WSOP 2024-Main Event - 8

Jessie Bryant, un Day 8 pas brillant

L'homme-arbre Jessie Bryant est ratiboisé en 17ᵉ place (450 400 $) Main Event 10 000 $ (Day 8)

Jessie Bryant
Coup dur pour les amoureux de la nature : Jessie Bryant a perdu ses feuilles en moins de 45 minutes. Le joueur de l'Arkansas partait pourtant bien avec 27,6 millions avec 34 BB : la chute (de l'arbre) est brutale.

Il faut dire que Bryant a commencé la journée en déchattant sévère : trouvant un brelan de 3 sur un flop As-10-3, il paie le tapis du short-stack Jordan Griff, qui montre deux Dames… et trouve le 2-outer sur la rivière !

Derrière, Bryant fait doubler un autre short-stack, voulant tenter le shoot avec une pocket paire de 2. Sauf que Boris Angelov a trouvé les Rois, et reste en tête au terme du board.

Voilà Bryant qui perd la moitié de son stack et tombe à 11 BB. Et c'est avec une main à notre goût très faiblarde qu'il va relancer, puis payer un 3-bet à tapis : QJ.

Guillermo Otero avait sur-relancé avec AK : il restera fermement en tête sur un board 53A97.

Jessie Bryant
Jessie Bryant, surnommé l'homme-arbre en raison de sa tenue de camouflage qu'il porte sur tous ses tournois (il a appartenu à l'armée de réserve américaine, ceci explique peut-être cela) remporte 450 400 $ pour sa 17ᵉ place. De loin le high-score de celui qui a remporté cinq bagues WSOP Circuit entre 2011 et 2022.

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Faux départ

Malo Latinois subit deux revers d'entrée et perd la moitié de son tapis sur le premier niveau. Level 38 : Blindes 400 000 / 800 000 BB ante 800 000

Malo Latinois

Ce début de Day 8 ne se passe pas comme prévu pour Malo Latinois. Chipleader au départ de la journée, le grinder breton a tenté de mettre la patte sur sa table, sans succès. Malo s’est fait contré sur chacune de ses tentatives, jusqu’à perdre un flip crucial, contre l’un de plus redoutables requins nageant encore dans le field, Boris Angelov.

Le premier avertissement survient dès la deuxième orbite. En bataille de blinde, Malo essaie logiquement de faire peser la pression ICM et open 108 2,8 millions (3,5BB) sur la blinde de Jason Sagle. Le Canadien défend très logiquement avec AQ. Le flop vient A58. C-bet 1 600 000, payé bien sûr pour voir la turn 7h. Check-check turn, river 4, Malo check encore et Sagle envoie un petit bet à 2 600 000. Suspicieux de cette mise sur un board “four-to-straight”, Malo finit par payer et Jason lui montre la mauvaise nouvelle. Malo prend un premier stop et perd 7 millions dans l’affaire.

Malo Latinois

Rien d’alarmant, Malo possède toujours un beau 50 millions, mais continue de perdre quelques pions suite à des 3-bet adverses, jusqu’à ce coup contre Boris Angelov. Revenu à 20 blindes après ce double-up contre Jesse Bryant, Angelov open bouton 2,5BB. Malo découvre AK en grosse blinde : Re-steal tapis, payé par 66. Ca sera un flip à 32 millions de jetons !

Le clan français se fait entendre pour la première fois de la journée. On appelle un As, un Roi… Mais c’est un 6 qui tombe sur le flop 468. Le kop bulgare prend le dessus, tant en termes d’équité qu’en termes de décibels. La turn 5 offre moult outs de partage… Mais Boris terminera carrément en carré sur la river 6.

Boris Angelov

Serré par son clan, Boris Angelov pousse des cris démoniaques dans le ciel de l’Event Center. Les émoitions de ces coups à tapis, pour sa survie à quelques encablures d’une finale Main Event WSOP, sont absolument incontrôlables. Il vient peut-être de remporter le flip le plus important de sa carrière et poursuit sa folle remontée, désormais au-dessus des 40 blindes. À l’inverse, Malo tombe à 31 millions et a presque perdu la moitié de son tapis sur le premier niveau.

De son côté, Malcolm Franchi a gratté quelques petits pots pour flirter avec les 50 millions de jetons.

Otero oblitéré

Guillermo Otero éliminé en 16ᵉ place (450 400 $) Level 37 : 500 000 / 1 000 000 BB ante 1 000 000 Main Event 10 000 $ (Day 8)

Guillermo Sanchez Otero
En éliminant Jessie Bryant, l'Espagnol Guillermo Otero avait réussi à monter son stack au-dessus de la barre des 32 millions. Las : quelques minutes plus tard, il fera doubler Jonathan Tamayo à 58 millions sur une confrontation inévitable : AK contre AA à tapis préflop.

S'ensuivra une traversée du désert short-stack de près de deux heures, ponctuée de quelques shoves lui permettant de se maintenir autour de dix blindes.

Son dernier coup, il le jouera avec un AQ parfait pour pousser ses 7,5 BB. De grosse blinde, Jason Sagle est d'humeur « gamble » : il paie avec… 97 !

Le board déroulé par le dealer sera d'une cruauté insoutenable, améliorant les chances de l'Espagnol à chaque street pour mieux le réduire en miettes sur l'ultime carte :

KJ867. Ouch !

Guillermo Sanchez Otero
On l'avait deviné en regardant sa fiche Hendon Mob : avec 215 000 $ accumulés depuis 2011, Guillermo Otero n'est pas un spécialiste MTT. Le porteur du maillot de l'équipe de foot d'Almeria (Andalousie) confirme au micro du stream : "Je suis pro depuis huit ou neuf ans. Je suis un joueur de cash-game, donc je fais probablement plein d'erreurs en tournoi. Mais c'est sympa de faire un gros résultat : ça va me permettre de m'inscrire à plus de tournois !"

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Touché, mais loin d’être coulé

Malo Latinois perd de précieuses munitions à l'entame du second niveau de la journée Heureusement, le Français a encore de la ressource Level 37 : Blindes 500 000 / 1 000 000 BB Ante 1 000 000 Main Event 10 000 $ (Day 8)

malo latinois

Après un début de journée compliquée, qui l'a notamment vu subir deux revers d’entrée, Malo Latinois est ensuite parvenu à se refaire une santé pour remonter à hauteur de 45 blindes, au sortir de plusieurs petits pots glanés à la force du poignet. Une remontée qui n’a toutefois pas duré.

Au bouton, le Français découvre une magnifique paire de Rois et décide de mettre la pression au chipleader en le relançant à 3,5 millions (3,5 BB). C’est payé par Jason Sagle en grosse blinde. Le flop vient 10J2. Le pot fait alors 8 millions et Malo envoie un bet légèrement supérieur à la moitié, 4,5 millions. C'est de nouveau payé par le Canadien. Sur l'A turn, le joueur originaire de Liffré (Bretagne) décide de check. Sagle ne l'entend pas de cette oreille et envoie une mise à 5 millions, payée par Latinois. Sur le 8, le Français check et Jason Sagle mise petit, soit 6 millions dans un pot qui en fait déjà 27. Après avoir tank un long moment, jusqu'à pousser l'un de ses adversaires, pourtant hors du coup, à réclamer la 'clock', Malo finit par folder sa paire de Rois.

malo latinois
Une décision loin d'être évidente dont il semble néanmoins satisfait. "Il a tous les combos d'As-Valets et d'As-Dix. Je le vois difficilement sur autre chose", confie-t-il, à chaud, aux autres joueurs français venus le soutenir. Si ce gros pot de perdu ne fait jamais de bien au moral, le Français conserve tout de même un stack de 34 millions (34 BB), soit largement de quoi manœuvrer pour remonter dans les hauteurs du classement.

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Les Français boient la tasse

Alors qu’il coulait dans des profondeurs inquiétantes, Malcolm Franchi évite la noyade in extremis avec un double-up… Contre son compatriote Malo Latinois. Les deux Français sont pris dans les vagues, mais respirent toujours, avec respectivement 25 et 13 blindes.

Level 38 : 600 000 / 1 200 000 BB ante 1 200 000 Main Event 10 000 $ (Day 8)

Malcolm Malo

La demi-finale tourne mal. Nageant dans des eaux confortables au-dessus des 40 millions de jetons il y a encore une heure, nos Français ont plongé dans le bas du chipcount.

C’est d’abord Malcolm Franchi qui est pris dans les remous. Plutôt discret sur les dernières orbites, le Français part à l’abordage au HJ sur la blinde de Jordan Griff. L’Américain paie et le flop vient 48J. Check Griff, bet petit Malcolm, payé. 7 sur la turn, Griff décide de lead, pour 1 800 000 jetons. Une “line” qui interloque le Français. Après réflexion, c’est “all-in” et c’est snap-call par Jordan qui s’empresse de retourner son 75. "On est drawing-dead" informe Malcolm envers le kop français, avant de retourner son Q9, pour un bluff mal-timé. Le Français tombe à 15 blindes.

Malcolm Franchi

La situation empire dix minutes plus tard. Nouveau duel entre Jordan et Malcolm. Cette fois, c’est l’Américain qui est à l’initiative avec un open bouton à 2 millions, défendu par le Français.

Le flop vient K56. C-bet 2 millions, payé par Franchi. Turn 4, check-check et sur le 9 river, Malcolm check encore. Griff s’empare d’une pile de jetons oranges et envoie 6 millions. Le Français semble tenir un petit quelque chose, mais préfère lâcher le coup, se laissant dix blindes pour revenir. Il est temps de prendre des risques ! Sauf que quelques minutes plus tard, l’élimination de Yegor Moroz nous amène au palier des 14 left.

Duel fratricide

Franchi Malcolm Malo Latinois

"L’ICM est énorme. Il y a deux joueurs à 16 et 20 millions sur l’autre table et sur la mienne, le Brésilien à 17 et moi 15" détaille Malcolm, qui s’apprête à jouer un palier à… 150 000 $. Le Français occupe malgré tout la dernière position du classement et ne foldera pas plus que de raison en priant pour que quelqu’un saute avant lui. Quelques minutes plus tard, le spot se présente.

Open Malcolm 2,4 millions (avec 9BB derrière) au CO. La parole arrive sur Malo Latinois au bouton et le Français s’arrête une bonne minute. On sent que le Breton va “move”. Serait-on sur le point d’assister à un duel fratricide ? Effectivement. Après un léger tank, Latinois 3-bet à 6 millions, un sizing signifiant à son homologue que son tapis sera payé. Les deux autres joueurs fold et Malcolm entre dans un long tank, en espérant que quelque chose se passe sur l’autre table. Au bout de plus de trois minutes d’attente, il ne récoltera qu’un avertissement du floor, tapis, payé et nos deux Français sont à tapis-payé à 14 left du Main Event.

Le scénario qu’on ne voulait pas voir. Nous risquons de perdre l’un de nos représentants et si Malcolm double, les stacks ne font que s’inverser. Showdown : 1010 pour Franchi et… 55 chez Latinois. Le board A264 apportera bien des sueurs, mais le J river valide le double-up. Malcolm Franchi revient légèrement au-dessus des vingt blindes. C’est désormais Malo qui est au bord de la noyade, avec 13BB. - Fausto

Moroz, c’est pas la joie

Yegor Moroz est éliminé en 15ᵉ place (450 400 $) On perd la section de supporters la plus bruyante de ces dernières années Level 38 : 600 000 / 1 200 000 BB ante 1 200 000 Main Event 10 000 $ (Day 8)

Yegor Moroz
Yegor Moroz est-il passé à côté de son Day 8 ? On est en droit de se poser la question. Tour à tour, on l'a vu enchaîner les erreurs. Que ce soit en termes de prise de value (il a réussi à gagner le minimum avec un full alors que Diogo Coelho avait trouvé une quinte à la turn) que dans l'affirmation de soi à table (fold As-Dame préflop après un simple 3-bet de Niklas Astedt : pas fifou).

Sa dernière main, en revanche, ne sera probablement pas remise en question : une paire de Valets jouées à fond préflop, avec un 3-bet all-in pour 33,8 millions (28 BB) face à Brian Kim. Problème : ce dernier avait ouvert avec KK.

Le pot fait 71 millions, mais il n'ira pas dans la direction de Moroz après un board 974Q.

Yegor Moroz
On pourra discuter de la pertinence des décisions de Yegor Moroz aujourd'hui, mais personne ne pourra remettre en question son kop, aussi fourni qu'enflammé depuis trois jours. Un mix éclectique de vieux potes de l'époque où il étudiait en Floride, des top regs, des nouveaux amis rencontrés à Las Vegas depuis qu'il y est installé. Un rail bruyant, joyeux, correspondant parfaitement à la personnalité du joueur de 35 ans, réputé pour être un amoureux de la vie, grand fêtard devant l'éternel, capable de danser trois jours de suite en festival.

Et c'est bien avec un grand sourire que Moroz, pétillant de bonheur, se prêtera au jeu de l'interview post-busto. "C'est complètement surréaliste. Chaque journée a eu son lot de moments incroyable. Je me suis fait des souvenirs pour la vie. Et tous mes amis réunis, criant à chaque coup… C'est le truc le plus spécial qui me soit jamais arrivé.

Yegor Moroz
Moroz remporte 450 400 $ : un montant qui triple les gains de carrière d'un joueur dont la plus grosse perf' jusqu'à aujourd'hui était une 26ᵉ place sur le Monster Stack des WSOP 2023.

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Jason flip, Jason quit

Jason James éliminé en 14ᵉ place (450 500 $) Level 38 : 600 000 / 1 200 000 BB Ante 1 200 000 Main Event 10 000 $ (Day 8)

Jason James
Avec un stack de 46 millions au début des demi-finales, bon pour la huitième place au classement, Jason James espérait sans doute un poil mieux que la 14ᵉ place au final. Comme souvent, c'est un banal coin-flip qui a cisaillé net l'élan du Canadien (l'élan, le Canada : je suis hilarant, mais je l'ai pas fait exprès).

Brian Kim a relancé à 2,5 millions au hijack. De petite blinde Joe Serock a défendu. Puis Jason James a quasiment fait tapis depuis la BB, avec un 3-bet à 23 millions laissant deux blindes devant lui. Kim s'est écarté du chemin, mais pas Serock, qui a ajouté de quoi mettre Kim à tapis. Payé, évidemment.

Showdown !

Jason James : 1010
Joe Serock : AQ

Le flop AQ6 a placé Serock fermement en tête. Le turn 8 et la rivière 6 seront venus entériner cet état de fait.

Jason James
Un an après avoir remporté le tournoi par équipes avec son compatriote Jimmy Setna, Jason James manque de peu la finale du plus gros Main Event de l'histoire. Consolation : il remporte 450 500 $, de loin son meilleur score de carrière.

Avec sa sortie, les 13 joueurs encore en course sont instamment plus riches de 150 000 $ : on vient de franchir un palier.

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Goodbye, Foxen Lady : c’est désormais un Men Event

Kristen Foxen éliminée en 13ᵉ place (600 000 $) Level 38 : 600 000 / 1 200 000 BB Ante 1 200 000 Main Event 10 000 $ (Day 8)

Kristen Foxen
C'est un semi-bluff tenté au mauvais moment qui aura mis fin au parcours de la "Last Woman Standing", bouclant une journée très bien gérée jusque-là.

UTG, Joe Serock min-raise à 2,4 millions. Kristen Foxen défend sa BB, et le flop est retourné :

AKJ.

Foxen check/call un c-bet de 4 millions. On passe au turn :

5

Foxen check, Serock envoie un deuxième barrel à 11,6 millions.

Munie de la deuxième paire et d'un tirage ventral, Foxen check/raise all-in pour 37 millions. Cela sera sa dernière décision : avec son AK, Serock n'est que trop heureux de payer, et la rivière 6 ne matérialise pas les quelques outs de Koxen.

Kristen Foxen
La malédiction féminine se poursuit : pour une année supplémentaire au moins, Barbara Enright restera la seule femme membre du club des femmes finalistes du Main Event (5ᵉ en 1995). La dixième place de Gaëlle Baumann (2012), meilleure joueuse de l'histoire moderne du Main Event, n'est pas battue. En revanche, Kristen Foxen gagne un poil plus d'argent que la pro du Team Winamax à l'époque : 600 000 dollars tout rond.

Quelques secondes à peine après la sortie de Foxen, les gradins du plateau télé se vidaient d'un bon quart. L'épouse d'Alex Foxen disposait en effet d'une section de supporters bien garnie...

Kristen Foxen
Kristen Foxen

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Moura mouru

Gabriel Moura éliminé en 12ᵉ place (600 000 $) Level 39 : 800 000 / 1 600 000 BB Ante 1 600 000 Main Event 10 000 $ (Day 8)

Gabriel Moura
Dans le jargon, on appelle ça "une sortie à la con" (oui, le jargon du poker est parfois un poil simpliste et vulgaire). Juste après le bust de Kristen Foxen, la pause-dîner débutait. À son retour 75 minutes, Gabriel Moura ne disposait plus que de 14 millions, soit 9 BB, pour se défendre. Trente minutes plus tard, le Brésilien les mettait au milieu de grosse blinde, après un quasi-shove de Jason Sagle de petite blinde.

Avec son 65, le Canadien était en pleine tentative d'arrachage éhonté, ce qu'avait parfaitement compris Moura puisqu'il a payé avec un maigre Q9.

Le flop J98 a confirmé l'avantage de Moura, avant que ne tombe un turn 7 faisant tomber sa cote à presque zéro. La rivière 5 ne lui apportera pas l'une de ses quatre outs.



Comme pour la plupart des joueurs encore en lice à l'entame des demi-finales, Gabriel Moura explose son total de gains de carrière, qui passent de 192 010 $ à 792 010 $.

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Dernier bust

Diogo Coelho est éliminé en 10ᵉ place (800 000 $) La table finale officielle est prête ! Level 39 : 800 000 / 1 600 000 BB Ante 1 600 000 Main Event 10 000 $ (Day 8)

L'élimination de Malcolm Franchi avait provoqué la constitution de la table finale à dix. Il ne restait plus qu'une élimination avant la conclusion du Day 8. Combien de temps cela allait durer ? Sur le banc de presse, les anciens, qui ont connu des éditions cauchemar où la phase « 10-handed » a parfois duré six heures, huit heures, voire plus, ne se faisaient pas trop de bile cette fois. Avec deux stacks en dessous de 10 BB, ceux d'Andres Gonzalez et Diogo Coelho, il était très probable que les choses bougent rapido.

Diogo Coelho
Ce fut le cas : l'ultime phase des demi-finales n'aura duré que quarante minutes. Et entre les deux joueurs en danger, tous deux issus de la péninsule ibérique, c'est le Portugais qui a été privé d'un siège autour de la plus belle finale de l'année.

Relance à 6,8 millions de Diogo Coelho UTG : c'est de facto une mise all-in, car cette mise représente 60 % de son tapis. UTG+2, Niklas Astedt se contente de payer. Les autres joueurs fold, le flop est retourné :

KQ6.

Naturellement, le peu d'argent qu'il reste à Coelho part au milieu, mais le Portugais, premier de parole, n'appuie pas sur le bouton lui même : c'est Astedt qui envoie la sauce après un check de Coelho.

Allez, les jeux !

AJ pour Coelho, un tirage ventral contre…
AK chez Astedt, top-paire top-kicker.

Diogo Coelho
Le turn est une Q, la rivière un 8. Il est 22 h 40 : le Portugal ne sera pas en finale mais améliore son meilleur score sur le Main Event (en 2017, Pedro Oliveira avait terminé 11ᵉ), la table finale à neuf est prête… et un Français en fait partie : Malo Latinois !

Restez branché pour une présentation complète des finalistes, et un entretien avec notre héros bleu.

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Franchi, c’était bon bon bon

Un set-up imparable prive Malcolm Franchi d'une table finale de Main Event WSOP. Le reg Parisien réalise malgré tout un exploit hors norme pour un gain de 800 000 $. Un résultat qui propulse sa carrière de joueur et le rend fier lui, ainsi que tout le poker français.

Malcolm Franchi

À une marche du rêve. Dans ce Main Event, Malcolm Franchi a tout fait. Escaladé des montagnes de jetons sur les premiers jours, rampé à travers les tunnels de shortstack du Day 5 au Day 7, passé des flips décisifs, bataillé sans relâche, tendu des pièges, patienté des heures, chuté au pire des moments, ressurgi des enfers… Une odyssée de huit jours, où il a passé 70 heures à jouer aux cartes pour se retrouver aux portes de la table finale du plus grand tournoi du monde.

Malgré des vents contraires, un bluff raté, des pions perdus ici et là, le Parisien s’accrochait et trouvait les ressources pour revenir près des vingt blindes, alors que le field descendait sous les 15, puis les 12, puis les 11 joueurs. Encore une élimination, et Malcolm réalisera le rêve de tout joueur de poker. C’est là que Jordan Griff open 3 200 000 depuis le bouton. En grosse blinde, Malcolm découvre AQ. Avec 19BB, la décision est évidente : tapis pour ses 34 700 000 jetons ! La configuration semblait magnifique jusqu’à ce que Malcolm entende dans la demi-seconde le “call” de Jordan. L’Américain retourne AK, la main qu’on ne voulait pas voir.

Un run-out 84979 et c’est déjà fini. En quelques secondes, Malcolm passe d’une possible finale à l’élimination brutale. Le joueur prend la porte en 11e position, peut être la plus déchirante des places du poker de tournoi. Tout s’écroule, Cette table légendaire qui semblait à portée de main, il ne s’y assiéra pas.

“Une immense fierté”

Malcolm Franchi

Malcolm s’extirpe de l’Event Center quelques instants. Il a besoin de prendre un temps seul. Toute cette émotion qu’il a si bien gérée durant ses huit jours de tournoi retombe d’un coup. Le joueur déguste quelques instants, reprend doucement ses esprits, sèches les quelques larmes sur ses joues puis revient dans l’arène pour l’interview. La voix posée, quoiqu’encore légèrement tremblante, mais la tête haute. Malcolm n’a pas perdu, loin de là. Il a accompli quelque chose d’immense.

"Là, maintenant, il y a deux choses qui me traversent. Je ne sais pas vraiment laquelle prend le plus de place dans ma tête : une immense fierté et une immense déception, pose le joueur avec un calme épatant. Quand on joue un tournoi de poker, on joue pour le gagner bien sûr, mais je ne m’attendais pas à faire ce deep run là, à aller aussi loin sur ce tournoi-là. Ensuite, il y a les circonstances. J’ai passé 23 heures de jeu avec moins de dix blindes, et je n’ai jamais craqué. J’ai toujours bien sélectionné mes spots, même short. Je suis fier de ce que j’ai accompli, de comment j’ai joué, de comment j’ai compris les dynamiques. Et pourtant, je suis aussi extrêmement déçu de m’arrêter là. Quand on était 80, tu te dis “on est encore loin”, mais quand tu 11e… Et qu’au moment où tu busts, le floor apporte les racks à table et re-draw la dernière table du tournoi, la redescente est dure".

Malcolm rappelle ici son parcours du combattant, qui l’a vu traverser les jours malgré un stack boiteux. La patience, le mental dont il a fait preuve pour revenir dans la partie et passer les différentes phases du tournoi, alors que les enjeux devenaient vertigineux. Pourtant, Malcolm ne bronchait pas. Il restait posé, serein, assis sur cette chaise installée à l’envers, comme pour attendre un massage qui ne venait jamais, la respiration tranquille, l’œil alerte, à jouer son poker, sans se poser plus de question.

Malcolm Franchi

"Même aujourd’hui, j’ai ressenti zéro pression. J’ai joué comme si je jouais un “random” 300 balles quotidien à Paris. Pour ça aussi, je suis fier de moi. Je n’ai pas ressenti d’anxiété ou de stress. Bien entendu, je faisais attention à ne pas faire d’erreur ICM, parce qu’on joue des gros paliers, mais je n’avais pas de boule au ventre, j’étais à l’aise". Mais comment un joueur qui n’a jamais expérimenté ce genre de deep-run, qui plu est sur un buy-in à cinq chiffres peut-il aussi bien gérer la pression ?

"Il y a ma mère et ma copine qui m’ont dit tous les jours depuis le Day 4 qu’elles étaient fiers de moi. Du coup, j’avais déjà accompli quelque chose de grand, peu importe quand ça s’arrêtait, j’étais prêt à ce que ça s’arrête. C’est ce que je te disais hier, j’étais en freeroll en émotions et en argent. Ça m’a permis d’être en dehors de tout ce stress".

On sent que déception de l’élimination se mêle, dans une réaction chimique unique, au bonheur d’avoir accompli ce deep-run. Malcolm savoure ce qu’il décrit très justement comme “une réussite”, en ayant tout de suite une pensée pour les proches, qu’ils soient familiers du poker ou non. "J’avais envie de rendre fier les gens qui ont cru en moi. Aujourd’hui, je l’ai prouvé. Je ressens énormément de gratitude par rapport à ça. J’ai réussi, mais je ne l’aurais pas fait tout seul. Mon entourage m’a aidé à réussir. Je pense à ma mère, à ma copine et une personne en particulier qui m’a aidé dans le poker, mais dont je ne peux pas citer le nom, mais son petit surnom c’est “poulet”".

Le reg de live nouvelle génération

Malcolm Franchi

Avant ce Main Event, Franchi était loin de disposer d’une réputation internationale. À moins que vous ne squattiez les clubs parisiens, il y a peu de chances pour que vous ayez eu vent de “Malcolm Franchi”, un joueur plus habitué au low buy-in du circuit français qu’aux World Series of Poker. Sa carrière a pris un tournant aujourd’hui, et pas seulement par le résultat : Tout le long de ce Main Event, le joueur a montré qu’il avait l’étoffe pour boxer sur ce genre de ring.

Malcolm, c’est le reg de live nouvelle génération. Un joueur qui connait les clubs comme sa poche, qui a fait du “Circus” sa deuxième maison, mais qui n’oublie pas de perfectionner son jeu ailleurs que dans les établissements en durs. Un passionné de poker, qui s’endort sur son bureau devant une review de “Wina Series” et qui, sans être un grinder online, peut se lancer un Coffee Time à 9 heures du mat’ pour tuer l’ennui. "Je suis un peu insomniaque, donc quand je n’ai rien à faire à 9h, je grind un p’tit peu online. Mais ce n’est pas la priorité. Du moins, pour l’instant", nuance Franchi, qui dispose pourtant d’une palette technique digne des bons grinders d’internet.

"Même si je ne joue pas online, je fais énormément de reviews. C’est surtout pour comprendre le field qui joue GTO, pour pouvoir m’adapter à leur jeu, même si je garde mon côté joueur de live, explique le joueur, qui s’est également mis à niveau sur l’aspect mental. Je travaille avec Audrey (Verlome) depuis octobre dernier. Cette année, sur les quelques deeps runs que j’ai eu, je n’avais pas passé mes coups charnières. Avec Audrey, on en a beaucoup parlé pour savoir comment appréhender ces situations mentalement, ça m’a beaucoup aidé”.

Malcolm Franchi

Faut-il travailler avec Audrey pour passer ces coups à tapis sur les WSOP ? Entre les exemples de Julien Pérouse, Jonathan Pastore, Gregory Teboul et désormais Malcolm Franchi, on est en droit de se poser la question. Ce qui est sûr, c’est que Malcolm était préparé pour ces coups charnières. Et que sur ce tournoi, il les a passés, à l’image de cette fin de Day 7 fantastique, qui le voyait revenir de l’avant-dernière place à la tête de course.

Sur ce dernier jour, Malcolm n’a pas eu de réussite particulière pré-flop. C’est sa gestion de l’ICM, son adaptation aux configurations de table et sa résistance short-stack qui lui ont permis d’aller si loin. Le double-up contre Malo lui permettait de récolter les jetons nécessaires pour tenir, et voir deux concurrents se faire éliminer avant lui (Kristen Foxen et Gabriel Moura). Deux bustos synonyme de palier à 200 000 $, élevant ainsi son butin à 800 000 $ de gains. Un score qui changera à jamais sa carrière de joueur, et même sa vie, tout simplement.

Malcolm Franchi

"J’avais un stackeur bien sûr, calme Malcolm. Et je suis aussi très heureux parce que ça fait plus d’un an qu’il me fait confiance. Moi, ma bankroll, elle explose, et lui, il a ce rendu-là. Un beau rendu même. Ce que ça va changer ? Je ne peux pas répondre à cette question, puisque je n’y ai pas réfléchi. Je ne m’étais pas projeté, je ne savais pas combien j’allais prendre".

Malcolm doit prendre le temps de voir ce qui changera dans son quotidien de grinder, mais il sait déjà les ambitions qu’il a dans ce jeu. La performance qu’il réalise aujourd’hui le fait avancer à pas de géant sur la route qu’il s’est fixé et qui se matérialisera à travers des titres. “En MTT, mon objectif, c’est de gagner un bracelet et un EPT, annonce le joueur. Cette perf’, elle va me permettre de me rendre plus dispo sur le circuit EPT. J’ai fait mes premiers ces dernières années, avec ma première place payée à Paris en février. C’est un bon propulseur pour atteindre mes futurs objectifs, c’est sur".

Malcolm Franchi Malo Latinois

Depuis dix jours, Malcolm a partagé l’aventure avec Malo Latinois, qu’il a même eu pour voisin durant tout ce Day 8. Un joueur qui aura naturellement une place particulière dans la carrière de Malcolm. Son élimination lui permet d’accéder à la table du Main Event des WSOP. "C’est quelqu’un que je ne connaissais pas du tout, mais on a un très bon ami en commun, Ludovic Uzan (membre ATM ainsi que de la Team Elite, qu’on a également découvert sur ce tournoi), que j’avais rencontré au WPO Madrid. De par Ludo, ça fait quelques jours qu’avec Malo, on discute ensemble pendant les pauses. Et c’est vrai que ce sera un souvenir gravé à vie. On a été deux Français à 12 left du Main Event, c’est énorme. Et à la question de si je vais rester pour le supporter, mon sac est déjà dans le rail, donc on y va tout de suite !".

Malcolm Franchi Malo Latinois

Américains et Européens à parts quasi égales

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Main Event WSOP
Cinq joueurs issus du continent Américain contre quatre venus d'Europe. Avec un léger avantage en jetons pour les joueurs d'outre-Atlantique...

Siège 1 : Boris Angelov (Bulgarie) 52 900 000 (33 BB)

Boris Angelov
Un palmarès live ouvert après le Covid, en 2021, qui décolle véritablement cette année, avec une très lucrative deuxième place à Monte Carlo. Des gains online qui ont dépassé le demi-million de dollars. Sans même avoir besoin de consulter son état civil, on devine en Boris Angelov un jeune joueur, aussi talentueux que pressé : le voilà qui embraye franchement avec une finale sur le Big One qui fera de lui un millionnaire, minimum. Durant les demi-finales, le Bulgare a été sauvé par un Jessie Bryant très généreux, qui tente de lui prendre ses 11 dernières blindes avec 22 : face à KK, il ne réussira qu'à le maintenir en vie. Derrière, Angelov passera une nouvelle fois par la case "all-in préflop", gagnant cette fois un coin-flip contre Malo Latinois. Anecdote random : il y a dix jours, il terminait le Day 1C avec moins que le tapis de départ. Comme vous pouvez le constater, il a su rester patient. - Benjo

Siège 2 : Malo Latinois (France) 25 500 000 (16 BB)

Malo Latinois
Le premier Français à atteindre la finale du Main Event depuis 2018 est un jeune Breton qui ne s'est mis au poker qu'il y a cinq ans. Cela ne l'a pas empêché de commencer les demi-finales dans l'enviable position de chip-leader... avant de s'en prendre plein la gueule tout au long du Day 8. Retombé dans les profondeurs du classement, il devra sa survie à une couleur floppée tenant bon contre le brelan de Jason Sagle. On l'avait rencontré en 2023 sur l'EPT Paris (16ᵉ), tout juste une semaine après sa victoire sur la Million Week de Winamax : mardi, on le retrouvera sur la plus grosse partie de poker de la planète. Putain, quel pied ! - Benjo

Siège 3 : Brian Kim (USA) 94 600 000 (59 BB)

Brian Kim
Vissée en permanence sur son crâne, la casquette floquée du logo du circuit ultra high stakes Triton envoie un message pas spécialement subliminal à ses adversaires : les gars, moi je joue beaucoup plus cher que vous. Né aux États-Unis de descendance Coréenne, Brian Kim réside actuellement à Sydney, Australie. Sa carrière a débuté au début des années 2010, mais ce n'est qu'en 2022 qu'il commencera à véritablement faire parler de lui, avec un bracelet remporté en ligne sur un High Roller à 5 300 $, suivi par une quatrième place sur le WPT de Noël du Bellagio. Dès lors, il deviendra incontournable sur les tournois les plus chers, accumulant rapidement de plus de 7 millions en places payées live. Les deep-runs sur le Main Event des WSOP, Kim connaît aussi : 499ᵉ en 2012, 955ᵉ en 2018, 790ᵉ en 2021, 23ᵉ en 2021. Le voilà maintenant en passe de faire oublier tous ces demi-résultats, muni d'un gros tapis constitué en partie grâce à l'élimination de Yegor Moroz. - Benjo

Siège 4 : Niklas Astedt (Suède) 94 200 000 (59 BB)

Niklas Astedt
Tout simplement le joueur préféré de ton joueur préféré. Tous les top pros nous rebattent les oreilles à propos de Niklas Astedt, le désignant à chaque fois comme l'un des meilleurs joueurs de MTT online de sa génération, si ce n'est LE meilleur. Sa prestation sur le Main Event n'a aucunement fait mentir ces témoignages, bien au contraire. Ses gains sur GG Poker dépassent les 22 millions, tandis que sur PokerStars, il cumule quantité de titres SCOOP et WCOOP. Sur le classement mondial des joueurs en ligne établi par PokerStake.com, il a été en tête pendant 97 semaines consécutives : même Michel Sardou n'a pas fait mieux au Top 50. Qu'est-ce qui manque au Suédois ? Une très grosse victoire en live, et/ou un bracelet WSOP. C'est le moment de faire d'une pierre deux coups. - Benjo

Siège 5 : Joe Serock (USA) 83 600 000 (52 BB)

Joe Serock
Les plus jeunes seront peut-être passés à côté de lui, malgré sa dégaine de grand échalas et sa tenue vestimentaire, plus adaptée à une rave party en forêt qu'au plateau télé des WSOP. Mais les anciens, eux, ils savent : Joe Serock, c'est pas n'importe qui. On le croisait déjà sur tous les jours aux WSOP à la création de la rédac' Winamax, au milieu des années 2000. Aujourd'hui, l'Américain cumule 4,5 millions de dollars de gains en live, avec comme meilleurs scores une seconde place sur un 6-max à 2 500 $ en 2009 et deux podiums World Poker Tour en 2012. Agressif contre tout le monde en demi-finales, y compris les poids lourds Niklas Astedt et Kristen Foxen, Serock est resté aux commandes de son destin tout au long du Day 8, occupant le fauteuil de chip-leader un bon moment, et éliminant Jason James (coin-flip) et la Foxen déjà citée. Sa position confortable pourrait bien permettre à ce pro discret (sauf pour ses fringues, donc) de passer véritablement de l'ombre à la lumière, vingt ans pile après les débuts de sa carrière de pro. - Benjo

Siège 6 : Jordan Griff (USA) 143 700 000 (90 BB)

Jordan Griff
Le Day 8 de Jordan Griff aurait pu se terminer sur la première main du Day 8. Parti à tapis avec paire de Dames sur un flop As-10-3, l’Américain s’empale contre le brelan de 3 de Jessie Bryant. Pan ! Le 2-outer miraculeux se matérialise comme par magie sur la rivièrer et Jordan Griff se remet sur ses étriers. Au lieu de se faire botter, l’Américain part au triple galop, piétine le stack de Malcolm Franchi, le désarçonne sur un setup et terminera même la journée avec un carré pour prendre le plus gros pot du tournoi à Joe Serock. L’amateur de l’Illinois, qui cumulait jusque-là moins de 50 000 $ de gains en live vit un rêve éveillé et tentera de le prolonger sur une table finale de Main Event, qu’il attaquera avec un chiplead aussi improbable que confortable. - Fausto

Siège 7 : Jonathan Tamayo (USA) 26 700 000 (17 BB)

Jonathan Tamayo
L’archétype du pro américain. Stakhanoviste, le grinder du Texas cumule près de 150 lignes Hendon Mob, toutes acquises au pays de l’Oncle Sam (à l’exception de deux sorties aux Bahamas, quand même). Au passage, il a tout de même pris une bague WSOP-C à Palm Beach, gagné un beau Wynn Summer Classic et déjà deep run le Main Event, lors de l’année Joe Cada (21ᵉ pour 352 patates). Parti avec un stack confortable, l’Américain a surtout joué les spectateurs en demi-finales, se contentant de rester dans la course, sans jamais engager son tapis. Résultat : sa position ne sera pas la plus enviable en début de finale. L'info qui tue ? De tous les finalistes, Tamayo est le seul ayant fait le choix (controversé) de sauter le Day 1 pour s'inscrire directement au Day 2. - Fausto

Siège 8 : Andres Gonzalez (Espagne) 18 300 000 (11 BB)

Andres Gonzalez
A gagné à peu près tout ce qu'il était possible de gagner sur PS, derrière le pseudonyme wisopekeno. Un vrai grinder, très réputé au sein de la communauté espagnole, Andres Gonzalez est resté discret durant les demi-finales. Un peu comme dans la vie. "Il m'a demandé de supprimer un article sur sa troisième place au Wynn Championship il y a deux semaines, parce qu'il préfère qu'on ne parle pas de lui dans les médias, nous raconte un confrère ibérique. ET MAINTENANT IL EST EN FINALE DU MAIN EVENT." Effectivement, cela va désormais être compliqué de se cacher. - Benjo

Siège 9 : Jason Sagle (Canada) 67 300 000 (42 BB)

Jason Sagle
Des moves peu GTO, mais une très belle lecture du sabot. Jason Sagle a dégouté plus d’un adversaire aujourd’hui, n’hésitant pas à payer avec de superbes merguez pour griller ses opposants. Par exemple, un call 9-7 off 9 BB deep en grosse blinde face à un open-shove As-Dame de Guillermo Otero. Ou encore, cet impitoyable 6-5 off mettant fin au tournoi de Gabriel Moura, qui payait à raison avec Q-9 en bataille de blindes. En plus de son style imprévisible, le Canadien pourra faire parler son expérience, ses premières perfs remontant au début des années 2000. Il avait d’ailleurs terminé 23ᵉ du Main Event WSOP lors de la cuvée Greg Raymer (2004). - Fausto

Il ne reste plus que des millionnaires en course

Main Event WSOP
C'est le grand retour d'une tradition qui avait été brièvement abandonnée, concernant l'échelle des prix : tous les finalistes sont assurés de quitter la partie en millionnaires (même si on soupçonne que certains d'entre eux le sont déjà, vu leur palmarès ou leurs plays un peu mabouls en demi-finales). En contrepartie, le gagnant va prendre un poil moins... mais il prendra tout de même beaucoup.

# Gains
Vainqueur 10 000 000 $
2e 6 000 000 $
3e 4 000 000 $
4e 3 000 000 $
5e 2 500 000 $
6e 2 000 000 $
7e 1 500 000 $
8e 1 250 000 $
9e 1 000 000 $

48 heures d'attente avant la finale

Main Event WSOP
Qu'est-ce qu'on fait aux WSOP lundi ? Réponse : RIEN ! C'est la traditionnelle journée de pause d'avant finale. Oh, il y aura tout de même de quoi jouer au Horseshoe : le Day 3 du 6-max à 10K, le Day 2 du HORSE à 25K, le démarrage de trois tournois différents... Mais on ne sera pas là pour y assister : la rédac' va profiter de ce jour off pour se reposer, et pourquoi pas gagner *notre* Main Event de l'été à nous : le H.O.R.S.E. à 240 $ de l'Orleans, qui débutera à 16 heures. Souhaitez-nous bonne chance !

La finale du Main Event débutera le mardi 16 juillet à 13 h 30, heure locale (22 h 30 en France).

Benjo, Fausto, Victor_P & Caroline Darcourt

Wouf
Wouf

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“Profiter du moment”

Main Event 10 000 $ (Day 9 - Coup d'envoi de la finale)

Malo Latinois
À quelques minutes du coup d’envoi de la partie de poker la plus importante de sa vie, Malo Latinois se tient debout à deux mètres de la table. Les floors sont en train de déballer les jetons. Malo concentre son regard sur le tapis vert. Il se met dans son match, mais interrompant sa concentration deux minutes pour livrer quelques mots, à chaud, avant d’attaquer la finale du Main Event des World Series of Poker.

"Je me sens bien. J’ai bien dormi. J’étais un peu stressé ce matin, mais là ça va. Je me suis mis les idées en place, déclare Malo d’une voix sûre. La veille, le garçon a logiquement révisé quelques spots, en s’appuyant sur ses mentors de la Team ATM. "J’ai fait un coaching avec Adrien Delmas. On a regardé un peu les profils des différents joueurs, comment aborder le jeu contre chacun d’entre eux, et puis comment appréhender l’ICM, poursuit le joueur, qui jouera aujourd’hui des paliers à six chiffres, sept avec un peu de chance. Après la théorie, il a pu voir un cas pratique, en observant de ses propres yeux la victoire éclatante de Clément Richez sur le Mid-Stakes Championship à 3 000 $. Il aurait bien voulu enchainer avec celle d'Alex Réard, mais Latinois a sagement préféré le sommeil pour arriver en forme sur cette table finale. (Très malchanceux, Réard manquera finalement de très peu la victoire.)

Le Breton a également pu profiter des conseils de quelques joueurs qui sont déjà passés par là. Antoine Saout, ou Ben Pollak ont-ils fait un retour d’expérience ? « Si ça se trouve, ils m’ont envoyé des messages, mais je ne suis pas au courant, j’en ai reçu beaucoup. Mais j’ai parlé avec Jonathan Pastore, il n'a pas la TF du Main, mais il a joué des TF WSOP, et il en a gagné une. Et puis, je vais aussi essayer de profiter du moment. Il faut se rappeler que c’est un jeu, et que c’est un truc que je ne vivrai surement pas une deuxième fois. Être dans le moment présent, essayer de bien jouer et puis, on verra où ça nous mène ».

Les rails se mettent en place, une annonce micro de Jack Effel et les cartes sont dans l’air. Malo démarre sa table finale du Main Event des WSOP. Pour lui comme pour nous, c'est le moment de vibrer.

Malo Latinois
Avec le vice-président des WSOP Grégory Chochon

Malo Latinois
Le clan français a respecté la tradition : les t-shirts maison fabriqués par un imprimeur de Vegas sont de sortie. "Donne tout sauf les jetons !"

Quel Day 1 fallait-il choisir pour être en finale ?

Reportage WSOP
On a fouillé dans les classements publiés à la fin de chacun des quatre Day 1. On y retrouve à chaque fois un finaliste au moins. 5 finalistes sur 9 avaient choisi le Day 1D : ça n'est pas du tout une surprise, vu que le field de cette journée a attiré près de la moitié des 10 112 participants.

Et sinon, est-ce que la stratégie de s'inscrire directement au Day 2 est propice à se qualifier pour la table finale ? Il faudra demander à Jonathan Tamayo, le seul des « July Nine » ayant estimé qu'il pouvait se passer de Day 1. - Benjo













































Finaliste Choix de Day 1
Andres Gonzalez Finit le 1A avec 98 800
Niklas Astedt Finit le 1B avec 114 000
Boris Angelov Finit le 1C avec 52 500
Malo Latinois Finit le 1D avec 70 800
Jordan Griff Finit le 1D avec 98 600
Jason Sagle Finit le 1D avec 139 700
Brian Kim Finit le 1D avec 157 000
Joe Serock Finit le 1D avec 192 600
Jonathan Tamyo Commence au Day 2

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