Deux tapis, deux mesures
Pierre Calamusa et Romain Lewis ont connu des fortunes diverses, mais passent au Day 3
Clément Michaud est le nouveau chipleader d'un clan français encore très fourni
222 joueurs, assurés de 9 900 €, reviendront ce jeudi pour en découdre
Main Event 5 300 € (Fin du Day 2)
Deux, c'est un peu le chiffre symbolique de cette journée de Main Event. Déjà, on était au Day 2. Bon. Ensuite, il reste...
222 joueurs dans le tournoi. Deux, c'est aussi le nombre de Team Pros W qualifiés pour la suite de ce Main Event :
Romain Lewis et
Pierre Calamusa. Et pour terminer, c'est aussi le nombre de joueurs français dans le top 10 provisoire de l'épreuve. D'ailleurs, si on pouvait en avoir deux en finale dans quelques jours, on signerait tout de suite... Mais on en est encore loin, alors commençons par débriefer cette première journée jouée avec un field réunifié.
Un Day 2, donc, qui s'est étalé un peu plus tard que prévu, se terminant sous les coups de 22h45 après un coup d'envoi à midi ce mercredi. La faute à
une bulle à rallonge, et à 30 minutes de jeu supplémentaires ajoutées par l'organisation (tout ça pour faire travailler les équipes techniques de la TV, qui n'avaient pas leur quota d'heures,
true story). Une journée qui s'achève, vous le savez maintenant, avec 222 joueurs au compteur sur les 638 comptabilisés au départ de la journée : on a perdu près d'un tiers du field. Plutôt standard.
Ce casting, il comporte encore deux pros Winamax, sur les six engagés au départ :
Romain Lewis et
Pierre Calamusa aborderont fièrement le logo W pour le Day 3. Le Bordelais sera le mieux loti, avec un tapis de 310 000 jetons, qui le place bien au dessus de la moyenne (236 081 jetons). Une journée durant laquelle rLewis, seul rescapé W issu du Day 1B avec 59 000 jetons, a su faire grimper son tapis avec régularité, avant de terminer sur une phase ascendante en table télévisée :
"Je suis arrivé avec 250 000, je suis monté à 340 000. J'ai gagné des coups majoritairement en bluff." Un grind efficace, qui, on l'espère, le mènera loin.
Concernant
Pierre Calamusa, la partie a été un peu plus compliquée, puisqu'il termine avec 113 000 jetons. Pierre a été solide, ne parvenant jamais à monter une tonne, comme on dit, mais n'hésitant pas à faire tapis après la bulle dans l'espoir de revenir dans la moyenne. On espère que LeVietF0u ne s'est pas trop embêté durant la journée, et il a aussi assuré un min-cash qui lui permettra
"d'acheter quelques couches", comme le disait un collègue dont nous tairons le nom. Comme un jeune papa responsable, Pierre aurait-il décidé de jouer la prudence, comme a pu le faire
Davidi Kitai du temps où il avait aussi fondé une famille ? On ne sait pas, mais on espère qu'il doublera rapidement demain pour se mettre à jouer le poker panache qu'on lui connait.
Outre nos deux pros W, le clan français comporte donc son lot de gros tapis : ils sont deux à se glisser dans le top 10 du classement. C'est Clément Michaud, qu'on avait spotté chaud-bouillant avant le dinner-break, qui menèra les troupes tricolores avec 606 000 jetons en sa possession, ce qui le place en septième place au général. Il sera suivi par Eric Sfez, qui a baggué un très beau 551 000 jetons pour finir dans le top 10, alors que Slimane Mamèche sera 4e Français avec 454 000.
Le régulier parisien nous a résumé sa journée :
"Je suis tombé à 18 BB avant la bulle, mais j'ai eu des coups charnières, qui m'ont fait revenir dans la course. Je termine au plus haut. Je n'ai pas hésité à squeeze avec Q
J
par exemple. Payé, j'ai fait la Dame, j'ai pu miser jusqu'à la fin..."Slimane était accompagné par son pote Youcef Benzerfa, qui termine lui à 330 000 jetons, sans faire de vagues : "Je suis le mec discret, tu ne me verras qu'à la fin, si je gagne", plaisantait (à moitié) ce vieux de la vieille du circuit international.
Parmi les 47 Français qualifiés pour le Day 2, on retrouve aussi
Valentin Oberhauser (211 000),
Kostya Zaks (297 000),
Gary Mamou (323 000),
Maxime Chilaud (267 000)... sans oublier le chipleader du Day 2,
Gregory Fournier (photo). Chipleader, il l'est resté une bonne partie de la journée, montant les pilasses de 200 000 sans discontinuer jusqu'au dinner-break. Avant que ça se gâte :
"Je n'ai pas eu de jeu en table TV, et j'ai perdu deux gros coups : deux Valets contre deux Rois, et aussi un coup avec 6-6 sur un flop A-10-2 contre Sam Greenwood. Tu te demandes comment c'est possible ? On a checké le flop, et il a misé 35 000 dans 28 000 sur le turn 6, qui ouvrait un flush draw. J'ai call, et il a tank toute sa vie sur un 3 rainbow à la river, avant de miser 120 000 dans 98 000. Je ne me voyais pas folder ici... Il montre 10-10. C'est le coup qui me coûte cher." Pas de quoi lui miner le moral, néanmoins :
"Je suis content de ma journée, c'est très bien quand même, j'ai pu monter une tonne."Et dans un Main Event EPT, qui balance son lot de qualifiés, il y a forcément de belles histoires. Sans aucun doute, celle de
Noa Chan, qui termine avec 78 000, en fait partie. "Si je te dis depuis combien de temps je joue au poker, tu vas tomber par terre", nous affirme t-il alors que nous observions sa table. Car oui : imaginez que ce joueur de 21 ans n'a appris le Texas Hold'em qu'il y a huit mois, et a gagné son package EPT sur la room au pique rouge, pour seulement 10 € de mise !
"J'ai appris à jouer via mes collègues de travail, je suis là en freeroll," rigole le jeune homme, qui était visiblement d'excellente humeur au moment de passer la bulle.
"C'est un one time. Je suis là en détente. J'avais un peu de pression ce matin, mais ça reste des humains avec un board." D'ailleurs, on voyait bien qu'il était en pleine découverte durant la bulle :
"Tout le monde court partout, c'est trop drôle !"S'il affirme s'être mis au poker sérieusement, dès le départ, et joue donc en ligne, Noa ne se définit pas comme un grinder : "Je n'ai pas le temps, avec mon métier de barman, je termine les journées à quatre heures du matin. Et le jeu est tellement technique... Mais j'ai la chance d'être né à une époque où on peut tout apprendre sur Youtube." Sur cet EPT, il avait déjà eu l'occasion de jouer le Main Event FPS : "J'ai sauté en deux heures, et j'ai fait 450e de la Cup. Mais j'ai pu discuter à table avec Jean-Louis Santoni par exemple, qui m'a donné plein de conseils sur le live." On l'a aussi vu parler avec sa voisine de table Hala Karami, visiblement pas habituée, elle non plus, à deeprun un tournoi aussi important. Au final, Noa aura donc la chance de vivre un Day 3 de Main Event EPT pour sa grande première à ce niveau, et c'est bien ça qui comptera le plus. Avec son stack réduit, il n'aura pas le choix demain pour essayer d'aller encore plus loin, et prolonger le plaisir.

Comme on s'y attendait, un nombre impressionnant de Français n'ont cependant pas eu la chance de rallier ce Day 3, même si certains ont quand même réussi à banquer un min cash à 8 650 €. Sortis entre la 255e et la 230e place,
Karim Alleg,
Rachid El Yaacoubi,
Benjamin Chalot,
Rayane Bouibeb,
Silma Macalou et
Nicolas Lecœuvre n'auront ainsi pas joué pendant toutes ces heures pour rien, tout comme Juan Pardo, seule tête de série pour l'heure éliminée "in the money" (226e).
À l'inverse, 389 joueurs ont quitté le Palais des Congrès bredouille aujourd'hui. Parmi tous ceux-là, citons nos Team Pro
Julien Sitbon,
Davidi Kitai,
Gaëlle Baumann (sortie en table TV) et
Leo Margets, dont la deuxième bullet dépensée pour re-entry à midi n'a pas duré plus de quelques minutes. Pour le reste, si l'on pioche au hasard dans notre "boîte à bustos" tricolores, on en ressort Sonny Franco, Jean-Noël Thorel, Kalidou Sow, Guillaume Diaz, Bruno Fitoussi, Thomas Santerne, Julien Martini, Louis Linard, Fabrice Bigot, Jérémy Saderne, Pierre Merlin, Corentin Robert ou encore Jonathan Therme. Au-delà de nos frontières, nous ne reverrons pas demain Hossein Ensan, Antonio Buonanno, Parker Talbot, Steve O'Dwyer, Maria Ho, le tenant du titre Razvan Belea, Jack Sinclair, Simon Brandström, Bart Lybaert, le vainqueur du FPD Mateusz Moohluizen, Samantha Abernathy, Kenny Hallaert, Artur Martirosian et le n°1 de la All-Time Money List Bryn Kenney.

Avec tout ça, on pourrait penser que le field a perdu de son sex appeal, mais rassurez-vous : nous sommes sur un Main Event EPT, soit l'un des tournois les plus relevés et les plus convoités au monde. Bien placés avec des tapis assez nettement au-dessus de la moyenne, on retrouve ainsi le co-fondateur de Hendon Mob
Barny Boatman (510 000), le Canadien
Ami Barer (497 000), le top reg italien
Gianluca Speranza (495 000), les habitués des high rollers
Sergi Reixach (469 000),
Alexsejs Ponakovs (404 0000),
Sam Greenwood (379 000) et
Timothy Adams (279 000) ou encore le runner-up de l'an passé
Peter Jorgne (353 000) et son compatriote
Anton Wigg (343 000).
Mais tout ce beau monde a dû s'avouer vaincu aujourd'hui face à un homme qui ne dirait pas non à un nouveau chèque à sept chiffres,
Eliot Hudon. Lauréat du WPT World Championship 2022 pour plus de 4,1 millions de dollars, le Canadien, déjà chipleader au moment de la bulle,
qu'il a lui-même fait éclater au visage d'Ignacio Molina a poursuivi sur sa lancée pour placer 955 000 jetons dans son sac. Et tout ça, avec le sourire.
Une bulle qui nous a d'ailleurs offert un joli duel que l'on espère revoir à un stade plus avancé du tournoi, entre
Alex Keating (391 000) et
Leon Sturm (434 000). On ne sait pas exactement quel est le contentieux entre l'Américain, éternelle grande gueule du circuit, et l'Allemand, nouvelle pépite de la scène high roller, mais à les voir échanger sur un ton passif-agressif, une chose est sûre : ils ne passeront pas leurs vacances ensemble.
Tout ce beau monde reviendra jouer le Day 3 ce jeudi à 12 heures au Palais des Congrès. On suivra évidemment tout ça avec attention, et on vous racontera tout dans notre reportage. À toute !
Le seat-draw pour le Day 3