Dimanche 15 juillet, 00h20
47e PLACE POUR NICOLAS ATLAN
La scène est survenue peu après minuit.
Tout le monde a passé jusqu’à Nicolas, au bouton. Il a soulevé ses cartes…
[KC] [9S]
Le moment était venu pour le Français de pousser ses derniers 400 000. Les blindes étaient a 25000/50000 avec une ante de 5000 : il était urgent d’agir. Tenter quelque chose. Se sortir du pétrin.
Depuis le big blind, Lee Watkinson n’a pas perdu de temps pour payer avec
[Jd] [8c]
Lee était derrière, certes, mais de si peu. Un coup à 60/40.
Le flop donna à Watkinson l’avantage :
[8s] [5d] [2c]
Et la [Qc] et [10h] qui suivirent confirmèrent l’élimination de Nicolas Atlan en 47e place.
Nicolas était favori pour remporter ce coup, mais avec le peu de jetons qui lui restaient, on ne peut pas dire que ce soit un bad-beat.
C’est une demi-heure plus tôt que Nicolas a réellement perdu son tournoi, après avoir perdu beaucoup trop de jetons lors de coups qu’il aurait pu éviter.
Une main, en particulier, a fait mal et a scéllé le destin du Français.
Depuis le big blind, Nicolas a payé une relance à 150 000 de l’aggressif et imprévisible Kenny Tran avec
[Ad] [7D]
Le flop lui donna la troisième paire :
[9H] [7S] [JC]
Nicolas a checké, puis payé la mise de 150 000 de Tran.
Turn
[KD]
La encore, Nicolas a annoncé « check », et quand Tran a misé à nouveau, 250 000 cette fois-ci, ce fut payé.
Rivière
[6C]
Check final du Français. Kenny Tran a misé, encore plus fort : 500 000.
Comme le dira Claude Cohen plus tard : « Tes adversaires t’ont vu payer cher avec deux Valets, puis avec As-Valet. Ils ont vu que tu as du mal à lacher les coups. Après avoir vu ça, ils n’allaient envoyer qu’avec de gros jeux. »
Nicolas a reflechi, reflechi, se demandant si sa petite paire de 7 était suffisante. Finalement, il a payé les 500 000.
Logiquement, Kenny Tran a montré
[AC] [KS] ,
suffisants pour empocher l’énorme pot.
La déception est grande pour Nicolas Atlan, et il ne s’en est pas caché après la main finale. Escorté par un employé du casino jusqu’à la salle d’encaissement des gains, le Français secouait la tête, murmurant : « Horrible… horrible… J’ai envie de mourir ! »
Aller loin dans un gros tournoi de poker procure des sensations telles que l’on se sent comme drogué, dans les vappes. Au fur et à mesure que votre tapis augmente et que le nombre de joueurs diminue, l’effet devient de plus en plus fort, on plane de plus en plus haut.
Quand l’élimination (inévitable pour tous, sauf un) finit par se produire, le choc est brutal. On tombe à toute vitesse de son nuage. L’effet de manque se fait sentir aussitôt. Rien ne peut le combler.
On est obligé de quitter la table, vaincu, tandis que les autres continuent à jouer sans vous. On devient une statistique, un chiffre, une place sur une liste, et on réalise que c’est quelqu’un d’autre qui deviendra célèbre à votre place.
Durant les jours qui viennent, les rêves de Nicolas seront probablements hantés par les coups qu’il a perdus, teintés de regrets et de « et si ?.. » Il va se faire des reproches, questionnant ses décisions : c’est inévitable après une telle défaite.
Mais lorsqu’il rentrera à Paris, en son fief, l’Aviation Club de France, c’est en héros que Nicolas Atlan sera acceuilli par les joueurs qu’il s’emploie à servir tout au long de l’année.
Bravo à lui pour son incroyable performance. On se souviendra longtemps de ces cinq journées de rush phénoménal. Avec cette 47e place sur 6358 joueurs, Nicolas a survécu à plus de 99% des inscrits du plus gros tournoi de poker du monde.
Il remporte plus de 190 000$, le plus gros gain jamais remporté par un joueur Français au Main Event. Du coup, il passe directement en deuxième place au classement des joueurs Français lors de ces 38e WSOP, juste dérrière Bruno Fitoussi.
Merci pour le kif’, et à la prochaine.
