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WSOP 2022 - Rubriques - à la une

Moteur… action !

La deuxième et dernière journée vient à peine de commencer et déjà on ne sait plus où donner de la tête ! Event #33 : NLHE 6-Handed 3 000 $ (Day 2)

Stéphane Matheu - Davidi Kitai

Les niveaux ont eu beau passer de 30 à 40 minutes entre le Day 1 et le Day 2 de ce "3K 6-max", il n'en reste pas moins un tournoi relativement Turbo, avec une moyenne qui devrait tourner autour des trente blindes jusqu'à la fin. "Tu penses que ça va se terminer à quell heure ?," me demande d'ailleurs Stéphane Matheu, présent dans le rail pour observer de près son poulain Davidi Kitai. Après un savant calcul bien trop complexe pour être reporté ici, nous nous mettons d'accord sur une table finale à 22 heures et un vainqueur autour de 1 heure du matin.

Davidi Kitai

Mais n'allons pas trop vite en besogne. Car comme disait feu mon grand-père dans un patois deux-sévrien que je vous épargne : "Il a le temps de se passer bien des choses d'ici-là !" Rien qu'en un plus d'une heure passé autour des tables, la liste est longue. "J'ai vérifié et, quand j'ai gagné ce tournoi en 2014, c'était aussi le premier que je jouais à Vegas, démarre Davidi, friant de petits clins d'œil du destin dans ce genre-ci. Je venais de gagner le SISMIX, c'était fou ce back to back. Et huit ans après, je ressens la même énergie. Je suis vraiment bien." Et ce, malgré un très long Day 1 bouclé sur les coups de 3 heures du matin et une nuit bien trop courte, jetlag oblige.

Dès les premières orbites, Kitbul a eu le droit à ses premières vibrations : après avoir doublé "sur deux gros coups postflop", il perd un énorme lancer de pièce à 2,7 millions avec As-Roi contre les deux Dames de l'Espagnol Lander Lijo ("Un pote d'Adrián Mateos"), puis un "flip au flop" avec deux Dames sur un board hauteur 10 contre flush draw et double gutshot qui rentre river. Un short stack éliminé plus tard, notre Belge préféré retrouvait un tapis légèrement supérieur à la moyenne. "Les tables sont bien plus difficiles qu'hier," glisse le Génie, la sienne ne faisant évidemment pas exception.

Alexandre Moreau

Ce début de Day 2 était également l'occasion parfaite de faire connaissance avec nos derniers représentants français, à commencer par un Alexandre Moreau d'humeur badine. Il faut dire que le leader tricolore a poursuivi sa marche en avant en passant de 1,5 à 2,6 millions en quelques tournemains. "Je suis un joueur attaquant, explique-t-il. Je joue une range plus large que la plupart des gens et surtout, j'ai zéro pression. Mon objectif c'est d'aller le plus loin possible, de kiffer le plus longtemps que je peux. On peut me mettre n'importe quoi en face, ça ne m'inquiétera jamais. Je ne vise pas l'argent, même pas le bracelet... C'est juste le rêve d'être ici."

Un rêve que ce patron d'un groupe de formation en sécurité compte bien vivre en entier. "Je suis arrivé le 1er juin et je repars le 19 juillet. C'est la première fois que je fais la totale ici, mais il faut rattraper le temps perdu. Je jouais assez souvent avant le Covid, j'ai deux piques pris sur des Side Events à Barcelone et à Monaco. J'ai aussi fait troisième du Championnat de Belgique." Tout cela, en No-Limit Hold'em, alors que ce n'est même pas son meilleur jeu. "Je fais toutes les variantes, les tournois de Dealers Choice, et j'adore le High-Low, surtout en Stud. J'ai commencé comme ça. Deux ans avant que Patrick Bruel ne rachète les droits du WPT pour Canal+, je jouais déjà à Wagram. J'ai tout appris là-bas, mais ça m'a coûté cher : les lustres, c'est comme s'ils étaient à moi !" Alexandre partage sa table avec un autre Français, que l'on connait un petit peu mieux pour l'avoir suivi jusqu'au Day 6 du Main Event en 2019, Benjamin Souriau, beaucoup plus short avec environ vingt blindes.

Kenny Deffrasnes

Quant au troisième larron d'un clan tricolore resserré, il n'était jamais apparu sur nos radars et pour cause : Kenny Deffrasnes fait partie de la communauté d'hexagonaux expatriés au Mexique, en l'occurrence à Cancún. "Cela fait 5-6 ans que j'y suis, raconte ce Lyonnais d'origine. J'y étais parti pour un stage d'études en commerce international... mais bon, c'était juste une excuse pour aller là-bas. Voir le soleil. Je jouais déjà un petit peu au poker, mais c'est une fois sur place que je m'y suis mis de façon professionnelle. J'ai rencontré beaucoup de Français qui sont venus puis partis, j'ai ramené aussi des potes de Malte..."

Pour sa première fois à Vegas et donc ses premiers WSOP, Kenny a choisi de sortir de sa zone de confort. "Mon truc, c'est le cash game online, je ne joue pas du tout en MTT. Bon, j'ai bossé un peu la théorie en tournois avant de venir, mais c'est à peu près tout." Un baptême du feu se déroulant donc on ne peut mieux, après un Day 1 fait de "bons calls" et de belles rencontres. Tombé dans la zone orange après un pot perdu contre Dimitar Danchev - qui a depuis pris la porte - Kenny est revenu au-dessus du million grâce à un flip crucial gagné avec paire de 9 contre As-10 pour sortir un short stack. Les belles histoires en perspective ne manquent pas sur ce tournoi. De notre côté, on a déjà notre scénario idéal en tête. On espère maintenant que ce film se terminera en happy end.

Dmitry Yurasov - Vanessa Kade

L'un a déjà démontré sa maîtrise du format short-handed en remportant le "10K 6-max" en 2017 ; l'autre est l'une des joueuses les plus en vue de cette dernière décennie : il promet ce match dans le match entre Dmitry Yurasov et Vanessa Kade.

David Peters
David Peters large chipleader à trente joueurs restants d'un gros tournoi de No-Limit Hold'em : qui est surpris ?

Steven Van Zadelhoff
Steven Van Zadelhoff avait mis son plus beau polo aujourd'hui, il n'aura malheureusement pas l'occasion de l'étrenner en table finale, sorti autour de la 35e place.

‹ ‹ Tout ça pour ça… › ›

Davidi Kitai s'arrête à une frustrante 18e place (25 832 $) Premier tournoi de l'été et première place payée pour le Génie Event #33 : NLHE 6-Handed 3 000 $ (Day 2)

Davidi Kitai - Dylan Linde - Vanessa Kade

Ça s'anime autour des quatre dernières tables de ce "3K 6-max". Sous mes yeux, un certain Pete Chen vient de prendre la porte en 19e position, précipitant le redraw à trois tables. Comme la quasi-intégralité du field, Davidi Kitai est debout. Sauf que ses jetons ne sont pas dans un rack. En fait, il n'a plus de jetons du tout. Et le petit carton rose avec écrit dessus "18" que l'on vient lui tendre ne laisse que peu de place au doute. Deux jours après avoir posé le pied sur le sol américain, Kitbul signe son premier ITM, bon pour 25 832 billets verts. Beaucoup s'en contenteraient, mais pas le Belge.

"Fait chier, siffle entre ses dents le Monégasque. Tout ça pour ça..." Surtout que son dernier coup, Dav' le joue avec une premium : As-Roi. "J'étais content qu'il - Dylan Linde - me paie. J'ai push 850 000 [sur 40 000 / 80 000] et il avait paire de 7. La small blind fold As-Valet donc ça m'enlève déjà une carte et le board vient 10-Valet-7-Valet-Dame. Il a quelque chose comme 1,8 million donc c'est un coup qui peut faire mal à son stack. Et je pense que s'il fold, la SB paie. Ç'aurait fait un runout marrant."

Mais à la place, c'est bel et bien l'élimination, sur un tournoi pourtant taillé pour lui. "J'étais complètement card dead après le premier break, mais j'ai trouvé quelques spots pour passer des tours, avec notamment le chipleader à ma droite qui ouvrait beaucoup. Je sentais que je pouvais tenir longtemps, et j'étais très content du redraw, j'avais quand même une table difficile." En plus de Linde et donc du chipleader Nino Ullman, Davidi a ainsi dû en découdre avec Vanessa Kade (éliminée justement par Ullman ), son compatriote Sylvain Naets et le vétéran David Pham. Au vu de la déception aperçue, pas sûr que notre W rouge remette le couvert aujourd'hui, mais vous pouvez lui faire confiance pour revenir d'attaque lors des prochains jours, en quête d'un quatrième bracelet WSOP.

Benjamin Souriau

Le temps d'écrire cet article, les éliminations ont repris de plus belle autour des trois dernières tables. Après Benjamin Souriau (photo), sorti en 27e place, ce fut malheureusement au tour d'Alexandre Moreau de rejoindre le camp des éliminés tricolores, 17e pour 32 648 $. Après s'être fait malmener deux fois par David Peters (d'abord sur un hero call de l'Américain puis un reshove avec paire de 5 sur l'élimination de Pete Chen forçant le Français à lâcher une paire de 7), le chef d'entreprise n'a plus que 15 blindes au moment de prendre place sur l'une des features tables. 15 blindes qui partent en fumée avec un 43 joué à fond, n'améliorant pas contre les deux 9 de Darren Elias, malgré un flush draw au flop. Nos derniers espoirs reposent donc sur Kenny Deffrasnes, qui se maintient désormais autour de la moyenne alors que démarrent les demi-finales à douze.

Il remporte 32 648 $ 17e : Alexandre Moreau

Il remporte 25 832 $ 18e : Davidi Kitai (Belgique, Team Winamax)

Il remporte 20 769 $ 27e : Benjamin Souriau

Oberhauser en croisière vénitienne

Changement de décor. Dans les eaux du Venetian, le jeune requin Valentin Oberhauser croque la deuxième perf tricolores à six chiffres sur ce Vegas. Le grinder prend la 4e place du MSPT 1 100 $ pour un gain de 114 324 $.

MSPT Venetian - 1 100 $

Venetian

Les World Series attirent les lumières, les gros fields et les prizepools mirobolants. Mais pendant ces séries mondiales, de nombreux autres casinos organisent leur propre festival. L’Orleans ou le Golden Nuggets régalent les petites bankrolls avec des tournois tout format, le Wynn et le Venetian offrent un cadre et des structures princières sur des buy-in entre 1 000 et 3 000 $, le MGM et l’Aria se sont également lancés… Dans le Strip et ses environs, il y a de quoi faire pour les joueurs de MTT.

Oberhauser

À l’instar de nombreux grinders tricolores, Valentin Oberhauser touche les jetons un peu partout dans Vegas. Avec son coloc Victor Allain (plus connu sur nos réseaux sous le nom de SliPanthere), il se balade entre le Wynn, le Venetian et le Paris, analysant finement les buy-ins et niveaux de blindes proposés par les différents casinos. Mais c'est aussi à l'intuition qu'on décide ou non de se lancer dans un tournoi.

« On était parti pour jouer le 800 $ des WSOP, affirme Valentin Oberhauser. Le 1 100 $ de Venetian allait mordre sur le 3 000 $ 6-max, qu’on avait mis dans notre programme. Mais je me suis dit que si je bustais en début de Day 2, ça pourrait quand même le faire. J’ai changé d’avis au dernier moment, et on a pris la route du Venetian ».

Venetian

Bien lui en a pris. Trois jours plus tard, le grinder parisien repart de ce casino avec la plus belle perf de sa carrière. Pour son premier Vegas, sur son troisième tournoi du séjour, Valentin prend la 4e place sur 2 154 joueurs, et signe son premier chèque à six chiffres pour 114 324 $.

Évidemment, Valentin a connu un run agréable durant ces trois jours de tournois. Chipleader en fin de Day 1, il trouve deux rencontres deux as contre deux rois lors du Day 2 pour s’envoler dans la stratosphère du tournoi, maintenant une certaine distance avec le peloton jusqu’en fin de journée. Un flip remporté avec deux valets contre As-Roi lui permet même d’être idéalement placé à la reprise de ce jeudi, avec le deuxième plus gros stack alors qu’il ne reste que seize joueurs en course.

Venetian

Malgré un petit flip perdu, Valentin se maintient autour des 10 millions de jetons, tandis que le nombre de concurrents baisse peu à peu. Il arrache sa place en 4-max, avec deux adversaires avoisinant comme lui les 20 - 25BB et un chipleader argentin, Federico Roberto, autour des 40 blindes.

Son voisin Robert Shega, seul amateur de la table, propose des moves créatifs qui peuvent changer la physionomie du tournoi à tout moment. En duel de blindes, l’américain, relance 2BB sur la grosse blinde de Valentin qui complète avec Q10. Robert fait bien cher sur le flop Q56, puis envoie un nouveau parpaing sur la turn 7 : 2,2 dans 3,7 millions, Oberhauser n’en a que cinq derrière et décide de tout mettre. Malheureusement pour lui, Shega tient la double paire Q5 et la river 2 met fin au beau parcours du français.

Venetian

« Je suis très content de ce tournoi. Je n'avais pas beaucoup rejoué en Live depuis le confinement. Je suis venu à Madrid et comme ça c’était bien passé online, je me suis dit pourquoi pas Vegas » explique le grinder, aujourd’hui basé à Budapest.

Depuis dix ans maintenant, le joueur tracé son chemin de joueur jusqu’à découvrir aujourd’hui les plus belles tables de Vegas.

Découverte du jeu à 18 ans, inscription sur les rooms à 21, premiers coachings à 24… Valentin travaille alors comme éboueur, mais le gout des premières perfs lui donnent envie de se donner une chance. « Je grindais à côté du travail et le rythme était vraiment compliqué. Comme ça se passait de mieux en mieux, j’ai décidé de déménager Lisbonne pour ma première coloc’ de grinder avec Victor (Allain). Je ne savais pas ce que ça allait donner, mais je voulais au moins essayer » raconte Oberhauser.

Aujourd’hui, il franchit une nouvelle marche dans son parcours de joueur, avec cette première grosse perf en Live… Et encore, Valentin ne fait que commencer son Vegas. Entre le premier flight et le Day 2 du MSPT, Pokeriste75 a qualifié le Day 2 du Mystery Bounty au Wynn avec 60 blindes demain et il jouera encore une belle ribambelle de tournois avant le Main Event, pour lequel il s’est qualifié sur Winamax.

Ils ont tué Kenny !

Pour le deuxième tournoi live de sa vie (!), Kenny Deffrasnes termine 11e de ce "3K 6-max" Le joueur de cash game venu de Cancún empoche 41 916 $ Event #33 : NLHE 6-Handed 3 000 $ (Day 2)

Kenny Deffrasnes

"C'était mon tout premier tournoi live ! Nan OK, j'ai joué un 500 $ au Mexique il y a trois ans. Disons que c'était mon premier vrai gros tournoi live." Pour ses débuts aux World Series of Poker, Kenny Deffrasnes a fait les choses bien, avec une onzième place sur 1 348 entrants valant 41 916 $. Et si cette première incursion à Vegas aurait pu connaître un dénouement encore plus heureux, avec une table finale, voire un bracelet, le Lyonnais expatrié à Cancún n'en retirait que du positif.

"Je suis content de la façon dont j'ai joué. Je me suis senti vraiment bien à table. Le fait de jouer en cash game hautes limites aide beaucoup sur le postflop. En plus je joue exclusivement en 6-max donc c'est vraiment un format que je maîtrise. J'avais des doutes au début parce que je suis beaucoup moins à l'aise sur toute la partie préflop et avec 20-30 blindes de profondeur. Mais les joueurs ici aiment défendre leurs blindes et voir des flops, ce qui me donnait souvent l'avantage. En tout cas je n'ai ressenti aucune pression. Et je ne suis même pas si triste d'être éliminé. C'est comme ça."

D'autant que sur sa dernière main, Kenny n'a pas grand-chose à se reprocher. Après avoir ouvert premier de parole, le Français se fait 3-bet et envoie la boîte, soit une trentaine de blindes, avec une paire de 10 et tombe contre les deux Dames de Timothy Flank. "Il était plutôt aggro en plus, complète-t-il. En tout cas je n'ai jamais envisagé autre chose qu'all-in."

Kenny Deffrasnes OUT

Quand tu te rends compte qu'il y a deux Dames en face

Et il n'envisage certainement pas d'en rester là sur ces World Series. "Comme beaucoup, j'ai découvert le poker avec les WSOP, donc c'est sympa d'y être enfin et de jouer un tournoi. Je vais continuer avec le Millionaire Maker, le "5K 6-max" et bien sûr le Main Event." Même pas un peu de cash game, ou un tournoi d'un des nombreux festivals annexes ? "Le cash game en live, c'est lent, ça ne m'intéresse pas trop. Moi, je suis là pour le folklore des WSOP, vibrer pour un bracelet. Des potes ont essayé de m'inciter à aller jouer au Wynn, il parait qu'il y a un Mystery Bounty en ce moment, mais j'ai préféré venir ici."

Il n'y a pas de doute : même à l'heure de la value à tout prix, les World Series of Poker et leurs bracelets continuent de faire rêver. Ce jeudi, Kenny Deffrasnes nous a à son tour fait rêver à un nouvel exploit français.

Fabrice rechausse les Santiags

Après deux ans d'absence, Fabrice Soulier fait son retour aux World Series, pour retrouver ces beaux tournois de variantes, onze ans après son grand braquage américain.

Event #32 : H.O.R.S.E 1 500 $

Soulier

Un revenant au milieu d’un Day 2 de H.O.R.S.E à 1 500 $. Un homme qui faisait résonner la Marseillaise au Rio il y a dix éditions. Un joueur qui s’était imposé devant les plus grands sur ce format spécifique mêlant cinq des variantes les plus classiques du jeu. Vous l’aurez deviné, Fabrice Soulier est de retour au WSOP.

« J’étais venu en 2019, rappelle le Français qui n’avait pas marqué les esprits sur cette édition avec un petit mincash seulement sur un Omaha au Venetian. Mais c’est vrai que je ne joue quasi plus. Je me fais une session en ligne tous les deux mois et j’avais plus touché de vraies cartes depuis deux ans. Je m’occupe surtout de mes enfants, et puis mon boulot dans l’immobilier me laisse peu de temps ».

Cette année, l’appel de Vegas était trop fort. Fabrice s’est libéré deux semaines pour revenir sur la terre de ses exploits, avec un programme axé sur ce qu’il aime le plus : les variantes. « C’est le seul endroit au monde où on trouve de beaux tournois avec autant de joueurs dans ces formats. Sur les EPT, il n’y a que du Hold’em. Ils te mettent seulement un pauvre 500 € 8-game avec rien à la gagne, alors que quand même, j’aimerais jouer pour un peu de pognon. Et puis, les joueurs sont devenus très bons avec deux cartes. Les variantes, ce sont les seuls jeux où j’ai encore un peu d’edge ».

Soulier

Arrivé il y a deux jours, Fabrice se chauffe les doigts avec un petit 1 500 $ H.O.R.S.E, avant les gros morceaux qui composeront sa quinzaine. « Je vais jouer le 10 000 $ H.O.R.S.E (qu’il avait gagné il y a dix éditions), et si jamais ça se passe vraiment bien, j’aimerais beaucoup tenter le Poker Players Championship » confie Soulier, qui tente une forme de satellite sur ce 1 500 $.

Perçant un field de plus de 700 joueurs, Fabrice se retrouve dans les cinquante survivants avec un petit stack, qui s’amenuisera d’orbites en orbites pendant plus de deux heures. « Je ne vois vraiment rien. Je suis en train de me faire blind-out, alors que ce n'est vraiment pas mon genre » commente le joueur avant de partir en pause.

Au moment de se rasseoir, il compte moins d’un Big Bet devant lui, soit 20 000 jetons qu’il envoie dès la deuxième main, sachant que la blinde arrivera au prochain tour de Hold’em. On joue alors en Stud 8 et le Français tient un Q1010. Pas incroyable dans cette variante, mais vu son stack, ça fera largement l’affaire.

Main O8

Soulier tombera contre un 554, qui fera brelan sur la cinquième. Prêt à se lever, Fabrice voit tomber un 10 sur la sixième pour un brelan supérieur. Il est toujours en vie. Et même de retour à un stack de 180 000 après un nouveau double-up sur la main suivante, en Hold’em, avec 109 qui trouve un 9 au flop contre le A10 adverse. Le début d’un formidable come-back ?

Et bien non. Fabrice sortira deux orbites plus tard, en Razz, éliminé par un voisin coquin, qui l’a payé en position avec une paire, avant de trouver un meilleur Low sur un run-out favorable. Le Français se contentera d’un 27e place et de 5 544 $. Pas si mal pour un échauffement, et pour retrouver des sensations de deep-run avant les gros matchs de la semaine prochaine.

Ivey

Juste en face du sosie de Mike Matusow, Phil Ivey, le vrai, s'offre un petit deep run sur ce 1 500 $, qui se terminera juste après la sortie de notre Français.

Albini

Une autre star dans le field. Steve Albini, producteur du groupe Nirvana époque "In Utero" ou encore des Pixies, est en quête de son deuxième bracelet à 25 left de ce H.O.R.S.E

Lunettes

À chaque retour de pause, la croupière Tatiana échange sa veste avec sa voisine joueue pour échanger les rôles, et tout le monde n'y voit que du feu.

Le vieux loup de mer guide les jeunes requins

Une petite colonie française a fait son nid à 70 left de ce Freezout sur trois jours. Michel Leigborin mène la troupe avec un stack à l’image de son expérience, énorme, suivi d’un grinder d’une autre génération, Maxime Parys, tout aussi garni en jetons.

Event #34 : Freezout No-Limit Hold'em 1 500 $

Leigborin

« Quand on aime, on ne compte pas », c’est en ces mots que Michel Leigborin chiffre son nombre de Vegas.

« La première que je suis venu, c’était en 95 », se souvient Leigbo. De ces innombrables expéditions américaines, il a ramené quelques beaux souvenirs. Une victoire sur un Deep Stack Extravaganza sur un 600 $ Omaha en 2013 pour 28 bâtons, une finale WSOP en 2015, sur un 1 500 $ Pot Limit-Hold’em et bien sûr, une victoire sur un Rio Deepstacks de plus de 1 110 joueurs en 2016, pour 36 briques, ainsi qu’une deuxième place sur un 1 100 $ au Wynn, pour 85 patates.

Cette fois, c’est dans un nouveau décor que Michel lance sa nouvelle campagne de WSOP. « Ça a l’air pas mal ce Paris, la clim’ est bonne, c’est déjà ça, réagit Leigbo. Mais quand tu gagnes, tu aimes n’importe quel endroit ». Michel fait écho ici à sa réussite de ce tournoi, où son stack grimpe de manière indécente depuis le début de journée.

« Je joue un flip 7-7 contre As-Roi, je fais full. J’open As-Roi, le mec me fait tapis 35BB avec As-Dame. Là, j’open Q10, un shortstack squeeze tapis AJ, ça vient AK3 au flop. Tu vois un peu comment ça roule ? ».

Leigbo stack

Une loupe, des jetons triés par pile de dix, un stack de mutant, Michel Leigborin

Déjà gros stack en début de journée avec 697 000, Michel compte désormais plus de 2,5 millions de jetons, soit près de quatre tapis foius le moyen à 60 joueurs restants.

Un nouvel espoir de perf française ? Je dirais même plus, puisque le vétéran est accompagné de plusieurs jeunes loups aux dents longues, qui croqueraient volontiers dans le prizepool de ce Freezout.

Dabou

Lui aussi très solidement stacké, Maxime Parys pourrait trouver la jolie perf en Live qu’il cherche depuis de longues années. Grinder de talent installé à Londres depuis déjà quatre ans, celui qu’on surnomme « Dabou » partage la coloc’ de Romain Lewis, Corentin Ropert et Jonathan Therme. Un quatuor solide, qui sévit régulièrement sur les rooms internet, mais assez inégal en matière de résultats en Live.

Avec 1,9 millions, Dabou est solidement installé dans la locomotive du tournoi, depuis ce coup face à un amateur au style fantasque. Open 50 000 soit 3,5BB UTG+1 et Maxime se contente de payer avec JJ pour voir un flop 245. Le joueur c-bet mi-pot, 75 000 et Maxime hésite. « Je voulais juste call au départ, mais je me suis dit qu’avec ce genre de joueur, il allait payer un large éventail de mains ». Raise 210 000 et deux secondes plus tard, son voisin avait annoncé tapis pour 700 000 jetons. Payé par Parys qui devra tenir face au 86 de son adversaire. Brique - brique et voilà Maxime dans le wagon de tête.

On signalera également la présence de Samuel Anclevic. Récent demi-finaliste du WPO Madrid, le grinder lisboète possède lui aussi un stack confortable de près de deux averages. Sylvain « RobinDesNoix » Cisterna est également de la partie, suivi, un peu plus bas dans le chipcount de l’increvable Dominique Terzian, qui trouve son premier deep run du festival, trois jours après son arrivée.

Terzian Mateos

Le champion du monde du Super High Roller contre le champion du monde des ITMs. Un duel de style qui va tourner à l’avantage… De Dominique Terzian, qui attrapera le Team Pro sur une rencontre AK vs A4 ou « Doumé » avait trouvé brelan floppé

Ophatalmo-trader

Beaucoup de Français au rendez-vous de l'un des incontournables des WSOP. De nombreux visages connus, mais aussi quelques amateurs surprenants, à l'image de Henri Gérard, le sauveur de "Volatile38", dont les domaines d'expertise s'étendent de la médecine à la crypto-monnaie.

Event #37 : Millionaire Maker 1 500 $

Dubonnet

Henri Gérard peut guérir vos conjonctivites comme votre portefeuille de monnaies virtuelles. Demandez-donc à Guillaume Diaz. A peine arrivé à Vegas, le médecin a retrouvé notre Team Pro pour soigner les yeux malades de notre oisillon. Volatar est reparti avec les pupilles toutes neuves et en primes, quelques bons conseils pour faire décoller sa roll de bitcoins.

« J’avais vu le message de Guillaume sur Twitter. Je suis généraliste donc je suis entré en contact avec lui, raconte Henri. J'ai fait un détour par la pharmacie avant l’aéroport, et une heure après avoir atterri à Vegas, je l’ai retrouvé pas loin de là où il logeait ».

La consultation aura lieu dans un bar de Vegas. Celui qu’on surnomme « Riton » lui procure le remède et les indications nécessaires et voilà Volatile remis sur patte. « Et en bonus, je lui ai filé quelques conseils en crypto » poursuit le médecin, qui a visiblement plusieurs cordes à son arc.

Volatar

Pour éviter toute rechute, Guillaume se protège les yeux avec des lunettes de soleil, qui visent ici un certain Ugo Faggioli, assis dans la diagonale de Volatile.

« J’ai un ami qui a traduit un bouquin sur les crypto-monnaies, explique Henri. En plus, ça tombait le jour où le bitcoin perdait gros, environ 30%. Je lui ai expliqué quelques mécanismes et avant qu’il retourne chez lui, il était “red-pillé” », affirme Riton, selon la référence à Matrix signifiant que Guillaume était converti à ces monnaies virtuelles.

Mais Henri n’est pas venu comme staff médical des WSOP. Clairement, c’est pour gambler et retrouver le plaisir de ces fields et structures magnifiques. « On est une bande de 8, des amateurs qui viennent d’un peu peu partout, des livetards de club parisiens, de France et d’ailleurs ». Le médecin est parti en éclaireur sur ce Millionaire Maker. Un tournoi qu’il connaît bien puisque sur ces deux lignes Hendon Mob figure un deep run de ce même tournoi, en 2014, où il terminait 356e sur près de 8 000 joueurs.

Pour l’instant, Henri se maintient au stack de départ, mais il devra se méfier de son voisin Samy Dubonnet, qui se régale pour l’instant sur ce Millionaire, avec déjà plus de quatre startings.

Palvini

Toujours aussi enthousiaste pour son retour à Vegas, Jeremy Palvini cherche son premier deep run du festival sur ce Millionaire Maker. Sur des milliers de conccurents, il a le droit à Damian Lazrus comme voisin ? Ce nom ne vous dit rien ? Il s'agit tout simplement du tenant du titre. Un homme qui a battu 5 326 joueurs pour transformer 1 500 $ en 1 million. Pas de quoi impressioner le Marseillais, qui en profite pour travailler son anglais, avec l'accent bien sûr. "C'est la cata en anglais, confesse Palvini. J'ai quelques mots donc j'arrive à comprendre les premières phrases, puis après je suis perdu".

Ivan Deyra

Deux champions du monde côte à côte. Léo Soma et Ivan Deyra, la jeunesse dorée française.

Qui veut gagner un million ?

Premier mouvement de la valse en six temps du Millionaire Maker. De nombreux français ont pris part à ce grand bal, et de nombreux autres sont attendus demain pour faire gonfler le contingent français déjà présent au Day 2, mené par Pierre Calamusa, Alex Réard, CrazyDonkey ou encore Lorenzo Lavis.

Event #37 : Millionaire-Maker 1 500 $

« Tu sais y’a combien de Français dans cette salle ? », me demande Boris Berthomet en me voyant arrivé autour de sa table. La stupéfaction du Team Pro Nutsr est légitime. On lui avait annoncé une légion de randoms locaux pour ce tournoi légendaire. La prédiction était juste. Mais des dizaines et des dizaines de guerriers bleus se cachent dans cette grande armée américaine.

Rien qu’à sa table, Boris voit Robin Guillaumot juste à sa gauche et Sonny Franco en face de lui. Sur la table de derrière, Léo Soma, Ivan Deyra, Roger Taieb et Matthieu Rodriguez forment même un quatuor tricolore (composé au passage de deux champions du monde). Et il ne s’agit pas là d’une exception. Les Bleus s’éparpillent aux quatre coins de la Bally's Ballroom.

franchise

Une belle brochette Deyra-Rodriguez-Soma, qui font ici à Roger Taieb

Franco

Un triangle Berthomet - Franco - Guillaumot ici

« On peut bien discuter, ça fait passer le temps plus vite », souligne ValueMerguez, qui n’a pas quitté Olux de la journée. Les deux hommes ont pu bavarder, tout en s’envoyant quelques parpaings de temps à autre. Au moment du coup de sifflet, ils passent tout deux ce premier Day 1, avec un stack croustillant chez le premier (147 000 sur les blindes 1 000 - 3 000), un peu plus léger chez le second (43 000).

Pour mener la délégation tricolore, un joueur du Team Spin For Win. Au petit galop, Cédric « CrazyDonkey » Schwaederle, n’a cessé de relever ses étriers tout le long de ce Day 1 pour franchir l’obstacle avec plus de 180 000 jetons. Grinder accompli et chevronné, Cédric se décide (enfin) à envoyer un peu de volume en Live et lance définitivement son Vegas, le tout premier de sa carrière.

CrazyDonkey

C’est d’ailleurs contre un autre Français que CrazyDonkey a connu une belle embellie. « En main marrante, j’ai eu ce coup contre un autre Français. Il open en début de parole, je 3-bet en position avec deux dames. Ca vient Q88 et il lead tapis deux fois le pot, genre 40 000 dans 20 000 ». Pas le plus compliqué des call pour Cédric qui verra son adversaire retourner un beau 66, qui ne fera pas carré backdoor.

Derrière, Cédric a limité les gros coups et s’est contenté de monter, tranquillement mais surement, pour revenir demain avec plus de 70 blindes dimanche. Un stack équivalent à celui de Pierre Calamusa. Après un craquage d'as pour un pot triple-up face à As-Roi et deux valets qui feront suite, LeVietF0u s’est pourtant retrouvé sous les vingt blindes en début de journée. Sans besoin de jouer son tournoi à tapis, il a redressé la trajectoire pour construire progressivement un stack bien solide pour demain.

Calamusa

Pierre Calamusa prend le temps de répondre aux interviews des journalistes et de faire la petite séquence post-torunoi pour les Vlogs de la chaîne, montée d'une main de maître par Delphine.

« C’est rendu possible grâce à la structure magnifique. Tu n’es pas rattrapé par les augmentations des blindes comme tu le serais dans un autre tournoi. Ca permet de développer du poker, commente Pierre, qui s’offre un jour de repos bien mérité avant la reprise dimanche. J’ai vécu toutes les émotions du jeu aujourd’hui. Bad beat, card dead, rush, j’ai su être patient, j'ai gagné un flip pour passer la barre des 100 000 et j’ai bien monté sur la fin en prenant pas mal de petits coups ».

Les collègues du Team Winamax Guillaume Diaz et François Pinault devront quant à eux passer par la case Day 1B. Mais de nombreux autres français ont déjà validé leur ticket Millionaire Day 2. Lorenzo Lavis fait partie des bien lotis. Plus de 200 000 jetons pour le récent finaliste WPT, soit un peu plus qu’Alex Réard. Samy Dubonnet (82 000) et notre ami médecin Riton (42 000) reviendront avec un stack de combat, tout comme Jonathan Therme (36 000).

franchise

Qualification également de Robin Guillaumot, Sonny Franco, Roger Taieb, Erwann Pécheux, Matthieu Rodriguez ou Bastien Joly. Sébastien Clot se mange un méchant deux rois contre As-Roi qui lui met la flush sur l’une des dernières mains du jour, pour un pot à plus de 200 000. Le copain de la Thaï Connection Quentin Scaglia se garde quant à lui 13 blindes pour demain. C’est peu, mais quand on sait qu’il est descendu à 800 jetons (moins de une blinde), c’est déjà pas mal.

Deuxième round de Day 1 demain. La salle était déjà pleine à craquer aujourd’hui. On en attend encore plus ce samedi, avec une nouvelle vague bleue prête à déferler dans la Paris BallRoom.

Trois Français pour un bracelet

Samuel Anclevic, Maxime Parys et Michel Leibgorin sont en finale ! Nos trois tricolores sont dans le Top 4 Un bracelet et près de 365 000 $ seront en jeu samedi Event #34 : NLHE Freezeout 1 500 $ (Fin du Day 2)

Leigborin - Anclevic - Parys

Avant ce vendredi 17 juin, le compteur de Français en finale de ces World Series of Poker 2022 affichait quatre. Ce soir, il grimpe à sept... en un seul tournoi ! Et le plus beau dans tout ça, c'est que Samuel Anclevic, Maxime Parys et Michel Leibgorin n'ont pas seulement atteint la TF à dix de ce tournoi Freezeout à 1 500 $ ayant réuni près de 1 800 joueurs : ils l'attaqueront ce samedi à 13 heures respectivement en première, deuxième et quatrième position. C'est bien simple, à partir du moment où se sont constituées les trois dernières tables de ce tournoi, tous les gros pots ont été comme aspirés par nos trois tricolores, la palme revenant aisément à Samuel.

Tombé à une dizaine de blindes, le Lisboète réussit à tripler avec Q9 face à As-Valet et une paire de Dames. Le début d'une folle ascension, qui le voit plus tard trouver une paire de Rois dans un nouveau 3-way all-in qui précipitera l'élimination de Sylvain Cisterna en 15e place. Il pousse dans la foulée son voisin Michel Leibgorin à la faute dans une série de relances et surrelances préflop pour récupérer près de deux millions sans showdown, avant une livraison comme on pensait ne plus en voir, et surtout pas à la bulle d'une table finale WSOP : ouverture de Samuel avec une paire de Valet au cut-off, 3-bet de la small blind avec un tapis effectif d'une vingtaine de blindes, all-in et snap call avec paire de 3. Vous voulez savoir comment on construit une énorme muraille de dix millions de jetons ? Maintenant vous savez.

Leigborin - Anclevic

"Il n'y a pas de secret à ce jeu : il faut chatter," résume Samuel après avoir placé son monster stack dans le sac prévu à cet effet. Une position dominante qui l'incite à ne viser rien d'autre que la gagne ? "Je vais surtout regarder les paliers. Le bracelet c'est bien, mais d'abord il y a l'argent. En plus je suis broke moi, je ne devais même pas venir ici." Quelle mouche l'a piqué alors ? "C'était [le WPO] Madrid un peu quand même. Des potes m'ont chauffé et je me suis décidé. En plus, je n'étais pas motivé à jouer online, je n'arrivais pas à me concentrer. Et à l'inverse, j'avais de bonnes sensations en live. Il y a aussi cette idée de plaisir quand on joue, non ? En tout cas, je crois que j'ai bien fait de venir." C'est le moins que l'on puisse dire, puisque dès son arrivée il y a une semaine, Samuel remporte un 800 $ au Venetian pour environ 15 000 billets verts, avant de signer trois autres places payées. Mais l'histoire est peut-être encore plus folle.

"Il ne vous a pas raconté ?, enchérit Michel Leibgorin. Avant le coup avec Dame-9, il s'en est passé une belle aussi. La croupière expose un 10 en lui distribuant ses cartes alors qu'il en avait déjà un. En face, un joueur avait une paire d'As. Tout serait évidemment parti au milieu et il n'en serait pas là !" De quoi remettre une pièce pour Michel dans le jukebox servant de musique de fond à cette soirée : "Il faut du bol, quand tu chattes, c'est facile. Les mains que j'ai eues au Day 1... je ne te raconte même pas. Les As, les Rois, les Dames et les Valets au moins sept fois !"

L'expérience ne joue-t-elle quand même pas un petit peu ? "Si, bien sûr. Tu peux quasiment savoir qui va se faire éliminer et dans quel ordre. Là pour demain, le papy au siège 9 il n'est vraiment pas bon, mais il joue assez agressif donc il va falloir aller le chercher." Toujours comme Samuel, Michel va également jouer la carte de la prudence sur cette finale. "Pour jouer le bracelet à tout prix, il faudrait faire du Omar Lakhdari et en mettre partout. Sauf qu'entre la dixième et la première place, il y a une vie de travail. Je ne sais pas ce que les autres font comme métier, mais moi je connais la valeur de l'argent." Avec le quatrième tapis mais un net déficit sur ses deux compatriotes, Michel va devoir batailler pour aller chercher ce qui serait son 24e titre en live. "Je suis le troisième Français en termes de victoires [dont deux rien que cette année, NDLR], sauf que je n'ai jamais connu de vrai gros one time. Je n'ai qu'une victoire à plus de 100 000 €, et encore, c'était à 101 000 € !" Pour battre ce score, il faudra viser une quatrième place, tandis que la win rapportera 364 899 $.

Maxime Parys

Face à ces deux pipelettes de Sam et Michel, on en oublierait presque le beaucoup plus discret Maxime Parys. Sauf que non. Pour la simple et bonne raison que le joueur au patronyme beaucoup trop adapté à une future victoire dans ces murs n'a jamais quitté le haut du classement aujourd'hui, son tapis ne connaissant qu'un seul sens de progression : vers le haut. Déjà à cent joueurs restants, son coloc et pote de toujours Arnaud Enselme nous mettait en garde, nous incitant à surveiller de très près celui qui court toujours après sa première grosse perf' en live. S'il arrive à conserver samedi le momentum de ce Day 2, on voit mal ce qui pourrait l'en empêcher.

Son seul désavantage est d'être à la droite de Samuel et de Steve Zolotow, probablement le plus dangereux et sans conteste le plus expérimenté des sept Américains qui tenteront de barrer la route à nos Français. Déjà quatrième d'un autre tournoi Freezeout à 2 500 $ en tout début de festival, le vétéran vise lui un troisième bracelet, 21 ans après le deuxième remporté en Pot-Limit Hold'em et... 27 ans après le tout premier, décroché en Poker Chinois. Il parait qu'un membre de l'équipe de reporters Winamax n'était même pas né. On se méfiera également de Justin Pechie, 50 blindes au compteur et près d'1,5 million de dollars de gains dont une breloque en Shootout datant de 2011.

Rail

Subsiste toutefois une question à laquelle nous n'avons pas trouvé de réponse ferme et définitive : est-ce la première fois que trois Français se retrouvent autour d'une table finale World Series of Poker ? Quoi qu'il en soit, ils ne seront pas de trop pour tenter de faire résonner une deuxième Marseillaise dans l'enceinte du Paris. Qui plus est, ils seront bien évidemment soutenus par un rail riche à la fois en qualité et en quantité, qui s'est gentiment échauffé ce soir, avant de donner franchement de la voix ce samedi. Pour vous qui êtes chez vous, ce sera à suivre en streaming en différé sur PokerGO ou dans ces colonnes à partir de 13 heures, soit 22 heures, heure française. Allez les Bleus !

Le seat draw de la finale

Final Table

1/ Samuel Anclevic (France) 10 455 000 (104 BB) 2/ Steve Zolotow (USA) 3 960 000 (40 BB) 3/ Jeremy Wien (USA) 2 265 000 (23 BB) 4/ David Dibernardi (USA) 2 985 000 (30 BB) 5/ Justin Pechie (USA) 5 050 000 (50 BB) 6/ Michel Leibgorin (France) 3 970 000 (40 BB) 7/ Kenny Robbins (USA) 2 765 000 (28 BB) 8/ Orson Young (USA) 1 235 000 (12 BB) 9/ Dwayne Sullivan (USA) 3 245 000 (32 BB) 10/ Maxime Parys (France) 8 370 000 (84 BB)

L'échelle des gains

Vainqueur : 364 899 $ Runner-up : 225 506 $ 3e : 164 469 $ 4e : 121 224 $ 5e : 90 306 $ 6e : 68 002 $ 7e : 51 766 $ 8e : 39 843 $ 9e : 31 009 $ 10e : 24 407 $

Blindes au départ du Day 3 : 50 000 / 100 000 / 100 000 Tapis moyen : 4 435 000

L’autre Team Wina

Ils n'ont pas de logos floqués sur le T-Shirt, mais revêtent volontiers les couleurs de Winamax. Quatre larrons de l'entreprise se lancent dans leur premier Vegas, voici l'autre Team, un peu moins pro, de Winamax.

Event #37 : Millionaire-Maker No-Limit Hold'em Day 1B

Jacques

On connaît les Adrián, Kool Shen, Romain Lewis et autre Volatile… Mais qu’en est-il de Fabien, Jacques, Pablo et Antoine ? Leur Hendon Mob est un peu moins fournie que les premiers, leur « thinking process » légèrement moins élaboré, mais leur profession est aussi liée au W rouge.

« On travaille tous chez Winamax, et on s’est pris deux semaines pour tenter l’aventure Vegas, explique Pablo, surnommé affectueusement « cabron » par ses collègues de boulot. Moi, je suis responsable VIP, je m’occupe gros joueurs de la room, en les accompagnant notamment lors des évènements Live, comme lors du dernier WPO, pour que tout se passe bien pour eux ».

Chez Winamax, Pablo s’est fait quelques très bons potes. Avec Jacques, Fab et Antoine, ils forment un carré qui se retrouve très régulièrement pour quelques bières en terrasses ou sessions poker à la maison. Mais cette fois, les gars s’essayent au Live, dans la ville rein du jeu.

Pablo Fab

"Le mec m'a iso avec 54o et il a fait quinte river" - Pablo expliquant ses mésaventures à son collègue Fabien.

« On a préparé le voyage depuis longtemps. On est venu pour jouer, assure Pablo » qui vient malheureusement de sortir prématurément de son Millionnaire Maker. « Un gars iso au bouton après un limp, je paye 88, ca vient 293, il mise je paye. Turn 8, check check, river A, je check-raise tapis, il me snap call 45 ». Mal tombé. Heureusement, Fabien et Jaques sont encore en piste pour sauver l’honneur de la Team.

Fabien

« J’ai pris quelques jetons dans des petits pots, mais rien de fou, j’aime bien démarrer tranquille, confie Fabien, qui s’occupe des relations avec les clubs et des évènements liés au poker associatif, notamment le Winamax Trophy Club. J’aimais beaucoup les MTT, j’ai bien poncé le site avant de rentrer chez Winamax. Aujourd’hui, je joue un peu moins, mais avec un peu de sérieux et un peu de cha***e, y’a moyen de trouver quelques deep runs ».

« C’est certainement celui qui a le plus d’XP, mais on a chacun notre style », confirme Jacques, l’autre survivant de l’équipe. Lui se charge de l’offre poker aux côtés de Guignol, avec le programme de tournois, les festivals et expressos. Le joueur vient d’ailleurs de trouver sa première d’as du tournoi pour doubler et rejoindre le copain Fabien dans les hauteurs.

Musta

Du côté du vrai Team Wina, Mustapha Kanit démarre du bon pied. L'Italien s'est embarqué dans un duel de raises pré-flop avec Rosalie Petit. Les deux valets ont tenu contre le As-Roi de Rosalie, qui reste en vie dans ce Millionaire-Maker. "Je suis le seul à avoir gagné un coup contre elle" explique Musta, désormais assis devant 60 000 jetons.

Perdu en plein désert

Michel Leibgorin éliminé en septième place sans avoir vraiment pu défendre ses chances Le vétéran français empoche 51 766 $ Event #34 : NLHE Freezeout 1 500 $ (Finale)

Michel Leibgorin

Au poker il y a les journées avec et il y a les journées sans. Pour Michel Leibgorin, comme il nous le racontait hier soir, les Day 1 et Day 2 de ce Freezeout à 1 500 $ appartenaient à la première catégorie. Ce Day 3 en revanche restera à tout jamais bien rangé dans la seconde. "Je n'ai rien touché, a résumé le plus âgé des trois Français du jour. J'ai pris les blindes avec As-Roi, j'ai gagné un pot turn avec deux As contre Maxime [Parys], mais sinon c'était le désert de cartes. Et sur la dernière main, je suis content d'avoir As-Valet." Problème, il y avait As-Roi en face du côté de David Dibernardi et les cinq cartes communes ne lui ont été d'aucune aide.

Hébété, quelque peu sonné après cette élimination, Michel erre de longues minutes autour de la table finale. Il prend le temps de patiemment rassembler ses affaires, nettoyer sa loupe puis faire son sac, avant de finalement quitter le plateau télévisé, non sans une dernière tape sur l'épaule de Maxime Parys, plus que jamais chipleader avec un tapis en constante augmentation atteignant désormais les 16 millions de jetons.

Michel Leibgorin OUT

"Le tee-shirt 'Papi loading' c'est parce que ma fille est enceinte," nous a glissé Michel avant de quitter le Bally's vendredi soir. Un futur bébé qui va pouvoir être couvert de cadeaux !

Pourtant, au moment de quitter le centre de convention du Bally's au côté de son ami de longue date Fabrice Soulier, le tricolore aux 23 victoires en live n'affichait pas de déception manifeste. "Je fais septième sur plus de 1 700 joueurs, je ne vais quand même pas chialer !, lâche-t-il dans son traditionnel franc-parler. Je suis content de moi dans l'ensemble, j'ai été assez patient, pas trop foufou. Et parfois j'ai gagné des coups en étant foufou. Bon si, il y a ce coup où je 3-bet Valet-2 suité en grosse blinde contre le bouton. Mais la grande blinde était tellement serré, il pouvait faire ça avec n'importe quoi." À sa gauche, Justin Pechie envoie malheureusement la boîte, faisant tomber Michel à une douzaine de blindes.

Avant cela, la réussite ne lui avait pas non plus souri. Une fois à sept joueurs, Dibernardi a l'occasion d'éliminer Steve Zolotow, mais sa paire de 9 ne tient pas contre le As-4 du double vainqueur de bracelet. Un Dibernardi que Michel peut à son tour sortir quelques minutes plus tard, mais son Q4 doit s'incliner contre le 9-8 de l'Américain qui trouve deux paires au flop. Un jour sans on vous dit. Vainqueur d'un tournoi annexe de l'EPT Prague en PLO puis du High Roller à 1 000 € du TexaPoker Festival à paris en tout début de mois, Michel Leibgorin n'en signe pas moins une nouvelle grosse perf' cette année. On a désormais qu'une hâte : le revoir à l'œuvre sur ces WSOP.

Freezeout 1500 Table Finale

Pas mal ce petit setup, non ?

Bracelet
Maxime Parys ou Samuel Anclevic : on n'ose imaginer quelqu'un d'autre repartir avec ce bracelet aujourd'hui.

Parys brisé

Chipleader durant la majorité de la finale, Maxime Parys termine sur la troisième marche du podium Le grinder de Wimbledon remporte 164 469 $ et pulvérise son meilleur résultat en live Event #34 : NLHE Freezeout 1 500 $ (Finale)

Maxime Parys

"J'étais très bien depuis le début de cette finale, je n'ai fait que de monter et j'ai fait en sorte au maximum de ne pas jouer de coup à tapis." Le plan était parfait, clair, efficace, éprouvé depuis le début du Day 2 sur ce 1 500 $ Freezeout. Sauf que voilà, sur un tournoi de poker, on ne peut empêcher indéfiniment les jetons de partir au milieu. Il faut alors s'en remettre à Dame Chance, et celle-ci n'a pas été du côté de Maxime Parys. À la place, un grain de sable est venu s'immiscer dans une machine française jusque-là très bien huilée. Un grain de sable nommé Justin Pechie.

Rembobinons de quelques minutes. Peu après la sortie de Michel Leibgorin, son bourreau, David Dibernardi, se lance dans un 3-barrel bluff, mais se fait payer par un Samuel Anclevic alors en perte de vitesse, qui profite de ce bon call pour presque doubler. Nos deux tricolores reviennent alors aux deux premières places, Maxime Parys accentuant même son avance juste avant la pause. Sur JT739, le Londonien va chercher un peu de value avec T9 contre Pechie, qui finit par abandonner sa paire de Dames après un tank de cinq bonnes minutes.

Maxime Parys Rail

Branchés devant le stream de PokerGO, Arnaud Enselme, Romain Lewis et Jonathan Therme informaient régulièrement Maxime des coups disputés précédemment.

En plein rush, le Français peut enfoncer le clou dès le retour de break et prendre une énorme option sur le bracelet : en bataille de blindes avec une paire de 9, il paie dans la seconde le tapis de 18 BB de l'Américain, qui avait tout mis avec A4. Malheureusement pour nous, un As apparait en doorcard pour faire passer Pechie en tête de peloton. Ce dernier poursuit même sur sa lancée en infligeant un vilain bad beat à Steve Zolotow avec As-8 contre As-9, et pousser l'aîné de cette finale vers la sortie (5e, 90 306 $). Maxime Parys lui rend la pareille en renvoyant chez lui le short stack Kenny Robbins (4e, 121 224 $) et, un 3-bet et quelques pots glanés plus tard, le revoilà tout en haut.

C'est alors qu'arrive une nouvelle main décisive. De nous en BvB, Parys et Pechie découvrent un flop Q97. Justin mise 650 000 (blindes 250k/500k) et Maxime relance à 2 millions. Payé. Turn 5. Le Français place un second bar' à 3 millions mais, surprise, se fait rapidement relancer à tapis pour un total de 12,4 millions. S'il paie et perd ce coup, "Dabou" n'aura plus que trois blindes devant lui. Bien embêté, Max' finit tout de même par payer et se voit montrer les noisettes, 86.

Parys - Pechie
Avant le call.

Parys - Pechie Call

Après le call.

Son 97 est mal en point, mais toujours en vie. Néanmoins, le rail français a beau appeler de ces vœux un "Seveeeeen!", c'est un K qui tombe. "J'ai vraiment pensé à passer, avouera Maxime au moment du débrief en compagnie de sa clique de grinders. Vu la barre que c'est, il a très peu de bluff ici." Maxime aura beau doubler une première fois avec As-10 contre As-2 chez Justin Pechie, son excellent run sur ce tournoi s'arrête quelques minutes plus tard, avec JT contre le As-Roi de Samuel Anclevic.

Anclevic - Parys Rail

Que retenir alors ? Cette troisième place face à 165 000 $ face à 1 773 joueurs, lui qui ne comptait pas encore de gain à cinq chiffres en live ? Ou le fait d'échouer à deux marches du bracelet après avoir été en position dominante ? "Un peu des deux en fait. Je n'avais absolument pas d'objectif avant de venir ici. Je n'ai jamais vu les tournois live comme quelque chose de lucratif, je les ai toujours pris comme des trucs funs. D'ailleurs, je ne les sacralise plus du tout autant qu'avant. Fut un temps où je les voyais comme des pierres précieuses. Maintenant, ce sont surtout des jetons à placer dans des sacs. Donc je n'étais pas du tout stressé aujourd'hui. Et là je ne suis même pas abattu... Juste ça fait chier quoi !"

Anclevic - Parys

Grinder online d'exception, jouant cher à la fois sur le ".fr" et le ".com", mais souvent dans l'ombre de ses champions de colocataires Romain Lewis et Arnaud Enselme, bien plus habitués à prendre la lumière des tables télévisées, Maxime Parys a enfin obtenu les heures de gloire qu'il méritait. "Dabou c'est la force tranquille, commentait Romain en milieu de finale. C'est un fou de jeu au sens large. Il est capable de se concentrer sur une période plus ou moins longue sur un jeu donné et tous nous massacrer. Que ce soit à Mario Kart, au foot, à la pétanque ou au padel, il donne tout pour l'amour du jeu. C'est ce qui le rend très humain d'ailleurs." Humain et diablement talentueux. GG Maxime !

Rail

Comme on s'y attendait, le rail français a donné de la voix.

Anclevic - Pechie
Le premier duel franco-français de l'histoire des World Series of Poker à Vegas n'aura donc pas lieu. À la place, Samuel Anclevic se retrouve confronté à un nouveau gros défi : remonter un handicap de 13 millions de jetons contre les 13 millions de Justin Pechie.

Entre bonheur et souffrance

La pente était trop forte : Samuel Anclevic termine runner-up pour 225 506 $ Le deuxième bracelet français de l'été attendra Event #34 : NLHE Freezeout 1 500 $ (Finale)

Samuel Anclevic Rail

Trois Français en finale d'un tournoi World Series of Poker à Las Vegas : la situation était inédite. Mieux, ils étaient deux aux avants-postes au moment de s'y installer, et toujours deux en tête à quatre puis trois joueurs restants. Le scénario d'un tout premier heads-up franco-français commençait alors à se dessiner. Et puis Maxime Parys a chuté en deux temps contre Justin Pechie, faisant du même coup s'envoler l'Américain, ultra favori au moment d'attaquer le heads-up final contre Samuel Anclevic, avec 31 millions contre 13. Abandonné par les cartes, le dernier des tricolores n'aura pas vraiment l'occasion de refaire son retard et de relancer les débats.

Ou plutôt si, il en aura une. Sur 654, Sam check/raise à tapis son K2 et n'a d'autre choix que d'améliorer contre le 65, qui avait une nouvelle fois fracassé le flop. Le K turn fait monter son compteur d'outs à 19, mais la Q n'en fait pas partie. Sans avoir vraiment pu faire vibrer les foules, Samuel Anclevic s'incline en deuxième position, à une marche du bracelet donc, mais auréolé d'un gain de 225 506 $, de loin le meilleur résultat de sa carrière.

Une dernière main finalement à l'image de sa finale. "C'était la TF de la souffrance, souffle-t-il au moment de se diriger vers le bureau des payouts. Je n'ai quasi rien touché, j'ai vraiment eu très peu de spots... Et en heads-up pareil, j'avais 9-4 toutes les mains pendant que lui touchait comme pas possible. C'est quand même beau d'en arriver là, j'ai vraiment l'impression d'être aller le chercher ce résultat. Ouais, quel bonheur," ajoutera-t-il un peu plus tard au moment de rejoindre ses soutiens dans le rail, Nicolas Vayssières, Hugo Larachiche, Quentin Roussey et Matthieu Rodriguez en tête. "Au final, j'ai fait un bon call."

Samuel Anclevic

Ce call, parlons-en plus en détail. Il intervient en milieu de finale, alors qu'ils ne sont plus que six à table. Sur 150 000 / 300 000, Samuel défend KT de grosse blinde après un min-raise de David Dibernardi. Sur KQ685, l'Américain envoie trois barrels à 400 000, 950 000 et enfin trois millions pour tapis. Samuel n'a que 300 000 de plus et s'apprête donc à mettre en jeu son tournoi. "J'avais un tell, glisse le Français. Je prends tout mon temps, je le regarde pendant plusieurs minutes et je vois que sa carotide n'arrête pas de palpiter. En plus, il a la réputation haletante. Quand tu es en value, à un moment, tu finis par te calmer. Alors qu'en bluff, tu es en stress permanent. Je crois que c'est Tom Dwan qui a dit qu'un bluff, il faut être capable de l'assumer physiquement. Pour lui, j'ai vite vu que ce n'était pas le cas." Read gagnant : Dibernardi était effectivement en pampa avec A9.

Mais derrière, Samuel n'a jamais pu tirer profit de cette belle lecture. Il laisse ses adversaires se tirer dans les pattes, passant les paliers les uns après les autres. "J'ai passé quasiment huit heures à fold. C'était beaucoup d'attente et de patience." Du moins, c'est ce qu'il laissait transparaître. Car à l'intérieur se jouait un autre combat. "Je ne devais pas être là et je ne devais pas jouer ce tournoi, rappelle le récent demi-finaliste du WPO Madrid, qui s'est chauffé au dernier moment pour venir à Sin City. Si je suis sur ce 1 500, c'est parce que j'ai pris 15 000 au Venetian en arrivant. Là, ce gain va tout simplement me permettre de buy-in ! Je vais pouvoir faire des 1 000, des 1 500 et le Main Event parce que c'est le Main Event. Le 5K 6-max ? Ce serait un petit kiff' de le jouer mais le field est quand même beaucoup plus relevé. Moi je suis bien sur des tournois du genre de ce Freezeout. Il y a plein de pingouins et je les aime ces pingouins !" Et nous aussi on a passé un super moment sur ta banquise.

World Series of Poker 2022 - Event #34 : NLHE Freezeout 1 500 $ 1 774 joueurs - Résultats de la finale

Justin Pechie Winner Photo

Deuxième bracelet pour Justin Pechie, onze ans après avoir remporté un Shootout à 1 500 $. Crédit photo : PokerNews / Spenser Sembrat.

Vainqueur : Justin Pechie (USA) 364 899 $ Runner-up : Samuel Anclevic (France) 225 506 $ 3e : Maxime Parys (France) 164 469 $ 4e : Kenny Robbins (France) 121 224 $ 5e : Steven Zolotow (USA) 90 306 $ 6e : David Dibernardi (USA) 68 002 $ 7e : Michel Leibgorin (France) 51 766 $ 8e : Jeremy Wien (USA) 39 843 $ 9e : Dwayne Sullivan (USA) 31 009 $ 10e : Orson Young (USA) 24 407 $

Kool Shen Kick ça d’entrée

Le Team Winamax se renforce d’un atout de poids. Pour son premier tournoi, Kool Shen prend la mesure du field américain et passe sereinement la bulle de ce Millionaire-Maker. Il escorte son collègue Davidi jusqu’à l’argent et fait partie des meneurs du clan bleu.

Event #37 : Millionnaire-Maker No-Limit Hold'em 1 500 $

Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Plutôt que de se précipiter dans le premier tournoi venu, deux heures après être sorti de l’avion, Kool Sen a fait les choses dans l’ordre.

Kool Shen

« J’ai pris le temps, pose l'artiste du Team. Se précipiter pour jouer, non. Au bout de deux jours, je commence enfin à me réveiller après 6H du mat'. Là, ça fait trois jours que je suis là, et c’est seulement mon premier tournoi ».

Pour sa première au Paris-Bally’s, Bruno note une amélioration agréable. Mais que ce soit dans le rap comme dans la décoration, Kool Shen ne cache pas son côté Oldschool. « Avant, c’était vieux, c’était un peu crade… Mais on aime bien ce côté pourri. Pendant dix ans, on a construit des souvenirs dans cette ambiance. Là, t’es dans une belle salle de conférence ».

Pour tâter ses premières cartes, Bruno a fait preuve de patience, une vertue qui paie toujours. Après un jour et demi de combat, Bruno trouve déjà son premier ITM du festival, sur un tournoi qui suscite bien des rêves. « Il est magnifique celui-là. La structure, le field… Enfin, il faut se méfier parce que leds tables ne sont pas aussi faciles que l’on croit. Hier, j’étais entouré de quatre regs pendant tout l’après-midi. Mais tu sais, c’est souvent là où on monte le plus de jetons ».

Une belle livraison autorisera le décollage. Open 3x en MP, et Kool Shen découvre QJ au bouton. « Je sens qu’il est gros donc je veux pas le 3-bet, se souvient le joueur. Je paie, ça vient, Q64, il check, je fais 1/4 pot. Turn 2, je fais genre 40% et il me fait tapis… avec deux valets ». Sans trop comprendre le projet de son adversaire, Bruno se contentera de le déstacker, puis d’étoffer son tapis tout le long de la journée. 228 000 jetons dans le sac, 310 000 au moment de passer la bulle, la route est longue, mais Kool Shen prend la bonne voie.

Millionnaire

Ils étaient 8 000 joueurs au départ. On a déjà perdu 90% du field, mais ça fait encore du monde dans la Bally's Ball Room.

Un gros groupe de randonneurs tricolores accompagnent notre rappeur sur le chemin du Day 3. Devant lui, Julien Sitbon avançait d’un bon pas, mais si j’utilise l’imparfait, c’est parce que notre Français a connu une glissade terrible pour tomber du haut de son gros stack directement dans le ravin.

« Je suis sonné, me confie le joueur, juste après avoir récupéré son ticket, bon pour un mincash. Juste à ma droite, j’avais un Américain en énorme tilt. Il open 10 000, je fais 35 000 avec As-Roi, et il me fait tapis 300 000 ! Normalement, je prends rarement ces spots-là mais ici, il a clairement des As-Valet, As-Dame. Je paye, il a deux valets et ça vient A103KQ. Derrière, il me reste 20BB, flip 99 contre As-Roi il fait l’as river ». Et voilà comment passer de 100 blindes à la sortie en cinq minutes.

Erwann

"J'ai le pire siège de toute la salle, affirme Erwann Pécheux, qui a trouvé en effet un Anatoly Filiatov bien stacké juste à sa gauche. Il est très fort et il est très chiant. C'est un des joueurs les plus aggros du circuit".

Dans le peoloton bleu, notons la présence d’Erwann Pécheux (340 000), Jeremy Palvini (310 000), Renaud Cellini (235 000), Max Chillaud (200 000), Nicolas Noguera (185 000), Jean-Paul Pasqualini (140 000), Alex Réard (130 000), Fabrice Bigot (130 000), Cedric Schwaederle (85 000), Sébastien Clot (80 000) Matthieu Rodriguez (70 000), Lorenzo Lavis (65 000)… Et plein d’autres joueurs plus ou moins connus qui ont échappé à mes radars. Devant le bureau des Pay-outs, j’ai vu également défilé Jonathan Therme, Boris Berthomet ou encore Léo Soma, qui se contentent d’un mincash avant de filer vers le Venetian pour un alléchant 2 500 $ Bounty.

Palvini

Avec un Anglais qui s'améliore de jour en jour, Jeremy Palvini répond aux Américains qui l'embêtent, à l'instar de cette dame en rose qui lui reprochent de toucher son sac sans se laver les mains ou cet Américain qui affirme qu'il perd trop de temps à parler. Pas de quoi énerver notre Marseillais qui accumulle les jetons tranquillement depuis le début de journée. Parti avec 55 000, le voilà à plus de 300 000.

Les tribulations d’un Top Shark en Amérique

Après un voyage mouvementé, Loïc « Winda » Debregeas, touche aujourd’hui ses premiers jetons WSOP. Peu habitué au Live, le néophyte prend conseil auprès d’un certain Davidi Kitai, à la pause de son premier tournoi, qu’il a démarré tambour battant.

C’est une Odyssée épique qu’a connu Loïc Debregeas pour son premier voyage dans le paradis du jeu. Une succession d’aventures plus ou moins agréables, lui causant un petit retard dans le planning mais ça y’est, Winda est arrivé à Vegas !

Winda

« Notre premier avion, de Paris jusqu’à Montreal, a trois heures de retard à cause des intempéries. A l’arrivée, on est resté plus d’une heure dans l’avion sans que personne ne nous laisse débarquer, puis enfin, on entre dans l’aéroport, raconte Loïc, qui est venu avec sa copine. Notre vol pour Vegas aussi a du retard, ce qui devait nous permettre d’attraper la correspondance tranquillement, mais quand on arrive devant la zone internationale, tout est fermé : la douane américaine ferme ses portes a 20H, impossible de passer ».

Comme des dizaines de passagers, Winda est pris au piège. Il a beau discuter avec les responsables, le Top Shark et sa copine devront dormir à l’aéroport. Organisation d’un petit campement avec les autres passagers de l’avion ? « Pas vraiment, c’est un peu chacun pour sa pomme. Le premier qui trouve son endroit s’installe. On a dû passer la nuit sur des bancs. Difficile de dormir, mais ça va, j’ai 25 ans, c’est plutôt toutes les personnes âgées pour qui c’était réellement difficile ».

Un prochain vol est prévu 24H plus tard mais le lendemain matin, Winda trouve un vol plus tôt, qui lui permet de joindre Vegas en début d’après-midi. Pour le Millionaire-Maker, ça fera un peu « short », du coup Loïc se réserve pour le 1 000 $ Turbo Bounty de ce dimanche.

Premier tournoi WSOP pour le jeune Top Shark, qui découvre à la fois les « gros » tournois Live et le field américain.

« Tu vas voir, on trouve de tout ici. N’essaie pas de jouer GTO, prévient Davidi Kitai, qui croise Winda à la pause au sortir de son min-cash sur le Millionnaire-Maker.

- J’ai cru comprendre, je me suis fait raise tapis dans un pot 3-bet sur K55, par un joueur qui tenait A2.

Après lui avoir partagé quelques généralités sur le field américain, pas vraiment adepte des 3-bet light, le Belge interroge le jeune grinder sur ses skills en Live.

« Tu regardes un peu les tells toi ?

- Pas trop, avoue le néophyte.

- Essaie de fixer ton regard à ce niveau-là, affirme Kitai en montrant sa carotide. Si ça bat fort, ça peut être une indication. Mais il faut bien prendre le temps d’observer pour voir les variations.

Niall Farell

"Tu connais ce joueur à droite de Florian Ribouchon ?". Pas encore très au fait du field Live, Loïc fait connaissance avec Niall Farell.

Florian Guimond et Ribouchon, également de ce 1 000 $ Turbo Bounty écoutent d’une oreille et s’invitent à ce cours de tells donné gratuitement par le maître des reads.

- J’ai vu des mecs bouger parfois pendant les moments de tank, comme s’ils voulaient "induce" quelque chose, montrer qu’ils sont en stress, avance Ribouchon.

- Il ne faut pas confondre le stress et l’excitation. Parfois, le mec va bouger parce qu’il est excité de sa main, ça peut être une indication de force. Les reverse-tells peuvent aussi aider à lire une main. Quand je fixe la carotide d’un adversaire, je vois plein de joueurs avaler leur salive pour me faire croire qu’ils sont stressés. Généralement, tu peux folder, ça veut dire qu’ils ont du jeu ».

Winda a encore beaucoup à découvrir sur les réflexes et astuces de Livetards. Mais pour ce qui est de la grind, le joueur se débrouille déjà pas mal. Et pour son premier tournoi sur le sol américain, Loïc fait déjà de sacrés dégâts. 9 tapis de départ montés à l’approche de la bulle et déjà quatre bounties dans la poche. Au moment où je termine ces lignes, le floor vient même d’annoncer que les 355 survivants étaient dans l’argent. 1er tournoi, 1er ITM. Winda attaque ces WSOP du bon pied.

Petite partie entre millionnaires

Pendant que certains tentent de devenir millionnaire sur le bien nommé « Millionnaire-Maker », ceux qui le sont déjà se retrouvent pour un petit tournois entre gros portefeuilles et boss de fin du jeu. Evidemment, Adrian Mateos est de la partie.

Event #42 : High Roller No-Limit Hold'em 100 000 $

High Roller

La tension aux tables est à l’image du buy-in. Extrême. On est loin de l’ambiance des tournois « Mixed Games » qui s’enchaînent depuis des semaines dans cette même zone « Purple », réservée aux tournois High Roller. Cette fois, peu de place pour les bavardages décontractés et blagues vaseuses. Ici, on se défie du regard, pour montrer qui est le plus fort parmi les plus forts et bien sûr, pour aller ramasser les millions de dollars qui sont posés sur la table.

Pour participer à ce tournoi sympathique, chaque joueur a dû se délester de 100 000 $. Une somme affolante pour le commun des mortels, un High Roller de plus pour la majorité des joueurs qui ont pris place autour des cinq tables pour l’instant dressées. On retrouve en effet pas mal d’habitués. Les Stephen Chidwick, Dan Smith, Christoph Vogelsang, Sam Soverel, David Peters, Seth Davies, Ben Heath, Mikita Badziakousiki, Nick Petrangelo étaient déjà tous là sur l’édition précédente, et ils seront certainement encore sur le 250 000 $ de fin de festival, et sur le prochain encore.

Addamo Chidwick

Face à face entre deux joueurs pas mauvais. Michael Addamo vs Stephen Chidwick. Open du Britannique, défense d'Addamo. C-bet 2BB sur K9J, check-check turn 9, bet pot Michael, snap call, AJ chez Addamo, K7 chez Chidwick.

Pour accompagner ce groupe de tauliers, quelques légendes du jeu. Freddy Deeb et Erik Seidel sont venus représenter l’arrière-garde, pas du genre à se défiler face aux jeunes loups qui se régalent sur ce genre de field. Évidemment, je pense à un certain Michael Addamo, qui croque allègrement les prizepools de cette scène High Roller depuis quelques années. Il est d’ailleurs le tenant du titre de ce 100 000 $, qu’il avait remporté en novembre dernier… Un mois après sa victoire sur le 50 000 $. Et devinez qui était le premier joueur à doubler dans ce tournoi ? Michael Addamo. L’Australien a trouvé deux Rois pour abattre les deux valets de Jason Koon, qui a re-entry aussitôt pour s’asseoir à côté Dario Sammartino.

Virage

Une belle brochette Aldemir-Sammartino-Koon-Mateos... devant un certain David Peters.

Comme toujours, quelques richissimes amateurs sont venus se frotter aux meilleurs joueurs du monde. Aussi à l’aise sur la scène High Stakes que dans la gestion de fonds spéculatifs, Talal Shakerchi s’offre un nouveau bain dans le lac à requins. Eric Worre, qui a fait fortune dans le Marketing de Réseau, a également buy-in tout comme Brek Schutten, amateur de type très éclairé, qui continue ses shots en High Stakes sur ce festival, pour l’instant très réussi.

Schutten

Après une 5e place sur le 25 000 $ et un 2e place sur le 50 000 $, quelle surprise nous réserve Brek Schutten sur le 100 000 $. Ca commence bien pour l’amateur, avec déjà deux startings devant lui. Pas une raison pour faire l'enthousaiste.

Malgré ce fabuleux casting, nos yeux scruteront un joueur en priorité. Vous connaissez son nom, son talent et sa capacité à s’imposer sur les plus hauts plateaux du jeu. Six mois après sa victoire sur le 250 000 $, Adrián Mateos se verrait bien ajouter le trophée du 100 000 $ à sa galerie déjà bien remplie. Comme sur ce Super High Roller, notre Team Pro démarre ce tournoi… Avec un demi stack de départ, suite à un gros duel face à Dario Sammartino.

Mateos Sammartino

Open 14 000 de Mateos UTG et 3-bet de l’Italien 56 000 en grosse blinde. Mateos paye et fait face à un check sur le flop 896. L’Espagnol envoie 40 000 et riposte immédiate de Sammartino qui check-raise à 165 000. Payé. L’Italien poursuit l’attaque sur la turn 2 : 150 000 et après un temps de réflexion, Adrian laisse le pot à Sammartino, pour se garder 350 000, sur les 600 000 de départ.

Chillaud surnage après le grand écrémage

Six Français résistent à la tempête du Day 2. Profitant des vents favorables, Maxime Chillaud a parfaitement géré son vol pour planer dans le gang des superstacks.

Event #37 : Millionnaire-Maker No-Limit Hold'em 1 500 $

« J’ai globalement gagné tout les gros pots que j’ai joué. Tous les bluffs sont passés, je crois que c’est la première fois de ma vie que j’ai pas call-muck une fois de la journée. Ca run vraiment très fluide » résume Maxime Chillaud qui a passé une journée de poker très agréable.

Chillaud

Montant rapidement un stack costaud, le grinder a trouvé un spot délicat en fin de Day pour franchir la barre des deux millions de jetons. « J’open A9 30 000 au Cut-off et le bouton 3-bet 90 000. C’était un reg compétent, je décide de call, déjà ça je ne suis pas sûr de cette décision, analyse après coup Maxime, qui trouve une top paire sur le flop AKQ. Il fait 60 000 je paie et turn K, il 2-barrels 150 000. J’hésite à payer, parce que je sais qu’en faisant pas cher ici, il va surement mettre un dernier barrel ». En effet, le bouton fait 450 000 river, mais Maxime était prêt à payer. Son adversaire retourne 1010 et Chillaud passe chipleader provisoire, à 300 left de ce Millionnaire-Maker.

Chillaud

"Tu comprends, tu fais un bon bluff, mais je t'ai complètement own" explique Maxime à son voisin.

« Ah si, je call-muck sur un coup un peu loufoque en toute fin de journée, se souvient Chillaud. Un Américain barbu tatoué, qui nous a fait plusieurs limps dans le noir me 3-bet sur un open UTG avec AK. Il a aussi un gros stack donc j’ai pas envie de 4-bet-call et ça vient 633. Il me fait 100 000, je call et encore 100 000 turn 5. J’ai tellement les cotes, je paie encore et river 7 il me fait 200 000. Il ne sait pas trop ce qu’il fait, j’hésite mais je finis par payer et il me montre J4 pour une quinte ».

Un drôle de faux pas qui ne ternit en rien la superbe marche de Chillaud tout le long de cette journée. Il n’est devancé au chipcount que par Seamus Cahill, qui a trouvé deux as contre les deux rois de Faraz Jaka en fin de Day, ainsi qu’un certain Tom Thomas.

Marcadet

Chris Marcadet a perdu un gros duel France - Brésil avec deux valets abattus par les deux dix de son voisin, mais retrouve un stack de combat dans les dernières mains de la journée

Après onze niveaux de jeux qui ont essoré 85% des 1 700 joueurs présents au départ, cinq bleus suivent notre porte-drapeau au Day 3. Nicolas Noguera avance à bon rythme et reviendra avec une soixantaine de blindes, l’homme aux mille vies Chris Marcadet continue son joli Vegas en mettant 800 000 jetons pour le Day 3, grâce à un flip avec AJ contre 33 sur l’avant-dernière main.

Dans son style caractéristique, Jean-Paul Pasqualini s’accroche à ses vingt blindes, qu’il envoie à bonne fréquence pour rester dans la course, tandis que Fabrice Bigot passe une journée à bavarder avec les Américains, sans oublier de leur prendre quelques blindes de temps à autre.

Bigot Mizrachi

« Ils sont vraiment sympas aux tables. On a rigolé tout l’après-midi, déclare Fabrice, qui a pu croiser le fer avec un certain Michael Mizrachi sur les derniers niveaux. Après avoir "bag" à plusieurs reprises dans le dernier Main Event, "Yepaki" continue de mettre des jetons dans le sac, sur l’un des tournois les plus mythiques des World Series. « Ce qui est étonnant, c’est que mon style de jeu ne convient pas du tout à ce genre de field. Je suis un fan de GTO, mais contre les Américains, ça ne marche pas du tout. Si j’applique ça à la lettre, je m’empalerai dans certains coups, je ne prendrais pas assez dans d’autres, ça m’oblige vraiment à m’adapter pour tirer un maximum de jetons ».

Barthe

Un ami de Winamax au Day 3. Nicolas Barthe (à droite), qui passe ici le resteal tapis avec As-Roi, fait son trou dans ce Millionnaire-Maker et reviendra demain avec 800 000 jetons.

Enfin un membre de l’équipe Winamax sera au Day 3… Mais pas vraiment un de ceux qu’on attendait : Nicolas « Ceba » Barthe trouve le spot parfait As-Roi contre As-Dame en fin de journée pour s’offrir le droit de revenir demain avec 35BBs. Lui est membre du « Team » paris sportifs, puisqu’il travaille en tant que trader sur la room. « Je grindais un peu il y a une dizaine d’années, mais j’ai presque totalement arrêté depuis que je fais ce “vrai” métier » confie Nicolas.

Venu pour son premier Vegas avec une petite dizaine de potes, « Ceba » trouve là son deuxième deep run du festival et reviendra demain boxer pour poursuivre le rêve du million de dollars. Belle prestation également pour Jeremy Palvini, Alex Réard, Sylvain Cisterna, Pierre Estrade, Quentin Guivarch, Yoann Gimenez, Cedric Schwaederle, Sébastien Grax, Renaud Cellini, Thomas Besnier, Jérome Zerbib, ou encore notre champion senior Jean-Luc Adam, qui se contenteront d'un min-cash.

Renard chenapan

Il reste moins de 100 joueurs dont 5 Français Le chipleader provisoire s'appelle Thibault Renard Event #37 : NLHE Millionaire Maker 1 500 $ (Day 3)

Quatre heures de jeu sur cette troisième journée ont fait passer le field de 232 unités à 99. Un ratio d'élimination que respecte presque scrupuleusement le clan français. Des dix à avoir repris la partie à 10 heures (oui, c'est toujours aussi tôt), cinq ont pu profiter du deuxième break du jour, dont un Thibault Renard un peu plus tranquille et en confiance que les autres. Et pour cause : avec plus de six millions de jetons, soit trois fois la moyenne, il trône tout simplement en haut du chipcount.

Thibault Renard

"C'est une journée folle pour l'instant, résume-t-il avec un grand sourire aux lèvres. J'ai pris des bons spots et derrière, que ce soit en value ou en bluff, tout passe." À l'image de ce lancer de pièce joué avec une paire de 9 contre le As-Dame off d'un "bon reg", pour passer de 40 à 80 blindes. "Avant ça j'avais gagné deux autres coups avec deux 9 ! Contre As-8 et contre une paire de 3." Un excellent début de Day 3 qui fait suite à... une excellente fin de Day 2. "J'avais perdu plusieurs coups d'affilée pour tomber de 80 à 20 BB, et sur les deux derniers niveaux, j'ai fait fois dix !"

Le sens du timing, c'est un peu la spécialité de Thibault. Pour sa toute première place payée en tournoi live en décembre dernier, il remportait le Main Event à 1 100 € du TexaPoker Festival au Club Montmartre, pour 121 440 €. Pour son baptême du feu à Vegas, il s'est calé un séjour de trois semaines, avec "environ 30 000 $ de buy-in", qui pourrait donc se finir en apothéose. "Je suis censé rentrer dans deux jours," soit pile le lendemain d'un éventuel Day 4 et, pourquoi pas, d'une finale sur ce tournoi offrant plus d'1,1 million de dollars à son futur vainqueur. "Bon, si ça se trouve je vais bust 80e !," tente-t-il de se blanchir.

On ne dirait pas comme ça que les MTT ne sont plus tout à fait sa spécialité. "J'ai pas mal joué de tournois online pendant un temps, à un buy-in moyen de 80 €, mais comme ma copine est ostéo, on doit rester en France. Donc pour ne pas me faire massacrer par les impôts, je suis passé sur les Expresso. Je joue les 100 € et je reviens faire un tour en MTT pour les Series, sur Winamax et ailleurs." Après avoir signé deux places payées sur ces World Series, dont un Day 2 sur le Shootout, Thibault Renard a désormais une occasion en or de quitter Sin City sur une très bonne note. À moins qu'une grosse perf' lui donne envie de rester un peu plus longtemps...

Christopher Marcadet OUT

Du côté de nos autres tricolores, c'est plus compliqué pour Achille Samaran et Bastien Joly, tous deux pointés à 20 BB ou moins, tandis que Maxime Chilaud maintient son stack au-dessus des deux millions, à une quarantaine de blindes. C'est en revanche terminé pour Jean-Paul Pasqualini, mon collègue trader en paris sportifs chez Winamax Nicolas Barthe, Fabrice Bigot, Nicolas Noguera et Christopher Marcadet (photo). Après avoir joué "le pot du chiplead avec AQ contre As-Roi et Roi-Valet off", l'Orléanais tombe sous les vingt blindes et voit son AK s'empaler contre les deux Rois de son voisin de droite.

Alain Bauer

Alain Bauer va-t-il poursuivre sa lancée ici aux États-Unis ? Avant de deep run ce "Milly Maker", le doyen tricolore du jour est allé jouer le Lodge Championship au Texas du côté de chez Doug Polk et a signé deux jolies perfs : troisième d'un 5 000 $ pour 52 000 billets verts puis vainqueur du Main Event à 3K pour 375 000 patates.

Matt Affleck
Personne ne sera surpris de retrouver Matt Affleck dans le Top 100 d'un tournoi WSOP ayant rassemblé des milliers de joueurs, tant le légendaire demi-finaliste du Main Event 2010 s'est fait une spécialité des énormes fields de ce genre.

Michael Mizrachi
Plus étonnante est en revanche la présence de Michael Mizrachi. Pas que le triple vainqueur du PPC ne sache pas tenir les cartes - ça, il n'a plus besoin de le prouver - mais on a davantage l'habitude de le croiser sur d'onéreuses épreuves de variantes que sur ces sauteries en Hold'em.

100K d’accord, mais qui ?

La table finale du 100K a commencé Aux côtés de professionnels incontournables, quelques visages moins connus : on vous les présente Event #42 : NLHE High Roller 100 000 $ (Finale - 7 joueurs restants)

100K Table Finale

Dans la Paris Ballroom, le contraste est saisissant. Alors que des milliers de joueurs ont pausé cinq billets de 100 $ sur la table pour participer à la petite boucherie No-Limit Hold'em du jour, ils sont eux installés dans un coin de cette immense salle, tellement à l'écart même que l'on voit d'abord le rail qui s'est formé pour les observer que leur table. Eux, ce sont les finalistes du High Roller à 100 000 $, au nombre de sept au moment de venir brièvement les observer. Dans la foulée de l'élimination de Koray Aldemir en onzième place et donc à la bulle de ce tournoi en comité très restreint ayant rassemblé 62 entrées, s'est constituée une finale étonnante.

Phil Ivey

D'un côté, des mastodontes de ce jeu, à l'image d'un Phil Ivey décidément en forme sur ces WSOP. Parti en quête d'un onzième bracelet, Ivey est de nouveau l'attraction principale de cette TF, déjà la troisième de son été, après avoir terminé septième du 100K Bounty d'ouverture puis troisième du Stud Championship. Phil est accompagné de l'actuel onzième de la All-Time Money List Mikita Badziakouski et du high staker anglais Ben Heath, tandis que Nick Petrangelo a pris la porte en neuvième position. Tous ces joueurs, vous les connaissez. Leurs noms sont apparus maintes et maintes fois dans ces colonnes, que ce soit ici à Las Vegas ou dans le cadre de festivals EPT. À l'inverse, on parie que les quatre derniers finalistes que nous allons vous présenter ne vous seront pas aussi familiers.

Aleksejs Ponakovs

Commençons par celui qui domine pour l'instant cette finale, Aleksejs Ponakovs. Allez faire un tour sur sa page Hendon Mob, et vous trouverez un bilan d'1,4 million de dollars collectés en tournois, ce qui est bien, mais fait un peu pâle figure à côté des palmarès de certains des joueurs qu'il a dû affronter depuis dimanche. La raison à cela est simple : c'est principalement sur internet que sévit 'APonakov', avec notamment un titre à 475 000 $ décroché en début d'année sur le SUPER MILLION$ de GGPoker et un bracelet online collecté sur le High Roller à 7 777 $ pour 432 000 $. De quoi donner au Letton des envies d'un petit séjour à Madrid en mai dernier pour les Triton Poker Series, où il est passé tout près du gain à sept chiffres, en terminant quatrième du Main Event à 100 000 €. Un sérieux client donc.

Greg Jensen

Si vous vous souvenez du visage de Greg Jensen, félicitations, vous avez une excellente mémoire. Car le seul fait d'armes de l'Américain en tournoi live remonte à 2013, où il avait atteint la sixième place du Super High Roller à 100 000 $ de la PCA. Mais il avait fait surtout parler de lui pour ce qu'il avait fait des 286 200 $ collectés pour sa perf' : il les avait reversés aux familles des victimes d'une tuerie qui avait eu lieu quelques semaines dans l'école de Newton, dans le Connecticut. Il faut dire qu'à la ville, Gregory a occupé de 2011 à 2016 le poste de co-CEO de Bridgewater Associates, un énorme fond d'investissement qui se targuait en mars 2021 de gérer 140 milliards de dollars à travers le monde pour une multitude de clients. On doute donc que les quelque 1,9 million de dollars promis au vainqueur changent radicalement son train de vie.

Michael Moncek

Difficile d'en dire autant en revanche pour Michael Moncek. Triple détenteur de bagues WSOP-Circuit, toutes acquises en 2019 sur des épreuves à 300, 400 et 600 $, le grinder américain a ajouté un bracelet à sa collection de bijoux il y a quelques semaines en remportant le 1 500 $ Limit Hold'em, une variante dans laquelle... il n'avait jamais joué auparavant ! Loin des tournois à trois chiffres qu'il jouait avant le Covid, Mike semble être entré dans une nouvelle dimension depuis. On l'a notamment vu cash le Stud High-Low Championship l'an dernier et échouer à deux places de l'argent sur le High Roller à 25 000 $ cet été. Ce 100K, il est venu le jouer après avoir atteint le Top 100 du Super Turbo Bounty à 1 000 $, plaçant l'équivalent de 24 blindes dans le sac à la fin du Day 1. Jeune bussinessman embusqué ? Nouveau petit génie du web ? Vainqueur d'un incroyable deal de staking ? Quoi qu'il en soit, le réel invité surprise de cette TF, c'est bien lui.

Talal Shakerchi

On le concède aisément, le visage et le nom de Talal Shakerchi sont de loin les plus reconnaissables de ce listing. Cela fait maintenant dix ans que ce gestionnaire d'un fond spéculatif londonien parcourt le circuit, avec plusieurs coups d'éclat et plus de 7,6 millions de dollars de gains à son palmarès. Amateur plus qu'éclairé, l'Anglais "étudie énormément" selon ses propres dires, joue "sur internet tous les dimanches", regarde énormément de vidéos pour travailler son jeu et "fréquente [le forum] 2+2 quotidiennement". Une passion dévorante qui incite celui qui ferait partie des hommes les plus riches de la City à s'intéresser non seulement au No-Limit Hold'em mais aussi aux autres variantes, s'invitant notamment deux fois dans les places payées du Poker Players Championship en 2017 et 2019. Pas forcément le genre de riche businessman que l'on veut forcément croiser à sa droite.

Ils ont également atteint les places payées et la finale : le pro japonais Masashi Oya (8e), faisant partie de la nouvelle vague de joueurs nippons prêts à déferler sur le reste du monde, ainsi qu'Eric Worre (10e), véritable pape dans le domaine du marketing de réseau et régulier des tables de Las Vegas depuis une dizaine d'années. À noter que le temps d'écrire cet article, Mikita Badziakouski (7e) et Talal Shakerchi (6e) ont pris la porte. Les cinq derniers prétendants au titre sont alors immédiatement partis en dinner break et reprendront la partie sous les spotlights de la feature table du Bally's Event Center, devant les caméras de PokerGO. Le vainqueur ne sera cependant connu que mardi.

L'échelle des gains Vainqueur : 1 897 363 $ Runner-up : 1 172 659 $ 3e : 805 024 $ 4e : 571 896 $ 5e : 420 944 $

6e : Talal Shakerchi (Angleterre) 321 437 $ 7e : Mikita Badziakouski (Belarus) 255 001 $ 8e : Masashi Oya (Japon) 210 485 $ 9e : Nick Petrangelo (USA) 181 068 $ 10e : Eric Worre (USA) 162 623 $

Bastien Joly sauve les meubles

Le cash gameur thaïlandais représentera seul le clan français au Day 4 Event #37 : NLHE Millionaire Maker 1 500 $ (Fin du Day 3)

Bastien Joly

6,55 milllions de jetons. C'était peu ou prou le tapis de Thibault Renard après quatre heures de jeu sur ce Day 3, ce qui représentait alors trois fois la moyenne. Six niveaux plus tard, c'est exactement ce qu'a réussi à bag Bastien Joly (photo), qui aura un stack 26 blindes à faire fructifier ce mardi. Thibault, lui, a pris la porte prématurément en 45e position, après Alain Bauer (82e) et avant Maxime Chilaud (30e). Il ne reste donc plus qu'un Français sur les dix de ce matin pour prétendre au gros million de dollars à la gagne. Un ratio assez logique quand on sait que 90% du field global a également disparu.

26 BB à 24 joueurs restants, un sort que Bastien accepte avec plaisir, au terme d'une journée passée à naviguer en zone dangereuse. "J'ai pas mal swingué, résume-t-il, mais en même temps je n'ai jamais eu beaucoup plus de 25 blindes. Je me suis battu on va dire. En fait j'ai surtout été card dead et très bon à tapis." Comme sur cette bataille de blindes contre Santiago Plante, où le As-Valet du Français tient bon contre le 86 du Canadien, qui jouait pourtant toutes les cartes du paquet à partir du turn avec un combo gutshot et flush draw. "Il y a eu pas mal d'autres coups aussi, mais honnêtement là je ne m'en souviens plus." Après trente heures de poker en trois jours et des réveils matinaux pour être de retour au Bally's à 10 heures (ce sera aussi l'heure de reprise mardi), on peut comprendre que le cerveau tende à s'embrumer.

Bastien Jolu - Punnat Punsri

Mais qui est donc ce joueur, croisé en demi-finale du Winamax Poker Tour 2017 et qui s'était imposé l'année d'avant sur un side event PLO ? "Je vis en Thaïlande depuis environ cinq ans, nous éclaire-t-il. De base, je suis un joueur de Omaha, je jouais en cash game à Paris. Maintenant, je fais des parties live underground à Bangkok et je joue sur des applis. On est trois à être venus sur ce Vegas : Jérôme Dumayer et Punnat Punsri (photo). C'est énorme parce qu'on est tous les deux encore dans le tournoi, et en plus on se retrouve l'un à côté de l'autre ! C'est un super joueur, il a terminé troisième du 50K," et signé cinq finales dont trois podiums et deux victoires entre décembre et janvier sur des High Rollers à 10 000 $ au Bellagio et au Venetian. Les deux potos sont assurés de 43 849 $, et joueront mardi pour une place dans le Final Five. On leur souhaite de ne pas trop se tirer dans les pattes d'ici là.

Maxime Chilaud OUT

Parmi les chipleaders ce matin, Maxime Chilad n'a jamais vraiment réussi à faire décoller son stack aujourd'hui. Son dernier coup est une anodine bataille de blindes, sur laquelle il envoie ses 16 BB avec Valet-10 et tombe contre Roi-Valet. À noter également les éliminations en toute fin de journée des têtes de série Michael Mizrachi (27e) James Calderaro (26e).

Tableau de bord 24 joueurs restants (sur 7 961 entrées) Blindes au départ du Day 4 : 125 000 / 250 000 / 250 000 Tapis moyen : 8 292 708

Les prix distribués lors du Day 4 24e-18e : 43 849 $ 17e- 14e : 54 438 $ 13e-12e : 68 069 $ 11e-10e : 85 718 $ 9e : 108 704 $ 8e : 138 821 $ 7e : 178 515 $ 6e : 231 145 $