Lille 3 (28 janvier)
Récit par Hubert « Hubby59 »
Vrrr…Vrrr…Vrrr… 7h30. Le réveil du téléphone vibre, violent pour un samedi clôturant une semaine chargée. Qu’importe, cela fait déjà une heure que je profite de la chaleur de la couette, les yeux écarquillés, réveillé par l’excitation et bercé par le rêve. Et oui aujourd’hui c’est jour de poker ! Pas n’importe lequel puisque c’est le Winamax Poker Tour, ce circuit unique qui parcoure l’hexagone et fait vibrer la France du poker amateur… Un peu de sport, façon Tristan, ou de boxe, façon Manu ? Pas évident dans mon petit appartement. Un footing, façon Ludo ? Le climat n’est pas tout à fait celui de Cannes. Et oui, nous sommes à Lille, fin janvier et la météo n’indique que quelques degrés positifs.
Trêve de réflexion, il faut s’activer, l’heure tourne. Une douche, un petit-déjeuner, un bus et un peu de marche plus tard, j’arrive à l’Hôtel des Tours du Vieux-Lille, transformé pour l’occasion en un squat silencieux et crispé. 9h45, la salle est ouverte et je m’installe au bout de la table 9, mon chiffre porte-bonheur, peut-être un signe… Pas de place laissée au hasard dans l’organisation Winamax, tables, jetons, logiciel, directeurs de tournois… Rien n’est à envier aux casinos. Un petit discours, un peu de pédagogie et les hostilités peuvent débuter. 15000 jetons, des niveaux de 20 minutes et seulement 2 qualifiés sur 113 joueurs, il ne va pas falloir chômer pour esquiver l’embourbement des augmentations de blinds.
Débutants live, joueurs occasionnels, habitués des parties entre amis ou des freerolls régionaux, toutes les strates du poker amateur sont représentées. Et cette diversité crée la courtoisie et la bonne humeur aux tables, bien que les joueurs expérimentés la redoute. Le premier board est symptomatique de cette hétérogénéité avec quatre carreaux suités. Une main cocasse qui détend tout le monde sauf le malheureux qui perd ses jetons et bougonne dans son coin.
Un AK agressif qui ne passe pas et une double paire contre une quinte floppée, me voilà amputé d’un tiers de mon stack en fin de deuxième niveau. Quelques coups bien maîtrisés me font revenir proche du stack initial, tout va bien. Et puis… l’incident maudit, celui que personne ne veut voir ce jour là et qui effraye tout le monde : des limpers, une forte relance en SB avec les dames, un joueur suit, un flop valet haut, un second barrel payé, une brique au turn, tapis, instant call. Loin devant, loin derrière… À mon grand bonheur l’adversaire retourne AJ et la rivière me trucide : un valet. Mon voisin est gêné de ne me laisser que 3000 jetons, courage bonhomme, accroches toi. Mais la main suivante scelle mon destin, l’histoire du poker, le coin flip, KQ chez moi vs 66. Tous les rêves imaginés dans mon lit quatre heures plus tôt défilent dans ma tête le temps d’un board qui ne m’apportera pas la carte salvatrice.
Je me lève désabusé, salue sportivement les joueurs de la table, le floor qui avait suivi les deux coups m’adresse quelques mots de réconfort. Je le regarde, il me regarde… Bref, je n’ai que 400 mots pour faire mon récit. Mon ami Will est encore en course, je l’attends pour déjeuner et compte bien profiter des SNG sur iPad organisés l’après-midi. Mais là encore je ne suis pas en réussite, j’élimine 2 joueurs, plein de confiance en mon jeu, les blinds filent à toute vitesse et le heads-up se profile. Tapis, K10 chez moi vs 57, full pour mon adversaire. La persévérance est une vertu de la vie et du joueur de poker, mais certains jours rien ne sert de s’acharner, il est temps de dire au revoir au Winamax Poker Tour pour cette année.
Bref… Bonne chance à tous et à l’année prochaine !
Hubert « Hubby59 »