," nous résumait Amadi. Je ne pouvais pas gagner un jeton." Il déplorait par exemple ce coup contre Andrew Lichtenberger, où Adri relance en début de parole à 160 000, surrelancé par l'Américain en SB. Call chez le Madrilène, qui va voir un flop Q39. Check chez LuckyChewy, qui laisse Mateos miser 550 000, pour mieux le check-raise à tapis, pour 4,3 millions ! Snapcall par l'Espagnol, qui retourne As-Dame et joue contre As-9. Un 9 tombe au turn... Résultat des courses pour le pro Winamax ? La perte de la moitié de son tapis. Mais au moins, il lui restait des jetons, au contraire des deux derniers champions du tournoi, Chris Brewer et Alex Foxen, éliminés lors des premiers niveaux. Tout comme Daniel Negreanu, qui a mis deux bullets sans succès dans ce tournoi. Pourtant, Kid Poker avait fait ce qu'il fallait...

Could you make this fold?

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— PokerGO (@PokerGO) June 23, 2024

Mais revenons à nos moutons. Pour se relancer, il fallait donc à Adrian un petit coup de pouce du destin, l'Espagnol ne pouvant pas faire grand-chose niveau grind avec un tapis réduit. Le salut est finalement venu d'un 20/80 gagné à tapis préflop contre Andrew Lichtenberger, encore, avec deux Dix contre deux Dames. De quoi relancer la máquina, qui s'est ensuite maintenue aux alentours des 4 millions de jetons jusqu'à trois tables restantes. Et la tendance a fini par s'inverser. "Les choses ont changé, spécialement durant les deux dernières heures de jeu", confirmait Amadi. Cela m'a permis de jouer la bulle, durant laquelle j'avais un gros tapis." 4-bet all-in non payé sur Jeremy Ausmus, mise à tapis de Ben Tollerene sur la river... De quoi grapiller un paquet de jetons, même si les all-ins se sont multipliés à sa table sur les dernières mains, pour emballer rien de moins que le stack du chiplead, soit 16 250 000 jetons !

Mateos
Deuxième au départ, premier à l'arrivée : ce Day 2 aura finalement largement souri au Madrilène, qui aura donc multiplié son tapis par 4 et reprendra la partie avec 55 blindes. "Je suis très heureux de revenir avec un tel tapis", souriait-il. Demain sera une grosse journée." On ne saurait mieux dire : à la clé, un bracelet WSOP, qui serait le 5e pour le presque trentenaire, un doublé sur ce Super High Roller déjà gagné en 2021, et son plus gros gain en carrière s'il l'emporte, soit 5 415 152 $. Et en plus, Adrian aura l'occasion de mettre la pression d'entrée : la bulle n'a pas encore éclaté, puisqu'il reste 14 joueurs pour 12 places payées. Des survivants qui visiblement n'étaient pas ravis de la décision des floors de maintenir le programme initial du Day 2, à savoir stopper la clock à la fin du niveau 18, sans tenir compte de l'imminence de l'ITM. À la place, ils ont envoyé tout le monde se coucher, et ont donné rendez-vous à 12 heures pour la reprise (21 heures en France) d'un Day 3 qui est censé nous emmener au bout du tournoi.

Mateos 5
Au chipcount, Adrian Mateos est pour l'instant suivi par Santhosh Suvarna (14 950 000) et Taylor von Kriegenbergh (12 050 000), alors que le vainqueur du High Roller à 100 000 $ Chris Hunichen et la légende Phil Ivey seront dans le ventre mou, avec cependant 19 blindes pour le détenteur de 11 bracelets WSOP. Le reste du casting est constitué d'habitués de la scène High Roller, excepté peut-être Charles Hook, vainqueur d'un bracelet online en 2021 mais dont le dernier cash en live date de 2018 ! Quant à Jeremy Ausmus, runner-up du 100k, il vise rien de moins que sa quatrième table finale des Series 2024. La partie s'annonce passionnante, et on la suivra évidemment avec attention dans notre reportage. Vamos Adri !

Le chipcount pour le Day 3 :

Position Joueur Nationalité Jetons
1 Adrian Mateos (Team Winamax) Espagne 16 250 000
2 Santhosh Suvarna Inde 14 950 000
3 Taylor von Kriegenbergh USA 12 050 000
4 Sean Winter USA 9 725 000
5 Matthias Eibinger Autriche 8 600 000
6 Jonathan Jaffe USA 8 075 000
7 Ben Tollerene USA 7 375 000
8 Charles Hook USA 7 350 000
9 Chris Hunichen USA 6 400 000
10 Phil Ivey USA 5 650 000
11 Jeremy Ausmus USA 5 300 000
12 Mikita Badziakouski Biélorussie 4 500 000
13 Brian Kim USA 3 325 000
13 Mikalai Vaskaboinikau Lituanie 3 050 000

La répartition des prix :

Vainqueur : 5 415 152 $ Runner-up : 3 537 135 $ 3e : 2 397 312 $ 4e : 1 688 278 $ 5e : 1 237 296 $ 6e : 945 219 $ 7e : 754 052 $ 8e : 629 407 $ 9e : 550 878 $ 10-12e : 506 757 $

Reprise au level 19 (blindes 150 000/300 000/300 000)

Saout reste sur le tarmac

Pour son grand retour sur une finale WSOP, Antoine Saout n’aura eu le temps de jouer qu’un gros coup. En l’occurence un empallage sur les As de Michael Rocco. Parti 3e en jetons, le Français se doit se contenter d’une 7e place, pour 77 460 $.

Event #57 : Super Turbo Bounty 10 000 $ (Finale)

Le clan français était plein d’espoirs. Surfant sur un run fabuleux, Antoine Saout, la légende aux deux finales Main Event, retrouvait le gout d’une finale WSOP, sur un tournoi aussi juteux qu’explosif : le Super Turbo Bounty à 10 000 $.

Antoine Saout

Doté du 3e plus gros tapis, Antoine arrivait armé et confiant, avec l’ambition d’aller chercher le plus prestigieux des trophées et 612 997 $. Il n’en a rien été. Card-dead durant les quarante premières minutes, Saout trouve un spot de re-steal suite à un open HJ de Rocco. Avec 17 blindes devant lui, le Français découvre 88 au bouton. Une main parfaite pour tenter le re-steal à tapis. Mauvais timing, Saout rentre dans deux As, qui font tomber le joueur à… Une demi-blinde.

Antoine sortira se fera éliminer deux mains plus tard sur une rencontre anecdotique contre… Les As de Steve Buell. Cette volée de flèches achève définitivement notre Français, qui prend “seulement” la 7e place, pour 77 460 $ (ainsi que quelques primes)

« Je n’ai pas de regrets, assure Saout. Je n’ai pas joué de main pendant la première demi-heure. Il y a notamment eu plusieurs mains qui ont duré longtemps, donc les blindes sont rapidement monté à 100 000 - 200 000. J’étais 4e en jetons, mais ceux qui étaient derrière avaient autour des dix blindes ».

Saout reviendra aux tables directement avec… Un Day 2 de Millionaire-Maker, le Français ayant eu la bonne idée de bag dès le premier flight pour pouvoir jouer tranquillement ce 10 000 $ Super Turbo Bounty.

La machine s’est enrayée

Chipleader à l'entame du dernier jour, Adrián Mateos bulle la table finale à l'issue d'une (courte) journée cauchemar (10ᵉ, 506 757 $) Event #55 : NLHE Super High Roller 250 000 $ (Day 3 et Finale)

Adrián Mateos OUT

Les raisons d'y croire étaient nombreuses. D'ailleurs, si l'on est un peu honnêtes avec nous-mêmes, aucun scénario dans notre tête ne ressemblait à celui-là. Comment Adrián Mateos, chipleader pour la reprise de ce Day 3 à quatorze joueurs restants, pouvait-il manquer la table finale de ce Super High Roller à 250 000 $ ? Les éléments de réponse sont en fait assez faciles à trouver : un manque de cartes aux meilleurs moments, une structure pas si profonde que cela et un chipleader en état de grâce.

Deux fois d'affilée, la máquina s'est heurtée à un Ben Tollerene inébranlable. La première, le Madrilène relance en bataille de blindes avec une paire de 66 derrière un limp de l'Américain. Bien armé avec AQ, ce dernier met alors notre pro à tapis, qui abandonne et tombe à trente blindes. Celles-ci ne tiendront pas plus d'une orbite, alors qu'ils ne sont que cinq à table.

Bracelet 250K

Le bracelet n°5 attendra.

Aux blindes 200 000 / 400 000, Tollerene fait monter les enchères à 1,4 million en SB. Adrián s'aligne avec son Q10 puis paie la mise de 800 000 sur le flop 1082. La deuxième salve, sur le 7 turn, est nettement plus chère : 3,2 millions. Une fois de plus, notre W rouge se contente de payer, se laissant 6,3 millions, soit près de deux fois moins que la taille du pot.

La rivière est un 10 magique pour Adrián, ou du moins le pense-t-il... à tort. Car Ben Tollerene avait trouvé les noisettes dès le turn avec son J9. Sans surprise, il presse le bouton une dernière fois, demandant le reste du tapis de l'Espagnol, qui paie dans la seconde, avec 0% de chance de l'emporter. La déception se lit sur son visage, mais pouvait-il réellement faire autre chose d'autre sur cette main ? Sur ce Day 3 ? L'homme aux désormais plus de 48 millions de dollars de gains en carrière a connu quelques belles journées, ne serait-ce que cette année. Aujourd'hui était un jour sans. Mañana más.

Ben Tollerene

Alors qu'il avait démarré dans le milieu du peloton avec 7,375 millions, Ben Tollerene (photo) profite de cette élimination pour s'élever encore un peu plus haut dans les cimes de ce tournoi. Il attaque la table finale à neuf avec 36,5 millions, soit 90 blindes, plus de deux fois plus que son plus proche poursuivant Matthias Eibinger et près d'un tiers des jetons en circulation.

Pour vous donner une idée de son run aujourd'hui, avant Adrián Mateos, il s'était offert le scalp de Phil Ivey. Avec un tapis réduit à douze blindes, l'homme aux onze bracelets se contente de min-raise sa paire de Dames au bouton, tandis que Tollerene défend avec Roi-10. Le flop 10-5-5 est parfait pour Phil, qui c-bet puis 4-bet shove derrière le check/raise de son compatriote. Tollerene s'aligne et trouve un Roi river pour passer devant. Ce bracelet et les 5,4 millions de dollars à la gagne peuvent-ils lui échapper ?

On se gardera bien de répondre, surtout avec des cadors de la trempe de Chris Hunichen et Jeremy Ausmus encore autour de lui. Souvenez-vous : il y a trois jours, ces deux-là s'affrontaient en heads-up du 100K, pour une victoire finale de "BigHuni", qui célébrait alors son premier bracelet. La bataille promet d'être intense jusqu'au bout.

WSOP 2024 : tous nos articles

Poker Legends Championship

7 ans après sa dernière apparition, Gus Hansen est de retour sur le Poker Players Championship. Un tournoi élitiste, à 50 000 $ de buy-in, que beaucoup considèrent comme le plus prestigieux et le plus relevé des épreuves WSOP. Désormais floqué du logo W, il retrouve de nombreux vieux copains et légendes du jeuqui comme lui, ont toujours faim de compétition et de bracelets, et ce dans toutes les variantes.

Event #58 : Poker Players Chamionship 50 000 $ (Day 1)

Gus Hansen

David Benyamine, Daniel Negreanu, Phil Ivey, Phil Hellmuth, Erik Lindgren, Gus Hansen... Serions nous en train d’assister à un replay, un revival de High-Stakes Poker, ou de Poker After Dark ? Du tout. La mèche finement peignée de Benyamine est désormais bien grisonnante, le candide Negreanu s’est laissé poussé la barbe quant à Gus Hansen… Il ressemble tout de même drôlement au Gus des années 2000. Sauf que cette fois, il est floqué d’un logo Winamax.

Toutes ces légendes du jeu qui se sont échangés des pots à six chiffres pendant des années dans la Bobby’s Room se retrouvent aujourd’hui dans la section Purple du Paris, pour le Day 1 du « PPC ».

« C’est un tournoi très excitant, déclare Gus Hansen. Parce que c’est le PPC, mais aussi parce qu’il a beaucoup de visages familiers. Sur les premiers tournois que j’ai joué en No Limit Hold’em, je me suis assis à des tables 8-max ou de 6-max… Et je ne reconnaissais personne. Mais ici, je regarde autour de moi, et en fait, je connais presque tout le monde. On voit des joueurs qui étaient là il y a dix, quinze ou vingt ans. Daniel (Negreanu), David (Benyamine) ou encore Phil Ivey qui était occupé à gagner le Super High Roller et qui va nous rejoindre. Ils ont passé le test du temps et ils sont toujours là parce qu’ils sont toujours excellents »

Gus Hansen

"Ce joueur à droite me dit quelque chose... Ne l'aurais-je pas déjà croisé en Heads-up sur Full Tilt ?" se demande Viktor "Isildur1" Blom

Ces légendes ayant participé aux premières grosses parties télévisées de No Limit Hold’em s’apprêtent à boxer pendant les cinq prochains jours dans neuf variantes différentes. Contre les meilleurs joueurs du monde de mixed-games. Johannes Becker, Matthew Ashton ou encore John Monette, habitués de la 3 000 - 6 000 $ mixed-games du Bellagio, ont délaissé les tables de Cash-game "Nosebleed" pendant quelques jours afin de jouer ce tournoi mythique. Le double vainqueur 2021-2022 Dan “Jugnleman” Cates, le champion 2019 Philip Hui, le tenant du titre Brian Rast ainsi que les terreurs des jeux de Draw comme Scott Seiver ou Benny Glaser sont au rendez-vous.

Dan Cates

Champion en 2021 et en 2022, Jungleman commence déjà à faire des siennes, avec 500 000 jetons après la première pause. En revanche, on est très déçu de le voir si simplement habillé, lui qui avait pris l'habitude d'arriver déguisé, et d'endosser par exemple le rôle du catcheur Randy Savage du début à la fin du tournoi.

« Je suis confiant dans beaucoup de variantes, mais je suis plutôt spécialiste des jeux de Limit, affirme Hansen, évaluant son niveau de mixed-games. En PLO et en No-Limit, il y a beaucoup de spécialistes dans cette salle, qui essaient de vous mettre beaucoup de pression. Tu dois vraiment bien choisir tes spots, selon les formats et les joueurs contre qui tu joues. On a par exemple eu un joueur de PLO qui nous a sorti une ligne de jeu incroyable, avec un check-check, puis double check-raise pour 200 000 jetons (sur les 300 000 de départ) dès le premier niveau. Il faut donc vraiment faire attention. Je ne connais pas les meilleurs jeux de tous les joueurs mais je connais quelques profils et je sais sentir leurs points forts dans les différents jeux. On joue tant de variantes, qu’il faut vraiment bien connaitre ses opposants. En tout cas mieux qu’ils ne te connaissent toi. Dans les games de Big Bet, j’essaie de manœuvrer, de ne pas faire trop grossir les pots. Pour l’instant, ça m’a bien réussi, je suis sur un bon départ, j’espère que ça va continuer »

350 000 jetons à la première pause, soit une plus value de 50 000 jetons. Pour l’instant, Gus est sur la pente ascendante, à l’instar de son collègue Joao Vieira. Pour la première fois de son histoire, le Team Winamax aligne effectivement deux joueurs sur un Poker Players Championship.

Joao Vieira

« On parle avec avec Joao, confesse Gus Hansen. C’est une bonne personne, qui a énormément de connaissances dans les Mixed Games. Et surtout, il a des approches très différentes de celles que j’ai. Je pense qu’on peut beaucoup apprendre l’un de l’autre. On a déjà évoqué plusieurs spots ensemble, on va pouvoir profiter de diner-break ensemble et poursuivre ces échanges ».

Une longue route attend nos deux représentants, qui seront également escortés par deux joueurs Français. David Benyamine donc, ainsi que Julien Martini, qui devrait faire son entrée en début de Day 2.

Gus Fan boy

La bamboche de Santosh

Coup de tonnerre sur la planète high stakes. L’un des seuls joueurs récréatifs en piste, Santhosh Suvarna, remporte le plus vertigineux des tournois WSOP face au gratin du poker mondial. L’entrepreneur indien remporte son deuxième bracelet, le premier à Vegas, pour un gain stratosphérique de 5 415 152 $. Event #55 : Super High Roller 250 000 $ (Fin)

Santhosh Suvarna Winner Photo

Des étoiles dans les yeux, une petite voix innocente, un sourire ingénu. Au moment de s’avancer sur l’estrade télévisée du Horseshoe, quelques secondes après sa victoire sur le Super High Roller WSOP, Santhosh Suvarna transpire l’émotion. Ce n’est plus le high staker nosebleed, la terreur du business, le roi des casinos indiens que l’on voit sous les lumières. Juste un homme rempli de joie, heureux comme un gamin qui viendrait de marquer un but.

« Je suis trop heureux. Mon rêve devient réalité, confesse Santhosh, les pupilles qui brillent. C’était un très gros tournoi. J’en ai joué beaucoup des beaux, mais celui-là, c’est le plus gros. Les chiffres sont énormes, mais le plus important, c’est que c’est un WSOP ! »

Ultra-reg des Triton, Suvarna est un grand habitué du circuit Super High Roller et des parties de cash-game les plus chères. Mais même dans ces altitudes stratosphériques, certains tournois surgissent au-dessus des autres : un 250 000 $, l’un des plus gros buy-in terrestre (derrière le Big One à un million), sur le plus prestigieux des festivals, pour un bracelet WSOP.

75 prétendants ont déboursé le quart de million nécessaire pour participer à ce tournoi hors norme. La quasi-totalité d’entre eux figure parmi les meilleurs joueurs du monde. Sur les deux dernières tables, la légende Phil Ivey, la máquina Adrian Mateos, la terreur Mikita Badziakouski, les fines lames américaines Jeremy Ausmus, Sean Winter, Chris Hunichen ou encore le top reg autrichien Matthias Eibinger. Et au milieu de ces extraterrestres, Santhosh Suvarna, un riche entrepreneur indien, récréatif assumé, dont la technique est l’expérience à ce niveau sont infiniment inférieures à ses adversaires.

« Le poker a commencé pour moi il y a sept ans. Mais ça fait vraiment deux ans que je joue des tournois, presque exclusivement sur les Triton, informe Santhosh. À force de jouer les Triton, j’ai pu affronter certains des meilleurs joueurs du monde. Chaque jour, j’apprends contre ces joueurs-là, j’essaie de les imiter et de m’améliorer ».

Véritable passionné de cartes, Santhosh est l’un des rares amateurs à oser défier les boss de fin du jeu sur des plateaux si élevés. À l’instar d’un Jean-Noël Thorel ou de quelques VIP Triton, il est de toutes les grandes étapes du circuit High Roller, sur lequel il avait déjà accumulé plus de 7 millions de dollars de gain sur les deux dernières années. Hier, il a livré une partition digne des maestros qu’il affrontait pour empocher, en un tournoi de poker, l’un des plus gros gains de l’histoire des WSOP (le plus gros hors Big One et hors Main Event).

"Élimine-les tous, puis je te prends en tête-à-tête"

Parti avec l’un des gros stacks du Day 3, l’entrepreneur indien maintient sa bonne position au chipcount, tout en observant le show Ben Tollerene. Le grinder américain fracasse les boards et fait le ménage sur les deux dernières tables en s’offrant un nombre indécent d’éliminations. Il met un bad beat effroyable à Phil Ivey, touche les nuts turn pour écarter Adrián Mateos de la course (10ᵉ pour 506 577 $), se défait de son compatriote Jeremy Ausmus sur un flip, trouve une quinte de l’espace pour craquer les Rois de Von Kriegenbergh… et enfin, assome Charles Hook sur ce runout aussi improbable qu’exceptionnel.

THAT IS GROSS

THE HANDS CONTINUE TO BE DRAMATIC AT THE @WSOP.

:https://t.co/UDmGB7ZBQw pic.twitter.com/OGiAoOV2Q5

— PokerGO (@PokerGO) June 24, 2024

Avec 83 millions contre 15 chez Santhosh Suvarna et 15 chez Chris Hunichen, Ben Tollerene a une main sur le trophée. Il ne parviendra malheureusement jamais à poser la deuxième. Santhosh revient aux affaires en éliminant Hunichen sur un setup double paire contre flush-draw, puis prend plusieurs petits coups à Tollerene pour revenir presque à égalité.

Le plus gros pot du tournoi survient quelques minutes plus tard : Avec J9, Suvarna trouve les nuts flopées sur 1087 tandis que Tollerene a attrapé une top paire, et même une seconde paire turn avec son 104. Suvarna trouve un double up complet après la river 2, tandis que Tollerene tombe à sept blindes.

Santhosh pliera l’affaire sur un duel anecdotique avec 107 contre Q4, grâce un joli 10 river, pour soulever le deuxième bracelet de sa carrière. Deuxième ? Effectivement, Santhosh avait déjà fait le coup à Rozvadov l’an dernier, sur un 50 000 € rassemblant 37 joueurs. Cette fois, c’est dans La Mecque du jeu, sur la version américaine originale, sur le plus gros Super High Roller jamais organisé aux WSOP que Suvarna prend le bracelet, sans aucune contestation et/ou nuance possible.

Ambassadeur indien, businesman à succès et "family-man"

Santhosh Suvarna - Fausto ITW

Il ramène également un nouveau bracelet à l’Inde, après ceux de Nikita Luther (Tag Team 2018), Nipun Java (1 000 $ Online + Tag Team 2017), Aditya Sushant (Tag Team 2017), et Abinha Iyer (Closer 2019) et renforce encore son rôle de chef de file du poker indien.

« Il y a beaucoup d’Indiens qui se mettent à jouer. Pas encore sur la scène high stakes, mais nous sommes en train de monter. Sur les rooms en ligne, ainsi que sur le circuit asiatique qui offre de plus en plus d’opportunités. J’espère que mon expérience peut les inspirer à venir sur le circuit live. En Inde aussi, nous organisons quelques tournois sur de plus basses limites » affirme celui qui possède lui-même un casino dans la région de Goa.

« Ça s’appelle le Cadillac Diamond Casino, à Panjim. Sinon, je fais de l’immobilier en Inde et dans la région de Goa. Quand je ne suis pas en train de jouer aux tables, je m’occupe de mes business. Mais sinon, je passe beaucoup de temps auprès de ma famille ».

Il aura quelques histoires à raconter et certainement quelques cadeaux dans ses bagages au moment de les retrouver. Pour l'heure, il y a encore quelques High Rollers et un Main Event pour faire durer le plaisir, et vivre d'autres émotions.

WSOP 2024 - Event #55 : Super High Roller 250 000 $ 75 entrées - Prizepool 18 675 000 $

# Joueur Gains
Vainqueur Santhosh Suvarna (Inde) 5 415 152 $
Runner-up Ben Tollerene (USA) 3 537 135 $
3e Chris Hunichen (USA) 2 397 312 $
4e Matthias Eibinger (Autriche) 1 688 278 $
5e Charles Hook (USA) 1 237 296 $
6e Taylor von Kriegenbergh (USA) 945 219 $
7e Jeremy Ausmus (USA) 754 052 $
8e Mikita Badziakouski (Belarus) 629 407 $
9e Sean Winter (USA) 550 878 $

WSOP 2024 : tous nos articles

La semaine des Ladies

Une semaine dédiée à ces dames s'ouvre ce lundi à Las Vegas

Ladies Milly Maker

Quatre joueurs assises côte à côte autour de la table 520 de la section Red du Horseshoe. Non, le Ladies Championship des World Series of Poker n'a pas démarré, nous sommes bien sur le Millionaire Maker, mais le hasard du seat draw nous offre un joli clin d'œil, puisque ce lundi marque le coup d'envoi à Vegas de la Ladies Poker Week. À partir de ce lundi et jusqu'à vendredi, date donc du coup d'envoi du Ladies WSOP, les joueuses auront le droit à leurs tournois rien que pour elle dans de nombreux casinos du Strip, et au-delà.

Orleans et Resorts World dès aujourd'hui, Venetian et Horseshoe mardi, South Point et Westgate mercredi et enfin Aria et Golden Nugget jeudi, pour des tarifs allant de 150 à 600 $ : il y en aura pour tout le monde, du nord au sud de la ville. En plus de tout ça, le South Point organisera jeudi soir un satellite à 150 $ pour le Ladies des WSOP. Une initiative qui se renforce d'année en année, pour culminer sur la scène des World Series avec une affluence qui suit également la tendance haussière de ces dernières années. Avec 1 295 entrées recensées l'an passé, le Ladies Championship avait pulvérisé le précédent record, permettant à Tamar Abraham d'empocher plus de 192 000 $.

Donc si la proportion de joueuses dans le monde du poker de tournoi reste toujours aussi faible, aux World Series comme ailleurs (on tourne autour de 3-4% sur le Main Event), elles n'en participent pas moins à l'engouement généralisé autour du poker live depuis la reprise du circuit après le Covid. Ce qui ne va pas sans son lot de polémiques. En début de semaine dernière, le Ladies à 600 $ du Wynn, qui ouvrait les festivités en avant-première, s'est achevé sur un deal... à quinze, dont est sortie "vainqueuse", à l'ICM, Lisa Childers, pour un peu moins de 10 000 $.

Women in poker: ‘RESPECT US’ Also women in poker: pic.twitter.com/iJzkKawbro

— Lindsey (@Lindseyisrad) June 19, 2024

Un arrangement pour le moins massif, qui n'a pas manqué de faire réagir au sein de la petite sphère du Twitter poker, certains pointant du doigt la logique financière d'un tel accord sur une fin de tournoi où le tapis moyen ne dépasse pas les dix blindes, quand d'autres regrettaient le fait d'escamoter l'aspect compétitif en arrêtant le jeu aussi tôt.

Dans les faits, et votre serviteur peut en témoigner (comme l'on fait d'autres en réponse au tweet ci-dessus), pour avoir deal à neuf et à huit les deux tables finales auxquelles il a pris part à Las Vegas (mais il ne peut pas s'empêcher de brag celui-là ?) : ce genre d'arrangement est monnaie courante sur les épreuves à ce niveau de buy-in et ce type de structure. Peut-être n'est-il donc pas nécessaire de pointer les joueuses du doigt lorsque cela arrive sur un tournoi qui leur est consacré. Ou, éventuellement, d'améliorer les structures et la répartition des gains pour que ces deals ne deviennent pas une norme en plus d'une nécessité.

Aurélie Réard

"Je suis une grande défenseuse des tournois Ladies," nous confiait Aurélie Réard, rencontrée par hasard à l'aéroport de Londres alors que nous attendions d'embarquer dans le même avion. Venue à Vegas un peu plus tard que son mari Alexandre, qui a attaqué les WSOP dès leur coup d'envoi, notre ancienne pro a démarré sa carrière de joueuse sur ce type de tournois, dans les cercles parisiens ou les casinos d'Enghien et Cannes. C'est d'ailleurs sur un Ladies au nord de Paris qu'elle avait ouvert son palmarès en 2011, avant de remettre ça sur celui du SISMIX en 2016, puis en 2019, sur le Ladies Warm Up Tournament à 150 $, organisé chaque année en amont du Championship des WSOP.

Si elle avait également coché sur son programme le Monster Stack et le Millionaire Maker – sur lequel elle vient d'entrer dans l'argent et reste en course à l'approche du Top 1 000 – son calendrier de tournois est calqué sur celui de cette Ladies Week. L'objectif avant de mettre les pieds à Sin City était d'ailleurs clair. "Je veux gagner celui du Wynn ! Parce que je veux ramener le trophée chez moi. J'aime les trophées en général et celui-ci, qui reprend la forme de l'hôtel , je trouve que c'est le plus beau." Malheureusement, elle n'a pas atteint l'argent et devra donc se rabattre sur les autres épreuves au programme cette semaine... à condition de ne pas aller trop loin dans ce Milly Maker, qui couronnera son champion, ou sa championne, jeudi.

"Florence est bien dans celui du Resorts World," me glisse pour finir Aurélie, en parlant de Florence Mazet, ancienne collègue et consœurs chez plusieurs autres rooms, venue, pour cette fois, avec son costume de joueuse et, elle aussi, en bonne partie pour cette occasion. Rendez-vous maintenant dans une semaine pour savoir si une Française parviendra à égaler ou surpasser sur le Ladies des WSOP la perf' de Sandrine Phan – encore une ancienne collègue – troisième en 2019 pour près de 73 000 $. En attendant, mesdames, bonne chance à toutes !

WSOP 2024 : tous nos articles

Les neuf travaux de Martini

Fraichement arrivé sur le Day 2 du PPC, Julien Martini savait la mission qui l’attendait. Monter un tapis dans neuf variantes différentes face aux meilleurs joueurs du monde de mixed-games. Défi accepté.

Event #58 : Poker Players Chamionship 50 000 $ (Day 2)

Martini

Epreuve 1 : Pot-Limit Omaha

L’aventure sera d’autant plus rude que notre Français démarre la partie avec un demi-stack. Un premier gros coup en PLO contre « Grinder », surnom de Michael Mizrachi, va en effet amputer Julien de la moitié de son tapis de départ (300 000).

« J’open 14 000 UTG (sur 2 000 - 4 000) avec 6678, Mizrachi me paie et le flop vient Q64. Je fais mi pot, 22 000, il call. Turn 10, je pot, pour 80 000, il paie encore et river 3. Une des pires du paquet. Je check-fold. Mizrachi est capable de bluffer ici mais la plupart du temps, il a ».

Un autre coup perdu fera même tomber le Corse dans la zone rouge à 71 000 jetons. Il faut reconstruire un stack au plus vite. Pourquoi pas en “Deuce to Seven No-Limit Single-Draw”.

Epreuve 2 : No-Limit Deuce to Seven Single Draw

Une variante bienvenue puisqu’avec le Hold’em, c’est la seule qui se joue en “No-Limit” et qui permet donc de faire valser les stacks d'un coup d'un seul.

Mizrachi Martini

Cinq quartes fermées ditribuées à chaque jouer, le but est de constituer la plus basse hauteur, sans faire de quinte ni de couleur. 2-3-4-5-7 est la meilleure main, 2-3-4-6-7 la deuxième nuts et ainsi de suite. Un tirage vous permet de changer une de vos cartes pour améliorer votre combinaison. Mais si vous faites une paire, c’est foutu.

Avec un stack si réduit, Julien opte pour une option drastique : Open shove 71 000 (sur 2 000 - 4 000)… Et c’est payé, par Michael Mizrachi. L’heure de la revanche a sonné. Julien demande à tirer une carte, Michael aussi et les deux joueurs affichent leur jeu.

Julien Martini : 2579 Michael Mizrachi : 2478

Pour l’instant, c’est “Grinder” qui est devant. Les joueurs retournent la dernière carte : 3 pour Martini (qui fait donc hauteur 9), A pour Mizrachi (hauteur As) : Double-up pour Julien !

Epreuve 3 : Seven Stud

C’est muni de nouvelles munitions que le Team Pro PMU part à l’assaut du 7 Stud. Cette fois, 7 cartes seront distribuées à chaque joueur, trois faces cachées, quatre révélées et il faut faire la meilleur combinaison. Nouveau bras de fer avec l’ami “Grinder”.

Un J affiché devant l’Américain qui a “complete” (mise maximum) en premier de parole. Avec un 4, Julien défend son “Bring-in” (mise de départ avancée par la plus basse carte révélée entre les joueurs). En mode bulldozer, Mizrachi va alors miser sur chaque street sur les tableaux suivantes.

Julien Martini : 41093 Michael Mizrachi : J75K

Une dernière carte face cachée, Mizrachi bet encore et Julien est forcée de fold. « Evidemment, le tirage flush qui ne rentre pas » souffle Julien, qui reste confiant. « J’ai une table relativement facile comparée aux autres. Mizrachi a l’expérience, mais il joue un tournoi de Mixed-Games par an. Il ne vient pas sur les grosses parties de cash-game comme beaucoup de joueurs ici présents. C’est normal qu’il ne soit pas au même niveau ».

Epreuve 4 : No-Limit Hold'em

Martini

Cette séquence fera mal à Martini qui retombe près des 70 000 jetons quand arrive le No-Limit Hold’em. Inutile de vous préciser les règles cette fois. Open Erick Lindgren 8 000 UTG, call Michael Noori et Julien défend en grosse blinde pour voir le flop 256.

Lead 10 000 Martini, call Lindgren… Et raise 35 000 Noori. Julien compte son stack et envoie la sauce : raise tapis pour 51 000 jetons. Payé par Lindgren et … Fold De Noori. Spot de presque triplage pour Julien, qui est cependant bien dominé avec son Q6 face au 1010 adverse. Bim ! La Q tout de suite, brique river, nouveau double-up ! « Je ne parviens pas à faire un jeu en “Limit” et je chatte en No-Limit » analyse Julien pendant le break, avant de revenir sur le Omaha8.

Epreuve 5 : Limit Omaha 8-or-Better

Quatre cartes en main, cinq quartes communes et on joue à la fois “pour le haut” (la meilleure combinaison) et “pour le bas” (la moins bonne hauteur avec cinq quartes, suite incluse, la meilleure main étant A-2-3-4-5).

Lindgren Martini

Open Alexander Wilkinson 20 000, 3-bet 30 000 bouton de Martini et les deux joueurs se retrouvent sur un flop A24. Martini bet 10 000, payé. 20 000 sur la turn Kh, payé et bet encore la river J. Payé. Julien montre QQdd35hh : Les nuts, puisque Martini a trouvé la fameuse “wheel” dès le flop (A-2-3-4-5, quinte et meilleur low possible). Retour à 230 000. Place au Razz !

Epreuve 6 : Razz

La variante préférée de Julien Martini, dans laquelle il a remporté le bracelet en 2022 sur la version Championship à 10 000 $. Même fonctionnement qu’en Stud : 7 cartes devant soi, 3 faces cachées, 4 ouvertes mais cette fois, on ne ne joue que pour le “low”. Limp 3 000 Noori avec un 8, call Nacho Barbero avec un 6 et “complete” 10 000 chez Julien, qui affiche un 5d. Seul Noori décide de payer et Julien envoie une série de bets sur ces deux tableaux :

Julien Martini : 5A8Q Michael Noori : 87710

Nouveau bet du Français sur la dernière, suffisant pour faire fold l’Américain et nouveau bon pot pris par Martini, qui a presque rattrapé tout son retard et revient près du “starting stack”.

Epreuve 7 : Deuce-To-Seven Triple Draw (Limit)

La partie se poursuit en “Deuce-to-Seven Triple Draw”, le format traditionnel du 2-7. Cette fois, on trois tirages pour essayer de composer la “pire” main. Mais à la différence du Single-Draw, les mises sont en format “Limit”.

Open 16 000 de Michael Noori CO, défense de Martini et les deux joueurs échangent deux cartes pour le premier tirage. Check Martini, bet Noori 8 000… Et check-raise de Martini à 16 000.

Mizrachi Noori

Martini “pat” (il ne demande aucune carte”), tandis que Noori en demande une. Bet Martini 16 000, call Noori et même séquence : “pat” et ”draw one”. Nouveau bet de Martini à 16 000, Michael prend ses jetons et envoie le raise à 32 000. Julien fixe longuement son adversaire. La cote est belle mais cette mise est cruciale pour sa survie dans le tournoi. Après un temps, Julien lâche sa main. Le revoilà dans le dur, alors que revient le PLO.

Epreuve finale : Pot-Limit Omaha

Limp Wilkinson 5 000, iso 25 000 Martini bouton, snap-call Mizrachi en SB et c’est payé par Wilkinson. Ils sont donc trois sur le flop KQ6. Check-check-check. Turn A. Check-check-check. River K. Cette fois, Michael prend l’initiative : Bet 16 000, fold Wilkinson et Martini annonce “Pot” : 128 000 jetons pour suivre.

Mizrachi se tâte quelques secondes, puis décide de payer. “You win” lâche Martini en révélant K987. Comprenez bien que Martini n’était pas en value avec son brelan, mais bien en bluff, en s’appuyant sur ce K qui bloque de nombreux combos de full. Sur un board pareil, avec des possibilités de couleur et une doublette, Martini s’attend à faire folder beaucoup de mains qui ne sont pas des full. Mais visiblement, Mizrachi ne parle pas le même poker et paye avec… J1055.

Une main qui aurait du aller dans le muck pré-flop, qu’on ne pensait certainement pas voir payer river et qui sonne complètement notre Français.

« Je ne comprends vraiment pas. C’est à croire qu’il a vu mon jeu pour faire un call pareil » marmonne Julien en prenant le chemin de sa chambre. Ce magnifique tournoi qui semble si bien taillé pour lui continue de lui causer des déceptions. Malgré cette technique étonnante, Michael Mizrachi, lui s’invite encore parmi les gros tapis, pour viser peut être… Une quatrième victoire dans ce tournoi (qu’il a déjà remporté en 2010, 2012 et 2018).

Ivey Mercier Benyamine Hansen

La fin du parcours de Martini ne siginifie pas la fin du suivi de ce PPC, bien au contraire. Nos deux Team Winamax sont encore en course, et même plus que ça. Regardez moi cette table légendaire où siège notre nouvelle recrue Gus Hansen : David Beynamine, Jason Mercier, Phil Ivey... Ainsi que Shaun Deeb et Johannes Becker (l'un des Tops High Stakes de Mixed-Games). "Je crois que c'est la pire" me souffle Gus dans un français presque parfait. Pas de quoi freiner l'ascencion du Danois, qui a monté près de trois tapis de départ, alors que nous sommes à mi-parcours.