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WSOP 2022 - Rubriques - à la une

Objectif Onze

Phil Ivey entame la remontada qui pourrait le mener à un onzième bracelet Il devra se défaire du grand favori Adam Friedman Event #22 : Seven Card Stud Championship 10 000 $ (Finale)

Phil Ivey

Peut-il le faire ? Huit ans après son dernier bracelet et pour sa 29e table finale marquée du sceau World Series of Poker (selon notre recensement maison), Phil Ivey est lancé dans une folle opération sur ce Stud Championship. Arrivé avec le huitième et dernier tapis autour de l'une des feature tables annexes du Bally's Event Center, il possédait une marge de manœuvre on ne peut plus réduite avec l'équivalent de quatre big bets. C'était non seulement très peu, mais en plus quinze fois moins que l'énorme chipleader Adam Friedman, qui s'avançait fort logiquement en patron, en quête lui d'une cinquième breloque, la deuxième en Stud après avoir prévalu sur un 5 000 $ Hi-Lo en 2012.

Adam Friedman

Pourtant, il a fallu moins d'une heure à Ivey pour revenir totalement dans la partie. Après avoir remporté les deux premiers coups de la journée, il a tout simplement multiplié son tapis par plus de quatre, pour passer de 175 000 à plus de 750 000. De quoi s'élever au-dessus de la nuée de short stacks dont il faisait partie à peine quelques minutes plus tôt, et se retrouver au coude à coude avec un autre sérieux client, Yuvee Bronshtein, détenteur de deux bracelets en Deuce to Seven et Limit Hold'em collectés depuis 2019. Pendant ce temps, les deux leaders au départ de ce Day 3 Adam Friedman et Jean Gaspard - lauréat du Dealers Choice Championship en 2016 - perdaient plus de 600 000 pions chacun. Alors que l'on pouvait la penser jouée d'avance, cette finale pourrait bien nous offrir une belle et longue bagarre entre champions.

Stud Championship Final Table

Forcément, le rail n'a pas mis bien longtemps à se remplir pour voir jouer la légende de près. On ose à peine imaginer l'affluence si Ivey vient à faire durer le plaisir. Les WSOP sont bel et bien sa maison, et chacun de ses deep runs vient nous le rappeler.

Histoires de bulle

La bulle éclate tout en douceur Il n'y a plus de W rouge, mais les Français sont bien représentés Event #21 : NLHE Monster Stack 1 500 $ (Day 2)

Monster Stack

Les nombreuses clocks réparties dans la Bally's Ballroom affichent 977 joueurs restants pour 976 places payées. Tous les croupiers sont debout, une bonne partie des joueurs aussi, ça parle beaucoup et fort, le directeur du tournoi tente de calmer tout ce beau monde en faisant une annonce au micro : bref, c'est le bordel sur ce Monster Stack. Mais un bordel parfaitement organisé. Il ne faut qu'une poignée de minutes pour que les floors s'assurent du compte exact en circulant à toute allure entre les tables. On ne voudrait pas crier victoire trop tôt ou au contraire risquer de voir partir un joueur bredouille alors qu'il aurait dû être payé. Bien vite, les hauts-parleurs finissent par cracher ce que tout le monde rêvait d'entendre : "Congratulations players, you are in the money!" Des 6 501 entrants comptabilisés sur les Day 1A et 1B, ils n'étaient déjà plus que 2 053 en course à 10 heures ce dimanche matin. Les voici maintenant 976, et une fois ce rapide tour d'horizon effectué, ils seront environ 150 de moins.

Antoine Saout

Le premier Français à croiser notre jour aujourd'hui n'est autre qu'Antoine Saout. Et cela tombe plutôt bien : au-delà d'un stack passé de 155 000 à 700 000, le double finaliste du Main Event a des choses à raconter. "Le joueur au siège 5 est arrivé avec 50 minutes de retard, commence-t-il à raconter en désignant le siège vide en face de lui. Il a ensuite doublé deux-trois fois avant de se mettre à faire tapis sur toutes les mains, parfois sans regarder ses cartes. Et là ça fait une demi-heure qu'il est parti, il avait un avion à prendre. Mais il a mis des horreurs dans tous les sens !," s'amuse le Breton en faisant défiler les preuves, photos et vidéos. "As-3 qui bat paire de 7, 7-2 qui la met à As-7... il n'a pas arrêté. Moi j'ai réussi à doubler contre lui, avec une paire de 9 sur un board hauteur 8 alors qu'il avait Valet-8." Le sourire est donc de mise chez Tonio, à une table qui va enfin pouvoir retrouver un peu de normalité.

Julien Loire

À quelques tables de là, tout se déroule également à merveille pour Julien Loire, qui semble mener les troupes tricolores du haut de ses 800 000 jetons. Déjà trois fois ITM depuis le début de ces WSOP - on compile tous les résultats français par ici - il poursuit donc sur sa lancée et peut nourrir de réels espoirs de beau deep run. "J'ai grindé jusqu'à 250 000, détaille-t-il, et j'ai gagné un gros flip avec deux Dames contre As-Roi. Je n'avais pas touché de cartes depuis le WPTDeepstacks de Paris juste avant le Covid, ça fait vraiment plaisir d'être ici." Principalement joueur online, Julien ne s'aventure en live qu'à Vegas ou presque "là où on peut faire du volume".

Virgile Turchi

À l'inverse, pour tout un tas de jeunes grinders hexagonaux, il s'agit de la première fois dans la Cité du Vice. C'est notamment le cas de Virgile Turchi, qui s'y sent déjà comme chez lui. Dans la foulée d'un premier EPT monégasque bouclé avec cinq ITM dont deux finales sur des tournois annexes à 2 000 €, 'KKJbet' signe ici "une quatrième place payée en cinq tournois. Bon, sans compter les re-entries." Avec 519 000 jetons devant lui, il a de quoi voir venir.

Sylvain Cisterna

C'est lui qui me pointe du doigt un joueur que je n'avais pas encore eu l'occasion de rencontrer en chair et en os, après avoir pourtant narré maintes fois ses exploits sur Winamax : Sylvain Cisterna, alias RobinDesNOiX. Doté d'un palmarès long comme le bras chez nous, il est ici en quasi voisin. "J'ai vécu au Maroc depuis deux ans et j'ai déménagé depuis puis en Équateur, à Quito." Arrivé le 31 mai aux côtés d'autres pros comme notre ancien W rouge Marc 'LocSta' Inizan - éliminé avant la bulle - Sylvain a "tout joué ou presque" et débloque enfin son compteur au pays de l'Oncle Sam. Avec une grosse quinzaine de blindes en guise de tapis, il va cependant devoir bien vite enfiler le bleu de chauffe.

Fabrice Bigot
Ça rigole bien plus du côté de Fabrice Bigot, pointé à 540 000. "J'ai grind doucement et j'ai sorti Tony Miles sur un flip."

Thomas Eychenne - Samy Dubonnet
Dommage pour le spectacle, Thomas Eychenne et Samy Dubonnet n'auront joué qu'une main ensemble avant d'être de nouveau dispatchés lors de cette période où les tables cassent à toute vitesse. Avec 280 000 jetons contre 155 000, c'est pour l'instant 'La Twice' qui remporte ce match dans le match contre 'miles cordis'.

Erwann Pécheux

Mais ce tournoi qui fait tant tourner les têtes et fera cette année de son vainqueur un quasi millionnaire (il remportera 966 577 $ très exactement), a également le pouvoir de briser bien des rêves. Demandez donc à Erwann Pécheux, croisé dans la zone bleue dédiée au Deepstack à 800 $. "C'est fou ce qui s'est passé, démarre l'ancien poulain PMU. J'avais 420 000 à 1h30 de la bulle et j'ai perdu toutes les mains. Avec top paire, top flush draw, paire de 10 qui tombe contre un brelan de 9 et au final un mec un peu perdu a 3-bet call mes 30 blindes avec As-Valet quand j'avais As-Roi." Un mauvais œil qui en a frappé d'autres. "J'avais swap 5% avec Jonathan Therme en début de journée parce qu'on avait 200 000 tous les deux : il a bust super vite après avoir perdu quatre all-in préflop. Dernière pause juste avant la bulle : je swap avec Alex Réard qui a 420 000 comme moi. Il n'a pas fait l'argent non plus. Et dire que j'étais tombé à 8 000 hier sur 1 000 / 2 000... J'ai pris une demi-heure pour souffler avant de jouer ce tournoi, mais je crois que ça n'a pas suffi. Depuis que je suis là, je n'ai pas le temps, j'ai même mis quelques salissures. Mais ça va mieux, tu m'as redonné le sourire !"

Après avoir bust du day 2 du Monsterstack, in dans le le Flip n go 1000$. Concept : 8 à tapis directement. 3 cartes, on en défausse une flop puis le dealer tire turn+river. Le gagnant est itm et ça reprend sur un tournoi normal. Voici ma première tentative en vidéo @Winamax pic.twitter.com/ewmSHfJtER

— François On_The_Road Pirault (@On_The_Road44) June 12, 2022

Ça va aussi beaucoup mieux pour François Pirault et Romain Lewis. Tous deux sortis avant l'argent, le Top Shark et le Bordelais sont allés tenter leur chance sur le Flip & Go à 1 000 $ et se sont instantanément qualifiés pour le Day 1 qui démarrera à 19 heures. Le premier a trouvé une quinte floppée (voir la vidéo ci-dessus) quand le second a tout simplement fait carré. Pendant ce temps, Dario Sammartino en était à sa 21e tentative et Scott Seiver la... 43e ! Beaucoup moins drôle fut en revanche l'élimination de Mustapha Kanit. En possession du sixième tapis ce matin, notre Italien préféré s'est retrouvé à tapis avec une paire de Rois contre deux Valets sur un baby board pour un pot de 800 000 et a eu la mauvaise surprise de voir débarquer un Valet river. Quatrième et dernier W rouge en piste, Adrián Mateos a lui disparu peu après la bulle, avant de foncer sur le 800 $, pour y tenir compagnie à Pierre Calamusa. C'est qu'il s'en passe des choses aujourd'hui !

Michael Gathy

Les couleurs de cheveux changent mais les bonnes habitudes restent : Michael Gathy trace tranquillement sa route sur ce Monster Stack, avec un tapis d'environ 850 000. Parmi les autres têtes d'affiche toujours dans le coup après la bulle se trouvent Calvin Anderson, Anton Wigg, Allen Kessler, le Champion du Monde Ryan Riess, Christopher Frank, Yuri Dzivielevski, Shannon Shorr, Barry Greenstein, Frederik Jensen...

L’invité surprise

Neymar Jr. fait ses grands débuts aux World Series of Poker Event #26 : Limit Hold'em Championship 10 000 $ (Day 1)

Neymar Jr.

Si vous allez faire un tour du côté de la section Purple de la Paris Ballroom, vous risquez fort d'assister à un petit attroupement le long de la corde du rail... aussitôt dissipé par des agents de sécurité un peu trop zélé. Quant aux trois gorilles en tenue kaki armés de la tête au pied, ils ne sont pas non plus là pour un simple exercice de routine. Non, la raison à tout cela est aussi simple qu'inattendue : Neymar da Silva Santos Júnior dit Neymar Jr., a décidé de s'inviter sur le Limit Hold'em Championship à 10 000 $.

"Son garde du corps m'a dit qu'il allait sûrement rester une semaine," m'a glissé Fausto alors que votre serviteur surveillait du coin de l'œil les finales du Stud Championship et du High Roller PLO. Arrivé après les 25 et 50K NLHE et alors que le 100K n'aura lieu que le 19 juin, le Brésilien a ainsi jeté son dévolu sur le tournoi le plus cher qui lui passait sous la main, sans doute encouragé par son pote et coach Andre Akkari, joueur multi-terrains qui a dû lui donner un conseil ou deux.

Croisé à de nombreuses reprises sur des festivals EPT, notamment sur des épreuves high stakes à Barcelone et Monte-Carlo, où il génère un engouement aussi intense que bref, l'attaquant parisien effectue en revanche son baptême du feu sur un tournoi WSOP. Une grande première qui fut là encore de courte durée, non sans avoir joyeusement animé sa table, à grands renforts de 3, 4 voire 5-bets. La suite de sa soirée se passera juste à côté, dans les sièges molletonnés du King's Lounge. Avis aux intéressés...

Adam Friedman, le 4 à la suite

Le favori a tenu son rang et empoche 248 254 $ Il s'agit de son quatrième bracelet en quatre éditions consécutives, le cinquième au total Event #22 : Seven Card Stud Championship 10 000 $

Adam Friedman Winner Photo #2

2018, 2019, 2021 et désormais 2022. Les éditions des World Series of Poker se suivent et se ressemblent pour Adam Friedman. À un détail près cette année : après avoir signé un inédit et époustouflant back to back to back sur le Dealers Championship, l'Américain a cette fois triomphé sur un autre tournoi à 10 000 $, le Seven Card Stud Championship. Avec ce quatrième succès en cinq ans, il porte son total de bracelet à cinq et rejoint Stu Ungar, Scotty Nguyen, Michael Mizrachi, John Juanda, Jason Mercier ou encore Allen Cunningham. Et on a le sentiment qu'il peut encore aller beaucoup, beaucoup plus loin.

Adam Friedman Winner Photo

"C'est complètement fou, a-t-il soufflé au moment d'évoquer cette impressionnante série de victoires. J'ai bien conscience de la façon dont je run ces derniers temps aux WSOP. D'ailleurs honnêtement, hier, même un aveugle aurait terminé chipleader avec les cartes que j'ai reçues." Ce qui ne l'empêche pas de se montrer très ému peu après avoir scellé ce succès. "Cela représente beaucoup pour moi de gagner en Stud, encore plus que de gagner pour la cinquième fois. Ce tournoi est dans le Top 3 ou 4 de ceux que je préfère jouer, j'y affronte tous les plus grands joueurs que je respecte."

Adam Friedman

Et si cette variante si populaire il y a de cela vingt ou trente ans est aujourd'hui en perte de vitesse, elle s'est trouvée un nouvel ambassadeur. "Le Stud est le plus beau et le plus compliqué des jeux de poker qui ait jamais été inventé. C'est tellement dommage qu'il se meure comme ça, tout le monde devrait essayer." Et ne venez pas lui parler de Hold'em. "Le poker a deux cartes, c'est chiant ! Je l'ai déjà dit et je continuerai de le dire : je m'ennuie quand je joue en No-Limit Hold'em. Alors qu'en Stud il y a énormément de paramètres à prendre en compte."

Jean Gaspard

Dans la peau de l'immense favori aujourd'hui, avec un tapis deux fois supérieur à son poursuivant direct Jean Gaspard, Adam Friedman est certes resté en tête durant la quasi-intégralité de ce Day 3, mais n'a pas eu la partie facile pour autant. Vainqueur du Dealers Choice Championship en 2016 et donc habitué à ce genre de grands rendez-vous, Gaspard justement a plus que tenu son rang, s'emparant brièvement du chiplead à cinq joueurs restants et donnant à Friedman en heads-up, revenant sur ses talons alors qu'il attaquait ce duel avec un déficit de quatre jetons contre un.

Phil Ivey

Gaspard a ainsi tenu bon jusqu'au bout, empêchant la tenue du face-à-face que tous les observateurs voulaient voir : Adam Friedman contre Phil Ivey. Lanterne rouge de cette finale à huit, le décuple vainqueur de bracelet a longtemps fait croire en son retour improbable, alors qu'il était revenu au Bally's aujourd'hui avec seulement quatre big bets. Sans jamais prendre les devants au classement, il a fait peser une réelle menace sur Friedman, surtout lorsqu'il s'est occupé de sortir le dangereux Yuval Bronshtein en quatrième place. Si besoin était, il a en tout cas prouvé à la planète poker qu'il a retrouvé son mordant et son envie de vaincre, et pas que sur des High Rollers en Short Deck.

Adam Friedman Winner Photo Famille

Mais ne nous y trompons pas : alors que dans le même temps Josh Arieh échouait à deux marches de sa cinquième breloque sur le High Roller PLO, Adam Friedman endossait le costume de héros du jour. Une fois de plus. On pourrait presque s'y habituer, mais ce serait être insensible à un pareil exploit.

Le Monster Stack met le cap au sud

Le Marseillais Jérémy Saderne et le Montpelliérain Cédric Louard guident le vaisseau bleu Les vétérans Antoine Saout et Antonin Teisseire navigueront à vue Event #21 : NLHE Monster Stack 1 500 $ (Fin du Day 2)

Lorsque 85% de l'équipage passe par-dessus bord en dix heures de jeu, il faut savoir solidement s'accrocher au bastingage, mais aussi naviguer entre les récifs qui peuvent vous faire chavirer à tout moment. Malgré son nom et sa structure résolument deepstack, louée par tous ceux qui ont mis ne serait-ce qu'une fois les pieds sur son pont, le Monster Stack est un tournoi qui ne pardonne pas, du genre qui vous transforme un jeune matelot en vieux loup de mer en moins de deux. Un véritable accélérateur d'expérience, qui peut siphonner même ceux qui ont déjà connu les remous d'un long voyage à Sin City.

Jérémy Saderne

"Je suis rincé, lâche ainsi Jérémy Saderne en plaçant ses jetons dans le sac prévu à cet effet. On fait quand même de grosses journées. On n'est jamais couché avant minuit et il faut être debout dès 8 heures pour être de retour ici à 10 heures..." Même épuisé, le vainqueur du Mini Event 2019 est parvenu à monter à tapis conséquent de 1,85 million de jetons, pour une moyenne tournant autour d'1,2 million. "Elle est vraiment belle, ça fait un super stack pour demain. J'ai bien touché sur la fin, j'ai notamment passé deux As contre deux Rois durant le dernier niveau pour 1,6 million. J'ai fait un bluff sympa aussi : cut-off contre grosse blinde j'ai 3-barrel avec Valet-10 sur 9-6-3-9-Dame et il a fini par passer."

Cédric Louard

Un professionnel à la barre du navire tricolore et un amateur pour le seconder. Noté en tant qu'Américain dans le chipcount de WSOP.com, Cédric Louard n'apparaissait donc pas dans notre listing de la petite cinquantaine de joueurs français au départ de ce Day 2, mais le vent l'a porté jusqu'à nous. "C'est la troisième fois que je viens à Las Vegas, nous explique cet architecte montpelliérain. J'étais venu il y a six ans jouer le Monster Stack après avoir fait demi-finale du KING5." 68e sur 2 053 ce matin suite à "un run indécent" lors du Day 1, il a bag 1,33 million malgré une journée qu'il qualifie de "moyenne. Je me suis maintenu grâce à quelques bluffs, mais c'était plus difficile. Je suis quand même content : ça m'arrive parfois de monter une tonne pour tout redistribuer derrière, cette fois j'ai réussi à me canaliser." Atout non négligeable à mettre à son crédit : en cas de Day 4, il pourra compter sur un rail de qualité. "Plusieurs potes arrivent mardi, dont [le vainqueur du Winamax Poker Tour 2015] Olivier Decamps. C'est bien organisé !"

Puisque deux Sudistes ne vont jamais sans un troisième - enfin il parait - Antonin Teisseire sera à la vigie, pour surveiller de près une houle à laquelle il sera le premier exposé, avec moins de quinze blindes. Il faut dire que le Niçois a avancé contre vents et marées aujourd'hui : "Je me suis un peu chauffé avec un floor, raconte 'Tonin. Quatre fois en une heure j'ai été changé de table par le même mec, quatre fois je me suis retrouvé en grosse blinde. Ça va bien oui ? Je meurs moi, là !" Il est pourtant bien toujours en vie, de même qu'Antoine Saout, rentré à bon port ce dimanche soir avec tout juste 800 000. "J'étais monté à un million et j'ai 3-bet call le joueur deux crans à ma droite pour 700 000 avec une paire de 10 quand il avait deux Dames. Derrière j'ai gagné un coup avec Roi-Dame contre un Valet-10 pour éliminer un short qui avait un tout petit moins que moi."

Quatre valeureux moussaillons qui laissent derrière eux pléthore de compatriotes naufragés dont Christopher Marcadet (853e), Thomas Eychenne (760e), Léo Soma (725e), Samy Dubonnet (565e), Damien Gayer (551e), Fabrice Bigot (545e), Sylvain 'RobinDesNOiX' Cisterna (448e), Adrien Delmas (431e) et Rosalie Petit (409e). L'île au trésor de 966 577 $ est encore loin, mais la boussole est maintenant réglée. Allez, toutes voiles dehors !

La bête humaine

On commence à y voir plus clair sur ce tournoi monstre Il reste (au moins) cinq Français Event #21 : NLHE Monster Stack 1 500 $ (Day 3)

Cent sortants en trois niveaux d'une heure. Les choses s'accélèrent sur ce Monster Stack, qui n'occupe plus qu'une petite partie de la section Gold du Bally's Event Center. Exactement comme la veille, dix levels seront joués aujourd'hui, ce qui devrait nous amener à une petite poignée de tables restantes. Histoire d'enlever tout de suite le pansement, commençons par vous donner ceux qui n'en feront pas partie : notre passage en revue de l'effectif tricolore après la première pause du jour ne nous a pas permis de retrouver Antonin Teisseire, qui n'a donc pas réussi à faire fructifier sa quinzaine de blindes. Quant aux joueurs qui occupaient les sièges dévolus à 10 heures à Julien Loire, Cédric Louard et Clément Bonnant, ils n'étaient pas annonciateurs de bonnes nouvelles quant au destin de ces trois-là sur ce tournoi.

Romain Lotti

Voilà, ça c'est fait, place maintenant à ceux qui ont les jetons, en commençant par notre chipleader national provisoire Romain Lotti. "Je dois la photo avec Benjamin Castaldi sur le Main Event 2017, je l'ai montré à tous mes potes, me glisse immédiatement ce franco-américano-italien. J'ai les trois nationalités. J'ai fait ma scolarité en France, mais j'ai rapidement bougé aux États-Unis." Installé à Las Vegas depuis de nombreuses années, Romain a fait du poker sa carrière. "Je suis surtout un joueur de cash game live et je fais quelques tournois de temps en temps. Pendant le Covid en revanche, je n'ai joué que des MTT online [remportant au passage deux bagues WSOP-Circuit, NDLR], et j'ai attendu que le masque ne soit plus obligatoire pour retourner jouer en casino, je n'arrivais pas à jouer avec. Pour ces World Series, j'ai prévu un programme léger, pas plus de deux tournois par semaine. Je n'avais pas arrêté l'an dernier et ça ne s'était pas super bien passé, je n'avais fait que des min-cashes... C'est épuisant."

Mais cette année, il y a quelques chose de différent dans l'air. "J'ai annoncé à mes potes que j'allais faire une TF. Tout se passe bien pour moi dernièrement, niveau poker comme sentimental. J'ai même chatté un freeroll sur ClubGG - une application pour Américains qui permet de se qualifier pour des tournois live - pour gagner ma place pour le Main Event ! Cinq sièges offerts pour 588 joueurs, et c'était le premier tournoi que je jouais dessus. Alors que l'an dernier j'avais envoyé quelque chose comme 5K en satellites, sans succès." Pour l'instant, la route vers la finale de ce Monster Stack semble dégagée : avec 3,8 millions, Romain est bien placé dans le haut du peloton. "J'ai destacké un ou deux joueurs aujourd'hui, détaille-t-il, et beaucoup d'autres d'ailleurs depuis le début du tournoi. Dommage que ce ne soit pas un bounty. Puis j'ai bien chatté ma table. Le seul joueur dangereux c'est mon voisin de droite [Steven Wolansky, NDLR], qui a un peu plus d'1,5 million de dollars de gains," et deux bracelets WSOP au passage.

Jonathan Pastore
"J'ai pas mal 3-bet et c'est souvent passé." Ainsi Jonathan Pastore résume ses deux premières heures de jeu sur ce Day 3, lui ayant permis de grimper de 2 à 3 millions.

Jérémy Saderne
Bon début de journée également pour Jérémy Saderne, passé de 1,9 à 2,5 millions.

Antoine Saout

On était un peu plus inquiet pour Antoine Saout, arrivé avec seulement 800 000 jetons, soit moins de trente blindes. Ce serait oublier l'expérience du Breton sur ce genre de fields démentiels. Pourtant arrivé à une table pas évidente où se trouvait notamment Virgile Turchi, Guillaume Latini (seul tricolore inconnu de nos services) et Matt Affleck, le double finaliste du Main Event s'est doucement mais sûrement élevé autour des deux millions. Le tout "sans beaucoup de showdows. J'ai gagné tous les gros pots." S'il avance en plus masqué aux yeux de ses adversaires, ceux-ci ont du souci à se faire.

Virgile Turchi

Beaucoup plus mouvementée fut en revanche la matinée du déjà cité Virgile Turchi. "Je reviens un peu des enfers, commente-t-il. J'ai énormément swingé." De 1,435 million de jetons, 'KKJbet' s'est d'abord propulsé à 2,8 millions - "Deux As contre deux Dames" - avant de chuter à 500 000. "Un mec m'a spew la gueule. Il a open 14 blindes, je 3-bet pour l'iso avec As-Dame et je perds contre Roi-Dame." Deux Dames qui tiennent contre As-3 suité plus tard et le jeune grinder remontait dans des eaux un tantinet plus calmes, à 1,3 million soit une grosse vingtaine de blindes.

João Simão

Les visages connus encore en course ne sont pas légion sur ce tournoi, aussi nous offrons-vous celle de João Simão, professionnel brésilien aussi bien à l'aise en PLO qu'en No-Limit Hold'em.

Fusillade sur toutes les tables

Event #27 : 1 500 $ Shoutout No-Limit Hold'em

Gagner trois sit&Go d'affilée et vous aurez le bracelet. C'est la promesse faite aux mille combattants de ce tournoi, où de nombreux Français ont sorti la mitraillette et le gilet par balle pour sortir vainqueur d'une table, où il ne peut en rester qu'un.

Pirault Therme

C’est un format sanguinaire dont l’originalité et le prestige attirent bien des combattants. Dix guerriers par table, un seul survivant. Bienvenu dans le premier tournoi « Shoutout » de ces WSOP.

À 1 500 $ de buy-in, les petites et moyennes bankrolls foisonnent sur ce tournoi, même si quelques stars se sont lancées dans la bataille. Alex Foxen, Qui Nguyen, Gianluca Speranza, Scott Seiver font en effet partie des 1 000 joueurs assis sur les 100 tables dressées entre l'espace "Black" et "White" de la Paris Ball Room.

Contrairement à hier, le dernier nommé ne pourra pas mettre 43 cartouches dans ce tournoi. Sur sa seule et unique tentative, il devra abattre un random Français qui démontre depuis deux heures son adresse sur le stand de tir. Avec quatre starting stacks, Tom Courbin se place idéalement pour atteindre le deuxième tour.

« Je suis arrivé hier, je suis encore déchiré par le décalage horaire, mais pour l’instant ça se passe très bien, confie l’amateur parisien, qui enchaîne les victimes avec la précision d’un tireur d’élite. J’ai eu du jeu, j’ai placé quelques bons bluffs qui ont marché, et à l’instant, je viens de passer As-Roi contre As-Valet. Il fait valet flop et je fais le roi river ! ».

Courbin Seiver

Courbin a fait le ménage à sa table, désormais éventrée de quelques trous, mais il doit encore s'occuper du cas Scott Seiver, ici au siège 2.

Pourquoi pas boucler ce sit&Go, pour l’instant parfaitement négocié, avec un heads-up face au quadruple bracelet WSOP ?

Un peu plus loin dans la salle, plusieurs guerriers français sont postés sur la ligne de front. Certains devront même s’entretuer. Je pense par exemple à Jonathan Therme et François Pirault, placés à deux sièges d’écart. Pour l’instant, les deux Tricolores occupent les deux premiers places de leur table. On The Road vient d’ailleurs de trouver une jolie quinte avec 53o défendu en grosse blinde pour éliminer son voisin de droite.

Open HJ, call SB et le Team Pro Winamax complète en BB. A64, c-bet 1/3 pot, 1 500, call SB et François check-raise à 4 500. Le High Jack laisse les blindes s’expliquer entre elles. Check SB sur la turn J et François check derrière. River magique 7, 5 000 chez la SB et tapis François pour les 10 000 derniers jetons de son adversaire. Il mettra deux bonnes minutes avant de trouver un call avec AJ, insuffisant cependant pour battre la suite de Pirault.

Guimond

Une table compliquée pour Florian "La Twice" Guimond, qui doit se coltiner toute une ribambelle de regs, à l'instar de Christopher Frank, ici dans sa diagonale.

Sur les autres tables, je vois du Erwann Pécheux, du Samy Dubonnet, du Mickael Rodrigues, du Florian Guimond, du Chèvre.Miel. Côté Winamax, Mustapha Kanit est également en piste, avec déjà trois stacks de départ. En revanche, Pierre Calamusa ne passe pas entre les balles et sort prématurément de ce Shoutout. Le premier deep-run du VietF0u attendra encore quelques jours.

Kanit René

"Elle était la meilleure, elle a pris sa retraite, et elle fait son come-back... Un peu comme moi en somme, raconte Mustapha Kanit à ses adversaires, en évoquant sa masseuse Drea René. C'est la grande réunion !". Massage et grind agréables pour l'instant pour l'Italien, qui domine sa table avec trois tapis de départ.

Martini et ses copains VIPs

Event #28 : 50 000 $ High Roller Pot-Limit Omaha

Quelques VIPs sont venus se frotter à la crème des grinders de Omaha sur l'un des tournois les plus chers du festival. Julien Martini, qui les croise souvent lors de certaines parties privées, a d'ailleurs le plaisir de les retrouver à sa table.

Martini

Sur un tournoi Omaha à 50 000$, on ne s’étonne pas de voir un casting cinq étoiles. Julien Martini, le Finlandais Eelis Pärssinen, vainqueur du 5 000 $ Omaha de la dernière édition, Daniel Negreanu, Shaun Deeb, Laszlo « Omaha4Rollz » Bujtas… Mais aussi quelques VIPs, moins connu pour leurs exploits pokerisitques que pour être des Top Regs businessmen.

Crazy Mike

Mike Thorpe par exemple, fait partie de ces joueurs chauds d’action sur les tables privées, dès lors que les limites sont à son gout. Habitué de la 300 / 600 $ Mixed Games au Bellagio, il a désormais sa propre room VIP au Resorts World, où il croise fréquemment la route de Julien Martini. « Il se fait appeler Crazy Mike, m’explique le triple bracelet WSOP. Autant pour son style de jeu que sa personnalité ». L’homme gesticule en effet dans tous les sens, anime la table par sa parlotte et jeu agressif. Ce VIP au gros VPiP aurait fait fortune dans la Navy, en inventant notamment… Les drones tueurs. Cette fois, c’est avec quatre cartes dans les mains qu’il devra évincer ses adversaires, parmi lesquels Matthew Shreiber, un autre VIP.

Shreiber Mike Thorpe

Crazy Mike la joue à l'italienne, Matthew Shreiber à genou sur sa chaise, pas venus ici pour passer incognito ces VIPs

On ignore d’où provient sa réussite entrepreneuriale, mais ce qui est sur c’est que Matthew est un piqué du jeu. Le businessman ne loupe pas une édition des WSOP, sur lesquels il a déjà validé d’innombrables ITM, une table finale, cette semaine en Mixed Triple Draw… Et même un bracelet. C’était en 2017 sur le H.O.R.S.E 3 000 $. Apparemment, c’est un bon client en cash games, mais visiblement, Matthew sait quand même bien tenir les cartes.

Dans le gang des stars, notons également la présence de Max Kruse. Un footballeur qui a planté près de 100 pions en Bundesliga, dont la passion poker est de notoriété mondiale depuis qu’il a oublié 75 000 € de gains aux tables dans un taxi. L’attaquant est pour l’instant bien parti dans ce tournoi, avec déjà 50 000 jetons de plus que le stack de départ (300 000).

Joao Vieira

Un logo W dans ce tournoi princier : Joao Vieira est en piste pour l'un des tournois les plus chers de son festival.

The Thai Connection

Sébastien Clot dernier Français à moins de 100 joueurs restants Rencontre avec ce tricolore venu des antipodes Event #25 : NLHE Deepstack 800 $ (Day 2)

Sébastien Clot

Des 240 joueurs revenus pour le deuxième et dernier jour de cette belle petite sauterie à 800 $, il en reste moins d'une centaine à peine deux heures plus tard. Un violent écrémage - logique sur un tournoi où la moyenne dépasse tout juste les vingt blindes - qui n'a pas épargné le clan français, passé de trois à une seule unité. Suite aux éliminations d'Anthony Cierco et Sonny Franco, nos espoirs reposent donc sur celui qui menait les troupes ce midi, Sébastien Clot. Et si son nom ne vous dit rien ou pas grand-chose, c'est normal : la quasi-intégralité de ses 52 lignes Hendon Mob, Seb' les a glanées entre Las Vegas et l'Asie.

"Je vis en Thaïlande depuis 24 ans et à Bangkok depuis dix ans. C'est plus de la moitié de ma vie. J'ai une famille et des enfants là-bas, mais je reviens régulièrement en France." Propriétaire de plusieurs boîtes de nuit au pays de Paradorn Srichaphan, il trouve quand même le temps de venir jouer les World Series. "Ça fait une dizaine d'années que je viens tous les ans. Ça fait même pile dix ans parce que j'ai fait Day 5 du Main Event en 2012." 254e pour 38 500 $ précisément, son meilleur résultat à ce jour.

Sébastien Clot - Vincent Chauve

Jusqu'en 2016, Sébastien était même un régulier des tournois de Macao et Manille, avant de remettre le pied à l'étrier cette année, et avec la manière, puisqu'il a remporté en avril dernier un tournoi Asian Poker Tour à Phu Quoc au Vietnam pour 112 millions de dongs soit... 4 900 $. "C'était la folie dans le rail !, raconte le runner-up du Monster Stack 2019 Vincent Chauve (photo, à droite), autre expatrié thaïlandais du côté de Phuket, et ami de Sébastien. On a même tellement mis le bordel que lorsque le troisième joueur s'est fait sortir, il nous a mis des grands coups d'épaule en quittant la table."

Une joyeuse bande qui se retrouve évidemment ensemble sur ce Vegas. "On est sept dans une villa, dont ma copine, précise Vincent. Ce serait trop beau qu'il aille au bout !" Pour l'heure, Sébastien tourne autour de la moyenne, avec exactement 20 BB. "J'ai passé un gros coup hier qui m'a mis vraiment bien, avec deux As contre deux Rois et As-10, raconte l'intéressé. Et aujourd'hui j'ai fait deux Rois contre deux Valets pour éliminer un joueur qui avait un peu moins que moi. En tout cas la table est belle. Il y a juste le siège 7 qui marche sur l'eau depuis le début." Au bout de cette journée, un splendide bracelet accompagné d'un joli billet de 358 346 $. On ose à peine imaginer l'ambiance dans le rail...

Kanit assomme le premier round

Event #27 : 1 500 $ Shootout No-Limit Hold'em

Mustapha mitraille sa table pour remporter tranquillement la bataille de ce shoutout.

Un Team Pro au Day 2 ! Bien lancé en début de journée, Musta a pris la mesure de ses adversaires pour s’imposer comme le patron de la table. « Ce fut une longue journée de grind. J’ai pris beaucoup de petits pots » résume l’Italien, qui a rapidement pris le chiplead pour ne plus jamais le lâcher.

Musta

"Elle était la meilleure, elle a pris sa retraite, et elle fait son come-back... Un peu comme moi en somme, raconte Mustapha Kanit à ses adversaires, en évoquant sa masseuse Drea René. C'est la grande réunion !" Massage et grind aujourd'hui pour l'Italien, qui a dominé sa table pour passer sans encombre sa première table.

Au moment du 3-max, il compte un peu moins de deux fois plus de stacks que ses deux adversaires réunis. « J’ai continué à remporter des petits pots jusqu’à me retrouver avec 180 000 jetons contre 30 000 et 40 000. La SB open shove, je paye K7 et je touche le K au flop contre son A5. Puis cinq minutes plus tard, je jam Q2 pour ses 8 dernières blindes, il me paye 96 et ça tient ».

Une journée sans souffrance pour le Transalpin qui rejoint les 99 autres joueurs ayant remporté leur sit&Go. On y retrouvera notamment le champion du monde Qui Nguyen, la légende ukrainienne Eugene Katchalov, de retour après trois ans d’absence, l’ambassadeur Party Poker Patrick Leonard, le double bracelet Chris Moorman, le Britannique Alex Goulder ou encore Landon Tice.

Jérémy et Romain font trembler le monstre

Jérémy Saderne et Romain Lotti avancent au dernier jour avec deux beaux stacks Assurés de 25 000 $, ils viseront le million à la gagne mardi Event #21 : NLHE Monster Stack 1 500 $ (Fin du Day 3)

Ils étaient dix Français au départ de ce Day 3, ils seront deux mardi pour attaquer la quatrième et dernière journée de ce Monster Stack. Un ratio qui correspond finalement plutôt bien aux 85% d'éliminés du jour, pour réduire le field de 271 à 39 joueurs. Et si Clément Bonnant (234e), Antonin Teisseire (229e), Julien Loire (222e), Cédric Louard (188e), Antoine Saout (157e), Guillaume Latini (156e), Virgile Turchi (115e) et Jonathan Pastore (94e) ont tous dû faire une croix sur le quasi million de dollars à la gagne, le rêve reste bel et bien vivace pour Jérémy Saderne et Romain Lotti, au terme de dix heures de jeu supplémentaires.

Jérémy Saderne

"Je passe de 2 à 14 millions, c'est magnifique, démarre le Champion du Mini Main Event 2019 avant de dérouler, comme il l'a si bien fait à table aujourd'hui. J'ai run comme comme jamais je n'avais run good, c'était abusé. Abusé. On m'a beaucoup trop respecté à table, ça foldait trop, je me suis régalé. En plus, il y avait une ambiance de dingue comme ça ne doit presque jamais exister à cinquante joueurs restants d'un million de dollars : durant les trois-quatre dernières heures, toute la table a joué en Show One. Et dès que quelqu'un remportait un coup, ça applaudissait."

Et des applaudissements, le Marseillais en a reçu plus qu'à son tour. "J'ai touché deux-trois fois les As, deux fois les Rois, j'ai à chaque fois gagné le coup et j'ai double up avec les deux." Dont une main qui a radicalement changé le cours de sa journée. "Un joueur qui a une vingtaine de blindes ouvre en early, 3-bet du mec super tight qui a 22 BB, je découvre deux As au bouton et je shove. L'open raiser call As-Roi off et le deuxième joueur fold deux Dames face up." Derrière cette incroyable embellie, tout aurait pourtant pu très vite dérailler. "Je suis en bataille de blindes contre la joueuse à ma droite avec qui j'ai passé toute la journée. Je check Q7 et à l'image de ma journée, le flop vient J94. Elle 3-barrel, dont cher turn puis fait un million sur un 8 river en se laissant trois millions derrière. Je pense que je suis sensé raise en value, mais est-ce qu'elle me paie avec moins bien ? Et franchement ma table était trop belle pour prendre ce genre de spot high variance. J'ai fini par just call et elle avait K4." On se répète, mais pour aller loin dans un tournoi de poker, il faut non seulement gagner des jetons mais aussi savoir éviter d'en perdre.

La suite ? On ne peut mieux, merci. "J'ai continué de rencontrer toujours aussi peu de résistance et je ne perdais pas un coup. J'en ai gagné un autre en BvB contre ma voisine d'ailleurs, où je paie une mise deux tiers pot river avec Valet-5 sur As-3-3-Dame-Valet." Même la pause dîner n'a pas arrêté le Champion WiPT dans son élan. "Il s'est quand même passé un truc bizarre alors que j'étais tranquillement assis sur un banc au Bally's : une dame de 60-70 ans qui avait l'air droguée est venu me voir et a commencé à me lâcher des phrases en français en faisant des grands gestes. J'ai cru qu'elle allait me jeter le mauvais œil, mais pas du tout : j'ai gagné les trois premiers coups en revenant, et sur le quatrième, je limp AJ alors qu'il restait trois short stacks à parler. L'un d'eux fait tapis avec As-10 et c'était encore n'importe quoi." On vous donne le board pour le plaisir des yeux : KJ7... Q... 4 ! Si tout se passe aussi bien pour Jérémy ce mardi au Bally's, on voit mal comment le bracelet pourrait lui échapper.

Romain Lotti

À moins que son compatriote Romain Lotti ne vienne lui mettre des bâtons dans les roues. Le Franco-Américano-Italien a lui bouclé ce Day 3 avec 10,375 millions, soit pas loin de 35 blindes pour demain. "Et pourtant, j'étais tombé à 15 BB !, déroule-t-il. Ça m'a fait bizarre d'ailleurs parce que je n'avais jamais été en dessous des 50 blindes de tout le tournoi. Mais il s'est passé un truc de fou : j'ai doublé deux fois coup sur coup en grosse blinde puis en small blind. J'ai d'abord défendu As-10 puis check/shove turn sur un board hauteur As. Et puis j'ai gagné As-Roi contre As-10."

De quoi monter à presque 13 millions, avant de connaître un petit coup d'arrêt. "Ma table s'est vraiment durcie dans la deuxième moitié de la journée. Il restait un seul récréatif. Ça ne m'a pas empêché de continuer à jouer, mais sur la fin, j'ai tout briqué. Ça et un bluff qui n'est pas passé." Chez lui à Las Vegas où il habite depuis plusieurs années, Romain va pouvoir rentrer tranquillement chez lui profiter du reste de sa soirée, ce Day 3 ayant terminé à un horaire inhabituel de 21h30. "Le problème c'est que je dors mal depuis quelque temps. Et à mon avis ce n'est pas la veille du premier Day 4 de ma vie que je vais mieux dormir..." Et avec le bracelet sous l'oreiller ?

Tableau de bord 39 joueurs restants (sur 6 501 inscriptions) Blindes au départ du Day 4 : 15 000 / 30 000 / 30 000 Tapis moyen : 8 334 615 Prix assuré : 25 369 $ À la gagne : un bracelet et 966 577 $

Tombé du lit en plein rêve

Event #25 : 800 $ No-Limit Deepstack

Sébastien Clot valide la troisième finale tricolore du festival. Si l’amateur a joué de malchance dans l’ultime bataille, il réalise avec cette 8e place la meilleure perf’ de sa carrière, pour 43 839 $.

Clot

De toutes les tables finales qu’on a vues depuis le début de cette édition, c'était assurément l’atmosphère la plus chaude. Des rails survoltés par les enjeux et la bière, des hurlements qui s’envolent dans le toit de l’Event Center, des célébrations à chaque élimination. Aux gémissements douloureux succèdent les hurlements libérateurs, les prières contenues explosent à chaque river heureuse.

Dans ce concert d’onomatopées, le kop tricolore fait honneur à sa réputation. Avec la Thaï connection dans le rôle des capos, Vincent Chauve et consorts donnent tout pour encourager le copain Sébastien. Les « Oui Papa ! », « Montre leur ! » et autres « Allez laaaaaa ! » fusent à chaque main remportée par le Français. Ne serait-ce qu’un vol de blindes. Et puisque les trois quarts des joueurs possèdent moins de 8 blindes, il s’agissait même exclusivement de vols de blindes.

Dans un tournoi où l’on peut transformer en deux jours 800 $ en 358 patates, on comprend à la fois l'ambiance exaltée, mais aussi la pression ICM qui pèse sur les shortstacks. Selon les profils ou le taux d’alcoolémie, les joueurs y semblent plus ou moins sensibles. On ne sait pas d’ailleurs si c’est le nombre de bières ou la pression financière qui provoque chez Rajaee Wazwaz un open / fold sur un tapis de 6 blindes.

À ce jeu de tapis entre super shortstacks, Sébastien Clot n’a pas été verni. Pourtant, il envoie le tapis à une fréquence qui lui permet de se maintenir autour de la 6e place.

Clot

Le public français félicite son héros après chaque petit coup ramassé.

Mais en cinq minutes, le Français voit Sean Legendre doubler sur le Canadien Maxime Duhamel avec 87 contre Q9. Dans la foulée, ce même Duhamel provoque un nouveau double-up en envoyant la sauce sur la grosse blinde de son compatriote Dov Markowich. Le joueur se réveille A9 en grosse blinde et domine le nouveau Q9 de Maxime. Sébastien passe chiploser.

Deux mains plus tard, c’est encore Duhamel qui annonce le tapis. En SB, Clot découvre AK. Pas le temps de tergiverser, les jetons sont poussés. Il faudra battre le QJ de l’autre francophone de la table. Deux dames sur le flop ! Cette fois, c'est le rail Canadien qui explose. La turn 4 achèvera définitivement les espoirs du Français, qui sort avec les honneurs en 8e position.

TF

43 889 $ tout de même pour récompenser ce run fabuleux. L’expat de Bangkok aura vécu des émotions fantastiques en perçant ce field massif de plus de 4 000 joueurs, dix ans après son Day 5 de Main Event au Rio.

« Ca m’a rappelé des sensations du Main Event, mais là, c'était encore mieux, confesse Sébastien quelques secondes après sa sortie. Parce que c’était une finale ! En plus, avec les copains, autour, le rail était magnifique ».

Évidemment, le scénario malheureux de cette finale et l’ultime main du tournoi laisse un gout amer. « J’ai mis les jetons au milieu avec la meilleure main, mais après, ce sont les cartes qui décident » rappelle le joueur en rejoignant le gang d’expats de Phuket. La Thaï Connection n’a pas dit son dernier mot sur ces WSOP. « On est là jusqu’à la fin » rassure Sébastien. Et avec déjà deux tables finales au compteur sur des fields titanesques, l’équipe connaît la recette pour soulever de nouvelles montagnes.

Petite nuit, réveil tonique

La bataille du Monster Stack a repris aux aurores. Pas forcément très matinaux, nos deux Français ont mis des jetons au milieu d'entrée et continuent de percer le field, alors qu'il ne reste que trois tables.

Event #21 : NLHE Monster Stack 1 500 $ (Day 4)

3 tables MS

Un Day 4 à 10 H du matin ? Est-ce vraiment un horaire pour jouer des mains qui valent des dizaines, peut être des centaines de milliers de dollars ? À entendre nos deux Français encore en course, un début un peu plus tadif n'aurait pas été malvenu.

Saderne

« Les temps de jeu sont déjà très longs. Sur les deux premiers jours, on avait tout juste 10H entre le moment où l’on quitte la table et le moment où on y revient. Surtout qu’avec l’adrénaline, on ne peut pas aller se coucher tout de suite, fait remarquer Jeremy Saderne. Mais là, avec le deuxième café, ça commence à aller mieux, je sens que j’arrive mieux à réfléchir ».

A peine débarqué à table, le vainqueur du Mini Main Event a tout de suite joué un premier gros coup. En l’occurence, un 70-30 qui a mal tourné avec As-Roi contre le As-Trois de Mike Jukich. L’Américain enchaîne derrière par un nouveau double-up, au point de s’imposer comme le chipleader de la table. Après un nouveau petit coup perdu contre Jukich, Jeremy part en pause avec un peu plus de 10 millions de jetons, soit une grosse vingtaine de blindes.

Saderne

Plusieurs duels déjà entre Mike Jukich et Jeremy, qui ont pour l'instant tourné en faveur de l'Américain

L’autre gâchette tricolore n'a pas non plus profité d'un grand sommeil. « Je n'arrive jamais à dormir direct après mes journées de poker, confirme Romain Lotti. J’aime bien traîner, parfois un peu trop longtemps. Ça ne vaut pas du sommeil, mais ça me permet de décompresser ».

Lotti

Malgré la courte nuit, Romain démarre la journée du bon pied. « J’ai eu un gros spot d’entrée. Dès les cinq premières minutes, un joueur m’a envoyé deux gros bluffs turn-river alors que j’avais la quinte » raconte le spécialiste de cash game. En l’occurence, Romain évoque un coup bouton contre BB, où il décide de check back son A8 sur un flop 7910. Bien lui en a pris, son adversaire sent de la faiblesse et envoie de grosses mises, à 1 million sur la turn J, puis 3 millions sur la river 4… Avec 56. Près de 15 millions pour Lotti, qui revient donc de la première pause avec 30BBs à faire fructifier, à 24 joueurs d'un million de dollars et d'un bracelet WSOP.

Saderne coule à quelques miles de la finale

Après avoir construit un magnifique bateau de jetons hier, Jeremy Saderne a pris l'eau sur ce Day 4, pour finalement sombrer en 17e, pour 47 431 $. Les espoirs du clan français reposent désormais sur Romain Lotti.

Event #21 : NLHE Monster Stack 1 500 $ (Day 4)

Saderne

« Les étoiles n’étaient pas alignées comme hier » résume Jeremy Saderne au moment de la clope post-busto. Après avoir surfé sur le Day 3, le Français s’est pris plusieurs icebergs aujourd’hui, jusqu’à définitivement couler en début de demi-finale.

Le premier 70-30 (As-Roi contre As-Trois) a d’abord réduit ses beaux mats de jetons. Quelques folds plus tard, il se retrouve même dans la cale du tournoi, avec une petite vingtaine, puis une petite quinzaine de blindes pour se maintenir à flot. Jeremy attend des vents plus favorables et se contente de résister tandis que le field passe sous la barre des vingt joueurs.

« Résister, c’est un grand mot. J’ai surtout foldé, rectifie le joueur. J’ai eu ce coup où j’open deux valets et ça vient 88KQ et je couche tout de suite. Derrière, j’ai attendu les paliers jusqu’au redraw et je savais que ça allait être à mon tour d’envoyer ».

Saderne

Juste avant sa sortie, Jeremy a tout de même puis tester le spot télévisé. Il n'en aura profité que pendant deux orbites, de quoi prendre ses marques avant le prochain deep run.

Après le passage des blindes et de la BB Ante, Jeremy tombe même sous les 6BBs. Il trouve un A9 en début de parole, largement suffisant pour envoyer et la BB complète avec un Q8. La main chère à Davidi Kitai deviendra full-house sur le board 87QJ8. Jeremy se lève de sa chaise, salue un par un ses opposants sous les applaudissements avant de rejoindre le bureau des Pay-outs, non sans une certaine élégance.

« Je ne suis pas vraiment déçu parce que je me suis vu mourir, affirme le grinder londonien. C’est vrai que quand on regarde ma position en début de journée, le résultat n’est pas fou, mais ça reste une très belle perf’. En termes d’adrénaline, c’était très fort, dans les coups gagnés comme perdus, et puis ce n’est que mon 2e tournoi sur ce Vegas. Je suis en freeroll jusqu’à la fin du séjour ».

Saderne

Dorénavant, place au repos pour se remettre de toutes ses émotions. « Il y a du monde à la coloc’ pour fêter les un an du petit de Guillaume (Diaz). Ils auraient pu me rejoindre pour rail si j’étais allé plus loin, mais finalement c’est moi qui les retrouve. On va profiter, prendre un ou deux jours de repos et puis il y a plein de beaux tournois qui arrivent, avec le 3 000 $ 6-max et le gros Mystère Bounty au Wynn ».

Une croisière sur plus de 6 000 joueurs pour tester la machinerie, auréolée d'un run magnifique, mais l'armateur français sera bientôt prêt à repartir sur le pont. Sa régate américaine ne fait que commencer.

Lotti

Notre dernière chance française : Romain Lotti est toujours bien en place dans ce Day 4. Avec 20 millions de jetons, il est provisoirement 7e, à 15 left de ce Monster Stack

Lotti, le rêve accompli

Romain Lotti atteint l'ultime table de ce Monster Stack. Elle ne durera que quelques minutes, mais le grinder réalise le rêve et la perf de sa vie, emportant avec lui les souvenirs d'une finale WSOP et 74 551 $.

Event #21 : NLHE Monster Stack 1 500 $ (Day 4)

Lotti

« Mon rêve, c’est de jouer sur cette p**** de table, pose Romain Lotti à 12 left de ce Monster Stack. Je regarde les coverages depuis que je suis tout jeune. Je la voyais sur les Lives ESPN, dans ma bagnole ou au boulot, c’est ça le rêve ! Et là, on y est presque ! ».

Au moment de ces confessions, Romain n’est pas le mieux placé pour faire partie des dix finalistes. Avec 7 blindes, il est devancé au chipcount par un concurrent, alors que deux joueurs doivent encore sauter pour rejoindre le spot télévisé.

Lotti

Kristen Deardoff prend la 12e place, Romain trouve un vol de blindes crucial et sur l’autre table, Craig Chait fait la bulle TF… Ca y’est ! Romain vient d’atteindre sa première finale WSOP.

Il ne profitera malheureusement que peu de temps de son nouveau siège. Arrivé chiploser, Lotti envoie ses 7BBs avec AQ et se fait payer par le KJ d’Anthony Spinella. L’affaire est réglé sur le flop : KKJ, full floppé et Romain se lève pour saluer ses adversaires. Aucune amertume, aucune moue sur son visage. Le Franco-Italo-Américain ne retient que du bonheur.

Lotti

Un rail polyglotte, comme lui. Des potes américains, des Français, des collègues de cash game italiens. Alors, on préfère "Dai Dai Dai !", "Come on !" ou "Allez !" ?

« Je n’ai jamais été autant heureux d’avoir busto. Je suis encore sous l’émotion d’être arrivé jusque-là, déclare le joueur devant le bureau des Pay-outs. J’étais surtout en stress de ne pas atteindre cette table finale. Je ne sens rien de négatif, c’est un rêve accompli ! ».

Chose promise, chose due

Le natif de Poissy a bien choisi son tournoi pour vivre cette idylle. Un Monster Stack de plus de 6 000 joueurs, l’un des MTT les plus massifs et les plus prestigieux du festival, avec 1 million de dollars pour le vainqueur. « Ca ne m’étonne pas, commente Romain. Je suis à l’aise sur les gros fields, c’est ce qui me fait kiffer. Plus il y en a, mieux c’est ! Et le pire, c’est que je l’avais annoncé ».

Lotti

Le joueur évoque en effet un présage partagé avec ses collègues de cash-games. « Je joue souvent sur les tables de 1$/3$ et j’ai un groupe de potes que je retrouve souvent. En tournoi, j’ai fait pas mal de min-cashs, mais jamais de vrais deep runs. Et ça se passait tellement bien ces deux derniers mois que je sentais que ça allait arriver pendant ces WSOP, et je leur avais prédit que je ferais la table finale de ce tournoi, précisément ».

Très bien Lotti

Arrivé il y douze ans à Vegas, le grinder a fait du chemin depuis les tables online de 10-25 centimes. « Quand je suis arrivé, je n’avais pas une thune. J’ai monté petit à petit, j’ai trouvé ma routine en cash game Live, j’ai joué mon premier tournoi WSOP en 2016, quand votre ami Adrián gagne le Summer Solstice, puis depuis, je joue quelques Main Event lors des séries en plus des MTT Online » détaille Romain. Cette dixième place, récompensée de 74 551 $ constitue la plus belle perf de sa carrière. Si elle ne changera pas grand-chose à son calendrier de l’année, Lotti pourrait tout de même s’autoriser un peu plus de tournois qu’il n’avait prévu sur ces WSOP.

Lotti

« Je m’étais fixé un programme avec plusieurs scénarii. Là, je vais pouvoir jouer ceux que j’avais mis entre parenthèses, si ça se passait bien, mais il n’y aura rien au dessus de 3k, à part le Main Event bien sûr ».

Ce grinder de l’ombre qui a tenté l’expatriation à Vegas vient de se présenter aux yeux du poker français, et même mondial. C’est avec grand plaisir qu’on retrouvera ce joueur aussi détente que déterminé, un grinder de talent, qui nous aura fait vibrer jusqu’à la dernière table de ce tournoi titanesque. GG Monsieur Lotti.

Chou blanc sur le shoutout

Un Team Pro et trois Français avaient passé le premier round. Quelques heures après le début du deuxième, il ne reste plus personne. 10 américains ont rendez-vous pour la dernière bataille demain.

Event #27 : 1 500 $ Shootout No-Limit Hold'em (Day 2)

Roongsack

Après un deep run Main Event, un deep run shootout pour Roongsack Griffeth (à droite), ici aux prises avec le Tchèque Dalibor Dula.

Dix sur dix pour les Etats-Unis. Les grinders locaux ont rasé le deuxième tour de ce shootout pour former une table finale 100% américaine. Roongsack Griffeth est le premier à se qualifier, en terminant sa table sur le niveau 22 suite à une ultime rencontre avec deux dames contre le As-Valet de Mathew Moore. Le 21e du dernier Main Event est rejoint quelques minutes plus tard pard Kevin Song.

Song

Grosse bataille entre Pats Leonard et Kevin Song, mais le vétéran prend le meilleur sur le grinder après sept heures de jeu.

Vainqueur d’un bracelet en 1997 sur un Limit Hold’em 2000$, le vétéran tient tête à Patrick Leonard qu’il renverse lors d’un long heads-up pour obtenir son ticket. Le double vainqueur WPT est suivi par Austin Peck, Anant Patel, puis Derek Sudell, vainqueur d’Eugene Katchalov dans le bras de fer final. Ca passe aussi pour Michael Simhai, David Yonnotti et Timothy McDermott.

Sudell
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Deuxième table finale de cette édition pour le jeune Derek Sudell, qui avait déjà accroché la 5e place lors du 1 500 $ remporté par Léo Soma

Mustapha Kanit n’a pas rêvé longtemps sur son deuxième Sit&Go. L’Italien est emporté rapidement dans un flip avec 1010 contre As-Roi. Longtemps card-dead, Ugo Faggioli quitte le field en milieu de journée dans une rencontre As-Dame contre deux dames tandis que Thibault Renard et Sandy Piet sont éliminés sans avoir connu de véritables vibrations.

Les dix finalistes sont assurés de repartir avec 19 523 $. Cette fois, chaque place grattée effacera un nouveau palier jusqu’à atteindre un gain de 240 480 $ pour la première place.

Le pay-out :

1er : 240 480 $ 2e : 148 618 $ 3e : 111 226 $ 4e : 84 047 $ 5e : 64 129 $ 6e : 49 414 $ 7e : 38 455 $ 8e : 24 001 $ 9e : 19 253 $

Mercier et à bientôt

Jason Mercier bulle la finale du High Roller PLO. Le revenant s’offre un joli run pour son come-back sur les WSOP. Pas de gros volume pour lui, mais certainement un Main Event pour l’ancienne légende. Le Final Five reviendra demain, avec le Bulgare Karakitukov dans le costume de chipleader.

Event #28 : High Roller Pot-Limit Omaha 50 000 $

Jason Mercier a connu mille styles différents dans sa vie. Jeune premier placardé de sponsors, casquette à l’envers lunettes de soleil, barbe négligée et cheveux en bataille, voire coupe au bol et barbe de bucheron… À l’instar du joueur de poker, difficile de cerner le profil de Jason.

Mercier

Invité surprise de ce PLO 50 000 $, c’est avec un catogan étirant les longs cheveux de son crâne dégarni et une barbouze digne d’un Robinson que le quintuple bracelet se présente sur cette édition WSOP. Un festival sur lequel il ne s’est pas montré depuis 2018.

L’ancien Team Pro Pokerstars a en effet mis sa carrière de joueur entre parenthèses depuis la naissance de ses trois enfants. Aussi accompli comme joueur que comme père de famille, Jason donne la priorité à sa femme et ses marmots, mais n’a pas tourné le dos à ce jeu qui lui a tout donné, loin de là.

Mercier

« Je suis encore le monde du poker, assure le joueur. Grâce à PokerGo, c’est plus facile de regarder les grosses parties. Je me tiens informé et je travaille même mon jeu une dizaine d’heure par semaine encore. Quand j’ai le temps, je m’organise des sessions en ligne et quand il y a de beaux évènements comme celui-là, je me libère quelques jours ».

Pas question pour lui de jouer tout le programme du festival. Jason est venu juste pour un tournoi, qu’il a savamment choisi. « C’est du Omaha, ma variante préférée depuis toujours, et c’est le plus gros buy-in du festival. S’il y avait eu un 100 000$ Omaha, je l’aurais joué aussi. Je suis venu spécialement pour ce tournoi et je devrais aussi être là pour le Main Event ». Retour en Floride prévu dès demain pour Jason, puisque après un très beau run, le joueur sort en sixième position, à une place d’un Day 3 sur le spot télévisé.

Final 6

Avant-dernier en stack, Jason décide de 3-bet KKQ7 pour 1,3 million sur un open de Ben Lamb, qui paie la mise après un temps de réflexion. Il reste environ la même somme à Jason derrière, et tout part au milieu sur un flop 942.

Ben Lamb cherche beaucoup de cartes avec son J1098 et touche la flush tout de suite sur la turn K. Le board ne fera aucune paire et Jason se contente d’une sixème place, pour 260 819 $.

Katz Aaron

Aaron Katz a subi les foudres du chipleader bulgare, pour sortir comme Jason Mercier aux portes du Final Day

Juste avant lui, c’est Aaron Katz qui se faisait éliminer sur un joli bad beat face à Veselin Karakitukov. Le Bulgare trouve une backdoor flush avec KK65 tandis qu’Aaron tenait AAK10 sur un flop J86.

« Il n’avait que cinq pourcent, il était mort, c’est tellement injuste ! » ragera le joueur au moment de sortir. « Le même « motherfucker » que l’année dernière, ajoute Katz, qui s’en va en parlant en oiseaux. Le bourreau en question termine la journée chipleader et reprendra avec près de 10 millions de jetons. Ben Lamb et Robert Cowen sont en embuscade tandis que Dash Dudley et Jared Bleznick complètent le Final Five.

Karakitukov

Veselin Karakitukov mène le quinté de survivants

Chipcount :

Veselin Karakitukov : 9 755 000 Ben Lamb : 8 215 000 Robert Cowen : 7 935 000 Dash Dudley : 4 185 000 Jared Bleznick : 1 690 000

Lamb

Ben Lamb bien placé dans ce PLO High Roller

Pay-out

1er : 1 393 816 $ 2e : 861 442 $ 3e : 622 861 $ 4e : 458 016 $ 5e : 342 626 $

Cliquer au pif pour faire du bif

Pour son premier tournoi Omaha, Pierre Calamusa fait des ravages et passe la journée avec près de deux averages, alors qu'il ne reste que 108 survivants.

Event #30 : Pot Limit Omaha 8-handad 1 000 $ (Day 1)

Choupeaux Calamusa

"In Omaha, very dangerous. In Hold'em, not dangerous". Pierre Calamusa présente à ses adversaires américains les forces et faiblesse du collègue Victor Choupeaux, croisé au hasard de ce 1 000 $ Omaha.

Il admet volontiers ne pas être un spécialiste de cette variante. Mais sur un malentendu, ça peut passer. En lice sur le massif Omaha à 1 000 $, Pierre Calamusa a monté de sacré pilasses pour terminer le Day 1 à plus de 620 000 jetons, sur une moyenne à 350 000.

On a déjà perdu 95 % du field, les joueurs sont assurés 2 419 $, et l'un des 108 survivants repartira même avec 255 bâtons. Pourquoi pas lui ?

« Si je gagne celui-là, c’est une énorme fraude » pose le Team Pro Winamax, qui cependant garde espoir à la vue du field américain. « Les mecs ne connaissent pas les règles ! Sur un board 222KJ, le mec m’a payé avec un K-J-x-x et croyait avoir gagné contre mon 8-8-x-x, illustre Calamusa. J’essaie juste de faire preuve de bon sens, et pour l’instant ça marche ».

Le bon sens sauce Calamusa peut ressembler à ce genre de move. Open CO, défense de Pierre en BB et le flop vient 754. D’un naturel agressif, LeVietF0u part pour un 3-barrels donk : Donk 14 000 sur le flop, Donk pot 50 000 sur la turn 4 et donk pot 200 000 sur la river J. « Good bluff » lâche son adversaire américain, ce à quoi Pierre répond « Thank you » en retournant son 1033K. « I Love this game ! » s’exclame Calamusa en ramassant le jetons. « C’est très facile de faire folder les adversaires » poursuit Pierre dans un anglais à l’accent français bien prononcé.

Calamusa

Entre deux blagues, Calamusa ressort la poker face pour sortir les moves dont il a le secret

Entre deux coups joués, notre Team Pro prend des conseils auprès d’un joueur un peu plus rodés à l’exercice du Omaha. Pour son premier tournoi du festival, Victor Choupeaux perce lui aussi le field, et passe l’épreuve du Day 1 avec 146 000 jetons.

« Je suis déjà assuré de faire mieux que l’édition précédente, déclare Choupeaux. J’avais dû faire une trentaine de tournois : 0 ITMs ». Voilà qui donne des raisons d’être optimiste pour ces nouveaux WSOP.

Fitoussi

Plusieurs hommes d’expérience pour accompagner nos deux grinders au Day 2. Bruno "le King" Fitoussi montre encore son adresse avec quatre cartes en main et reviendra au Day 2 avec 80 000 jetons. Autres habitués du Club Charron, les copains Jérome Zerbib et Karim Lehoussine bag respectivement 343 000 et 250 000. Rémy Biechel s'est gardé 5BBs et Ange Besnainou passe lui aussi la journée en mettant 228 000 Jetons dans le sac !

Rendez-vous demain 11H pour le dénouement de cette sauterie Omaha !

Ange Besnainou

Un amateur qu'on prend plaisir à voir un peu partout sur le circuit, depuis pas mal de temps déjà. Ange Besnainou sort le deep run dès son deuxième tournoi du festival.

Le sorcier du PLO

Aurélien Martin mène les troupes françaises à 60 joueurs restants On vous présente cet amoureux du jeu à quatre cartes Event #30 - Pot-Limit Omaha 8-Handed 1 000 $ (Day 2)

Aurélien Martin

Pierre Calamusa, Victor Choupeaux, Bruno Fitoussi, Karim Lehoussine, Cédric Adam (oui, le fils de Jean-Luc) : il est beau ce contingent français à 60 left de cette petite empoignade à 1 000 $ en PLO. Pourtant, malgré cette poignée de noms ronflants, le chipleader tricolore après un peu plus de deux niveaux sur ce Day 2, bien placé dans le haut du classement avec un tapis correspondant à une fois et demie la moyenne, répond au nom d'Aurélien Martin (photo). Qui ça ? Exactement. "Haha non, je ne suis pas connu moi, abonde l'intéressé. Je suis juste un amateur. Je travaille en parallèle, je suis commercial." Un amateur du genre éclairé comme le veut la formule consacrée, qui a commencé le poker "en 2009, à [s]es 18 ans" et qui continue d'y consacrer beaucoup de temps aujourd'hui. "Je passe tous les jours sur Club Poker et je regarde beaucoup de vidéos pour travailler mon jeu." Un CP sur lequel il a posté plus de 2 600 messages sous le pseudo de max_potter.

Mais là où la majorité des nouveaux venus s'est tournée vers le No-Limit Hold'em au tournant des années 2010, qui n'a cessé de gagner en popularité en France et en Europe au point d'écraser les autres variantes, Aurélien passe le plus clair de son temps aux tables au Pot-Limit Omaha. Ce qui rend sa présence sur ce tournoi tout sauf un hasard. "J'ai commencé le PLO en 2015, rembobine-t-il, ce qui correspond à mes premières sessions de cash game au Cercle Clichy-Montmartre. Il y avait beaucoup d'attente pour jouer en Texas donc je suis allé en Omaha." Le début d'une grande histoire d'amour. "Il y a plus d'action en PLO qu'en Holdem. On joue plus de mains, on a moins besoin d'être patient, on peut faire de plus courtes sessions. Bien sûr, il y a aussi une vraie dimension technique et il est très important de bosser. Les joueurs de Hold'em mettent d'ailleurs du temps pour faire la transition."

Une transition qu'Aurélien a déjà parfaitement négociée : ses quatre lignes Hendon Mob sont toutes en Omaha, au premier rang duquel cette bague WSOP-Circuit décroché au CCM en décembre 2017, dans son véritable jeu favori, le PLO5. "Bien sûr, il y a plus de variance à cinq qu'à quatre cartes, mais ça reste ce que je préfère." Joueur de cash game devant l'éternel, le Parisien est ici à Vegas pour la sixième fois et dispute ses deuxièmes WSOP. "Je tiens mes comptes donc je sais que je suis large positif dans cette ville. En étant là que deux semaines, il y a moyen de faire des gros swings, mais dans l'ensemble ça s'est toujours bien passé." Aujourd'hui, Aurélien se tient à distance des tables des Clubs de jeu parisien. "Je suis allé quelques fois à Charron, mais je joue surtout des parties privées. On se retrouve régulièrement avec un groupe de potes pour jouer aux blindes 20 centimes / 20 centimes. Et à force de jouer, tu progresses forcément. Surtout que je préfère raisonner en termes de blindes plutôt qu'en valeur monétaire absolue. Ça permet je trouve de ne pas se laisser avoir par la valeur faciale de l'argent."

Mais parce qu'on ne laisse jamais complètement de côté le No-Limit Hold'em, Aurélien a quand même prévu d'étendre son programme de tournois. "J'ai déjà fait le 800 $ Deepstack, je jouerai aussi le Millionaire Maker et le 1 500 $ PLO bien sûr." À moins qu'une grosse perf' sur ce 1 000 $ ne l'incite à bifurquer vers le "3K 6-max" PLO... Assuré de 4 000 billets verts, Aurélien Martin peut encore viser le bracelet et les 255 000 $ à la gagne. Et alors vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas.

Pierre Calamusa

Un temps annoncé sorti à tort par nos confrères de PokerNews, Pierre Calamusa était revenu short stack du premier break de la journée et a vu son run sur son premier tournoi de PLO s'arrêter autour de la 55e place. Sa deuxième place payée de l'été, avant de tenter la passe de trois sur le "3K 6-max" lancé à 15 heures.

Karim Lehoussine
LeVietF0u a été rejoint peu après dans le clan des sortants par Karim Lehoussine, que nous avions pourtant vu doubler sous nos yeux. De dix Français à midi, ils ne sont déjà plus que quatre.

Atterrissage et décollage

Le contingent Winamax se renforce d'un membre de taille. Tout juste arrivé à Vegas, il monte déjà des piles sur un tournoi qui lui rappelle de bien beaux souvenirs. Nous sommes ravis de vous annoncer l'arrivée de Davidi Kitai. Event #33 : 6-Handed No-Limit 3 000 $ (Day 1)

Davidi

Le Génie débarque à Vegas. Il pose le pied sur le sol du Nevada, ses affaires à l’hôtel, prend la (chaude) température du Strip puis dès le lendemain, s’en va jouer son premier tournoi au Paris. Au moment de le retrouver dans la zone « Black » réservée aux Day 1, Davidi a déjà fait parler la poudre.

« Comment se passe l’atterrissage ? Demande-je à notre Belge.

- L’atterrissage ou le décollage, me répond Kitbul, faisant référence à l’altitude de ses piles jetons rouges ? Je suis arrivé hier, j’ai pu croiser Stéphane (Matheu) et quasi tout le team, j’ai bien dormi. Je suis installé à l’Aria, j’aime bien cet endroit quand je viens en solo, puis Caroline me rejoindra un peu plus tard.

Davidi

Arrivé au Paris en début d’après-midi, David a découvert la grande salle pour toucher ses premiers jetons. « C’est vrai que par rapport au Rio, c’est un peu moins pourri, observe le Belge, jamais avare de compliment. Ça a l’air mieux, c’est plus pratique, et mieux situé. J’ai pu venir en dix minutes à pied depuis l’Aria ».

Comme beaucoup de Team Pro Winamax, Davidi avait coché ce 3 000 $ 6-max. Mais pas seulement pour l’aspect short-handed.

« C’est mon tournoi préféré. Je l’avais gagné en 2014, se souvient Davidi (face à Gordon Vayo, pour 508 640 $). À l’époque, la structure était un peu plus profonde (30 minutes par niveaux et 40 minutes au Day 2 cette année), mais c’est forcément un tournoi sur lequel je me sens bien ».

Davidi

Pour sa première du séjour, Davidi trouve déjà quelques sensations, avec un peu moins de deux averages à l’approche de la bulle. « J’ai mis une première bullet en quelques minutes, je suis descendu à 10 000 sur la deuxième (sur 40 000 de départ), puis là, je suis à 300 000, grâce à quelques belles livraisons ».

Le décollage survient notamment sur ce coup bien valorisé avec Roi-Dame. « Je défends en grosse blinde, ça vient 10J2, je check call. Turn A, je donk bet cher, il paie. River 4, je shove deux fois le pot, il call avec A8 ».

Le Belge a ensuite étoffé son tapis petit à petit, pour se retrouver avec un stack confortable à 50 left d’un premier ITM, pour son premier tournoi. Comme on a dit.

Salle Paris

Encore 250 survivants sur les 1 348 partants. 203 seront payés, et le dernier debout repartira avec près de 600 patates.