Le choix du Roi Arthur
Dans l’article précédent : HOSTEL!!! Je vous décrivais la fin d’un périple en terre londonienne. Telle fut la conséquence de notre insouciance avec mon meilleur ami.
Le retour fut difficile, notamment parce que la paire que nous formions avec Chybron fut dissolue. Obligé sans une tune de retourner chez ses parents dans le pays basque, il dut en plus leurs demander de l’argent pour aider son « one night stand » à couvrir les frais d’avortement. Réponse des parents : « Mon fils, tu es grand. Et quand on est grand on assume ». Voyant la réticence de ses géniteurs, il joua sur la corde sensible connaissant leurs tendance politique : « J’aurai du mal à mettre suffisamment d’argent de côté à temps, si vous ne m’aidez pas, vous risquez d’avoir un petit fils métisse. » Devant cet argument, les parents serrèrent les dents et allongèrent la caillasse, et tout finalement pu rentrer dans l’ordre.
De mon côté, le retour fut aussi compliqué car il était synonyme d’échec, et de retour à la case départ. Ma mère à qui j’avais raconté un énorme mytho pour ne pas perdre la face pour justifier mon retour, me prit entre quatre yeux : « Arthur-Erwan ? il s’est passé quoi là bas? dis moi la vérité est-ce que tu as perdu tout cet argent au poker? » je me mets à fondre en larme comme un gamin, avant de lui répondre un simple « -Oui ». Elle s’effondre à son tour, elle comprend que cela va au-delà de la simple connerie. Son fils n’est pas toxico ou alcoolo… non mais en revanche il est joueur pathologique. La voir dans cet état fut un choc énorme pour moi… Celà entraîna une résolution sensible qui est selon moi ma plus belle valeur aujourd’hui : NE PLUS JAMAIS RACONTER DE MYTHO, ETRE FRANC ET TOUJOURS ASSUMER MES CHOIX.
En attendant il fallait trouver un autre choix professionnelle. Tuée dans l’oeuf, ma carrière de joueur de poker pro me laissait un goût d’inachevé. Mais il me fallut me résoudre à l’évidence, « IL FAUT QUE JE RENTRE DANS LE RANG ». Oui, mais pour quoi faire? Quelle formation? Quelle pistes? Quelles envies? Et pour tout dire, je n’avais pas envie du tout de rentrer dans un style routinier métro, boulot, dodo. Cette vie de hobo, dans laquelle j’avais la liberté de vagabonder à droite et à gauche était certes précaire mais j’avais au moins le sentiment de vivre pleinement. Me mettre dans le droit chemin, c’était faire une croix la dessus.
Je commence à me renseigner sur les écoles et les formations qui pourraient me correspondre : un peu parce que j’aime bien vendre, un peu parce que j’aime bien les langues et l’étranger, je postule sur un BTS Commerce international. Je me tiens à distance des tables, même sur le net, je ne joue plus que des freerolls en de rares occasions. Puis me vient à l’idée : « J’aime écrire, j’aime le poker et son univers, je peux en regarder pendant des heures et des jours non stop, je connais l’historique des WSOP depuis 1970, il n’y aucun risque financier à écrire, et les coverages que je lis sur Wina sont dans la même veine que mon style… pourquoi ne pas essayer de faire reporter poker? » Putin! Mais en voilà une idée qu’elle est bonne! Bon en revanche comment entrer dans ce monde?..
Je consultais les annonces que je trouvais sur Google, mais pas grand chose de bien folichon… Si ! une annonce de Poker VIP, qui recherchait un stagiaire : VICTOIRE!!! Bon ok c’est payé 200€ par mois et il faut arriver à se loger sur Paris, mais rien à péter. Ni une, ni deux, j’envoie un CV une lettre de motivation. Dans l’après midi je reçois un appel, « Bonjour j’ai reçu votre candidature, vous avez l’air sur-motivé (good read maggle), je vous propose de me rédiger trois brèves sur les news les plus fraîches que vous me trouverez, je vous laisse l’après midi ». Je fonce sur mon clavier, et fait les mêmes recherches que tous les jours « What the fuck Happened in the poker world today? ». Deux heures plus tard mes trois brèves étaient rédigées. Je reçois un coup de fil une heure plus tard : « Vous avez un style intéressant, les news n’étaient pas de toutes fraîcheur et il y a quelques fautes d’orthographe, mais si vous êtes intéressé le poste est à vous. » On ne vas pas se mentir : quand il m’a dit ça, l’éréction n’était pas loin!
Quand j’en ai parler à mes parents, la réaction fut un poil moins enjoué « Encore le poker?? ça ne t’a pas suffit à Londres?? Ah mon pauvre fils mais y a pas que les cartes et les jetons dans la vie?? Et tu es payé combien?? 200€!!! Tu t’es renseigné sur les loyer et le coût de la vie là bas? Et d’ailleurs ou en es-tu avec ton BTS? » Le dilemme était effectivement que j’avais postulé sur ce BTS, mon entretien d’entrée s’était bien passé et je me voyais même proposé un stage aux Canaries pour apprendre l’espagnol avant de commencer la formation, nourri, logé, payé… le choix devenait cornélien : la passion ou la raison? La pression de mes amis et ma famille me poussant à me sortir de mon addiction, je suivais leurs conseils et finis par me résoudre à décliner l’offre de stage en reporter poker.
(Le choix : cette vue payée pendant 3 mois et une coloc de 15m² à Cergy Pontoise plus cher que mon salaire)
Je fis ce stage aux Canaries sur l’île de Lanzarote, suivi de deux ans d’études (intéressantes mais pas passionnantes) et d’un autre stage en Espagne. Et enfin surement parce que je suis plus quelqu’un plus de passion que de raison, je me suis retrouvé en 2011 à ne pas avoir mon nom sur les fiches des résultats de mon épreuve : j’étais recalé.
**J’avais fait claquer à mes parents 10 000€ en espérant rentrer dans un moule qui ni ne me convenait, ni ne m’acceptait. De nouveau c’était un retour à la case départ.