Day 5, samedi 14 juillet

Samedi 14 juillet, 15h20

SOUS LA BARRE DES 100 JOUEURS

Bonsoir à tous et bienvenue au Day 5 du Main Event des World Series of Poker. 112 joueurs ont pris le départ à midi. Parmi eux, un seul Français, le dernier des derniers : Nicolas Atlan. En ce jour de fête nationale, Nicolas tentera de se hisser jusqu’aux trois dernières tables.

Trois heures à peine après le début de la partie, une floppée de favoris ont déjà quitté la scène : Chad Brown, Dario Minieri, Cory Carrol, Isaac Haxton, François Safieddine, Jared Hamby… Ce qui nous a fait passer sous la barre des 100 joueurs il y a peu.

Après l’élimination de Kelly Jo McGlothlin, Maria Ho est la dernière femme encore en course.

Un joueur du nom d’Avi Cohen a pris le chip-lead après avoir remporté un pot de 4,7 millions contre Charis Anastasiou.

Nicolas Atlan a déjà fait parler de lui en ce début de journée, en faisant un call très difficile contre le redoutable Daniel Alaei, avec
[7D] [7H] sur le tableau

[Ac] [Qs] [2s] [6s] [Qc]

A bientot pour les premières infos concernant cette cinquième journée. Jusqu’où notre Français ira t-il ?

J’espère pouvoir continuer à vous rapporter des informations originales comme je le fais depuis maintenant huit jours consécutifs. Mais avec le black-out subi par les médias non exclusifs, je ne peux vous garantir de pouvoir être aussi réactif que les concurrents, qui disposent d’autrement plus de moyens que moi, et qui, surtout, sont désormais les seuls autorisés à l’intérieur du périmètre du tournoi. Ils sont désormais en mesure de rapporter virutellement chaque main qui se déroule autour des dix dernières tables.

Les ultimes tables du Main Event 2007

Nicolas Atlan représente fièrement son pays d’origine ! Ou pas…

Maria Ho, représentante féminine en course

Samedi 14 juillet, 17h35

BLINDS 15000/30000 ANTE 4000

Le 22e niveau vient de commencer. Les 72 joueurs encore debout ont déjà joué 42 heures en cinq jours, et c’est loin d’être fini.

On a perdu récemment le fatiguant Humberto Brenes, le vieux renard Anglais Willie Tann et le champion du monde 1996 Huck Seed.

Nicolas Atlan a trouvé une nouvelle table à tonalité plutôt Européenne puisqu’y sont déjà assis le Norvégien Bjorn-Erik Glenne (vainqueur à l’EPT de Barcelone en septembre dernier) et Julian Gardner (redoutable joueur Anglais second derrière Robert Varkonyi au Main Event 2002) Kenny Tran a aussi rejoint cette table : un adversaire de premier choix que Nicolas a échoué à bluffer un peu plus tôt.

Le principal souci pour Atlan, c’est qu’il n’aura pas la main mise sur cette nouvelle table, comme cela a été le cas précedemment. Tous ses adversaires sont bien fournis en jetons, et avec 2 millions, il ne pourra pas leur faire peur.

Ce qui n’a pas empéché le Français de relancer deux fois avant le flop à 75 000 aussitôt après son arrivée.

La première fois, il détenait [KC] [JC] et a empoché le coup sans problème.

Lors du coup suivant, tout ne s’est pas passé comme prévu.

Avec [AD] [JD], Nicolas a relancé à 75 000 en troisième position. Le petit blind a payé.

Flop
[2D] [6h] [9c]

Le petit blind a laissé la parole à Nicolas, qui fut prompt à envoyer une mise de 130 000. Payé rapidement par son adversaire.

Turn
[KS]

Check encore du petit blind. Nicolas fixe son adversaire quelques secondes, puis tapote la table à son tour.

Rivière
[9h]

Le petit blind « sort du bois », et mise 200 000. Nicolas jette ses cartes.

La pause arriva quelques minutes plus tard. Claude Cohen et Stéphanie (croupière à l’Aviation Club de France) sont arrivés en renfort. Soutien stratégique pour le premier, soutien moral pour la seconde.

« Qu’est-ce qui compte le plus, » a demandé Claude à Nicolas. « Aller en finale ou essayer de « gratter » le plus d’argent possible ? Jouer la gagne et prendre des risques, ou jouer prudent ? »

Nicolas a réfléchi, puis répondu : « Je veux être encore là ce soir, être dans les 27 derniers. »

Sinon, j’ai appris que notre Français, quelque peu superstitieux, porte les mêmes fringues depuis le début du Main Event : veste « Italia » et jean troué cradingue (mais il me jure qu’il change de sous-vetements chaque jour. On est rassurés)

Nicolas déménage, au sens propre comme au figuré, transportant avec lui son imposant tas de jetons

Il se retrouve à coté de Julian Gardner, un Anglais qui, selon Claude Cohen, « est imbattable quand il à le vent dans le dos, mais peut rapidement perdre ses moyens s’il se prend un bad-beat »

Plus tot, Nicolas a payé un bluff du redoutable Daniel Alaei avec juste une toute petite paire de 7

Daniel Alaei

Samedi 14 juillet, 18h23

ATLAN PERD UN POT DE 2 MILLIONS

Aie ! Je retrouve Nicolas en table télévisée (le modèle réduit, à côté du podium ESPN) :

« J’ai perdu 1 million sur un coup. Un joueur relance 80 000, je surrelance à 300 000 avec deux Valets. Un troisième fait tapis pour 750 000. Le premier joueur passe, et vient mon tour. Je le crois pas, je pense avoir le meilleur jeu, je paie. Il retourne deux As ! »

Après ce coup, Nicolas repasse sous la barre du million, largement de quoi voir venir avec un gros blind à 30 000.

Samedi 14 juillet, 18h52

NICOLAS ATLAN ELIMINE BJORN-ERIK GLENNE

[AD] [JH]

contre

[3D] [3S]

[JC] sur le flop pour donner la gagne à Atlan

Fin de parcours en 66e place pour le Norvégien vainqueur à l’EPT de Barcelone

Samedi 14 juillet, 19h14

60 JOUEURS EN PAUSE DINER

Coup de tonnerre juste avant l’arrêt-dîner avec l’élimination de l’un des gros favoris, Gus Hansen en personne. Son As-Roi n’a pas réussi à s’améliorer contre la paire de Valets de Ryan Elson dans un pot de 1,4 millions, qui a laissé Hansen avec seulement 100 000 en jetons.

« The Great Dane » a subi l’élimination quelques coups plus tard.

Scotty Nguyen est la dernière « star » du poker encore en course, avec un tapis conséquent de 3,6 millions.

Les autres joueurs connus et reconnus encore présents sont, entre autres, Kirk Morrison, Daniel Alaei, Lee Watkinson, Kenny Tran et Bill Edler.

La partie vient de s’arretera, elle reprendra à 21 heures (6 heures du matin en France, pas trop dur le réveil ?)

FRENCH NEWS :

Avant de partir manger, Nicolas Atlan me confie un petit coup sympa qu’il vient de jouer, et aussi me donne des précisions quand aux mains qu’il a jouées avant (voir les posts correspondants)

"Je suis de grosse blinde. Tout le monde passe jusqu’au petit blind qui m’attaque. Je paie avec
[KC] [QD]

Flop
[9C] [8H] [4D]

Il mise 175 000. Ca sent le bluff, je paie histoire de voir sa réaction, et ce qu’il tombe au turn.

Turn
[10S]

Il checke, je mise 250 000 et je ramasse.

Nicolas reviendra tout à l’heure avec un tapis de 1,5 millions.

Le tapis moyen est de 2,1 millions environ.

Les blindes passeront à 20 000/40 000 avec une ante de 5000. Les jetons de 1000 sont désormais inutiles et vont etre retirés de la circulation. Dans le même temps, les jetons de 50 000 vont être introduits.

Dimanche 15 juillet, 00h20

47e PLACE POUR NICOLAS ATLAN

La scène est survenue peu après minuit.

Tout le monde a passé jusqu’à Nicolas, au bouton. Il a soulevé ses cartes…
[KC] [9S]

Le moment était venu pour le Français de pousser ses derniers 400 000. Les blindes étaient a 25000/50000 avec une ante de 5000 : il était urgent d’agir. Tenter quelque chose. Se sortir du pétrin.

Depuis le big blind, Lee Watkinson n’a pas perdu de temps pour payer avec
[Jd] [8c]

Lee était derrière, certes, mais de si peu. Un coup à 60/40.

Le flop donna à Watkinson l’avantage :

[8s] [5d] [2c]

Et la [Qc] et [10h] qui suivirent confirmèrent l’élimination de Nicolas Atlan en 47e place.

Nicolas était favori pour remporter ce coup, mais avec le peu de jetons qui lui restaient, on ne peut pas dire que ce soit un bad-beat.

C’est une demi-heure plus tôt que Nicolas a réellement perdu son tournoi, après avoir perdu beaucoup trop de jetons lors de coups qu’il aurait pu éviter.

Une main, en particulier, a fait mal et a scéllé le destin du Français.

Depuis le big blind, Nicolas a payé une relance à 150 000 de l’aggressif et imprévisible Kenny Tran avec
[Ad] [7D]

Le flop lui donna la troisième paire :
[9H] [7S] [JC]

Nicolas a checké, puis payé la mise de 150 000 de Tran.

Turn
[KD]

La encore, Nicolas a annoncé « check », et quand Tran a misé à nouveau, 250 000 cette fois-ci, ce fut payé.

Rivière
[6C]

Check final du Français. Kenny Tran a misé, encore plus fort : 500 000.

Comme le dira Claude Cohen plus tard : « Tes adversaires t’ont vu payer cher avec deux Valets, puis avec As-Valet. Ils ont vu que tu as du mal à lacher les coups. Après avoir vu ça, ils n’allaient envoyer qu’avec de gros jeux. »

Nicolas a reflechi, reflechi, se demandant si sa petite paire de 7 était suffisante. Finalement, il a payé les 500 000.

Logiquement, Kenny Tran a montré
[AC] [KS] ,

suffisants pour empocher l’énorme pot.

La déception est grande pour Nicolas Atlan, et il ne s’en est pas caché après la main finale. Escorté par un employé du casino jusqu’à la salle d’encaissement des gains, le Français secouait la tête, murmurant : « Horrible… horrible… J’ai envie de mourir ! »

Aller loin dans un gros tournoi de poker procure des sensations telles que l’on se sent comme drogué, dans les vappes. Au fur et à mesure que votre tapis augmente et que le nombre de joueurs diminue, l’effet devient de plus en plus fort, on plane de plus en plus haut.

Quand l’élimination (inévitable pour tous, sauf un) finit par se produire, le choc est brutal. On tombe à toute vitesse de son nuage. L’effet de manque se fait sentir aussitôt. Rien ne peut le combler.

On est obligé de quitter la table, vaincu, tandis que les autres continuent à jouer sans vous. On devient une statistique, un chiffre, une place sur une liste, et on réalise que c’est quelqu’un d’autre qui deviendra célèbre à votre place.

Durant les jours qui viennent, les rêves de Nicolas seront probablements hantés par les coups qu’il a perdus, teintés de regrets et de « et si ?.. » Il va se faire des reproches, questionnant ses décisions : c’est inévitable après une telle défaite.

Mais lorsqu’il rentrera à Paris, en son fief, l’Aviation Club de France, c’est en héros que Nicolas Atlan sera acceuilli par les joueurs qu’il s’emploie à servir tout au long de l’année.

Bravo à lui pour son incroyable performance. On se souviendra longtemps de ces cinq journées de rush phénoménal. Avec cette 47e place sur 6358 joueurs, Nicolas a survécu à plus de 99% des inscrits du plus gros tournoi de poker du monde.

Il remporte plus de 190 000$, le plus gros gain jamais remporté par un joueur Français au Main Event. Du coup, il passe directement en deuxième place au classement des joueurs Français lors de ces 38e WSOP, juste dérrière Bruno Fitoussi.

Merci pour le kif’, et à la prochaine.