WSOP 2024-Main Event - 6

A pas de loup

Seulement dix éliminations durant la première heure du Day 6 Blindes 40 000 / 80 000 BB ante 80 000 Main Event 10 000 $ (Coup d'envoi du Day 6)

Main Event WSOP Day 6
Dix éliminations, pas une de plus, durant les soixante premières minutes de cette sixième journée : c'est officiel, le Main Event avance désormais à pas de loup. Les raisons sont multiples et évidentes : les enjeux sont plus en plus élevés, les paliers de gains se comptent maintenant en dizaines de milliers de dollars, chaque erreur peut potentiellement coûter des millions, le stress gagne peu à peu les joueurs, y compris parmi les plus solides mentalement. Ce n'est donc pas l'heure de se précipiter !

On pourra tenter une métaphore aquatique : si les deux jours qui ont suivi la bulle ont vu le flot des éliminations ressembler à celui d'une lance d'incendie tant bien que mal maîtrisée par un pompier devant un incendie, aujourd'hui le plus gros tournoi du monde ressemble plus à un robinet qui fuit. Plic. Ploc. Plic. Ploc. Goutte par goutte, le tournoi va se réduire tout au long de ce Day 6, sans que l'on dépasse rarement les dix « bustos » par heure. Plic. Ploc. Plic. Ploc. Sur les visages des joueurs, des gouttes de sueur vont se former, tandis qu'ils vont contempler un 5-bet all-in pour tout leur tapis, et se demander si leur paire de Valets vaut bien la peine de risquer l'élimination…

En parlant d'éliminations : aucun Français n'a quitté le tournoi durant la première heure du Day 6, mais ce ne fut pas le cas lors de la seconde. On vous en parle dans le prochain article ! - Benjo

Top Reg incognito

Emilien Pitany
Émilien Pitavy l’admet volontiers : son expérience du live est mince… ce qui ne l’a pas empêché de remporter un tournoi à 10K la semaine dernière au Wynn. L’avantage de cet inconvénient, c’est que dans le field, personne ne le reconnait. Impossible de savoir que cet anonyme coiffé d'une capuche sévit sur les plus hautes limites des rooms online. Pour donner quelques indices, il a tout de même revêtu le sweat de son groupe de travail, “S00n”, le « coaching for profit » dirigé par Fedor Holz lui-même. Un signal trop discret pour alerter Alex Keating, qui a dû payer le prix en jetons pour savoir à qui il avait affaire.

Le coup ne se compte pas en millions de jetons, mais puisque Pitavy démarrait la journée sous les vingt blindes, les quelques jetons gagnés sont d’autant plus précieux. Open Keating CO sur la blinde de Pitavy qui défend. Le flop vient 89J : les deux joueurs check. Turn 4, nouveau check d’Émilien et Keating passe à l’offensive : bet 250 000.

Émilien prend son temps, compte son stack (environ 1 200 000), puis envoie le move : check/raise 580 000 ! Une riposte que Keating n’attendait pas. Au bout de deux bonnes minutes de tank, l’Américain finit par lâcher une main, semble-t-il bien costaude, tout en essayant d’amadouer son adversaire inconnu pour sous-tirer quelques informations. « Si tu bluffes dans ce spot, franchement, t’es fort… Allez, montre-moi une carte ! ».

Emilien a beau être néophyte, il ne tombe pas dans le jeu de Keating et récupère les jetons sans broncher.

« Who the fuck is this guy? » s’amuse encore Keating, interloqué par cet inconnu qui semble bien manier les cartes. Le joueur sort le portable de sa poche pour checker la Hendon Mob. « Comment ça, il joue des 5K au Bahamas ? Quoi, il vient de gagner un 10K ? » s’étonne le joueur qui commence à comprendre la supercherie.

- Tu n’as pas vu ma nationalité, répond Emilien ?
- Oh ! Tu es un “fucking” French ! Comment ai-je pu folder ?" rigole Keating, avant de lâcher un affectueux, “nice hand, mon ami”, dans un français plus que respectable.

Pas sûr que Pitavy soit encore un anonyme à la fin de ce tournoi. Rien n’est fait pour le grinder de Malte, toujours dans la zone de danger, mais avec désormais 25 blindes. - Fausto

Overheard across the room on day 6 of @wsop main event: “YOU’RE FRENCH AND I FUCKING FOLDED?!?!!”

— Danielle Andersen (@dmoongirl) July 12, 2024

Triple double

Clément et Valentin
Le hasard du seat-draw a placé trois paires françaises côte à côte. Au bureau milieu de l’Event Center, Valentin Oberhauser est en position sur Clément Van Driescche. Deux compatriotes qui se connaissent sans connaitre, et qui n’ont pas tardé à se présenter l’un à l’autre sur ce Day 5.

Open de Kortex, flat d’Oberhauser et le flop vient 42A. Check et check back. Turn K, Kotex “delay-c-bet” pour 150 000. Valentin prend un petit temps, puis décide d’épicer les choses : relance à 550 000. Kortex évalue la situation puis décide de lâcher l’affaire.

« On ne peut pas se faire de cadeaux, malheureusement » me souffle Valentin, qui revient au-dessus des 3 millions de jetons.

Lhuillier & Bechahed
Deux tables plus loin, deux autres Français passent le début de journée dans le même virage. Les deux plus anglophones : Au siège 3 Sami Bechahed, l’ex-croupier établi à Los Angeles, et au siège 4, Jean Lhuillier, le grinder de Nottingham. Deux hommes aussi sympathiques ne peuvent que bien s’entendre. En revanche, quand ils ont des cartes, aucun soft-play n’est envisageable. « Il n’y pas d’ami à table » coupe tout de suite Sami Bechahed, qui a lié les paroles aux actes en envoyant d’entrée un 4-bet shove sur la tête de son voisin. « On se serrera la main à la fin, mais on est là pour se prendre les jetons… avec respect bien sûr » poursuit le vainqueur NAPT, qui jongle tranquillement entre les joutes tendues et les discussions agréables. 3 millions pour Bechahed, tandis que Lhuillier est toujours bien avec un gros 4 millions.

Enfin, une dernière paire française : celle formée par Malo Latinois et Elliot Kessas en table 634. - Fausto

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La preuve par neuf

Le clan français tombe à 9 représentants Il reste 120 joueurs Level 26 : Blindes 40 000 / 80 000 BB ante 80 000 Main Event 10 000 $ (Day 6)

Les histoires d'amour finissent mal (en général)

Valentin Oberhauser
Il aura été l’un des représentants français le plus actifs durant les cinq premières journées du Main Event. Malheureusement, cela n’aura pas été suffisant pour voir le rêve de Valentin Oberhauser se poursuivre tout au long du Day 6. Si cette élimination en 130ᵉ place lui permet de repartir avec un très beau chèque de 85 000 $, son premier gain sur le plus beau tournoi du monde. Mais le Français reste évidemment frustré de sortir si proche du but, au terme d'une journée courte et loin d'être idyllique.

Malheureusement, je n’ai pas pu faire grand-chose. Je suis forcément déçu, ce Main Event là reste un tournoi à part. J’ai connu un début de journée horrible, avec notamment un bluff manqué et un gros fold qui m’a fait descendre assez bas. Il y a ensuite ce flip que je perds avec As-Dame contre deux 10”.

Si Valentin semble regretter certains de ses choix du jour, il n’en oublie pas cette main jouée hier, qui aurait pu totalement changer le cours de son tournoi. « Je pense encore au spot d'hier avec deux 10… » Un short-stack avait fait tapis 6 BB au HJ, un reg avait payé au bouton avec 50 BB, et avec ses 100 BB, Valentin avait opté pour un 3-bet all-in. Le bouton avait les As… « À froid, je préfère call. J’en ai parlé avec beaucoup de joueurs présents, et si le call n’est pas évident non plus, je pense que sur ce tournoi-là en particulier, je dois juste payer et ne pas faire tapis”.

“C’est dommage parce qu’hier, j’avais une super table, il y avait la possibilité de finir la journée avec plus de jetons. Aujourd’hui, c’était tout l’inverse, je suis tout de suite arrivé à une table au niveau plus relevé. Pas évident ». A une table où l’action n’a pas manqué, Valentin y aura cru en doublant son tapis grâce à un craquage de paire d'As, trouvant une quinte turn.

Valentin Oberhauser
Mais trente minutes plus tard, c'était fini. “Ça open UTG, call UTG+1, et je défends en big blinde avec 54. Je check, l’autre aussi, et le relanceur initial c-bet. Il y a deux carreaux sur le board, alors je décide de faire tapis. Malheureusement, il call de suite avec son A-K et ça ne passe pas”, conclut un Valentin un poil sonné. - VictorP

Les coudées Franchi

"Tu vois un Top Reg à ma table ? Moi j’en vois aucun". C’est en ces mots que Malcolm Franchi s’installait dans le coin droit de l’Event Center. Après avoir “Sharkscopé” ses premiers adversaires du jour, le Parisien semblait confiant dans ses capacités à pouvoir “grinder” une table, a priori plus facile que les autres. Le plan s’est déroulé comme prévu.

Malcolm Franchi
Parti avec 16 blindes, Malcolm trouve un ou deux re-steals pour remonter au dessus des 20 BB. Un premier coup contre son voisin espagnol, le chipleader de la table Adrian Garcia, lui permet même de revenir dans le peloton.

Open UTG, défense de Franchi avec A8 et le flop vient A82s. C-bet 1 blinde de l’Espagnol, Malcolm décide de payer simplement. "Il m’avait l’air assez aggro. Je m’attends à ce qu’il m’en mette trois sur les boards “hauteur As" commentera le joueur après coup. Turn Q et effectivement Garcia…. check, ha ben non. River J, pas la meilleure, alors Malcolm décide de check encore et Garcia mise 475 000. Payé, et l’Espagnol ne peut montrer mieux que A9, pour un beau value-cut.

A l’entame du second niveau, Malcolm a encore grappillé quelques pions et défend sa blinde sur un open de James Tsou. Le flop vient 239 et l’Américain c-bet une blinde. Cette fois, Franchi opte pour le check/raise à 350 000, payé. Turn 2, Franchi mijote un assortiment de jetons rouges (5 000), verts (25 000) et bleus (100 000) : bet 690 000. James tank deux bonnes minutes puis finit par lâcher, non sans un certain agacement. Sans jouer aucun coup à tapis, Malcolm est déjà remonté à 3,7 millions. - Fausto

Sami voit double

Sami Bechahed
Min-raise à 200 000 en milieu de parole, 3-bet à 750 000 d'un gars en position... Hmm, on dirait que Sami Bechahed a trouvé le meilleur spot pour recevoir les Rois dans les blindes ! Il ne fait pas tapis, mais presque : après avoir 4-bet, il ne se laisse qu'une poignée de jetons de 5 000. La bonne vieille tactique lorsque l'on fait attention aux paliers.

Le premier relanceur passe, mais le 3-betteur a envie de jouer. Face à KJ, Sami ne souffre guère sur le board. Grâce à l'action préflop, c'est un très gros double-up que s'offre le Français : quasiment 5 millions ! - Benjo

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Le club des 1 %

Il reste 99 joueurs, soit moins de 1 % des 10 112 participants Le clan français dit au revoir à Olivier Chaume Level 27 : Blindes 60 000 / 120 000 BB ante 120 000 Main Event 10 000 $ (Day 6)

Chose promise, Chaume dû

Olivier Chaume
"Cela ne va pas être très intéressant à raconter, il ne s'est pas passé grand-chose..." Au guichet des paiements, muni de son ticket d'élimination (100ᵉ pour un gain de 100 000 dollars tout rond), Olivier Chaume s'excuse presque de ce Day 6 n'ayant jamais vraiment décollé. Le résident américain avait repris la partie avec 26 blindes...

« J'ai commencé avec 2,1 millions. Je suis monté un petit peu, jusqu'à 2,8 millions. Je défends ma BB avec QJ. Flop : Q52, je paie un c-bet. Turn : un petit cœur. Top-paire et flush draw : il bet cher, je call. La rivière est encore une blank et bizarrement, il check back après mon check, il a As-Dame, j'aurais dû tout perdre s'il shove, mais bon… »

Voilà comment on perd la moitié de son tapis avec un gros tirage. Tombé sous les quinze blindes, Olivier va s'accrocher longtemps. Jusqu'au spot fatal :

« As-5 au hi-jack, j'envoie mes dix blindes, la BB paie avec As-7. Le flop tombe As-Dame-8, donc c'est presque impossible qu'il gagne, on va toujours split ! » Mais non : le turn est un 2, la rivière est un 7 : « Il a gagné avec son kicker 7 ! »

Olivier Chaume
C'est à la fac, pendant ses études à Clermont-Ferrand, qu'Olivier s'est mis à jouer en ligne. « Je gagnais un peu d'argent, mais rien d'incroyable. » C'est en arrivant aux USA après son Master qu'il a réalisé qu'il pouvait gagner sa vie à ce jeu. « Le projet, c'était de travailler dans la finance… mais j'ai basculé vers le poker à plein temps. »

Sur son passeport, il y a écrit « Californie » depuis près de quinze ans. « Je m'y plais bien, le niveau de vie est incomparable. » En attendant l'édition 2025 du Main Event, c'est là-bas qu'Olivier va poursuivre une carrière de joueur placée sous le signe de la confidentialité. « Le Main Event, c'est presque le seul tournoi que je joue, ça fait une dizaine d'années que je le fais tous les ans. Maintenant, je vais retourner en cash-game en PLO. Je joue des parties privées deux ou trois fois par semaine. Blindes 50 $ / 100 $ principalement, parfois moins cher. » Ce Main Event représente donc une petite semaine à +10 caves…

On laisse Olivier digérer ce deep-run : bientôt il va rejoindre l'aéroport direction ses origines et sa famille. « Je rentre une fois par an, et mon vol était booké pour demain ! » - Benjo

Toujours plus haut, toujours plus fort

Malo Latinois
Malo Latinois n’en finit plus d’amasser les jetons sur ce Main Event. Après avoir connu un début de Day 6 assez calme, le Français vient de remporter deux mains coup sur coup pour s’installer confortablement dans les hauteurs du classement, avec un stack de 9,3 millions de jetons.

Sur un premier open de sa part en petite blinde avec As-Dame, Malo voit son adversaire en grosse blinde le relancer à tapis. Le couvrant largement, le Français n’hésite pas très longtemps avant de payer. Bien vu : son adversaire est en possession d'un dominé As-7 dépareillé.

Après cinq cartes qui ne changent rien, Malo élimine un premier joueur pour continuer son petit bonhomme de chemin sur le plus beau tournoi du monde. Dans la foulée, celui que l’on a réellement découvert lors de l’EPT Paris en février repart au combat sans broncher.

Au cutoff, l’un de ses adversaires pousse ses douze dernières blindes au milieu de la table. Ce pour le plus grand bonheur du Français, qui ne met que très peu de temps à payer lorsqu’il découvre un magnifique As-Roi dépareillé. Face au As-Dame de son opposant au cutoff, Malo est une nouvelle fois devant et le reste jusqu’au bout. “Je ne pouvais pas rêver mieux, c’est fou d’avoir eu ces deux spots !” souffle avant de partir en pause un Malo au sourire désormais bien élargi. - VictorP

Anecdotes, statistiques et citations à la con

Olivier Chaume
On n'a pas encore réussi à déterminer qui il est venu soutenir sur le Main Event, mais on ne dit jamais non à une petite apparition du dorénavant très rare Antonio Esfandiari. Sa dernière place payée sur un tournoi officiel remonte à 2019 !

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Les sept mercenaires

84 joueurs partent en diner-break. Parmi eux, encore 6 Français : Malo Latinois, Malcolm Franchi, Sami Bechahed, Jean Lhuillier, Eliott Kessas et Dimitri Joubert. Sean Marshall, lui, a rendu les armes autour de la 90e place. Pour ceux qui ont suivi, vous noterez qu'un Français manque à l'appel. Effectivement, Nicolas Vayssières quitte ce tournoi en 85e position, sur la dernière minute précédent le diner-break (on vous raconte ça au retour de pause). Level 29 à venir : Blindes 100 000 / 150 000 BB ante 150 000 Main Event 10 000 $ (Day 6)

Kessas le sorcier

Kessas

On l’avait vu deep run le Main Event 2021, puis le Main Event 2022 et le voilà au Day 6 du Main Event 2024 ! Une série prodigieuse, qui plus est sur “son tournoi annuel”, puisque Kessas ne joue presque jamais d'autres tournois que le plus beau du monde.

Aurait-il trouvé la recette ? Aurait-il des pouvoirs magiques qui lui permettent de faire léviter les jetons ? "Et encore, j’ai fait n’importe quoi en 2023. Je préfère dire que je l’ai pas fait" glisse le joueur, en prenant une petite pause pour nous commenter son superbe come-back dans cette nouvelle édition.

"J’ai passé les trois derniers jours avec vingt blindes, rappelle Eliott, assis désormais devant près de 60 blindes. J’ai démarré avec 2 millions aujourd’hui, et je ne suis même pas allé à tapis. J’ai juste gagné tous les pots que j'ai joués". En l’occurrence, quelques 3-bet non défendus par ses opposants, un pot 3-bet remporté face à Joe Serock, qui abandonnait suite à lead turn du Français sur un board 10Q89et enfin, un flip As-Roi contre 9-9 remporté contre un short qui tentait le re-steal 20BB deep.

Sur ce Day 6, le run est côté Kessas mais le joueur n’oublie pas la longue résistance qui lui a permis de traverser les jours avec un tapis boiteux. "Sur ce tournoi, tu vois beaucoup de joueurs qui perdent un coup et qui sont très affectés émotionnellement. Ils sont touchés et veulent vite remonter leur stack, alors que sur le Main, tu as tout le temps" rappelle le joueur, qui a survécu à un Day 5 mémorable. "J’ai joué avec Phil Ivey en table télé. C’est fou ! Derrière, les caméras de Poker Go m’ont interviewé. Et j’ai joué mon tournoi à deux reprises pour revenir dans la partie".

Kessas

Sur le premier, un tapis 3-way où Kessas se fait payer avec 7-7 par As-Roi et As-Roi. Un joli board 10107JJ lui permettra de revenir à 1 million de jetons. Enfin, sur l’une des dernières mains du jour, il accueillera avec plaisir le re-steal d’Alex Keating qui s’empale avec A9 sur les deux Dames de Kessas.

Déjà assuré d’exploser sa meilleure perf’, le joueur parvient à 100 left avec un tapis retrouvé, de la confiance… Et un instinct semble-t-il aiguisé. "Je le sens bien, s’arrête le joueur en voyant son voisin partir à tapis avec deux Dames contre deux As. Je vois bien les deux Dames gagner, s’avance encoree le joueur, qui se permet même de glisser à son voisin “do you feel it ?” ». La croupière déroule un board 910J68. Quinte ! Ce ne sont plus des pouvoir magiques, c’est de la sorcellerie ! - Fausto

Invincible ou presque

Sean Marshall

On tenait l'une des histoires de ce Main Event des WSOP 2024. Malheureusement, cette dernière a finalement pris fin après de multiples rebondissements. Tombé à 20 000 jetons après avoir poussé au lowjack ses quelques dernières blindes avec A-7 dépareillé, Sean Marshall a eu le malheur d'être payé par la grosse blinde en possession d'une paire de 9. Car, au sortir d’un board Q-8-K-4-2, le Franco-Américain perd la quasi-totalité de ses jetons, mais reste bien en vie, avec quatre petits jetons rouges, soit un tapis de 20 000. Sur les blindes 60 000/120 000, les espoirs de survie de Sean ne sont que très faibles. Cela ne décourage pas pour autant ce dernier qui s’en va quadrupler son tapis une première fois avec son A-K contre le A-6 de l’un de ses adversaires.

Une première balle esquivée, avant une deuxième deux mains plus tard. En premier de parole, Sean part à tapis avec son A-6 dépareillé et se fait payer par la petite blinde détenant As-Dame. Mais, là encore, le Franco-Américain parvient à trouver un six miraculeux sur le turn pour souffler un bon coup. Repassé à trois blindes et demi, Sean se lève de sa chaise et m’affirme “vouloir continuer de s’amuser de la sorte, tout en continuant à boire des coups”. Après avoir patienté quelques instants, Sean Marshall découvre une belle paire de Dames au cutoff pour partir à tapis. Une opportunité en or pour doubler une nouvelle fois et repasser près des dix blindes. Mais, cette fois-ci sera la fois de trop. Payé par la small blinde avec A-8 dépareillé, Sean verra finalement son rêve prendre fin au sortir d’un board A-5-10-3-3.

Sean Marshall

Au moment de se diriger vers le bureau des payouts, c’est un poil déçu, mais loin d’être abattu que nous l’avons retrouvé. “Franchement, c’est merveilleux. Tout ce monde, toute cette énergie, c’était incroyable, me raconte Sean qui disputait cette année son 6e Main Event. “Je ne joue presque plus au poker en ce moment. Avec mes deux enfants, je n’ai plus le temps de jouer autant qu’avant. Alors, forcément, de se retrouver à 100 left d’un tournoi comme celui-ci, c’était inespéré. Je me sentais tel un imposteur, ajoute-t-il avant de se remémorer quelques souvenirs. “Ce n’est pas ma meilleure perf’. J’ai déjà terminé 106e il y a six ans (en vérité il fait mieux puisqu'il termine 91e pour 100 000$). Mais, c’est marrant, car la dernière fois, j’avais quitté ce tournoi très fâché au Day 6. Alors que cette année, c’est tout l’inverse. Je suis calme, satisfait de ce que je viens de faire” conclut le Franco-Américain. - Victor

Malcolm-back

Malcolm Franchi poursuit sa belle remontée. On évoquait ses quelques coups qui lui permettaient de redresser son tapis, sans besoin de show-down quoi que ce soit. Cette fois, c’est sur un énorme tapis-pré-flop, qui a fait pleuvoir les jetons et couler les gouttes sur le front que le reg parisien concrétise son retour au premier plan.

Malcolm Franchi

Open Gaston Martinez HJ et au CO, Malcolm découvre AQ. 3-bet shove pour ses vingt dernières blindes. Snap-fold chez son voisin espagnol mais au moment de voir ses cartes, James Tsou est pris d’un sursaut. L’Américain réfléchit aux différentes options, puis avance à son tour ses jetons, pour un montant légerement inférieur au tapis de Franchi. Fold BB, fold Martinez, que tient-on en face ? 99. On joue un flip à plus de 4,5 millions de jetons.

Malcolm Franchi

910J. Ca part mal, mais Malcolm a encore quelques outs. Le 6 donne même des possibilités de partage. Attention à la river… 8. James Tsou est sonné, Malcolm lève les yeux au ciel. Son Main Event vient de se métamorphoser. 5 millions pour Malcolm. - Fausto

Anecdotes, statistiques et citations à la con

Kriste Foxen

Le rire nerveux de Kristen Foxen. La High Stakeuse américaine a joué plus d'un pot vertigineux dans sa carrière. Mais ce K-K contre A-K à 7 millions de jetons était tellement fort en émotions que Kristen a préféré ne pas regarder la table, fixant seulement copine qui hurlait en appelant des “low cards”.

Orson Young

Jeunesse dorée. Le superchipleader du tournoi répond au nom d'Orson Young. Déjà énorme, le joueur a eu la bonne surprise d'avaler un autre beau tapis avec deux As contre As-Roi. Le grinder du New-Jersey est le premier à passer la barre des 20 millions.

Tape-m’en cinq

Il ne reste plus que 5 Français après la sortie de Dimitri Joubert en 80e place Level 29 : Blindes 60 000 / 120 000 BB ante 120 000 Main Event 10 000 $ (Day 6)

Quand la variance s'en mêle

Dimitri Joubert
1095ᵉ l'an passé, 80ᵉ cette année : Dimitri Joubert a sacrément amélioré son score sur le plus beau tournoi du monde. Mais le cash-gameur pro, que l'on connaît depuis sa table finale sur le WPO Dublin en 2016 (il avait terminé troisième) espérait mieux de ce Day 6 qu'il avait entamé en tête du clan français, avec un stack de 84 blindes.

Tapie dans l'ombre, toujours prête à surgir au pire moment, la variance a fait son travail : le Bordelais n'est pas resté longtemps dans les hauteurs du classement, et c'est en position de short-stack qu'il a dû se battre une bonne partie de la journée.

Sous les sunlights de la table télé, Dimitri a réussi à passer quelques resteals, grapiller quelques blindes. Jusqu'au coup fatal, joué avec une dizaine de blindes. Un banal coin-flip, l'un de ceux que tous les vainqueurs du Main Event sont chaque année obligés de gagner une fois (ou dix) pour aller au bout : deux Valets qui ne restent pas en tête contre le As-Dame de Kristen Foxen.

Dimitri Joubert
Désormais plus riche de 120 000 $, le cash-gameur reviendra sur le tournoi qu'il a déjà joué cinq ou six fois. "Je ne joue que trois ou quatre tournois par an. Celui-là, il faut le faire, il est "life changing". Rien que le million de dollars de la neuvième place..." - Benjo

Anecdotes, statistiques et citations à la con

"Je me lève, et hop, full house !" - Signé, en langue anglase, un Jean Lhuillier à tapis qui s'est levé avant que ne soit retournée la rivière. Pourtant, sa paire de 77 était toujours bien en tête face à A5 sur un turn K882. On dira que c'était un semi-coup de la veste : un 7 est tombé sur la rivière pour confirmer son double-up à un peu plus de 2 millions.

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Son deuxième top 100 en trois ans

Nicolas Vayssieres est éliminé en 85e Son troisième deep-run en quatre ans lui rapporte 100 000 $ Level 28 : Blindes 40 000 / 80 000 BB ante 80 000 Main Event 10 000 $ (Day 6)

Dans le jeu des sept familles, il est tour à tour le frère, le fils, le meilleur ami : une chose est sûre, tout le monde veut avoir avec un Nicolas Vayssières dans sa vie. Vous me direz : ce n'est pas un peu curieux, dans un jeu où la mise à mort de l'autre l’objectif principal ?

Nicolas Vayssieres
Pourtant aujourd’hui, dans le pool français, une phrase revenait toutes les dix minutes : "Il en est où Nico ? Toujours IN ? Ah, ouf !". Perdre un Chevre.Miel dans un tournoi, c’est un peu comme se retrouver tout seul dans une forêt, sans lampe de poche, alors que la nuit approche. C’est un joueur de partage, généreux, qui rassure, écoute, conseille, apaise, sans oublier d'être extrêmement technique, d’une solidité remarquable, avec une constance qui en fait rêver plus d'un.

En parlant de constance : Vayssieres est un modèle de régularité sur le Main Event des WSOP. En 2021, débarqué à Vegas avec un ticket freeroll gagné sur le KING5, le jeunot réalise sa première énorme perf en live, claquant une 17ᵉ place bonne pour 305 000 dollars. L'année suivante, il ne va pas plus loin que le Day 4, sautant sur la dernière main de la nuit, mais va se coucher sur un oreiller dodu de 36 000 dollars. En 2023, c'est à trois heures de l'argent qu'il est forcé de rendre les armes, les Dames contre les As, on connaît, trois jours de combat pour rien.

Nicolas Vayssieres
On arrive à 2024 : c'est en 85ᵉ place que Nico s'incline, ajoutant 100 000 dollars à son palmarès "Big One". S’il est déçu, il y voit quand même beaucoup de réussite : "Il faut que je sois content, tout de même ! Bon… là tout de suite pas trop, c’est dur en vrai… mais si je réfléchis, je me dis qu’en quatre essais, faire 17ᵉ et 85ᵉ, c’est vachement bien en termes de run."

S’il a connu une magnifique remontada hier, lors du Day 5 - il avait quand même démarré avec quatre blindes ! - son Day 6 fut bien plus compliqué. « Je suis arrivé à une table où je n’avais pas de place pour mes jambes. Ça peut paraitre idiot, mais moi quand je suis mal installé, j'ai beaucoup de mal à me concentrer. »

« J’ai mis un petit moment pour me mettre dedans, puis j’ai passé un petit coup qui m’a fait repasser au-dessus de mon tapis de départ (3,6 millions). Malheureusement, ça ne s’est pas vraiment passé comme hier, parce que rapidement, j'ai manqué un bluff contre Francisco Sanchez, puis ça a été la descente aux enfers du néant. J’ai été card dead pendant des heures, mais je suis resté solide. »

L'expérience de Nico lui a permis de faire le dos rond sans jamais flancher, et de traverser des déserts entiers en gardant la tête froide. « C’est très important de ne pas forcer sur un tournoi comme ça. Il faut se préparer à fold pendant des heures et ne pas se laisser embarquer par la panique. Mentalement, c'est très dur. »

Nicolas Vayssieres
L’opiniâtreté finit par payer : Nico par doubler sur Malo Latinois avec As-Roi contre deux Valets, ramenant son Stack à vingt blindes. Malheureusement, dans cette zone, les cartes jouent encore un rôle prépondérant. Même en sachant parfaitement choisir ses spots, même en ayant eu tout le temps de profiler ses adversaires, on n'est pas totalement maître de son destin. Nico le vérifiera en trouvant les Dames pile au moment où un autre joueur avait les As.

On se revoit la semaine prochaine pour un nouveau deep run sur le Main Event ? - Caroline Darcourt

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Inévitable collision

Il ne reste plus que quatre Français après la sortie de Sami Bechahed avec... full contre quinte flush Level 29 : Blindes 60 000 / 120 000 BB ante 120 000 Main Event 10 000 $ (Day 6)

Lorsque l’on se fait évincer dans les dernières phases d’un tournoi de poker comme le Main Event des WSOP, les émotions peuvent submerger le plus solide des hommes. Colère, regret, tristesse... Chaque année, on en croise des dizaines qui ressassent la dernière main jouée de longues heures durant.

Sami Bechahed
Rien de tout ça chez Sami Bechahed. Et pourtant, après ce qu'il a enduré sur sa dernière main, il y avait de quoi se mettre en rogne. Après avoir fait grimper son tapis en flèche tout au long de ce Day 6, le Français a connu un retour de dinner break en forme de descente aux enfers.

Sur un open de l’un de ses adversaires, Sami défend dans les blindes avec J7. Vient alors un flop JJ10 sur lequel son adversaire envoie un premier bet. Sami check/call. C’est à ce moment-là que les choses vont se compliquer.

Sur le turn, un 7 s’ajoute au board et offre le deuxième meilleur full au Français, loin d’imaginer que son adversaire a en sa possession 89 pour une imbattable quinte flush. Logiquement, Sami check une nouvelle fois, laissant son adversaire pour mieux le relancer. C'est payé. La rivière est une Dame. Sami envoie un gros parpaing, et c'est surpris qu'il se fait relancer à tapis. Au sortir d’un léger temps de réflexion, il finira par call, peu rassuré. Il tombera des nues en voyant la main adverse.

Sami Bechahed
À ce moment-là, je réfléchis aux combos qu’il peut avoir. Il y a à peu près trois mains qui me battent. Mon erreur est d’avoir call trop vite. J’aurais dû prendre mon temps. Mais, face à cet adversaire en particulier, je ne me voyais pas folder”, nous confie-t-il après coup.

Cet horrible setup, Sami semble néanmoins plutôt bien l'encaisser. “Ah, mais c’est le jeu mon ami ! Il faut bien le prendre. Ce n’est pas la fin du monde. J’ai déjà de la chance d’être là. Imagine tous les gens qui rêveraient d’être à ma place. Je ne peux pas être en colère. D'autant que c'est le plus beau de mes trois Vegas (Sami avait déjà terminé 879ᵉ du Main Event pour 17 000 $ en 2022, NDLR). Mais, on les aura la prochaine fois !” dit-il avant d’évoquer ses plans futurs.

“Maintenant, c’est l’heure de partir en vacances en famille. Après cela, je quitte les États-Unis pour revenir m’installer en France, car c'est le rêve de ma femme. Alors, nous, on se reverra surement sur des EPT". Bon retour parmi nous ! - VictorP

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Sauvetage et décollage

Jean Lhullier réalise un énorme come-back et Malo Latinois s'envole dans la stratosphère du tournoi. Level 30 : Blindes 100 000 / 150 000 BB ante 150 000 Main Event 10 000 $ (Day 6)

Passage de flambeau

Malo Latinois

Réunion de crise “ATM” dans les couloirs du Horseshoe. Un certain Clément Richez, l’un des grands protagonistes du dernier Main Event et dernier français en lice, discute avec ses jeunes squales, qu’il entraine dans les bassins hongrois : Ludivic Uzan et Malo Latinois. L’heure est grave : son record de l’an dernier (50e sur 10 043 joueurs) est en grand danger. Effectivement, il ne reste que 66 joueurs dans ce Main Event 2024, et Malo possède 19 millions de jetons, soit près de 100 blindes, et deux fois l’average.

"Je crois que je vais devoir payer quelqu’un pour t’éliminer" affirme le top de cash-game. Comprenez-bien que Clément abuse de l’ironie autant qu’il abuse des vols de blindes. Le patron de la Team “Aim The Million” écoute avec bonheur les HHs que lui compte son poulain et il n’attend qu’une chose : que l’élève dépasse le maître.

Latinois

« J’ai éliminé un mec juste avant la pause, raconte Malo. J’ai open J10 CO 300 000 et en grosse blinde un joueur compétent (Veerab Zakarian) 3-bet à 1 100 000, je call. Le flop vient Q27ssc, il c-bet petit, je call. Turn 4 “flush-in”, il bet encore 1/3, je call. River 4, il fait all-in pour 3 800 000 et je snap. Il avait As-Roi avec le K ».

Et voilà comment on fait tout mettre à un joueur avec hauteur As quand on a flush. Et puisque Malo avait déjà eu la bonne idée de monter de 9 à 12 millions à la force du poignet, son tapis déjà gros est devenu monstrueux : 19 millions de jetons, le troisième plus gros en circulation. Tremble Clément Richez ! - Fausto

Manuel pour remonter un tapis

Lhuillier

Arriver à 100 left d'un Main Event WSOP n'est pas chose aisée. Mais une fois qu'on y est, autant se forger un gros stack. Voici quelques conseils délivrés et appliqués par l'expert Jean Lhuillier pour se reconstruire un tapis lorsqu'on est short et qu'on joue pour des montants à six ou sept chiffres sur le plus gros tournoi du monde.

Tout d'abord, passez votre premier coup. Séléctionnez le bon spot, quitte à tomber à 7 ou 8 blindes et envoyez la sauce dès lors que vous sentez avoir la bonne équité. Au pire, sur un flip, mais il est préférable de trouver un 70-30. "UTG open et j'ai 77 en SB et je fais tapis 7,5BB, il call. Je me lève de ma chaise. C'est la première fois de toute ma vie que je fais ça, mais là, c'est important, je joue mon tournoi ! Et là, 7 river. Bon, en vérité j'étais devant tout le coup puisqu'il avait A5, mais c'est juste pour montrer que ça marche" commente notre expert.

Lhuillier

Deuxième étape : une fois que vous êtes remonté à 16 blindes, fortifiez votre tapis. Cette fois, nul besoin de partir à tapis directement. Vous pouvez même voir des flops, à condition de toucher ou bien de réaliser ce que Jean Lhuillier décrit comme "un bluff parfait". Exemple, vous avez KQ contre BB sur un board J825, et bien vous en mettez deux. Un barrel 1,5BB. Un 2e à 3,5BB et ça suffit pour faire fold mieux.

Autre exemple, vous payez J9 au CO suite à un open de HJ qui tente de voler la blinde de papi en BB. Il check sur le flop Q86, vous misez ! Attention au dosage : 1/4 suffit sur la première mise. Payé. Turn 2, vous avez toujours hauteur valet, il est donc temps de mettre la deuxième : 2-barrel 1/3 et ça suffit à faire passer.

La préparation est terminée, il s'agit maintenant de mettre de la levure dans ce tapis retrouvé. Deux Dames au CO feront l'affaire. Open 400 000, 3-bet shove 2 200 000 du Bouton, payez, et rasez les Zizous de votre voisin sur un board de briques. Servez chaud et savourez votre stack de 50 blindes à 66 left de 10 millions de dollars - Fausto

Anecdotes, statistiques et citations à la con

"Si tu gagnes ce tournoi, est-ce que ça serait ton plus gros gain ?" - Un supporter américain en direction de son pote Yegor Moroz, dont le Top score enregistré culmine à 45 000 $. Vous avez dit troll ?

Le Day 7 est terminé

59 joueurs ont franchi le Day 7. Découvrez prochainement notre bilan, et une présentation des quatre derniers Français en course :

Malo Latinois 22, 375 millions (!)
Elliot Kessas 9,525 m.
Jean Lhuillier 5,8 m.
Malcolm Franchi 5,15 m.

Blindes au départ du Day 7 : 125 000 / 250 000 BB ante 250 000
Prix assuré : 160 000 $

Les déçus du Day 6

Retour sur les éliminés du jour Main Event 10 000 $ (Fin du Day 6)

WSOP / Reportage
On va beaucoup vous parler, bien sûr, de ceux qui continuent de rêver au titre suprême du poker, et des dix millions de dollars qui l'accompagnent. Mais il serait déplacé de ne pas rendre un ultime hommage à ceux pour qui le réveil fut brutal aujourd'hui. Avec un field ayant chuté de 160 à 59 prétendants, lors du Day 6, ils sont nombreux. Extraits.

WSOP / Reportage
Le dernier représentant du Maroc n'aura guère eu le temps de vibrer : Mohamed Ali Houssam s'est contenté aujourd'hui de la 153ᵉ place (70 000 $).
WSOP / Reportage
Il est LA nouvelle sensation dont tout le monde parle avec respect dans le cercle des pros français : Emilien Pitavy signe une 148ᵉ place en forme de belle promesse pour l'avenir (70 000 $).

WSOP / Reportage
Un gros stack pendant cinq jours, puis... la traversée du désert, dont il sortira déshydraté en 140ᵉ place. Pas grave, car c'est certain : on reverra Clément Van Driessche au sommet sur le Main Event (70 000 $).
WSOP / Reportage
Les regrets étaient de mise pour Valentin Oberhauser après sa sortie en 131ᵉ place. Un frustrant mélange à base de bluff manqué, gros flip perdu, et une ou deux décisions peut-être à revoir. La bonne nouvelle, c'est qu'il y a toujours la prochaine édition pour revenir plus fort (85 000 $).
WSOP / Reportage
Le reste de l'année, elle gagne son beurre aux tables de cash-game de Las Vegas : pour son premier MTT depuis 2019, Danielle Andersen va jusqu'à la 116ᵉ du plus gros tournoi du monde (100 000 $).
WSOP / Reportage
Cash-gameur pro basé en Californie, Olivier Chaume est un touriste du Main Event. Sa distraction annuelle s'achève en 104ᵉ place (100 000 $).
WSOP / Reportage
Le plus Américain de nos Français est parvenu à améliorer sa 104ᵉ place de 2018 : l'amateur Sean Marshall est allé jusqu'en 91ᵉ position (100 000 $).
WSOP / Reportage
La sortie du tricolore le plus régulier sur le Main Event depuis 2021, c'est encore Caroline Darcourt qui en parle le mieux. Cliquez donc pour consulter son hommage à Nicolas Vayssieres, 85ᵉ pour 100 000 $.
WSOP / Reportage
Autre cash-gameur traitant le Main Event comme un "one time" pouvant changer une vie : Dimitri Joubert est tombé du mauvais côté de la variance après avoir entamé le Day 6 avec un énorme stack (80ᵉ pour 120 000 $).

WSOP / Reportage
Responsable du terrible bad-beat infligé à son compatriote Adrian Mateos lors du Day 5, Adrian Garcia aura profité des jetons de la maquina jusqu'en 78ᵉ position (120 000 $).
WSOP / Reportage
Seul un carambolage d'une rare violence aura pu stopper le parcours de Sami Bechahed. Mais l'ancien croupier aura su voir le bon côté des choses après sa sortie en 75ᵉ place. On applaudit ! (120 000 $).

Les sortants français du Day 6

75e : Sami Bechahed 120 000 $
80e : Dimitri Joubert 120 000 $
85e : Nicolas Vayssieres 100 000 $
91e : Sean Marshall 100 000 $
104e : Olivier Chaume 100 000 $
131e : Valentin Oberhauser 85 000 $
140e : Clément Van Driessche 70 000 $
148e : Emilien Pitavy 70 000 $

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Un quatuor bien accordé

Quatre Français parmi les 59 derniers joueurs du plus gros tournoi du monde Main Event 10 000 $ (Day 6)

WSOP / Fin du Day 6
Un artiste franco-anglais, un jeune virtuose, un interprète parisien, et un featuring californien : voilà l'orchestre tricolore qui s'avance sur le devant de la scène des WSOP. Samedi, c'est ensemble qu'ils vont jouer le septième mouvement de la plus grande symphonie poker de la planète. Malgré sa longueur, ses changements de rythme, tous ont joué leur partition avec justesse. Certains nous ont épaté grâce à des impros inspirées. D'autres ont eu l'oreille musicale, transformant un concert mal embarqué en un véritable récital. Ils ont sué sur leurs instruments, ils sont restés debout jusqu'à épuisement, ils ont régalé le public... et espèrent bien revenir sur scène pendant encore plusieurs jours, pour culminer avec un ultime rappel à dix millions de dollars. Car, en musique comme au poker, c'est à la fin du bal qu'on paie les musiciens. - Benjo

Malo Latinois, là-haut sur sa montagne 22,375 millions (89,5 BB)

Malo Latinois
Tandis qu'autour de lui, tout le monde est occupé à "bag" ses jetons et savourer sa qualification pour le Day 7, Malo Latinois accorde un rappel à son public, se retrouvant une dernière fois de plus dans un gros coup. Ignorant la cohue autour de lui, il se concentre pour déceler le moindre tell chez son adversaire. La tension est palpable, les caméras sont braquées sur lui. Mais à l’image de sa journée où tout a semblé lui sourire, le Français joue un dernier tube pour le plus grand bonheur de ses supporters venus donner de la voix. “Vamos ! C’est ça Malo !”, crient-ils en le voyant s'emparer des jetons.

Cette fois c'est fini, Malo peut enfin souffler : c’est avec un tapis colossal de 22,375 millions, 90 blindes, qu’il reviendra croiser le fer samedi à midi, pour le Day 7. À chaud, il semble avoir du mal à réaliser. “Ça me parait complètement fou. C’est tellement d’émotions. Tu ne peux pas savoir à quel point je suis heureux. Ce n'est vraiment pas simple mentalement. Mais, cette sensation lorsque tu montes des jetons, elle est indescriptible.” Sur son nuage au sortir d’une journée quasi parfaite où il a multiplié son tapis par quatre en dix heures de jeu - alors qu'il était déjà gros -, Malo garde néanmoins la tête sur les épaules, conscient du chemin qui lui reste à parcourir sur ce tournoi si spécial.

“Je suis super content de mon jeu. Hormis un petit moment où j’ai perdu quelques jetons, je n’ai fait que monter. Maintenant, il reste encore soixante joueurs. Le plus dur reste à venir. On est certes proche du but… mais il reste encore beaucoup de temps. Il ne faut surtout pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué", philosophe-t-il. “Maintenant, il faut se reposer et rester focus pour être prêt demain". Rendez-vous pris ! - VictorP

Jean Lhuillier, le braqueur à l’anglaise
5,2 millions (21 BB)

Jean Lhuillier
“On est quoi là, au Day 8000, c’est ça ?”. Jean Lhuillier a la blague facile, tandis qu'il reprend peu à peu ses esprits après une nouvelle guerre de dix heures, qui l’a vu réaliser un improbable come-back. “Je me suis battu comme jamais. Pendant tout le tournoi, j’ai toujours eu le double de l'average, le triple de l'average… Et puis en deux heures, je suis tombé à 7 blindes”, rappelle le joueur, qui mettait un genou à terre après ce flip perdu avec deux Dames contre As-Roi.

Pour autant, le grinder de Nottingham n’a rien lâché et a montré qu’il était aussi à l’aise en tant qu’énorme tapis qu’en « short-stack ninja ». “Je sais changer de vitesse, j’ai mes petites techniques qui me permettent de gratter des jetons. Attends, je te montre ce que j'ai écrit sur chaque joueur, poursuit Lhuillier qui me sort alors l’appli Notes de son iPhone, bourrée d’énormes pavés défilant sur plusieurs pages. J’écris plein de trucs spéciaux, comme la vitesse à laquelle les mecs regardent leurs cartes, s’ils les regardent plusieurs fois… Ça me permet d’orienter mes décisions, et de prendre ou d’esquiver des spots”, explique Lhuillier, affirmant que chaque détail compte.

Le palier franchi sur les dernières minutes lui permet également de battre son record de gains en live… Acquis ici même l’an dernier lors de la finale du 1 500 $ Freezout où nous le découvrions à peine. "Quand je vois l'échelle des gains, je me dis que ça fait déjà beaucoup. Et ça peut être encore plus. Tu me diras, j’ai déjà pris ça la dernière fois que je suis venu, donc ça reste des sommes habituelles…” plaisante encore le joueur, qui reviendra demain avec ce même esprit ambitieux, détaché et positif pour continuer à "crush”. - Fausto

Eliott Kessas, “récréa déter
9,325 m. (37 BB)

Eliott Kessas
Quand beaucoup de joueurs extériorisent la pression après avoir franchi la ligne d’arrivée de ce Day 6, Eliott Kessas, lui, reste de marbre. Il range son sac avec une sérénité troublante et se présente aux journalistes avec cette même attitude posée et concentrée qu’il avait à table quelques minutes plus tôt. Et pourtant, avec un stack de final de 37 BB dix heures après avoir repris le tournoi en position compliquée (22 BB), il y aurait largement de quoi exulter.

"Je ne sens pas la pression. J’essaie de rester dedans. Dans le tournoi, dans mon match. Si tu te dis que t’es à 59 left du Main Event, tu deviens fou en fait”, déclare le joueur, qui savoure l’expérience sans pour autant quitter des yeux son objectif. "Si je dézoome, c’est kiffant, oui. Mais je ne suis pas là pour kiffer, je suis là pour gagner”.

On a presque l’impression que le plus récréatif du quatuor est en fait le plus sérieux et le plus déterminé. "On me voit comme un récréatif, mais j’ai beaucoup étudié le jeu. Ça fait quand même quinze ans que je suis dans le poker. Je sais ce que je fais” assure le spécialiste du Main Event, l’un des seuls tournois qu’il joue chaque année. Trois ITM en quatre ans, bien que celui-là soit incomparable de longueur et d’intensité. Et s’il ne se présente que très rarement sur les tournois live, Eliott dispose de toutes les armes nécessaires pour frapper un gros coup. - Fausto

Malcolm Franchi : « Du côté tight de la force »
5,15 millions (21 BB)

Malcolm Franchi
« Très longue, cette journée, très très longue ! La plus longue du tournoi ! » Mais, Malcolm Franchi, on a joué cinq niveaux de deux heures sur ce Day 6, exactement pareil que lors des cinq journées précédentes ! Le parisien rigole. « Oui, sauf qu'aujourd'hui je n'ai jamais eu plus de trente blindes. Et encore, quand j'ai eu trente blindes, ça a duré vingt minutes, même pas ! » C'est effectivement un bel exploit à mettre son crédit : parti à midi avec 15 BB, Franchi est parvenu à maintenir sa place dans l'orchestre français malgré une partition compliquée à déchiffrer. Sans jamais jouer les premiers violons, mais sans fausses notes non plus.

« La vérité, c'est que j'ai dû jouer trois coups post-flop par niveau. Ouais, c'est ça : quinze coups post-flop, grand max, durant la journée. » Le reste du temps, il s'est maintenu à coup de brèves mélodies en solo : « J'ai pris les spots de re-steal. » Il y a tout même eu bref moment où il s'est avancé sur le devant de la scène pour donner de la voix : un coin-flip gagnant, avec As-Dame contre 99. Dans la lignée de ce qu'il nous racontait la veille, Franchi ne s'est jamais senti handicapé par son petit tapis. « Plein de fois, je me faisais la remarque dans la tête : OK, tu es card dead… mais tu es là ! » Mieux : il a réussi à tirer parti de cette situation précaire. « Dans la vie, je suis quelqu'un qui manque de patience. Là, j'étais obligé. Et en fait, même durant ces longues périodes où je ne pouvais pas jouer, rien que d'être spectateur, c'était passionnant, stimulant. »

Le jeu à moins de 20 blindes, tout les pros vous le diront : c'est crevant. « Il faut être super concentré. Il y a des tas de fois où je voulais défendre, voir un flop, payer pour un turn. Mais avec mon stack, ce n'était pas possible. Chaque décision que je prenais, je devais être absolument sûr de moi. » Dans une autre vie, Franchi aurait pu être recruteur dans le milieu de foot - son diplôme en atteste. Mais grâce à un stackeur qui lui a fait confiance pour la deuxième année de suite, c'est dans le grand bal du Main Event qu'il continue de danser, encore et encore, désormais 58 joueurs de dix millions de dollars. - Benjo

On joue contre qui ?

Outre les Niklas Astedt (14e), les Kristen Foxen (17e), les Joe Serock (20e) et autres Brian Rast (22e), déjà évoqués dans ces colonnes et qui ont validé leur qualif', à qui auront affaire nos quatre Français sur le Day 7 ? C'est comme chez le disquaire : plein de styles sont représentés dans les bacs du Main Event.

Jesse Capps
Une armée de canards en plastique, les mêmes avec lesquelles vous jouiez jeunes dans la baignoire, rangés les un à côtés des autres à côté d’un tapis de jetons. L’un porte un casque Playmobil, un deuxième boit un biberon, un autre est coiffé d’une coupe psychédélique… C’est la garde rapprochée de Jesse Capps, alias Duck Man.

Jesse Capps
Dans la vie, le Végassien est fan de deux choses : le poker, et les canards. Chez lui, tout est canard. Ses grigris, son T-shirt, son bandana, même sa banane autour de la taille montre son animal préféré (nous n'avons pas été vérifier le caleçon). Dans sa lubie, Jesse a même converti plusieurs amis, qui ont passé toute la journée à hurler “Kwak kwak” à chaque coup gagné par leur héros. Avec des habits et accessoires, disons... fantaisistes.

Jesse Capps
"En fait, Jesse avait déjà été en table télévisée il y a trois ans et un joueur qui connaissait sa passion lui a apporté un canard en plastique. Depuis, plein de gens lui offrent des canards et il les apportent avec lui en table, m’explique une membre de la “Duck Family”. "S’il arrive en table finale, je t’assure qu’on ira chercher TOUS les canards de Vegas et que la table finale sera recouverte de canards". Alors, ça vous en bouche un coin (coin) ?

WSOP / Reportage
En bas de chipcount, on retrouve le dernier argentin et l’un des derniers amateurs du tournoi. "Il s’est qualifié pour 150 $ sur internet. Ça pourrait être un gars comme toi et moi, m’informe Gonzalo, notre confrère de Codigo Poker. Il a très peu d’expérience en poker live, il avait même du mal à compter les tapis avec les jetons. Il a son style bien à lui, mais je ne te cache pas que pour arriver jusqu’ici, il a eu pas mal de “coolers” favorables". Même shortstack, Mauro Juarez reviendra au Day 7 avec 13 blindes pour poursuivre sa belle histoire.

Hiroki Nawa
Hiroki Nawa est le dernier survivant du gang des youtubeurs japonais. Masato Yokosawa, le streamer et vidéaste le plus influent du monde du poker a effectivement rassemblé autour de lui un carré de Youtubeurs poker (Masato et Hiroki Nawa) et deux autres créateurs de contenu venant du monde des mathématiques (Toshya et Takumi).
Hiroki Nawa
Qualifié ric-rac pour le Day 6 (avec 20 blindes), Hiroki a senti avec lui la force de ses collègues tout le long de la journée. "On se disait qu’il avait besoin d’un coup de pouce. Du coup, chaque membre de l’équipe lui a donné un petit porte-bonheur. Moi, c’est le cochon rose. Je l’ai gagné au Circus Circus la semaine dernière." Le cochon, le sac de Mac&Cheese et la sucette en dé ont parfaitement fonctionné puisque Hiroki sera au Day 7 avec 6 325 000 jetons (25 blindes).
WSOP / Reportage
Yegor Moroz a vécu une formidable journée de poker… Et ses copains aussi ! Une dizaine de potes (photo ci-dessus) étaient sur les bords du rail pour hurler à chaque coup gagné par le grinder américain, qui leur sautait dans les bras pour des célébrations joyeuses qui réveillaient tout l’Event Center. Pour l’instant, le prix du meilleur rail ne souffre d’aucune contestation.

Rosenblom
Vous avez parcouru le chip-count, et vous n'avez reconnu aucun ancien finaliste du Main Event. Faux ! Russell Rosenblum est déjà passé par là, c'était en... 2002, l'année de Robert Varkonyi. Avec 37 blindes à 59 joueurs restants, il va falloir bosser, mais une redite reste tout à fait possible.
WSOP / Reportage
Non, Kristen Foxen n'est pas toute seule pour représenter le poker au féminin. Shundan Xiao se paie même le luxe de se poser en deuxième place au classement, avec 24 millions. La Californienne semble n'avoir véritablement commencer à perfer en live qu'en 2023 : son total de gains sur Hendon Mob à quoi qu'il arrive déjà triplé.
WSOP / Reportage
Le maillot à poids du meilleur grimper revient à Yake Wu : parti avec 3,5 BB ce matin, le Chinois a monté plus de 20 millions aujourd'hui !
WSOP / Reportage
Le premier ITM Main Event de Richard Lowe remonte à 2005. Son troisième sera dans tous les cas le plus beau, avec un Day 7 entamé dans la moyenne des jetons.
WSOP / Reportage
"I did nothing. I just got lucky". Et le vainqueur du PSPC 2023 Aliaksandr Shylko insiste : "Je dis la stricte vérité !" Avec son petit stack, il faudra que le pull continue de dire vrai au Day 7.

Les éliminés français du Day 6

Cliquez pour consulter l'article correspondant à chaque déception tricolore du jour...

75e : Sami Bechahed 120 000 $
80e : Dimitri Joubert 120 000 $
85e : Nicolas Vayssieres 100 000 $
91e : Sean Marshall 100 000 $
104e : Olivier Chaume 100 000 $
131e : Valentin Oberhauser 85 000 $
140e : Clément Van Driessche 70 000 $
148e : Emilien Pitavy 70 000 $

Gus Hansen
Profitons de cette conclu pour saluer la belle perf' de Gus Hansen en variantes : le dernier arrivé dans le Team a atteint ce soir la huitième place du tournoi de 8-Game à 10 000 $ !

Wouf
Wouf

Rendez-vous est pris dimanche à midi (21 heures en France) pour un Day 7 qui va nous rapprocher dangereusement de la table finale du Main Event : de 59 joueurs sur la ligne de départ, on devrait logiquement tomber à 18. Avec encore quatre compatriotes, comme en 2016 ? Rêver, cela fait aussi partie de notre métier !

Benjo, Fausto, VictorP & Caroline Darcourt

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