Je vais vous livrer ma vision des choses pour les MTT :
1/ Le début de tournoi
Vision old-school : Avant le tournoi était vu comme un jeu de survie
Tom McEvoy qui a écrit une référence du poker de tournoi préconisait un jeu extrêmement solide, et la vision est de survivre assez longtemps entre 2 monstres et espérer les rentabiliser
Même pas de concept de M, à l’époque on pouvait mourir sous les blinds en attendant un KK ou un AA (et oui, AK et QQ c’était des mains très marginales à l’époque)
Puis Harrington est arrivé avec son M qu’il a récupéré de Magriel
Et montré qu’il faut voler les blinds quand le tapis devient moins profond, et préconise un jeu + agressif
Cependant ça reste assez conservateur
Nouvelle vision : Maintenant au début d’un tournoi il ne faut plus survivre en jouant très tight, mais monter beaucoup de jetons
On n’essaie plus de jouer son tournoi sur les coin flips de milieu/fin de tournoi mais de s’assurer un tapis suffisamment confortable pour ne pas être en danger sur chaque coin flip (ou risque de badbeat en all-in préflop)
Ici il y a plusieurs approches :
le jeu LAG smallball : le joueur LAG smallball cherche à entrer dans un maximum de petits pots préflop, et, grâce à une bonne lecture du jeu, à la fois rentabiliser ses mains et récupérer bcp de petits pots en vol, il évite au maximum de faire grossir la taille du pot et cherche à prendre beaucoup de petits pots
s’il joue un gros pot il a généralement les nuts
on y joue à peu près comme en cash game, en respectant la règle de 5 et 10 et de 3 et 6 pour les mains à potentiel, auxquelles on ajoute bien évidemment les monstres (qu’on va jouer exactement pareil), et quelques bluffs pour les + agressifs (VPIP de 30 pour les + sages jusqu’à 70 pour les pros style Negreanu), tout en conservant la maxime du potcontrol : "pas de gros pot sans une grosse main"
avantages :
. permet au joueur skillé de monter des jetons régulièrement, sans se mettre jamais en danger
. donner une image de maniaque
. permet de déstacker des AA ou des KK sur (ou sous-) joués
inconvénients
. demande une très bonne lecture du jeu, surtout postflop
. peut se faire contrecarrer par des relances à tapis
. nécessite obligatoirement une configuration deepstack
Exemples chez les grands champions : Negreanu est le plus flagrant, Eric Lindgren
le jeu TAG : l’autre option, lorsqu’on n’est pas super skillé pour jouer postflop avec beaucoup de mains marginales, est de jouer très serré pour se forger une image extrêmement solide
mais une fois cette image envoyée aux autres joueurs, elle permet d’avoir un énorme crédit dans les bluffs, en tout cas dans un premier temps
le coup utilisé pour monter beaucoup de jetons est souvent un gros bluff exploitant à fond cette image de serrure
avantages :
. plus facile à jouer
. plus adapté aux tournois ne commençant pas avec un énorme M
. ne se met pas non plus trop en danger (mais un peu + quand même, il va en fait se mettre en danger dans les coups qu’il joue, mais comme il joue rarement, il se met rarement en danger)
inconvénients :
. ne profite pas de toutes les occasions pour gagner des jetons avec des mains marginales
. beaucoup de patience est nécessaire
. trop proche du style old-school qui se fait exploiter par les LAG d’aujourd’hui
Exemples chez les grands champions : Allen Cunningham, Dan Harrington
le jeu LAG longball (ou hyper-LAG) : c’est le jeu qui combine les coups du smallball avec les gros bluffs en long shot du TAG, et ce, dans encore plus de mains. C’est le plus efficace mais aussi le plus risqué des styles de jeu.
L’arme pour bluffer efficacement n’est pas l’image mais la peur. Un joueur de cette trempe peut menacer tout votre tapis à chaque instant. S’il sent que son adversaire ne payera pas un tapis il est capable de le bluffer à n’importe quel moment. Il sait aussi parfaitement engager une partie suffisante de son stack pour faire croire que le pot risque de se jouer pour tous les jetons, sans non plus engager tous les siens.
Il va jouer la plupart du temps comme un joueur smallball, mais là où le smallball fera des petits value bets, des petits stabs, et potcontrolera avec quelques coups passifs comme des checks ou des calls, l’hyper-LAG, lui, n’hésitera pas à faire all-in régulièrement, avec les nuts ou avec air.
Ca n’est pas non plus totalement kamikaze, car avec une excellente lecture du jeu ce style n’est pas si risqué que ça, mais il suffit d’une erreur et on saute, il faut donc être extrêmement skillé.
avantages :
. le style le + efficace, le + agressif, le + impressionnant
. combine tous les moves possibles et inimaginables, du smallball float aux re-squeezes les + fous
inconvénients :
. demande un skill extraordinaire
. il faut avoir des cojones
. aucune erreur de timing n’est permise
. c’est le style le + dangereux
. impossible à jouer contre des fishs calling stations
Exemples chez les grands champions : Gus Hansen, Patrik Antonius (ainsi que 90% des jeunes scandinaves), Phil Ivey
D’autres joueurs comme Phil Hellmuth ont un style assez atypiques, jouant à la fois TAG mais avec qq mains marginales dans le tas, plus axé sur le slowplay, les traps, etc…
Il utilise son excellente lecture pour trapper plutôt que pour voler des pots, fait tilter ses adversaires par son attitude pour qu’ils essaient de le bluffer, et va chercher des tirages très spéculatifs tout en faisant croire que c’est une serrure qui ne joue que des grosses cartes
Les vrais pros sauront aussi changer de style, certains se donnent une image très tight et au bout d’un ou 2 niveaux de blinds, jouent LAG smallball pour voler des petits pots, puis repassent tight quand leur image s’est dégradée
D’autres joueront hyper-LAG pour donner une image de malade mental, puis repasseront tight le temps de chopper une main
etc…
Il faut savoir alterner entre les styles (changing gears comme dit Doyle Brunson), c’est très important
A vous de voir quel est votre style naturel, quel style vous voulez travailler, faites des tests, adaptez-vous aux adversaires (mieux vaut éviter de faire le fou s’il y a encore + fou à la table, mieux vaut exploiter des nits qui attendent les grosses mains en leur volant tous les pots dont ils ne veulent pas)
2/ Le milieu de tournoi :
Généralement je resserre le jeu un peu avant la bulle, pour redorer une image trop dégradée par les styles LAGs, et si je joue tight je peux faire un ou deux gros moves pour revenir à un bon tapis si je suis trop short, mais généralement je continuerais sur ma lancée
Le but est d’arriver à la bulle à peu près au niveau du tapis moyen
Il faut quand même voler les blinds de temps en temps mais ne pas trop s’impliquer dans des tirages lointains, la cote implicite s’amenuise à mesure que le rapport tapis/blinds se réduit
3/ La bulle :
Beaucoup de joueurs ont une vision old-school, à savoir survivre pour au moins locker un gain en étant ITM
D’autres jouent underollés ou se sont qualifiés grâce à un ticket et l’ITM représentent pour eux une performance inestimable
D’autres ont peur de la bulle, tout simplement car ils ne savent pas gérer cette situation
D’autres ont peur de paraitre con à sortir juste avant les places payées
Comment exploiter tous ces joueurs ?
Là pour moi c’est le moment où je me met en mode "show time"
Je relance toutes les mains toutes les positions si je suis le premier à ouvrir le pot
Je 3-bet les joueurs timides
Je call puis check-raise si qqun attaque ma blind
Si je grille un voleur de blinds je le surrelance très fortement
Je demande régulièrement le tapis des stacks moyens qui ont tout à perdre
Agression agression agression…
Quand y’en a qui sont prêts à jeter AA pour se glisser dans l’argent, imaginez toute la fold equity qui s’offre à vous !
Vous allez me dire que je suis fou, que je risque de me faire sortir à la bulle alors que j’aurais pu fougériser et atteindre l’ITM
Que beaucoup de fois je vais repartir avec 0 alors que j’aurais pu avoir un gain
Oui mais mon but à la bulle n’est pas l’ITM
Mon but est de devenir chipleader, quitte à sortir
Je veux atteindre la table finale avec un gros tas de jetons, pour viser la 1ère place, et non arriver à l’ITM en tant que shortstack et de me contenter du gain des dernières places ou d’être obligé de chatter grave pour être en TF
Oui c’est très risqué, oui ça peut me faire sortir de temps en temps à la bulle, mais au final, c’est largement + rentable de se monter un énorme tapis
Je préfère, sur 10 tournois abordés à la bulle, sortir 8 fois sans rien et être 2 fois chipleader, que d’être 10 fois payé
Les seules fois où je vais jouer juste pour l’ITM (à part les supersatellites) sont si je suis très shortstack (si je suis si short que je pense ne pas pouvoir aller plus loin que les moins bonnes places payées même si je vole des blinds) mais qu’il y a d’autres shorts qui risquent de sauter avant moi, ou s’il y a des gros tapis qui se clashent entre eux
4/ La fin de tournoi :
Post-ITM je resserre
c’est le moment où les gens qui ont attendu l’ITM sont contents d’avoir gagné qqch et gamblent pour espérer sortir du stade de shortack
Je passe donc en mode TAG, même si je n’hésite pas à tenter des vols de blinds (faut éviter les plus shorts), et je n’hésite pas à tenter d’éliminer un joueur quand j’ai une bonne cote de pot pour le suivre
Ensuite je continue mon agression mais en étant plus prudent
Généralement je relance 2,5 la blind quand je suis premier à ouvrir le pot, je CB au flop si je suis payé, et ensuite j’abandonne généralement le coup si ça n’a pas marché
Il y a des fois plusieurs bulles dans les fins de MTT
Par exemple si 40 personnes sont payées, il peut y avoir un gap dans les gains pour les 20 premiers, donc une mini-bulle à l’approche des 20 joueurs restants
Il y a aussi (et surtout) une mini-bulle pour la TF
Ces mini-bulles peuvent être l’occasion de bourrinner la table comme on l’a fait pour la vraie bulle
5/ La TF :
Je continue à être très agressif, même si je joue + comme un SNG
Au début de la TF, généralement je vais jouer tight, en attendant que les plus shorts sortent pour se retrouver shorthanded
Plus la table va se réduire, plus je vais repasser en mode très agro
Plus j’ai de jetons plus je vais les utiliser pour agresser
Avec un tapis + moyen je chercherais plutôt le spot pour doubler en jouant serré, mais si j’ai un gros tapis, j’asphyxie la table !
Voilà, ça n’est pas très détaillé
Pour + de précisions, lire les 3 Harrington de tournoi et surtout Kill Everyone (qui va bientôt sortir en français) qui explique tout ça bien en détail !
jUzAm77: Ca me fait penser à cette signature d'un membre du forum CP :
"-Je débute au poker, tu peux m'expliquer c'est quoi "tight" ?
-Pas de problèmes: c'est comme tes fesses quand tu shoves with air avec du 6:1 sur drawy board en multiway. Compris ?"
:lol:
Voilà, c'est un peu ça parfois :mrgreen:
Non, je te rassure, tu es tout aussi technique, mais bien plus compréhensible... 8-)
Mr Deep blue: Ce que CrocMonsieur appelle : La façon optimale de jouer par rapport à la façon... Mince j'ai perdu le terme, aidez moi :lol:
Inexploitable
Ouais mais je pense qu'il se goure car pour moi optimale et inexploitable c'est la même chose (ou alors on n'a pas les mêmes définitions)
Pour moi l'un de ces 2 termes s'oppose à "exploitante", qui consiste à exploiter des adversaires sous-optimaux
Optimale = exploitante
Optimiser, c'est faire le maximum de profits :)
Ouais mais au sens théorie des jeux, optimal c'est exploitant le max contre qqun qui joue optimal aussi, donc inexploitable
Dans plusieurs bouquins, optimal a ce sens
Et une stratégie qui exploite un adversaire qui ne joue pas la stratégie inexploitable (et donc sous-optimal), est aussi sous-optimale car elle peut être exploitée
Je vais vous livrer ma vision des choses pour les MTT :
1/ Le début de tournoi
Vision old-school : Avant le tournoi était vu comme un jeu de survie
Tom McEvoy qui a écrit une référence du poker de tournoi préconisait un jeu extrêmement solide, et la vision est de survivre assez longtemps entre 2 monstres et espérer les rentabiliser
Même pas de concept de M, à l’époque on pouvait mourir sous les blinds en attendant un KK ou un AA (et oui, AK et QQ c’était des mains très marginales à l’époque)
Puis Harrington est arrivé avec son M qu’il a récupéré de Magriel
Et montré qu’il faut voler les blinds quand le tapis devient moins profond, et préconise un jeu + agressif
Cependant ça reste assez conservateur
Nouvelle vision : Maintenant au début d’un tournoi il ne faut plus survivre en jouant très tight, mais monter beaucoup de jetons
On n’essaie plus de jouer son tournoi sur les coin flips de milieu/fin de tournoi mais de s’assurer un tapis suffisamment confortable pour ne pas être en danger sur chaque coin flip (ou risque de badbeat en all-in préflop)
Ici il y a plusieurs approches :
le jeu LAG smallball : le joueur LAG smallball cherche à entrer dans un maximum de petits pots préflop, et, grâce à une bonne lecture du jeu, à la fois rentabiliser ses mains et récupérer bcp de petits pots en vol, il évite au maximum de faire grossir la taille du pot et cherche à prendre beaucoup de petits pots
s’il joue un gros pot il a généralement les nuts
on y joue à peu près comme en cash game, en respectant la règle de 5 et 10 et de 3 et 6 pour les mains à potentiel, auxquelles on ajoute bien évidemment les monstres (qu’on va jouer exactement pareil), et quelques bluffs pour les + agressifs (VPIP de 30 pour les + sages jusqu’à 70 pour les pros style Negreanu), tout en conservant la maxime du potcontrol : "pas de gros pot sans une grosse main"
avantages :
. permet au joueur skillé de monter des jetons régulièrement, sans se mettre jamais en danger
. donner une image de maniaque
. permet de déstacker des AA ou des KK sur (ou sous-) joués
inconvénients
. demande une très bonne lecture du jeu, surtout postflop
. peut se faire contrecarrer par des relances à tapis
. nécessite obligatoirement une configuration deepstack
Exemples chez les grands champions : Negreanu est le plus flagrant, Eric Lindgren
le jeu TAG : l’autre option, lorsqu’on n’est pas super skillé pour jouer postflop avec beaucoup de mains marginales, est de jouer très serré pour se forger une image extrêmement solide
mais une fois cette image envoyée aux autres joueurs, elle permet d’avoir un énorme crédit dans les bluffs, en tout cas dans un premier temps
le coup utilisé pour monter beaucoup de jetons est souvent un gros bluff exploitant à fond cette image de serrure
avantages :
. plus facile à jouer
. plus adapté aux tournois ne commençant pas avec un énorme M
. ne se met pas non plus trop en danger (mais un peu + quand même, il va en fait se mettre en danger dans les coups qu’il joue, mais comme il joue rarement, il se met rarement en danger)
inconvénients :
. ne profite pas de toutes les occasions pour gagner des jetons avec des mains marginales
. beaucoup de patience est nécessaire
. trop proche du style old-school qui se fait exploiter par les LAG d’aujourd’hui
Exemples chez les grands champions : Allen Cunningham, Dan Harrington
le jeu LAG longball (ou hyper-LAG) : c’est le jeu qui combine les coups du smallball avec les gros bluffs en long shot du TAG, et ce, dans encore plus de mains. C’est le plus efficace mais aussi le plus risqué des styles de jeu.
L’arme pour bluffer efficacement n’est pas l’image mais la peur. Un joueur de cette trempe peut menacer tout votre tapis à chaque instant. S’il sent que son adversaire ne payera pas un tapis il est capable de le bluffer à n’importe quel moment. Il sait aussi parfaitement engager une partie suffisante de son stack pour faire croire que le pot risque de se jouer pour tous les jetons, sans non plus engager tous les siens.
Il va jouer la plupart du temps comme un joueur smallball, mais là où le smallball fera des petits value bets, des petits stabs, et potcontrolera avec quelques coups passifs comme des checks ou des calls, l’hyper-LAG, lui, n’hésitera pas à faire all-in régulièrement, avec les nuts ou avec air.
Ca n’est pas non plus totalement kamikaze, car avec une excellente lecture du jeu ce style n’est pas si risqué que ça, mais il suffit d’une erreur et on saute, il faut donc être extrêmement skillé.
avantages :
. le style le + efficace, le + agressif, le + impressionnant
. combine tous les moves possibles et inimaginables, du smallball float aux re-squeezes les + fous
inconvénients :
. demande un skill extraordinaire
. il faut avoir des cojones
. aucune erreur de timing n’est permise
. c’est le style le + dangereux
. impossible à jouer contre des fishs calling stations
Exemples chez les grands champions : Gus Hansen, Patrik Antonius (ainsi que 90% des jeunes scandinaves), Phil Ivey
D’autres joueurs comme Phil Hellmuth ont un style assez atypiques, jouant à la fois TAG mais avec qq mains marginales dans le tas, plus axé sur le slowplay, les traps, etc…
Il utilise son excellente lecture pour trapper plutôt que pour voler des pots, fait tilter ses adversaires par son attitude pour qu’ils essaient de le bluffer, et va chercher des tirages très spéculatifs tout en faisant croire que c’est une serrure qui ne joue que des grosses cartes
Les vrais pros sauront aussi changer de style, certains se donnent une image très tight et au bout d’un ou 2 niveaux de blinds, jouent LAG smallball pour voler des petits pots, puis repassent tight quand leur image s’est dégradée
D’autres joueront hyper-LAG pour donner une image de malade mental, puis repasseront tight le temps de chopper une main
etc…
Il faut savoir alterner entre les styles (changing gears comme dit Doyle Brunson), c’est très important
A vous de voir quel est votre style naturel, quel style vous voulez travailler, faites des tests, adaptez-vous aux adversaires (mieux vaut éviter de faire le fou s’il y a encore + fou à la table, mieux vaut exploiter des nits qui attendent les grosses mains en leur volant tous les pots dont ils ne veulent pas)
2/ Le milieu de tournoi :
Généralement je resserre le jeu un peu avant la bulle, pour redorer une image trop dégradée par les styles LAGs, et si je joue tight je peux faire un ou deux gros moves pour revenir à un bon tapis si je suis trop short, mais généralement je continuerais sur ma lancée
Le but est d’arriver à la bulle à peu près au niveau du tapis moyen
Il faut quand même voler les blinds de temps en temps mais ne pas trop s’impliquer dans des tirages lointains, la cote implicite s’amenuise à mesure que le rapport tapis/blinds se réduit
3/ La bulle :
Beaucoup de joueurs ont une vision old-school, à savoir survivre pour au moins locker un gain en étant ITM
D’autres jouent underollés ou se sont qualifiés grâce à un ticket et l’ITM représentent pour eux une performance inestimable
D’autres ont peur de la bulle, tout simplement car ils ne savent pas gérer cette situation
D’autres ont peur de paraitre con à sortir juste avant les places payées
Comment exploiter tous ces joueurs ?
Là pour moi c’est le moment où je me met en mode "show time"
Je relance toutes les mains toutes les positions si je suis le premier à ouvrir le pot
Je 3-bet les joueurs timides
Je call puis check-raise si qqun attaque ma blind
Si je grille un voleur de blinds je le surrelance très fortement
Je demande régulièrement le tapis des stacks moyens qui ont tout à perdre
Agression agression agression…
Quand y’en a qui sont prêts à jeter AA pour se glisser dans l’argent, imaginez toute la fold equity qui s’offre à vous !
Vous allez me dire que je suis fou, que je risque de me faire sortir à la bulle alors que j’aurais pu fougériser et atteindre l’ITM
Que beaucoup de fois je vais repartir avec 0 alors que j’aurais pu avoir un gain
Oui mais mon but à la bulle n’est pas l’ITM
Mon but est de devenir chipleader, quitte à sortir
Je veux atteindre la table finale avec un gros tas de jetons, pour viser la 1ère place, et non arriver à l’ITM en tant que shortstack et de me contenter du gain des dernières places ou d’être obligé de chatter grave pour être en TF
Oui c’est très risqué, oui ça peut me faire sortir de temps en temps à la bulle, mais au final, c’est largement + rentable de se monter un énorme tapis
Je préfère, sur 10 tournois abordés à la bulle, sortir 8 fois sans rien et être 2 fois chipleader, que d’être 10 fois payé
Les seules fois où je vais jouer juste pour l’ITM (à part les supersatellites) sont si je suis très shortstack (si je suis si short que je pense ne pas pouvoir aller plus loin que les moins bonnes places payées même si je vole des blinds) mais qu’il y a d’autres shorts qui risquent de sauter avant moi, ou s’il y a des gros tapis qui se clashent entre eux
4/ La fin de tournoi :
Post-ITM je resserre
c’est le moment où les gens qui ont attendu l’ITM sont contents d’avoir gagné qqch et gamblent pour espérer sortir du stade de shortack
Je passe donc en mode TAG, même si je n’hésite pas à tenter des vols de blinds (faut éviter les plus shorts), et je n’hésite pas à tenter d’éliminer un joueur quand j’ai une bonne cote de pot pour le suivre
Ensuite je continue mon agression mais en étant plus prudent
Généralement je relance 2,5 la blind quand je suis premier à ouvrir le pot, je CB au flop si je suis payé, et ensuite j’abandonne généralement le coup si ça n’a pas marché
Il y a des fois plusieurs bulles dans les fins de MTT
Par exemple si 40 personnes sont payées, il peut y avoir un gap dans les gains pour les 20 premiers, donc une mini-bulle à l’approche des 20 joueurs restants
Il y a aussi (et surtout) une mini-bulle pour la TF
Ces mini-bulles peuvent être l’occasion de bourrinner la table comme on l’a fait pour la vraie bulle
5/ La TF :
Je continue à être très agressif, même si je joue + comme un SNG
Au début de la TF, généralement je vais jouer tight, en attendant que les plus shorts sortent pour se retrouver shorthanded
Plus la table va se réduire, plus je vais repasser en mode très agro
Plus j’ai de jetons plus je vais les utiliser pour agresser
Avec un tapis + moyen je chercherais plutôt le spot pour doubler en jouant serré, mais si j’ai un gros tapis, j’asphyxie la table !
Voilà, ça n’est pas très détaillé
Pour + de précisions, lire les 3 Harrington de tournoi et surtout Kill Everyone (qui va bientôt sortir en français) qui explique tout ça bien en détail !
Je suis pas tout à fait d’accord.
Ce n’est pas parce que l’on est chip leader à la fin de la première heure d’un MTT qu’on va atteindre la table finale.
Je ne dis pas qu’il ne faut pas jouer avant d’avoir une paire d’as, bien au contraire, mais le fait de gérer son image, de jouer les situations qui sont profitables tout en prenant le minimum de risques est une bonne manière de survivre. Quand je dis le minimum de risques je ne dis pas qu’il ne faut pas en prendre. Un petit exemple pour illustrer mes propos:
J’ai [5S] [6S] au bouton, les blind sont de 200/400, j’ai 4k de tapis je rentre donc en « zone rouge »,tous le monde a passé avant moi.
1er cas: le BB a 1k —> je fold car si il est pas trop mauvais il devrait envoyer la boite avec n’importe quoi et 1k représente une bien trop grosse part de mon tapis.
2ème cas le BB a 4k également —> je relance car je sais qu’il doit passer à moins d’avoir un monstre, c’est très risqué mais le risque est calculé
3ème cas le BB a 20k—> je fold, il peut me payer avec pas grand chose (et puis ça fait déjà 10 fois que j’attaque sa blind il doit en avoir marre )
En gros ça revient encore une fois à dire qu’il faut s’adapter aux différentes situations.
Oula suis à la bourre moi, à plus tard dans la semaine
Je vais vous livrer ma vision des choses pour les MTT :
1/ Le début de tournoi
Vision old-school : Avant le tournoi était vu comme un jeu de survie
Tom McEvoy qui a écrit une référence du poker de tournoi préconisait un jeu extrêmement solide, et la vision est de survivre assez longtemps entre 2 monstres et espérer les rentabiliser
Même pas de concept de M, à l’époque on pouvait mourir sous les blinds en attendant un KK ou un AA (et oui, AK et QQ c’était des mains très marginales à l’époque)
Puis Harrington est arrivé avec son M qu’il a récupéré de Magriel
Et montré qu’il faut voler les blinds quand le tapis devient moins profond, et préconise un jeu + agressif
Cependant ça reste assez conservateur
Nouvelle vision : Maintenant au début d’un tournoi il ne faut plus survivre en jouant très tight, mais monter beaucoup de jetons
On n’essaie plus de jouer son tournoi sur les coin flips de milieu/fin de tournoi mais de s’assurer un tapis suffisamment confortable pour ne pas être en danger sur chaque coin flip (ou risque de badbeat en all-in préflop)
Ici il y a plusieurs approches :
le jeu LAG smallball : le joueur LAG smallball cherche à entrer dans un maximum de petits pots préflop, et, grâce à une bonne lecture du jeu, à la fois rentabiliser ses mains et récupérer bcp de petits pots en vol, il évite au maximum de faire grossir la taille du pot et cherche à prendre beaucoup de petits pots
s’il joue un gros pot il a généralement les nuts
on y joue à peu près comme en cash game, en respectant la règle de 5 et 10 et de 3 et 6 pour les mains à potentiel, auxquelles on ajoute bien évidemment les monstres (qu’on va jouer exactement pareil), et quelques bluffs pour les + agressifs (VPIP de 30 pour les + sages jusqu’à 70 pour les pros style Negreanu), tout en conservant la maxime du potcontrol : "pas de gros pot sans une grosse main"
avantages :
. permet au joueur skillé de monter des jetons régulièrement, sans se mettre jamais en danger
. donner une image de maniaque
. permet de déstacker des AA ou des KK sur (ou sous-) joués
inconvénients
. demande une très bonne lecture du jeu, surtout postflop
. peut se faire contrecarrer par des relances à tapis
. nécessite obligatoirement une configuration deepstack
Exemples chez les grands champions : Negreanu est le plus flagrant, Eric Lindgren
le jeu TAG : l’autre option, lorsqu’on n’est pas super skillé pour jouer postflop avec beaucoup de mains marginales, est de jouer très serré pour se forger une image extrêmement solide
mais une fois cette image envoyée aux autres joueurs, elle permet d’avoir un énorme crédit dans les bluffs, en tout cas dans un premier temps
le coup utilisé pour monter beaucoup de jetons est souvent un gros bluff exploitant à fond cette image de serrure
avantages :
. plus facile à jouer
. plus adapté aux tournois ne commençant pas avec un énorme M
. ne se met pas non plus trop en danger (mais un peu + quand même, il va en fait se mettre en danger dans les coups qu’il joue, mais comme il joue rarement, il se met rarement en danger)
inconvénients :
. ne profite pas de toutes les occasions pour gagner des jetons avec des mains marginales
. beaucoup de patience est nécessaire
. trop proche du style old-school qui se fait exploiter par les LAG d’aujourd’hui
Exemples chez les grands champions : Allen Cunningham, Dan Harrington
le jeu LAG longball (ou hyper-LAG) : c’est le jeu qui combine les coups du smallball avec les gros bluffs en long shot du TAG, et ce, dans encore plus de mains. C’est le plus efficace mais aussi le plus risqué des styles de jeu.
L’arme pour bluffer efficacement n’est pas l’image mais la peur. Un joueur de cette trempe peut menacer tout votre tapis à chaque instant. S’il sent que son adversaire ne payera pas un tapis il est capable de le bluffer à n’importe quel moment. Il sait aussi parfaitement engager une partie suffisante de son stack pour faire croire que le pot risque de se jouer pour tous les jetons, sans non plus engager tous les siens.
Il va jouer la plupart du temps comme un joueur smallball, mais là où le smallball fera des petits value bets, des petits stabs, et potcontrolera avec quelques coups passifs comme des checks ou des calls, l’hyper-LAG, lui, n’hésitera pas à faire all-in régulièrement, avec les nuts ou avec air.
Ca n’est pas non plus totalement kamikaze, car avec une excellente lecture du jeu ce style n’est pas si risqué que ça, mais il suffit d’une erreur et on saute, il faut donc être extrêmement skillé.
avantages :
. le style le + efficace, le + agressif, le + impressionnant
. combine tous les moves possibles et inimaginables, du smallball float aux re-squeezes les + fous
inconvénients :
. demande un skill extraordinaire
. il faut avoir des cojones
. aucune erreur de timing n’est permise
. c’est le style le + dangereux
. impossible à jouer contre des fishs calling stations
Exemples chez les grands champions : Gus Hansen, Patrik Antonius (ainsi que 90% des jeunes scandinaves), Phil Ivey
D’autres joueurs comme Phil Hellmuth ont un style assez atypiques, jouant à la fois TAG mais avec qq mains marginales dans le tas, plus axé sur le slowplay, les traps, etc…
Il utilise son excellente lecture pour trapper plutôt que pour voler des pots, fait tilter ses adversaires par son attitude pour qu’ils essaient de le bluffer, et va chercher des tirages très spéculatifs tout en faisant croire que c’est une serrure qui ne joue que des grosses cartes
Les vrais pros sauront aussi changer de style, certains se donnent une image très tight et au bout d’un ou 2 niveaux de blinds, jouent LAG smallball pour voler des petits pots, puis repassent tight quand leur image s’est dégradée
D’autres joueront hyper-LAG pour donner une image de malade mental, puis repasseront tight le temps de chopper une main
etc…
Il faut savoir alterner entre les styles (changing gears comme dit Doyle Brunson), c’est très important
A vous de voir quel est votre style naturel, quel style vous voulez travailler, faites des tests, adaptez-vous aux adversaires (mieux vaut éviter de faire le fou s’il y a encore + fou à la table, mieux vaut exploiter des nits qui attendent les grosses mains en leur volant tous les pots dont ils ne veulent pas)
2/ Le milieu de tournoi :
Généralement je resserre le jeu un peu avant la bulle, pour redorer une image trop dégradée par les styles LAGs, et si je joue tight je peux faire un ou deux gros moves pour revenir à un bon tapis si je suis trop short, mais généralement je continuerais sur ma lancée
Le but est d’arriver à la bulle à peu près au niveau du tapis moyen
Il faut quand même voler les blinds de temps en temps mais ne pas trop s’impliquer dans des tirages lointains, la cote implicite s’amenuise à mesure que le rapport tapis/blinds se réduit
3/ La bulle :
Beaucoup de joueurs ont une vision old-school, à savoir survivre pour au moins locker un gain en étant ITM
D’autres jouent underollés ou se sont qualifiés grâce à un ticket et l’ITM représentent pour eux une performance inestimable
D’autres ont peur de la bulle, tout simplement car ils ne savent pas gérer cette situation
D’autres ont peur de paraitre con à sortir juste avant les places payées
Comment exploiter tous ces joueurs ?
Là pour moi c’est le moment où je me met en mode "show time"
Je relance toutes les mains toutes les positions si je suis le premier à ouvrir le pot
Je 3-bet les joueurs timides
Je call puis check-raise si qqun attaque ma blind
Si je grille un voleur de blinds je le surrelance très fortement
Je demande régulièrement le tapis des stacks moyens qui ont tout à perdre
Agression agression agression…
Quand y’en a qui sont prêts à jeter AA pour se glisser dans l’argent, imaginez toute la fold equity qui s’offre à vous !
Vous allez me dire que je suis fou, que je risque de me faire sortir à la bulle alors que j’aurais pu fougériser et atteindre l’ITM
Que beaucoup de fois je vais repartir avec 0 alors que j’aurais pu avoir un gain
Oui mais mon but à la bulle n’est pas l’ITM
Mon but est de devenir chipleader, quitte à sortir
Je veux atteindre la table finale avec un gros tas de jetons, pour viser la 1ère place, et non arriver à l’ITM en tant que shortstack et de me contenter du gain des dernières places ou d’être obligé de chatter grave pour être en TF
Oui c’est très risqué, oui ça peut me faire sortir de temps en temps à la bulle, mais au final, c’est largement + rentable de se monter un énorme tapis
Je préfère, sur 10 tournois abordés à la bulle, sortir 8 fois sans rien et être 2 fois chipleader, que d’être 10 fois payé
Les seules fois où je vais jouer juste pour l’ITM (à part les supersatellites) sont si je suis très shortstack (si je suis si short que je pense ne pas pouvoir aller plus loin que les moins bonnes places payées même si je vole des blinds) mais qu’il y a d’autres shorts qui risquent de sauter avant moi, ou s’il y a des gros tapis qui se clashent entre eux
4/ La fin de tournoi :
Post-ITM je resserre
c’est le moment où les gens qui ont attendu l’ITM sont contents d’avoir gagné qqch et gamblent pour espérer sortir du stade de shortack
Je passe donc en mode TAG, même si je n’hésite pas à tenter des vols de blinds (faut éviter les plus shorts), et je n’hésite pas à tenter d’éliminer un joueur quand j’ai une bonne cote de pot pour le suivre
Ensuite je continue mon agression mais en étant plus prudent
Généralement je relance 2,5 la blind quand je suis premier à ouvrir le pot, je CB au flop si je suis payé, et ensuite j’abandonne généralement le coup si ça n’a pas marché
Il y a des fois plusieurs bulles dans les fins de MTT
Par exemple si 40 personnes sont payées, il peut y avoir un gap dans les gains pour les 20 premiers, donc une mini-bulle à l’approche des 20 joueurs restants
Il y a aussi (et surtout) une mini-bulle pour la TF
Ces mini-bulles peuvent être l’occasion de bourrinner la table comme on l’a fait pour la vraie bulle
5/ La TF :
Je continue à être très agressif, même si je joue + comme un SNG
Au début de la TF, généralement je vais jouer tight, en attendant que les plus shorts sortent pour se retrouver shorthanded
Plus la table va se réduire, plus je vais repasser en mode très agro
Plus j’ai de jetons plus je vais les utiliser pour agresser
Avec un tapis + moyen je chercherais plutôt le spot pour doubler en jouant serré, mais si j’ai un gros tapis, j’asphyxie la table !
Voilà, ça n’est pas très détaillé
Pour + de précisions, lire les 3 Harrington de tournoi et surtout Kill Everyone (qui va bientôt sortir en français) qui explique tout ça bien en détail !
Je vais vous livrer ma vision des choses pour les MTT :
1/ Le début de tournoi
Vision old-school : Avant le tournoi était vu comme un jeu de survie
Tom McEvoy qui a écrit une référence du poker de tournoi préconisait un jeu extrêmement solide, et la vision est de survivre assez longtemps entre 2 monstres et espérer les rentabiliser
Même pas de concept de M, à l’époque on pouvait mourir sous les blinds en attendant un KK ou un AA (et oui, AK et QQ c’était des mains très marginales à l’époque)
Puis Harrington est arrivé avec son M qu’il a récupéré de Magriel
Et montré qu’il faut voler les blinds quand le tapis devient moins profond, et préconise un jeu + agressif
Cependant ça reste assez conservateur
Nouvelle vision : Maintenant au début d’un tournoi il ne faut plus survivre en jouant très tight, mais monter beaucoup de jetons
On n’essaie plus de jouer son tournoi sur les coin flips de milieu/fin de tournoi mais de s’assurer un tapis suffisamment confortable pour ne pas être en danger sur chaque coin flip (ou risque de badbeat en all-in préflop)
Ici il y a plusieurs approches :
le jeu LAG smallball : le joueur LAG smallball cherche à entrer dans un maximum de petits pots préflop, et, grâce à une bonne lecture du jeu, à la fois rentabiliser ses mains et récupérer bcp de petits pots en vol, il évite au maximum de faire grossir la taille du pot et cherche à prendre beaucoup de petits pots
s’il joue un gros pot il a généralement les nuts
on y joue à peu près comme en cash game, en respectant la règle de 5 et 10 et de 3 et 6 pour les mains à potentiel, auxquelles on ajoute bien évidemment les monstres (qu’on va jouer exactement pareil), et quelques bluffs pour les + agressifs (VPIP de 30 pour les + sages jusqu’à 70 pour les pros style Negreanu), tout en conservant la maxime du potcontrol : "pas de gros pot sans une grosse main"
avantages :
. permet au joueur skillé de monter des jetons régulièrement, sans se mettre jamais en danger
. donner une image de maniaque
. permet de déstacker des AA ou des KK sur (ou sous-) joués
inconvénients
. demande une très bonne lecture du jeu, surtout postflop
. peut se faire contrecarrer par des relances à tapis
. nécessite obligatoirement une configuration deepstack
Exemples chez les grands champions : Negreanu est le plus flagrant, Eric Lindgren
le jeu TAG : l’autre option, lorsqu’on n’est pas super skillé pour jouer postflop avec beaucoup de mains marginales, est de jouer très serré pour se forger une image extrêmement solide
mais une fois cette image envoyée aux autres joueurs, elle permet d’avoir un énorme crédit dans les bluffs, en tout cas dans un premier temps
le coup utilisé pour monter beaucoup de jetons est souvent un gros bluff exploitant à fond cette image de serrure
avantages :
. plus facile à jouer
. plus adapté aux tournois ne commençant pas avec un énorme M
. ne se met pas non plus trop en danger (mais un peu + quand même, il va en fait se mettre en danger dans les coups qu’il joue, mais comme il joue rarement, il se met rarement en danger)
inconvénients :
. ne profite pas de toutes les occasions pour gagner des jetons avec des mains marginales
. beaucoup de patience est nécessaire
. trop proche du style old-school qui se fait exploiter par les LAG d’aujourd’hui
Exemples chez les grands champions : Allen Cunningham, Dan Harrington
le jeu LAG longball (ou hyper-LAG) : c’est le jeu qui combine les coups du smallball avec les gros bluffs en long shot du TAG, et ce, dans encore plus de mains. C’est le plus efficace mais aussi le plus risqué des styles de jeu.
L’arme pour bluffer efficacement n’est pas l’image mais la peur. Un joueur de cette trempe peut menacer tout votre tapis à chaque instant. S’il sent que son adversaire ne payera pas un tapis il est capable de le bluffer à n’importe quel moment. Il sait aussi parfaitement engager une partie suffisante de son stack pour faire croire que le pot risque de se jouer pour tous les jetons, sans non plus engager tous les siens.
Il va jouer la plupart du temps comme un joueur smallball, mais là où le smallball fera des petits value bets, des petits stabs, et potcontrolera avec quelques coups passifs comme des checks ou des calls, l’hyper-LAG, lui, n’hésitera pas à faire all-in régulièrement, avec les nuts ou avec air.
Ca n’est pas non plus totalement kamikaze, car avec une excellente lecture du jeu ce style n’est pas si risqué que ça, mais il suffit d’une erreur et on saute, il faut donc être extrêmement skillé.
avantages :
. le style le + efficace, le + agressif, le + impressionnant
. combine tous les moves possibles et inimaginables, du smallball float aux re-squeezes les + fous
inconvénients :
. demande un skill extraordinaire
. il faut avoir des cojones
. aucune erreur de timing n’est permise
. c’est le style le + dangereux
. impossible à jouer contre des fishs calling stations
Exemples chez les grands champions : Gus Hansen, Patrik Antonius (ainsi que 90% des jeunes scandinaves), Phil Ivey
D’autres joueurs comme Phil Hellmuth ont un style assez atypiques, jouant à la fois TAG mais avec qq mains marginales dans le tas, plus axé sur le slowplay, les traps, etc…
Il utilise son excellente lecture pour trapper plutôt que pour voler des pots, fait tilter ses adversaires par son attitude pour qu’ils essaient de le bluffer, et va chercher des tirages très spéculatifs tout en faisant croire que c’est une serrure qui ne joue que des grosses cartes
Les vrais pros sauront aussi changer de style, certains se donnent une image très tight et au bout d’un ou 2 niveaux de blinds, jouent LAG smallball pour voler des petits pots, puis repassent tight quand leur image s’est dégradée
D’autres joueront hyper-LAG pour donner une image de malade mental, puis repasseront tight le temps de chopper une main
etc…
Il faut savoir alterner entre les styles (changing gears comme dit Doyle Brunson), c’est très important
A vous de voir quel est votre style naturel, quel style vous voulez travailler, faites des tests, adaptez-vous aux adversaires (mieux vaut éviter de faire le fou s’il y a encore + fou à la table, mieux vaut exploiter des nits qui attendent les grosses mains en leur volant tous les pots dont ils ne veulent pas)
2/ Le milieu de tournoi :
Généralement je resserre le jeu un peu avant la bulle, pour redorer une image trop dégradée par les styles LAGs, et si je joue tight je peux faire un ou deux gros moves pour revenir à un bon tapis si je suis trop short, mais généralement je continuerais sur ma lancée
Le but est d’arriver à la bulle à peu près au niveau du tapis moyen
Il faut quand même voler les blinds de temps en temps mais ne pas trop s’impliquer dans des tirages lointains, la cote implicite s’amenuise à mesure que le rapport tapis/blinds se réduit
3/ La bulle :
Beaucoup de joueurs ont une vision old-school, à savoir survivre pour au moins locker un gain en étant ITM
D’autres jouent underollés ou se sont qualifiés grâce à un ticket et l’ITM représentent pour eux une performance inestimable
D’autres ont peur de la bulle, tout simplement car ils ne savent pas gérer cette situation
D’autres ont peur de paraitre con à sortir juste avant les places payées
Comment exploiter tous ces joueurs ?
Là pour moi c’est le moment où je me met en mode "show time"
Je relance toutes les mains toutes les positions si je suis le premier à ouvrir le pot
Je 3-bet les joueurs timides
Je call puis check-raise si qqun attaque ma blind
Si je grille un voleur de blinds je le surrelance très fortement
Je demande régulièrement le tapis des stacks moyens qui ont tout à perdre
Agression agression agression…
Quand y’en a qui sont prêts à jeter AA pour se glisser dans l’argent, imaginez toute la fold equity qui s’offre à vous !
Vous allez me dire que je suis fou, que je risque de me faire sortir à la bulle alors que j’aurais pu fougériser et atteindre l’ITM
Que beaucoup de fois je vais repartir avec 0 alors que j’aurais pu avoir un gain
Oui mais mon but à la bulle n’est pas l’ITM
Mon but est de devenir chipleader, quitte à sortir
Je veux atteindre la table finale avec un gros tas de jetons, pour viser la 1ère place, et non arriver à l’ITM en tant que shortstack et de me contenter du gain des dernières places ou d’être obligé de chatter grave pour être en TF
Oui c’est très risqué, oui ça peut me faire sortir de temps en temps à la bulle, mais au final, c’est largement + rentable de se monter un énorme tapis
Je préfère, sur 10 tournois abordés à la bulle, sortir 8 fois sans rien et être 2 fois chipleader, que d’être 10 fois payé
Les seules fois où je vais jouer juste pour l’ITM (à part les supersatellites) sont si je suis très shortstack (si je suis si short que je pense ne pas pouvoir aller plus loin que les moins bonnes places payées même si je vole des blinds) mais qu’il y a d’autres shorts qui risquent de sauter avant moi, ou s’il y a des gros tapis qui se clashent entre eux
4/ La fin de tournoi :
Post-ITM je resserre
c’est le moment où les gens qui ont attendu l’ITM sont contents d’avoir gagné qqch et gamblent pour espérer sortir du stade de shortack
Je passe donc en mode TAG, même si je n’hésite pas à tenter des vols de blinds (faut éviter les plus shorts), et je n’hésite pas à tenter d’éliminer un joueur quand j’ai une bonne cote de pot pour le suivre
Ensuite je continue mon agression mais en étant plus prudent
Généralement je relance 2,5 la blind quand je suis premier à ouvrir le pot, je CB au flop si je suis payé, et ensuite j’abandonne généralement le coup si ça n’a pas marché
Il y a des fois plusieurs bulles dans les fins de MTT
Par exemple si 40 personnes sont payées, il peut y avoir un gap dans les gains pour les 20 premiers, donc une mini-bulle à l’approche des 20 joueurs restants
Il y a aussi (et surtout) une mini-bulle pour la TF
Ces mini-bulles peuvent être l’occasion de bourrinner la table comme on l’a fait pour la vraie bulle
5/ La TF :
Je continue à être très agressif, même si je joue + comme un SNG
Au début de la TF, généralement je vais jouer tight, en attendant que les plus shorts sortent pour se retrouver shorthanded
Plus la table va se réduire, plus je vais repasser en mode très agro
Plus j’ai de jetons plus je vais les utiliser pour agresser
Avec un tapis + moyen je chercherais plutôt le spot pour doubler en jouant serré, mais si j’ai un gros tapis, j’asphyxie la table !
Voilà, ça n’est pas très détaillé
Pour + de précisions, lire les 3 Harrington de tournoi et surtout Kill Everyone (qui va bientôt sortir en français) qui explique tout ça bien en détail !
Je vais vous livrer ma vision des choses pour les MTT :
1/ Le début de tournoi
Vision old-school : Avant le tournoi était vu comme un jeu de survie
Tom McEvoy qui a écrit une référence du poker de tournoi préconisait un jeu extrêmement solide, et la vision est de survivre assez longtemps entre 2 monstres et espérer les rentabiliser
Même pas de concept de M, à l’époque on pouvait mourir sous les blinds en attendant un KK ou un AA (et oui, AK et QQ c’était des mains très marginales à l’époque)
Puis Harrington est arrivé avec son M qu’il a récupéré de Magriel
Et montré qu’il faut voler les blinds quand le tapis devient moins profond, et préconise un jeu + agressif
Cependant ça reste assez conservateur
Nouvelle vision : Maintenant au début d’un tournoi il ne faut plus survivre en jouant très tight, mais monter beaucoup de jetons
On n’essaie plus de jouer son tournoi sur les coin flips de milieu/fin de tournoi mais de s’assurer un tapis suffisamment confortable pour ne pas être en danger sur chaque coin flip (ou risque de badbeat en all-in préflop)
Ici il y a plusieurs approches :
le jeu LAG smallball : le joueur LAG smallball cherche à entrer dans un maximum de petits pots préflop, et, grâce à une bonne lecture du jeu, à la fois rentabiliser ses mains et récupérer bcp de petits pots en vol, il évite au maximum de faire grossir la taille du pot et cherche à prendre beaucoup de petits pots
s’il joue un gros pot il a généralement les nuts
on y joue à peu près comme en cash game, en respectant la règle de 5 et 10 et de 3 et 6 pour les mains à potentiel, auxquelles on ajoute bien évidemment les monstres (qu’on va jouer exactement pareil), et quelques bluffs pour les + agressifs (VPIP de 30 pour les + sages jusqu’à 70 pour les pros style Negreanu), tout en conservant la maxime du potcontrol : "pas de gros pot sans une grosse main"
avantages :
. permet au joueur skillé de monter des jetons régulièrement, sans se mettre jamais en danger
. donner une image de maniaque
. permet de déstacker des AA ou des KK sur (ou sous-) joués
inconvénients
. demande une très bonne lecture du jeu, surtout postflop
. peut se faire contrecarrer par des relances à tapis
. nécessite obligatoirement une configuration deepstack
Exemples chez les grands champions : Negreanu est le plus flagrant, Eric Lindgren
le jeu TAG : l’autre option, lorsqu’on n’est pas super skillé pour jouer postflop avec beaucoup de mains marginales, est de jouer très serré pour se forger une image extrêmement solide
mais une fois cette image envoyée aux autres joueurs, elle permet d’avoir un énorme crédit dans les bluffs, en tout cas dans un premier temps
le coup utilisé pour monter beaucoup de jetons est souvent un gros bluff exploitant à fond cette image de serrure
avantages :
. plus facile à jouer
. plus adapté aux tournois ne commençant pas avec un énorme M
. ne se met pas non plus trop en danger (mais un peu + quand même, il va en fait se mettre en danger dans les coups qu’il joue, mais comme il joue rarement, il se met rarement en danger)
inconvénients :
. ne profite pas de toutes les occasions pour gagner des jetons avec des mains marginales
. beaucoup de patience est nécessaire
. trop proche du style old-school qui se fait exploiter par les LAG d’aujourd’hui
Exemples chez les grands champions : Allen Cunningham, Dan Harrington
le jeu LAG longball (ou hyper-LAG) : c’est le jeu qui combine les coups du smallball avec les gros bluffs en long shot du TAG, et ce, dans encore plus de mains. C’est le plus efficace mais aussi le plus risqué des styles de jeu.
L’arme pour bluffer efficacement n’est pas l’image mais la peur. Un joueur de cette trempe peut menacer tout votre tapis à chaque instant. S’il sent que son adversaire ne payera pas un tapis il est capable de le bluffer à n’importe quel moment. Il sait aussi parfaitement engager une partie suffisante de son stack pour faire croire que le pot risque de se jouer pour tous les jetons, sans non plus engager tous les siens.
Il va jouer la plupart du temps comme un joueur smallball, mais là où le smallball fera des petits value bets, des petits stabs, et potcontrolera avec quelques coups passifs comme des checks ou des calls, l’hyper-LAG, lui, n’hésitera pas à faire all-in régulièrement, avec les nuts ou avec air.
Ca n’est pas non plus totalement kamikaze, car avec une excellente lecture du jeu ce style n’est pas si risqué que ça, mais il suffit d’une erreur et on saute, il faut donc être extrêmement skillé.
avantages :
. le style le + efficace, le + agressif, le + impressionnant
. combine tous les moves possibles et inimaginables, du smallball float aux re-squeezes les + fous
inconvénients :
. demande un skill extraordinaire
. il faut avoir des cojones
. aucune erreur de timing n’est permise
. c’est le style le + dangereux
. impossible à jouer contre des fishs calling stations
Exemples chez les grands champions : Gus Hansen, Patrik Antonius (ainsi que 90% des jeunes scandinaves), Phil Ivey
D’autres joueurs comme Phil Hellmuth ont un style assez atypiques, jouant à la fois TAG mais avec qq mains marginales dans le tas, plus axé sur le slowplay, les traps, etc…
Il utilise son excellente lecture pour trapper plutôt que pour voler des pots, fait tilter ses adversaires par son attitude pour qu’ils essaient de le bluffer, et va chercher des tirages très spéculatifs tout en faisant croire que c’est une serrure qui ne joue que des grosses cartes
Les vrais pros sauront aussi changer de style, certains se donnent une image très tight et au bout d’un ou 2 niveaux de blinds, jouent LAG smallball pour voler des petits pots, puis repassent tight quand leur image s’est dégradée
D’autres joueront hyper-LAG pour donner une image de malade mental, puis repasseront tight le temps de chopper une main
etc…
Il faut savoir alterner entre les styles (changing gears comme dit Doyle Brunson), c’est très important
A vous de voir quel est votre style naturel, quel style vous voulez travailler, faites des tests, adaptez-vous aux adversaires (mieux vaut éviter de faire le fou s’il y a encore + fou à la table, mieux vaut exploiter des nits qui attendent les grosses mains en leur volant tous les pots dont ils ne veulent pas)
2/ Le milieu de tournoi :
Généralement je resserre le jeu un peu avant la bulle, pour redorer une image trop dégradée par les styles LAGs, et si je joue tight je peux faire un ou deux gros moves pour revenir à un bon tapis si je suis trop short, mais généralement je continuerais sur ma lancée
Le but est d’arriver à la bulle à peu près au niveau du tapis moyen
Il faut quand même voler les blinds de temps en temps mais ne pas trop s’impliquer dans des tirages lointains, la cote implicite s’amenuise à mesure que le rapport tapis/blinds se réduit
3/ La bulle :
Beaucoup de joueurs ont une vision old-school, à savoir survivre pour au moins locker un gain en étant ITM
D’autres jouent underollés ou se sont qualifiés grâce à un ticket et l’ITM représentent pour eux une performance inestimable
D’autres ont peur de la bulle, tout simplement car ils ne savent pas gérer cette situation
D’autres ont peur de paraitre con à sortir juste avant les places payées
Comment exploiter tous ces joueurs ?
Là pour moi c’est le moment où je me met en mode "show time"
Je relance toutes les mains toutes les positions si je suis le premier à ouvrir le pot
Je 3-bet les joueurs timides
Je call puis check-raise si qqun attaque ma blind
Si je grille un voleur de blinds je le surrelance très fortement
Je demande régulièrement le tapis des stacks moyens qui ont tout à perdre
Agression agression agression…
Quand y’en a qui sont prêts à jeter AA pour se glisser dans l’argent, imaginez toute la fold equity qui s’offre à vous !
Vous allez me dire que je suis fou, que je risque de me faire sortir à la bulle alors que j’aurais pu fougériser et atteindre l’ITM
Que beaucoup de fois je vais repartir avec 0 alors que j’aurais pu avoir un gain
Oui mais mon but à la bulle n’est pas l’ITM
Mon but est de devenir chipleader, quitte à sortir
Je veux atteindre la table finale avec un gros tas de jetons, pour viser la 1ère place, et non arriver à l’ITM en tant que shortstack et de me contenter du gain des dernières places ou d’être obligé de chatter grave pour être en TF
Oui c’est très risqué, oui ça peut me faire sortir de temps en temps à la bulle, mais au final, c’est largement + rentable de se monter un énorme tapis
Je préfère, sur 10 tournois abordés à la bulle, sortir 8 fois sans rien et être 2 fois chipleader, que d’être 10 fois payé
Les seules fois où je vais jouer juste pour l’ITM (à part les supersatellites) sont si je suis très shortstack (si je suis si short que je pense ne pas pouvoir aller plus loin que les moins bonnes places payées même si je vole des blinds) mais qu’il y a d’autres shorts qui risquent de sauter avant moi, ou s’il y a des gros tapis qui se clashent entre eux
4/ La fin de tournoi :
Post-ITM je resserre
c’est le moment où les gens qui ont attendu l’ITM sont contents d’avoir gagné qqch et gamblent pour espérer sortir du stade de shortack
Je passe donc en mode TAG, même si je n’hésite pas à tenter des vols de blinds (faut éviter les plus shorts), et je n’hésite pas à tenter d’éliminer un joueur quand j’ai une bonne cote de pot pour le suivre
Ensuite je continue mon agression mais en étant plus prudent
Généralement je relance 2,5 la blind quand je suis premier à ouvrir le pot, je CB au flop si je suis payé, et ensuite j’abandonne généralement le coup si ça n’a pas marché
Il y a des fois plusieurs bulles dans les fins de MTT
Par exemple si 40 personnes sont payées, il peut y avoir un gap dans les gains pour les 20 premiers, donc une mini-bulle à l’approche des 20 joueurs restants
Il y a aussi (et surtout) une mini-bulle pour la TF
Ces mini-bulles peuvent être l’occasion de bourrinner la table comme on l’a fait pour la vraie bulle
5/ La TF :
Je continue à être très agressif, même si je joue + comme un SNG
Au début de la TF, généralement je vais jouer tight, en attendant que les plus shorts sortent pour se retrouver shorthanded
Plus la table va se réduire, plus je vais repasser en mode très agro
Plus j’ai de jetons plus je vais les utiliser pour agresser
Avec un tapis + moyen je chercherais plutôt le spot pour doubler en jouant serré, mais si j’ai un gros tapis, j’asphyxie la table !
Voilà, ça n’est pas très détaillé
Pour + de précisions, lire les 3 Harrington de tournoi et surtout Kill Everyone (qui va bientôt sortir en français) qui explique tout ça bien en détail !
C’est ptetre pas plus clair mais c’est + correct en tout cas
Sinon +1 avec Forrest Gun, c’est ça que je voulais dire
Il y a ptetre juste une définition du mot « optimal », mais pour moi c’est exactement pareil
Sinon x nico14, être chipleader à la fin de la première heure n’assure pas la TF, mais l’être à la bulle l’est quasiment (en tout cas 8 fois sur 10 où j’ai été CL à la bulle (bulle de 40 personnes environ) j’ai été en TF, 2 fois jme suis planté sur un badbeat entre 10 et 15ème)
Mais bon être chipleader permet de ne pas se faire éliminer même en cas de badbeat, permet de mettre la pression sur les autres avec les jetons et donc potentiellement accumuler + de jetons
Bien sûr, on n’est jamais à l’abri d’un coup dur, et on voit bcp de chipleaders qui s’effondrent, mais ça apporte un confort indéniable, après faut pas faire d’erreurs et faut plutôt cibler les short stacks et SURTOUT les tapis moyens, et essayer d’éviter ceux qui ont un tapis légèrement inférieur au notre
Mais bon, tant qu’on est au-dessus ou au niveau du tapis moyen jusqu’à la bulle, on peut généralement se dire que tout se passe bien, et ensuite faut arriver à exploiter la bulle pour tenter de devenir CL
bigbenjoke :
si tu perds la moitié de ton stack lors d’un des 2 premiers niveaux de blinds, ce qui peut arriver, pas de panique
certes, t’es moins bien parti que si t’avais double-up ou augmenté ton stack de 50% (ou même resté au même niveau) mais il te reste suffisamment de profondeur par rapport aux blinds pour jouer et espérer revenir dans la course
et si t’as rien tu te rapprocheras + rapidement des zones de resteal-or-fold ou de push-or-fold mais tout ce que tu peux faire de mieux c’est jouer du mieux que tu peux en t’adaptant aux circonstances, et surtout ne pas perdre ton sang-froid (y’a pire comme situation, genre se retrouver à 1BB et demi + tard dans le tournoi, et il faut savoir que bcp de joueurs sont arrivés à remonter et remporter le tournoi au final dans des situations similaires !)
si tu as lu le livre de Gus Hansen tu vois qu’il commence son tournoi en perdant une très grosse partie de son stack de départ, mais il est arrivé à remonter la pente et par gagner ce Aussie Millions
Je vais vous livrer ma vision des choses pour les MTT :
1/ Le début de tournoi
Vision old-school : Avant le tournoi était vu comme un jeu de survie
Tom McEvoy qui a écrit une référence du poker de tournoi préconisait un jeu extrêmement solide, et la vision est de survivre assez longtemps entre 2 monstres et espérer les rentabiliser
Même pas de concept de M, à l’époque on pouvait mourir sous les blinds en attendant un KK ou un AA (et oui, AK et QQ c’était des mains très marginales à l’époque)
Puis Harrington est arrivé avec son M qu’il a récupéré de Magriel
Et montré qu’il faut voler les blinds quand le tapis devient moins profond, et préconise un jeu + agressif
Cependant ça reste assez conservateur
Nouvelle vision : Maintenant au début d’un tournoi il ne faut plus survivre en jouant très tight, mais monter beaucoup de jetons
On n’essaie plus de jouer son tournoi sur les coin flips de milieu/fin de tournoi mais de s’assurer un tapis suffisamment confortable pour ne pas être en danger sur chaque coin flip (ou risque de badbeat en all-in préflop)
Ici il y a plusieurs approches :
le jeu LAG smallball : le joueur LAG smallball cherche à entrer dans un maximum de petits pots préflop, et, grâce à une bonne lecture du jeu, à la fois rentabiliser ses mains et récupérer bcp de petits pots en vol, il évite au maximum de faire grossir la taille du pot et cherche à prendre beaucoup de petits pots
s’il joue un gros pot il a généralement les nuts
on y joue à peu près comme en cash game, en respectant la règle de 5 et 10 et de 3 et 6 pour les mains à potentiel, auxquelles on ajoute bien évidemment les monstres (qu’on va jouer exactement pareil), et quelques bluffs pour les + agressifs (VPIP de 30 pour les + sages jusqu’à 70 pour les pros style Negreanu), tout en conservant la maxime du potcontrol : "pas de gros pot sans une grosse main"
avantages :
. permet au joueur skillé de monter des jetons régulièrement, sans se mettre jamais en danger
. donner une image de maniaque
. permet de déstacker des AA ou des KK sur (ou sous-) joués
inconvénients
. demande une très bonne lecture du jeu, surtout postflop
. peut se faire contrecarrer par des relances à tapis
. nécessite obligatoirement une configuration deepstack
Exemples chez les grands champions : Negreanu est le plus flagrant, Eric Lindgren
le jeu TAG : l’autre option, lorsqu’on n’est pas super skillé pour jouer postflop avec beaucoup de mains marginales, est de jouer très serré pour se forger une image extrêmement solide
mais une fois cette image envoyée aux autres joueurs, elle permet d’avoir un énorme crédit dans les bluffs, en tout cas dans un premier temps
le coup utilisé pour monter beaucoup de jetons est souvent un gros bluff exploitant à fond cette image de serrure
avantages :
. plus facile à jouer
. plus adapté aux tournois ne commençant pas avec un énorme M
. ne se met pas non plus trop en danger (mais un peu + quand même, il va en fait se mettre en danger dans les coups qu’il joue, mais comme il joue rarement, il se met rarement en danger)
inconvénients :
. ne profite pas de toutes les occasions pour gagner des jetons avec des mains marginales
. beaucoup de patience est nécessaire
. trop proche du style old-school qui se fait exploiter par les LAG d’aujourd’hui
Exemples chez les grands champions : Allen Cunningham, Dan Harrington
le jeu LAG longball (ou hyper-LAG) : c’est le jeu qui combine les coups du smallball avec les gros bluffs en long shot du TAG, et ce, dans encore plus de mains. C’est le plus efficace mais aussi le plus risqué des styles de jeu.
L’arme pour bluffer efficacement n’est pas l’image mais la peur. Un joueur de cette trempe peut menacer tout votre tapis à chaque instant. S’il sent que son adversaire ne payera pas un tapis il est capable de le bluffer à n’importe quel moment. Il sait aussi parfaitement engager une partie suffisante de son stack pour faire croire que le pot risque de se jouer pour tous les jetons, sans non plus engager tous les siens.
Il va jouer la plupart du temps comme un joueur smallball, mais là où le smallball fera des petits value bets, des petits stabs, et potcontrolera avec quelques coups passifs comme des checks ou des calls, l’hyper-LAG, lui, n’hésitera pas à faire all-in régulièrement, avec les nuts ou avec air.
Ca n’est pas non plus totalement kamikaze, car avec une excellente lecture du jeu ce style n’est pas si risqué que ça, mais il suffit d’une erreur et on saute, il faut donc être extrêmement skillé.
avantages :
. le style le + efficace, le + agressif, le + impressionnant
. combine tous les moves possibles et inimaginables, du smallball float aux re-squeezes les + fous
inconvénients :
. demande un skill extraordinaire
. il faut avoir des cojones
. aucune erreur de timing n’est permise
. c’est le style le + dangereux
. impossible à jouer contre des fishs calling stations
Exemples chez les grands champions : Gus Hansen, Patrik Antonius (ainsi que 90% des jeunes scandinaves), Phil Ivey
D’autres joueurs comme Phil Hellmuth ont un style assez atypiques, jouant à la fois TAG mais avec qq mains marginales dans le tas, plus axé sur le slowplay, les traps, etc…
Il utilise son excellente lecture pour trapper plutôt que pour voler des pots, fait tilter ses adversaires par son attitude pour qu’ils essaient de le bluffer, et va chercher des tirages très spéculatifs tout en faisant croire que c’est une serrure qui ne joue que des grosses cartes
Les vrais pros sauront aussi changer de style, certains se donnent une image très tight et au bout d’un ou 2 niveaux de blinds, jouent LAG smallball pour voler des petits pots, puis repassent tight quand leur image s’est dégradée
D’autres joueront hyper-LAG pour donner une image de malade mental, puis repasseront tight le temps de chopper une main
etc…
Il faut savoir alterner entre les styles (changing gears comme dit Doyle Brunson), c’est très important
A vous de voir quel est votre style naturel, quel style vous voulez travailler, faites des tests, adaptez-vous aux adversaires (mieux vaut éviter de faire le fou s’il y a encore + fou à la table, mieux vaut exploiter des nits qui attendent les grosses mains en leur volant tous les pots dont ils ne veulent pas)
2/ Le milieu de tournoi :
Généralement je resserre le jeu un peu avant la bulle, pour redorer une image trop dégradée par les styles LAGs, et si je joue tight je peux faire un ou deux gros moves pour revenir à un bon tapis si je suis trop short, mais généralement je continuerais sur ma lancée
Le but est d’arriver à la bulle à peu près au niveau du tapis moyen
Il faut quand même voler les blinds de temps en temps mais ne pas trop s’impliquer dans des tirages lointains, la cote implicite s’amenuise à mesure que le rapport tapis/blinds se réduit
3/ La bulle :
Beaucoup de joueurs ont une vision old-school, à savoir survivre pour au moins locker un gain en étant ITM
D’autres jouent underollés ou se sont qualifiés grâce à un ticket et l’ITM représentent pour eux une performance inestimable
D’autres ont peur de la bulle, tout simplement car ils ne savent pas gérer cette situation
D’autres ont peur de paraitre con à sortir juste avant les places payées
Comment exploiter tous ces joueurs ?
Là pour moi c’est le moment où je me met en mode "show time"
Je relance toutes les mains toutes les positions si je suis le premier à ouvrir le pot
Je 3-bet les joueurs timides
Je call puis check-raise si qqun attaque ma blind
Si je grille un voleur de blinds je le surrelance très fortement
Je demande régulièrement le tapis des stacks moyens qui ont tout à perdre
Agression agression agression…
Quand y’en a qui sont prêts à jeter AA pour se glisser dans l’argent, imaginez toute la fold equity qui s’offre à vous !
Vous allez me dire que je suis fou, que je risque de me faire sortir à la bulle alors que j’aurais pu fougériser et atteindre l’ITM
Que beaucoup de fois je vais repartir avec 0 alors que j’aurais pu avoir un gain
Oui mais mon but à la bulle n’est pas l’ITM
Mon but est de devenir chipleader, quitte à sortir
Je veux atteindre la table finale avec un gros tas de jetons, pour viser la 1ère place, et non arriver à l’ITM en tant que shortstack et de me contenter du gain des dernières places ou d’être obligé de chatter grave pour être en TF
Oui c’est très risqué, oui ça peut me faire sortir de temps en temps à la bulle, mais au final, c’est largement + rentable de se monter un énorme tapis
Je préfère, sur 10 tournois abordés à la bulle, sortir 8 fois sans rien et être 2 fois chipleader, que d’être 10 fois payé
Les seules fois où je vais jouer juste pour l’ITM (à part les supersatellites) sont si je suis très shortstack (si je suis si short que je pense ne pas pouvoir aller plus loin que les moins bonnes places payées même si je vole des blinds) mais qu’il y a d’autres shorts qui risquent de sauter avant moi, ou s’il y a des gros tapis qui se clashent entre eux
4/ La fin de tournoi :
Post-ITM je resserre
c’est le moment où les gens qui ont attendu l’ITM sont contents d’avoir gagné qqch et gamblent pour espérer sortir du stade de shortack
Je passe donc en mode TAG, même si je n’hésite pas à tenter des vols de blinds (faut éviter les plus shorts), et je n’hésite pas à tenter d’éliminer un joueur quand j’ai une bonne cote de pot pour le suivre
Ensuite je continue mon agression mais en étant plus prudent
Généralement je relance 2,5 la blind quand je suis premier à ouvrir le pot, je CB au flop si je suis payé, et ensuite j’abandonne généralement le coup si ça n’a pas marché
Il y a des fois plusieurs bulles dans les fins de MTT
Par exemple si 40 personnes sont payées, il peut y avoir un gap dans les gains pour les 20 premiers, donc une mini-bulle à l’approche des 20 joueurs restants
Il y a aussi (et surtout) une mini-bulle pour la TF
Ces mini-bulles peuvent être l’occasion de bourrinner la table comme on l’a fait pour la vraie bulle
5/ La TF :
Je continue à être très agressif, même si je joue + comme un SNG
Au début de la TF, généralement je vais jouer tight, en attendant que les plus shorts sortent pour se retrouver shorthanded
Plus la table va se réduire, plus je vais repasser en mode très agro
Plus j’ai de jetons plus je vais les utiliser pour agresser
Avec un tapis + moyen je chercherais plutôt le spot pour doubler en jouant serré, mais si j’ai un gros tapis, j’asphyxie la table !
Voilà, ça n’est pas très détaillé
Pour + de précisions, lire les 3 Harrington de tournoi et surtout Kill Everyone (qui va bientôt sortir en français) qui explique tout ça bien en détail !
J’ai mis beaucoup de temps avant de lire les forums, pensant que j’apprendrais plus tout seul …
Et là depuis une semaine, je me suis mis au mag de poker, qui sont ma foi, assez instructif !
Et surtout, je lis au fur et à mesure les techniques selon les tournois, les CG, … Et je dois dire que j’apprends beaucoup,et surtout, je constate que je progresse bien
Donc à travers ce post, je remercis tous les amateurs de poker qui aident les autres amateurs de poker, moins doués !!