Moteur… action !
La deuxième et dernière journée vient à peine de commencer et déjà on ne sait plus où donner de la tête ! Event #33 : NLHE 6-Handed 3 000 $ (Day 2)
Les niveaux ont eu beau passer de 30 à 40 minutes entre le Day 1 et le Day 2 de ce "3K 6-max", il n'en reste pas moins un tournoi relativement Turbo, avec une moyenne qui devrait tourner autour des trente blindes jusqu'à la fin. "Tu penses que ça va se terminer à quell heure ?," me demande d'ailleurs Stéphane Matheu, présent dans le rail pour observer de près son poulain Davidi Kitai. Après un savant calcul bien trop complexe pour être reporté ici, nous nous mettons d'accord sur une table finale à 22 heures et un vainqueur autour de 1 heure du matin.
Mais n'allons pas trop vite en besogne. Car comme disait feu mon grand-père dans un patois deux-sévrien que je vous épargne : "Il a le temps de se passer bien des choses d'ici-là !" Rien qu'en un plus d'une heure passé autour des tables, la liste est longue. "J'ai vérifié et, quand j'ai gagné ce tournoi en 2014, c'était aussi le premier que je jouais à Vegas, démarre Davidi, friant de petits clins d'œil du destin dans ce genre-ci. Je venais de gagner le SISMIX, c'était fou ce back to back. Et huit ans après, je ressens la même énergie. Je suis vraiment bien." Et ce, malgré un très long Day 1 bouclé sur les coups de 3 heures du matin et une nuit bien trop courte, jetlag oblige.
Dès les premières orbites, Kitbul a eu le droit à ses premières vibrations : après avoir doublé "sur deux gros coups postflop", il perd un énorme lancer de pièce à 2,7 millions avec As-Roi contre les deux Dames de l'Espagnol Lander Lijo ("Un pote d'Adrián Mateos"), puis un "flip au flop" avec deux Dames sur un board hauteur 10 contre flush draw et double gutshot qui rentre river. Un short stack éliminé plus tard, notre Belge préféré retrouvait un tapis légèrement supérieur à la moyenne. "Les tables sont bien plus difficiles qu'hier," glisse le Génie, la sienne ne faisant évidemment pas exception.
Ce début de Day 2 était également l'occasion parfaite de faire connaissance avec nos derniers représentants français, à commencer par un Alexandre Moreau d'humeur badine. Il faut dire que le leader tricolore a poursuivi sa marche en avant en passant de 1,5 à 2,6 millions en quelques tournemains. "Je suis un joueur attaquant, explique-t-il. Je joue une range plus large que la plupart des gens et surtout, j'ai zéro pression. Mon objectif c'est d'aller le plus loin possible, de kiffer le plus longtemps que je peux. On peut me mettre n'importe quoi en face, ça ne m'inquiétera jamais. Je ne vise pas l'argent, même pas le bracelet... C'est juste le rêve d'être ici."
Un rêve que ce patron d'un groupe de formation en sécurité compte bien vivre en entier. "Je suis arrivé le 1er juin et je repars le 19 juillet. C'est la première fois que je fais la totale ici, mais il faut rattraper le temps perdu. Je jouais assez souvent avant le Covid, j'ai deux piques pris sur des Side Events à Barcelone et à Monaco. J'ai aussi fait troisième du Championnat de Belgique." Tout cela, en No-Limit Hold'em, alors que ce n'est même pas son meilleur jeu. "Je fais toutes les variantes, les tournois de Dealers Choice, et j'adore le High-Low, surtout en Stud. J'ai commencé comme ça. Deux ans avant que Patrick Bruel ne rachète les droits du WPT pour Canal+, je jouais déjà à Wagram. J'ai tout appris là-bas, mais ça m'a coûté cher : les lustres, c'est comme s'ils étaient à moi !" Alexandre partage sa table avec un autre Français, que l'on connait un petit peu mieux pour l'avoir suivi jusqu'au Day 6 du Main Event en 2019, Benjamin Souriau, beaucoup plus short avec environ vingt blindes.
Quant au troisième larron d'un clan tricolore resserré, il n'était jamais apparu sur nos radars et pour cause : Kenny Deffrasnes fait partie de la communauté d'hexagonaux expatriés au Mexique, en l'occurrence à Cancún. "Cela fait 5-6 ans que j'y suis, raconte ce Lyonnais d'origine. J'y étais parti pour un stage d'études en commerce international... mais bon, c'était juste une excuse pour aller là-bas. Voir le soleil. Je jouais déjà un petit peu au poker, mais c'est une fois sur place que je m'y suis mis de façon professionnelle. J'ai rencontré beaucoup de Français qui sont venus puis partis, j'ai ramené aussi des potes de Malte..."
Pour sa première fois à Vegas et donc ses premiers WSOP, Kenny a choisi de sortir de sa zone de confort. "Mon truc, c'est le cash game online, je ne joue pas du tout en MTT. Bon, j'ai bossé un peu la théorie en tournois avant de venir, mais c'est à peu près tout." Un baptême du feu se déroulant donc on ne peut mieux, après un Day 1 fait de "bons calls" et de belles rencontres. Tombé dans la zone orange après un pot perdu contre Dimitar Danchev - qui a depuis pris la porte - Kenny est revenu au-dessus du million grâce à un flip crucial gagné avec paire de 9 contre As-10 pour sortir un short stack. Les belles histoires en perspective ne manquent pas sur ce tournoi. De notre côté, on a déjà notre scénario idéal en tête. On espère maintenant que ce film se terminera en happy end.
L'un a déjà démontré sa maîtrise du format short-handed en remportant le "10K 6-max" en 2017 ; l'autre est l'une des joueuses les plus en vue de cette dernière décennie : il promet ce match dans le match entre Dmitry Yurasov et Vanessa Kade. David Peters large chipleader à trente joueurs restants d'un gros tournoi de No-Limit Hold'em : qui est surpris ?Steven Van Zadelhoff avait mis son plus beau polo aujourd'hui, il n'aura malheureusement pas l'occasion de l'étrenner en table finale, sorti autour de la 35e place.