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Winamax Poker Tour 2022/2023-Grande Finale - TF

L’histoire se répète pour Christophe Beyer

Christophe Beyer éliminé en 9e place (15 000 €) Main Event - 500 € (Day 3)

Christophe Beyer
Toutes les tables finales ont au moins un héros malheureux. Avant même de connaître le résultat final - il ne sera connu que demain - il est probable que Christophe Beyer restera comme l'un deux, après un passage bien trop bref sur le plateau télé.

Rembobinons le film d’une heure environ. Ils sont encore 12 autour de deux tables et le Red Diamond a le bouton. Il observe son voisin de droite Jorris Hesse limper pour 400 000. Soulevant ses cartes, il découvre avec joie AA.

Relance, évidemment. Standard, pas trop fort : 1,2 million. La balle est dans le camp de Jorris qui prend l'option la plus agressive : tapis ! Pour 5,8 millions.

C’est exactement ce qu’espérait Beyer, qui s’empresse de call. Jorris retourne J10. Pas l’une des pires mains pour semi-bluffer et faire abandonner pas mal de mains qui dominent. Mais face aux As, cela ne reste qu’un 80/20.

Flop : 1032. Déjà, Beyer se renfrogne.

Turn : J. Patatras, font les As.

Rivière : un K qui ne change rien.

Voilà Christophe Beyer réduit à 5 blindes alors que la finale se rapproche à toute vitesse. Très vite Charles Tellier, Corentin Sala et Mathieu Carrere vont s'en aller, tandis que le Breton parvient à s'accrocher à son résidu, et à voler les blindes avec… deux Rois ! Ne pas être payé sur le spot où on voulait l'être : une autre forme de malchance.

Le traditionnel break d’avant finale est alors décrété. Christophe n’essaie même pas de donner le change. Il se voit déjà premier sortant de la finale. « Bon, je prends 15K, c’est déjà bienMais je me le rappellerai de voir tomber ce Valet turn ! » J’essaie de le sortir de cette sale (mais compréhensible) humeur. « Allez, tu vas peut-être être au bouton après le tirage au sort. Derrière, si tu trouves une main, tu passes à 12 BB. Avec 12 BB sur cette structure, tu as de la fold equity ! » Christophe semble y croire un tout petit peu. « Ouais, le tirage au sort va être important… »

Quelques minutes plus tard, les finalistes sont assis. Au tirage au sort, Christophe a été placé… en grosse blinde.

Vlan ! Le coup au stack, et au moral, est violent : Christophe n'a aucun moyen de jouer son Valet-6 off, surtout pas après une relance UTG de Sébastien Lesoif - le stream lui attribue une paire de 10. Il voit s'enfuir de précieux jetons sans pouvoir rien faire.

Coup suivant, de SB, même topo : Christophe doit folder son Valet-4 après une relance de Jorris Hesse - il détient As-10.

L’agonie s’achève avec le dernier souffle : K2, tapis au bouton pour 4 BB et quelques. Sébastien Lesoif complète la SB avec A4, Gautier Lucas fait de même en SB avec Q6, et les deux joueurs pas en danger checkent comme il se doit tout au long d’un board 104387.

Déception palpable chez Christophe Beyer. Stoppé dans son élan par un 80/20, il sait ce qu’il a perdu en quittant la finale en premier. « Si je prends le coup avec les As, je finis au moins 4e. » Avec, donc, un payout de 60 000 euros au moins. Quatre fois plus que le prix reservé au 9e. Et le Rennais n’oublie pas son historique, plutôt frustrant, sur les évènements live Winamax qu’il fréquente depuis dix ans grâce à son statut de Red Diamond : de très nombreuses places d’honneur, mais pas encore le vrai coup d’éclat. De fait, il égalise ce soir son meilleur score sur un de nos tournois, cinq ans après un final identique de Marrakech.

Table finale : c’est quoi le plan ?

Pour la conclusion du WiPT, rendez-vous lundi à 14h (14h30 sur le stream) Les bios arrivent ce dimanche soir (un peu tard)

Finale WiPT Paris 2023Nous avons beaucoup de choses à dire sur les 9 joueurs ayant atteint la dernière étape de la Grande Finale du Winamax Poker Tour. Dans deux ou trois heures (le temps d’aller manger), vous aurez l’occasion de lire leurs fiches Winapédia détaillés, compilés après discussion avec chacun d’entre eux. En attendant, voici le plan de table, et le rendez-vous : la partie reprendra lundi à 14h. Le streaming « cards up » débutera avec la demi-heure de retard habituelle, pour préserver la sécurité de la finale.

Vainqueur 155 000 €
Runner-up 110 000 €
3e 82 000 €
4e 60 000 €
5e 45 000 €
6e 34 000 €
7e 26 000 €
8e 20 000 €
9e - Christophe Beyer 15 000 €

Finale WiPT Paris 2023
Chez Winamax, on considère qu'un joueur assis à la dernière table du tournoi en est le finaliste. Alors malgré qu'ils ne seront que 8 à revenir lundi pour en finir, la photo officielle de la finale se doit d'inclure Christophe Beyer, le premier sortant.

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Qui sont les finalistes ?

Omaer Lakhdari (Algérie) 45 ans - vit à Paris 34,7 millions (69 BB)

Omar Lakhdari
Lorsque Winamax organise un grand tournoi en live, il est naturel que sa table finale soit composée de joueurs habitués du site. Cele sera une nouvelle fois le cas ce lundi au Palais des Congrès : sur le podium télévisé se mélangeront pros de l’Expresso, fins techniciens MTT, et autres matheux du Short-Track. Avec une exception notable : Omar Lakhdari. L’Algérien basé à Paris représente fièrement le poker « à l’ancienne », celui d’avant l’ère Internet, des outils statistiques et des tableaux Excel de ranges. Le live : le terrain de jeu originel du poker, celui où l’on croise le fer les yeux dans les yeux, où les décisions doivent être prises sans trembler ni suer... et où la psychologie, l’instinct et un certain sens de la tchatche sont aussi importants que le bagage technique et les connaissances mathématiques. On clame souvent que les joueurs de l’ancienne école ont été rendus obsolètes par l’éclosion de la génération Internet. Lakhdari en est le parfait contre-exemple, affichant le palmarès et le tapis pour prouver qu’il sera l’un des joueurs les plus dangereux de cette finale. En tête du classement deux soirs de suite après avoir terminé le Day 1D Turbo en bonne position, Lakhdari arrive en finale du Winamax Poker Tour fort de 150 résultats officiels en live depuis 2009, avec un taux de victoires impressionnants : 26 trophées depuis 2012, rien que ça. Des victoires acquises principalement à Paris, son fief, mais aussi à Las Vegas, San Remo, et Bruxelles, auxquelles il faut ajouter un beau tour de piste devant les caméras du prestigieux World Poker Tour, avec une 6e place sur une étape jouée en Floride début 2022. Le papa d’une fille de 6 ans joue aux cartes depuis ses 20 ans, et confie s’être formé à la dure : « dans les tripots », dixit. Des endroits où il fallait avoir les reins et les nerfs solides pour s’en sortir. De nos jours, on ne le croise plus que dans les compétitions officielles et policées, où il déploie régulièrement des talents de mentaliste pour faire déstabiliser ses adversaires à l’aide d’un style agressif et d’une parole libérée, tour à tour charmeuse, moqueuse ou menaçante. Son coup clé s’est joué dimanche soir, au début des demi-finales. Un 40 millions remporté contre, justement, un jeune joueur issu d’Internet : Omar lui a pris tous ses jetons préflop avec deux As contre As-Roi. « Ils ne veulent pas de prises de tête quand ils jouent contre moi », analyse-t-il. « Ils savent que je suis le seul qui va les embêter après le flop, qui va créer des emmerdes. Alors ils mettent tous les jetons le plus vite possible. » Les jeunes grinders vont-il prendre leur revanche aujourd’hui ? Celui qui se définit lui-même comme un « livetard » et ne s’attribue aucune autre profession que celle de « gambleur » sera définitivement l’homme à abattre de la finale du WiPT 2023. - Benjo

Alexane Najchaus (Team Winamax & Red Diamond) 26 ans - vit à Playa del Carmen, Mexique 30,575 m. (62 BB)

Alexane Najchaus
Il existe un vieil adage dans la famille des couvreurs Winamax : un(e) membre du Team W en TF de l'un de nos festivals live, c'est toujours un profil de moins à écrire. Ou du moins, c'est un(e) finaliste de moins à découvrir. Car d'Alexane Najchaus, on connait déjà tout (ou presque), et pour cause : mardi, cela fera six mois jour pour jour que LaSirenita a intégré la famille et que sa biographie est disponible sur notre site. On ne vous fera donc pas l'affront de vous re-présenter cette joueuse au talent précoce et à l'instinct éclair, passée de ses premières parties en Expresso au statut VIP Red Diamond en tout juste deux ans. À la place, concentrons-nous sur sa forme du moment et son ressenti. 128e de l'EPT Paris la semaine dernière sur son tout premier Day 3, elle coche dix jours plus tard la case "première finale". "L'EPT m'a mis en confiance, attaque-t-elle. Pour la première fois, j'y ai rencontré de vrais spots d'ICM que je ne connaissais pas." Sur ce WiPT, avec un tapis de soixante blindes et la position sur le chipleader Omar Lakhdari, elle est même en bonne position pour marcher dans les pas d'un certain Pierre Calamusa, qui s'était, lui aussi, glissé en TF de son premier festival Wina joué avec son nouveau logo... avant de l'emporter. "C'est surtout ça qui me fait chaud au cœur, avoue-t-elle. Je suis super entourée, c'est un pur kiff'." Depuis la signature de son contrat en septembre dernier, Alexane enchaîne les découvertes. Avec 155 000 € à aller chercher lundi, celle-ci fait clairement partie des plus plaisantes. Mais attention, il reste du boulot. "C'est bien d'avoir terminé aussi tôt, je vais pouvoir aller bosser." Tu veux dire manger ? "Non, bosser. Je vais aller discuter avec mon coach, parler de ma stratégie, décrypter mes adversaires. Je vais donner le meilleur de moi-même !" Ce qu'elle a déjà fait tout au long de la journée, prenant toujours les bonnes décisions, en plus de bénéficier du soupçon de réussite nécessaire à tout deep run lors des coups à tapis, à l'image de ce lancer de pièce contre Omar et ce coup à tapis contre Mathieu Carrere, deux moments riches en émotions. En attendant le feu d'artifice lundi soir ? - Flegmatic

Clément Muller (Qualifié Expresso) 31 ans - Toulouse 20,650 m. (41 BB)

Clément Muller
Il y a un mois et demi, il s'est qualifié pour cette Grande Finale WiPT en gagnant un Expresso à 20 € sur Winamax : désormais, Clément Muller est assuré de multiplier son investissement par 1 000. Le premier éliminé empochera en effet 20 000 €, un gain qui pulvériserait déjà le record de Clément sur le circuit live. Son meilleur résultat (1 752 € de gain) date d'un tournoi à Toulouse, ville où il réside, en 2018. Tous les autres ont été signés sur des events live Winamax, avec notamment une 7e place sur le Starter du WPO Bratislava l'an passé. "Je fais quatre tournois live par an", explique ce jeune trentenaire, qui joue plutôt en cash-game sur Winamax en temps normal, de la NL200 à la NL1000. Et si on le retrouve donc en finale avec le 3e tapis, ce WiPT n'a pourtant pas été pour Clément un long fleuve tranquille : "J'ai re-entry sur le 1D Turbo, et je suis vite tombé à 13 000. Mais j'ai terminé avec 716 000 à la fin du Day 1, grâce à beaucoup de setups. Ensuite, j'ai été pas mal card dead. Lors du Day 3, j'ai oscillé entre 4 et 11 BB pendant trois heures, avant de remonter à 20 BB, ce qui m'a permis de pouvoir enfin grinder postflop. Finalement, je termine à 20 millions..." Un stack qui représentera 41 blindes pour la finale. Pour son premier gros deeprun et la première table TV de sa vie, Clément confie qu'il a déjà "une petite idée du profil de certains joueurs." Il sera soutenu sur place par Hadrien "Chance44" Gallois, l'un de ses meilleurs amis, et à sa distance par sa copine Céline qui, grâce au coaching de Clément, avait remporté deux tournois lors du WPO Bratislava. Aujourd'hui, c'est à son tour ? - Rootsah

Sébastien Lesoif (Qualifié Winamax.fr) 37 ans - Cherbourg 18,95 m. (38 BB)

Sébastien Lesoif
23e sur 2 182 au WPO Madrid en mai 2022, vainqueur de l’énorme Monster Stack du WPO Bratislava cinq mois plus tard, et aujourd’hui finaliste du WiPT Paris : festival Winamax après festival Winamax, Sébastien Lesoif se fait de plus en plus dangereux, grimpant quatre à quatre la hiérarchie du paysage MTT francophone. « Clairement, je suis dans la zone depuis Madrid, confirme le jovial Normand, apprécié de tous dans la grande famille des grinders Wina. J’ai été bien aidé par le coaching, les vidéos, les copains avec qui je discute. Je me sens bien, je prends les coups les uns après les autres, sans me prendre la tête. » Très actif sur Winamax, Sébastien est parvenu à remporter pas moins de quatre qualifications WiPT sur nos tables online. Mais il n’a utilisé qu’une seule « bullet » au Palais des Congrès, terminant le Day 1C avec un tapis correct. Lorsqu’on lui demande son coup le plus dingue de la semaine, il se replonge en milieu de Day 2. « J’open UTG avec Roi-Valet offsuit, j’ai 27 BB. Un joueur compétent 3-bet au bouton. Je lui ai tout mis. Il avait As-Roi et j’ai fait le Valet rivière ! J’étais couvert, un pot de 2 millions. Clairement ça lance mon tournoi. Mais je devrais même pas la raconter cette main, elle est pas belle ! » Papa depuis trois ans, ‘Beu_C’ entamera la finale avec un solide stack de 38 blindes, ayant signé quelques beaux coups d’éclats en demies. Mais peut-il gagner ? Lorsqu’on lui pose la question piège - est-il le meilleur joueur de la finale ? - sa réponse fuse sans hésitation : « Loin de là ! Je ne me sous-estime pas, mais je connais mon niveau. » - Benjo

Jorris Hesse 29 ans - Thionville 14,2 m. (28 BB)

Joris Hesse
Il s'est vite esquivé après avoir validé sa qualification pour la finale du Main Event. Et pour cause, Jorris Hesse devait rapidement se trouver un hôtel pour dormir dimanche soir car il n'avait visiblement pas prévu d'aller aussi loin, lui qui joue son premier tournoi live. Pourtant, cela fait longtemps que le buy-in avait été acheté. "C'est une aventure avec un pote, explique le Mosellan. On a décidé de jouer ce tournoi, on a été parmi les premiers à prendre nos tickets dans la boutique, il y a un mois." Car en temps normal, Jorris joue plutôt online, sur des tournois à 10 et 20 €, en amateur : "Je fais le Sunday Surprise, par exemple. Le poker est une passion." Une passion née au casino il y a une grosse dizaine d'années : "J'y suis allé dès que j'ai eu 18 ans (il en a 29 aujourd'hui, NDLR). Il y avait plein de jeux de cartes un peu partout, j'ai essayé le black-jack, mais au final je suis resté sur le poker." Le casino, il y retourne surtout aujourd'hui pour jouer en cash-game. Sur ce Main Event, il a eu besoin de deux bullets pour se lancer. "J'ai commencé jeudi lors du Day 1C, j'ai été sorti à 100 places des payés, puis je me suis qualifié sur le 1F, même si je n'aime pas le format Turbo. Puis les blindes et la fatigue m'ont un peu usé au Day 2, mais dès que j'ai eu du stack, j'ai pu jouer mon jeu. Je suis un joueur agressif. Au Day 3, il y a eu un coup dont je me rappellerai encore dans dix ans : je me suis retrouvé à tapis couvert avec Valet-Dix, et j'ai craqué les As sur un tableau 10-3-2-J-8." Il entamera en tout cas cette finale avec le plein de confiance : "J'avais beaucoup plus de pression lors du Day 2. Mais plus je passe les échelons, plus j'ai confiance en mon jeu." Pour demain, Jorris n'aura pas peur de se frotter aux gros tapis avec ses 28 BB : "Omar, j'aimerais bien aller le chercher..." Oui, la confiance donne des ailes. - Rootsah

Daniel Pereira Henriques (Portugal) 27 ans - vit à Malte 12,85 m. (26 BB)

Daniel Pereira
Entre la Lusitanie et l’hexagone, Daniel Pereira Henriques préfère ne pas trancher. « Je suis né au Portugal, mais je suis parti lorsque j’avais 11 ans. Bon, aujourd’hui je m’exprime mieux en Français… » Son arrivée dans le monde du poker lui a d’ailleurs fait retrouver des amis d’enfance, ceux de l’époque où sa famille s’est installée en France : Paul Amsellem et Clément Bonnant. Deux joueurs bien connus de nos services avec lesquels il vit aujourd’hui à Malte. Le groupe joue les globe-trotters depuis une paire d’années, parcourant le circuit pour vivre un quotidien mi-touriste, mi-tournois. C’est de façon que Daniel préfère disputer des MTT : « Sur Internet, je ne joue jamais de tournois, car ils commencent et ils finissent tard. Je suis plutôt du matin, j’aime me lever et commencer à jouer tout de suite. » En live, Daniel a signé quelques ITM au cours des 12 derniers mois, à Madrid, à Malte, à Bratislava et à Chypre. Il a même gagné un tournoi à 400 $ à l'Aria durant les WSOP 2022... mais c'est bien aujourd'hui qu'il encaissera quoi qu'il arrive son plus gros gain de carrière en live. Fier représentant du clan Red Diamond, très nombreux à avoir perfé cette semaine, le Portugais a atteint le plus haut statut de fidélité de Winamax, celui réservé aux joueurs les plus assidus, en jouant presque exclusivement en Short Track, une forme particulière de cash-game où l’on joue avec très peu de blindes. Les qualités d’un bon joueur de Short Track ? « Un gros, gros mental ! » Daniel est entré dans la Grande Finale dès le Day 1A, avec l’entrée offerte à tous les Red Diamond. Il lui a fallu passer par la case re-entry, après quoi le pro a terminé la journée avec l’un des plus gros tapis. Après un solide Day 2 qui l’a vu monter en puissance, son Day 3 s’est passé sans faire de vagues : Daniel entamera la finale avec un stack typique de ses parties en Short-Track : 26 blindes. - Benjo

Gautier Lucas 33 ans - Paris 10,05 m. (20 BB)

Lucas Gautier
Il n'a que 33 ans, mais Gautier Lucas a déjà un solide bagage poker derrière lui. "J'ai commencé en 2008, explique ce joueur récréatif, qui travaille désormais dans le marketing. J'ai joué ma première main de poker dans une partie privée avec Nazim Guillaud. Alexis Bouchiouane, alias "lesuperpanda", un ancien pro qui ne joue plus aujourd'hui, est l'un de mes amis." Des noms qui fleuront bon le poker des années 2010, une décennie au début de laquelle Gautier a beaucoup joué : "Entre 2010 et 2023, je faisais du cash game online, de la NL100 et de la NL200, durant mes études. Depuis deux ans, je me suis mis au live, j'en joue cinq ou six dans l'année, pour le plaisir. J'ai fait mon baptême du feu à Vegas l'an dernier, j'ai fini breakeven..." Ce Day 3 n'avait donc pas de quoi impressionner Gautier, qui avouait tout de même ressentir "l'adrénaline et l'émotion", après un Day 2 qu'il a achevé... en tant que lanterne rouge des 32 joueurs restants. "J'étais vite monté à 300 000 lors du Day 1. Au Day 2, je me suis même retrouvé crippled avec 2,5 blindes... mais j'ai craqué les Rois avec Q-3 dépareillés ! Aujourd'hui, j'ai commencé par missclik un coup en début de journée, puis j'ai oscillé entre 7 et 25 BB." Concernant sa stratégie pour cette finale, Gautier confiait qu'il allait demander conseil à ses potes : "Je resterai solide. J'ai aussi les trois chipleaders en face de moi. Je pense que c'est une bonne chose." Avec le septième tapis des huit finalistes, il commencera une nouvelle fois une journée en tant que shortstack, avec 20 blindes. Mais on sait désormais qu'il peut se sortir de situations périlleuses... - Rootsah

Rémi Debord (Qualifié Freeroll à Lyon) 38 ans - Chalamont 7,7 m. (15 BB)

Rémi Debord
Vous ne trouverez pas autour de cette table finale de plus grand passionné de Winamax que Rémi Debord. "On est à fond Wina, on joue tout !," explique l'Aveyronnais d'origine, aujourd'hui résident de Chalamont, dans l'Ain, "pile entre Bourg-en Bresse et Lyon". Et le trentenaire de nous égrener ses habitudes de jeu chez nous, à commencer par "les championnats à 2 €, pour prendre des packages," comme les Wam Triad Battles, grâce auxquelles il a réalisé son meilleur résultat en live : une 19e place sur le WPO Dublin 2017, pour 4 100 €. D'ailleurs, Rémi est sur un run pas loin d'être indécent sur nos festivals : "En cinq Main Events Wina, j'ai fait quatre ITM." Dont quatre de suite, sa première incursion sur la Grande Finale du WiPT en 2014 s'étant soldé par une élimination aux portes des places payées. Car celui qui arbore fièrement un patch Wam-Poker est aussi un fervent participant aux étapes live du Winamax Poker Tour. "J'en ai toujours fait au moins une depuis 2012. Cette année, je n'avais prévu que Lyon et je comptais jouer tous les Tremplins online s'il le fallait : j'ai décroché mon ticket dès le premier soir !" Avant donc de confirmer dans la capitale des Gaules, sous les yeux de votre serviteur, ce qui en fait donc le dernier qualifié freeroll encore en course. Ce deep run et cette première finale live, Rémi les vit en groupe, celui qu'il a formé au fil des ans et des rencontres. "On joue le KING5 ensemble tous les ans. Il y a Fanfan, que j'ai rencontré après mon élimination à Dublin en 2019, sur la dernière main du Day 2. Ce soir-là, on a discuté jusqu'à 4 heures du matin !" Histoire de n'oublier personne, mentionnons également Fanack - "C'est lui qui m'héberge, j'espère qu'il viendra me rail pour la finale !" - Dalas 12 et Bibi. Sur ce tournoi, dans la foulée d'un Day 1E "horrible", où il a attendu 18 heures avant de passer au-dessus du stack de départ, il a tout simplement connu "la vie rêvée. J'ai eu quatre fois les As au Day 2, j'ai doublé à chaque fois," dont une contre Gaëlle Baumann. Un good run qui s'est prolongé aujourd'hui. L'élimination d'Aurélien Beauzon avec les As, une quinte flush pour rester en vie, et surtout un setup remporté avec deux As (encore !) contre deux Rois : tout ça pour arriver en finale avec le plus petit tapis. Mais Rémi reste serein. "J'aurai quinze blindes lundi, c'est ma zone de confort, lâche-t-il le plus sérieusement du monde. Je sais que j'ai overfold plus d'une fois en table TV, mais je reste dans ce que je sais faire. Et entre sept et quinze blindes, je connais." Cela suffira-t-il à devenir le deuxième qualifié freeroll à brandir l'épée de Champion, sept ans après Cyril Georges ? - Flegmatic

Christophe Beyer (Red Diamond) 35 ans - Rennes Eliminé en 9e place (15 000 €)

Christophe Beyer
Le Breton ne reviendra pas au Palais des Congrès lundi, ayant été le dernier éliminé du Day 3, en grande partie à cause d’une paire d’As craquée par Jorris Hesse. Red Diamond depuis toujours ou presque, Christophe Beyer reste année après année l’un des joueurs les plus assidus de Winamax. Ses millions de points de fidélité, il les accumule chaque année dans une variante peu courante : le Pot-Limit Omaha à 5 cartes. « On est peu à le pratiquer, j’affronte toujours un peu les mêmes joueurs », dit le papa de 3 enfants - le dernier est arrivé en 2022 - qui sera bientôt propriétaire à Rennes. Son statut « Red » lui donne droit à une invitation sur tous les évènements Winamax, et Christophe ne manque que rarement les rendez-vous de la marquent. En témoignent des résultats signés à Dublin, Marrakech, Lloret de Mar et Bratislava depuis 2013. Avec cette 9e place sur la Grande Finale du Winamax Poker Tour, il égalise son meilleur score, signé sur le SISMIX en 2017. - Benjo

Un setup pour démarrer

Daniel Pereira premier sortant du jour après une rencontre fatale contre Omar Lakhdari (8e pour 20 000 €) Main Event - 500 € (Finale)

Daniel Pereira

Il ne pouvait rien faire. Ou pouvait-il faire quelque chose ? Il faut un joueur aussi bon que Daniel Pereira pour hésiter à payer sur ce coup et éprouver des regrets après son élimination. La main en trois mots ? Brelan contre brelan. En détaillé, c'est un peu plus compliqué que ça. Premier de parole, Omar Lakhdari ouvre avec 99. Tout le monde passe jusqu'à Daniel, qui complète sa grosse blinde avec 55. Le flop est explosif : 965. Omar c-bet négligemment à hauteur de 500 000 et se fait check/raise à 2 millions. C'est payé, pour voir le turn, un J qui ouvre des tirages mais ne change pas la donne. Daniel poursuit logiquement avec une seconde mise à 3 millions, se laissant un peu moins de 5 millions derrière. C'est alors qu'Omar se décide à aller chercher la value maximale, en annonçant tapis.

Pas de snap call chez Daniel, qui vient d'entendre le mot auquel il ne voulait pas être confronté. Flash forward vers l'interview qu'il nous a donné quelques minutes plus tard. "À ce moment-là, je le sens très fort. Il commence à me dire 'Si tu as brelan, GG.', ce qui m'incite encore plus à abandonner. D'un autre côté, s'il a une overpaire, je pense qu'il se contente de payer. Je bats Valet-9, mais il peut aussi avoir 7-8 ou 10-8. Au final, je ne sais pas si je peux trouver un fold..." Les signaux contraires se multiplient dans la tête de Daniel, qui finit cependant par payer. "C'est Omar, je suis aussi un peu obligé d'aller vérifier les papiers." Daniel n'a qu'un seul out, soit 3 petits pourcents, pour ce qui serait un improbable carré. Le 8 est la dernière carte qu'il voit sur ce Main Event.

Daniel Pereira

Huitième, le résident maltais, qui bénéficiait ici du rail le plus riche de cette finale... en dollars (Nicolas Vayssières, Benjamin Hammann et Thomas Eychenne), encaisse 20 000 €, laissant Omar Lakhdari s'envoler plus que jamais en tête. Un peu sonné, Daniel est probablement déjà en paix avec lui-même au moment de prendre place pour suivre le reste de cette TF. Red Diamond par son activité à nos tables de Short Track, il sera bien entendu de nos futurs festivals à Marrakech et Bratislava. "Je prends toujours plaisir à me déplacer, passer quelques jours avec les copains." Alors à bientôt au SISMIX Daniel !

Satisfait, à défaut d’être consacré

Clément Muller éliminé en 7e place (26 000 €) Main Event - 500 € (Finale)

Arrivé en table finale avec le troisième plus gros tapis, Clément Muller n'aura eu qu'à se frotter deux fois à ce diable d'Omar Lakhdari pour voir son capital - et ses chances - réduits à zéro.

Trouvant une paire de 8 au bouton, Clément se contente de payer l’ouverture du chip-leader. Le flop tombe 332 : le grinder paie un premier barrel, puis un second sur le turn K. Deux bonnes décisions, puisque Omar est encore à tirage avec son Q9. Sauf que la rivière est un K… et que Clément va estimer les possibilités de bluff trop grandes chez son livetard d’adversaire : il paie un troisième barrel de deux millions.

Ce premier showdown perdu en précipite un second, qui sera son dernier de la partie. Ouverture à 1,5 million d’Omar, encore, au cutoff. Clément est de grosse blinde et découvre de nouveau une pocket. Celle du dessus : 99. Avec un tapis réduit à 13 millions, à peine plus de 20BB, sa décision n’est pas difficile contre un adversaire aussi dominateur : tapis !

Mais Omar n’est pas en train d’essayer de voler les blindes avec KK, il ne voulait pas entendre autre chose.

Malgré la force de sa main, Clément ne joue qu’un 20/80 pour sa survie, et ses deux outs resteront désespérément absentes sur un board 510A73.

Clément Muller
Eliminé en septième place de la Grande Finale du WiPT, le Toulousain remporte 26 000 euros. C'est le plus gros gain en live à ce jour de ce pro aujourd'hui spécialisé dans le cash-game, et une somme qui représente 1 300 fois son investissement initial pour disputer le tournoi - il avait chopé son ticket pour 20 euros devant son ordinateur, sur nos tables Expresso.

Déçu de n’être resté qu’une heure sur le plateau télé en dépit d’avoir entamé la finale avec le troisième stack ? Sans aucun doute. Mais devant le micro d’Harper, Clément préférait se concentrer sur le positif. « Je suis venu à Paris pour donner le meilleur de moi, et jouer mon meilleur poker. J’ai l’impression d’avoir réussi. C’est tout ce qui compte. » Avant de nous quitter, il nous livre un pronostic : « Omar est agressif, et il touche les bons setups. Cela va être difficile pour les autres…. »

Lesoif reprend une gorgée

Main Event - 500 € (Finale)

Sébastien Lesoif DU

Premier coup d'arrêt aujourd'hui pour Omar Lakhdari, qui correspond à un full double up de Sébastien Lesoif. Après avoir ouvert à 1,5 million (les blindes sont passées à 300 000 / 600 000) premier de parole, Beu_C voit l'Algérien lui revenir dessus depuis le bouton avec un 3-bet à 4 millions. Pour une fois, le chipleader est light avec J8 et utilise son avance pour mettre la pression sur les tapis moyens, en théorie les plus soumis à la pression ICM - par rapport aux short stack par exemple, qui n'ont d'autre choix que de prendre des risques pour doubler.

Sébastien Lesoif

Le flop AKT est du genre drawy et apporte une mise de continuation d'Omar, pour un petit sizing de 1,5 million. Pas de quoi faire fuir notre qualifié online, qui se retrouve avec moins de sept millions de jetons dans un pot qui en fait désormais douze. Le turn 9 ajoute de l'équité à Lakhdari, qui demande le reste du stack de Seb.

Sébastien Lesoif

Le mal de crâne est réel, et la décision loin d'être évidente, comme ne manquent pas de le rappeler PonceP et Flavien Guénan sur le stream, même avec une top paire aussi bien kickée. De longues minutes sont nécessaires à Sébastien, pour appuyer sur le bouton "call". La décision est la bonne mais il doit encore éviter quelques cartes pour rester en vie dans ce tournoi. C'est avec un immense soulagement que le Normand accueille le 3 river. Sous les acclamations du rail, Beu_C grimpe à 26 millions et se replace en troisième position, derrière Alexane Najchaus et Omar Lakhdari, qui redescend à 50 millions.

Gautier Lucas

À noter qu'avant cela, Gautier Lucas (photo) avait trouvé un triple up avec une paire de 7 tenant contre les 5 de Jorris Hesse et les 2 d'Omar, après un board AJ66T checké tout du long par les deux derniers. Malheureusement pour Gautier, un pot perdu en bataille de blindes contre Jorris le fait retomber peu après à la dernière place, derrière un Rémi Debord qui continue de se maintenir à coups de tapis non payés.

C’est la Hesse

Jorris Hesse nouvelle victime d'un Omar Lakhdari on fire (6e pour 34 000 €) Main Event - 500 € (Finale)

Jorris Hesse

S'il avait fallu décerner des mentions aux joueurs encore en vie à la première pause, Jorris Hesse aurait sans doute reçu "Très bien". Sans jouer un seul coup à tapis couvert, il avait tout simplement doublé son tapis, passant de 14,2 à 30 millions. Plusieurs pots glanés contre Alexane Najchaus et un bon bluff river contre Gautier Lucas notamment, lui avaient permis de se placer en solide outsider de cette TF. Du genre que l'on n'avait pas forcément senti venir. Et puis, patatras. L'effondrement soudain. L'excès d'agressivité au pire moment possible.

Jorris Hesse

Tout le monde rend ses cartes au croupier pour laisser Jorris et Omar Lakhdari en bataille de blindes. C'est alors que la table prend feu. Ouverture à 1,9 million, relance à 6,2 millions et surrelance à tapis. "Omar, j'aimerais bien aller le chercher," nous avouait Jorris dimanche soir au moment de l'interviewer pour écrire sa biographie de finaliste. Sauf qu'une fois de plus, le chipleader a les papiers. Mieux, ce dernier se retrouve exactement dans la même configuration que contre Clément Muller : KK contre 99. "Je connaissais son jeu, je pensais qu'il était en plein bluff," nous a confié le Mosellan après coup, encore sous le choc.

Jorris Hesse OUT

Il n'avait aucune chance évidemment d'arriver à un tel résultat ici et n'a que 20% de l'emporter à l'abattage. Le tableau A63JA le laisse fort dépourvu. Avait-il besoin de prendre autant de risques à ce moment-là, avec des joueurs comme Gautier et Rémi comptant autour de six blindes ? En attendant, ses 30 millions de jetons partent du côté d'Omar, qui passe à 87 millions sur les quelque 150 millions en circulation. "J'ai bien aimé mon tournoi, j'ai bien aimé mon poker," a conclu et à raison.

Venu sur cette Grande Finale avec un pote après avoir acheté son buy-in en ligne sur notre Boutique, Jorris se souviendra sans doute de cette main folle en fin de Day 3, lorsqu'il a craqué les As de Christophe Beyer avec Valet-10. Pour son tout premier tournoi live, et après avoir mis deux bullets entre le Day 1C et le Day 1F, il repart tout de même avec 34 000 € en poche et énormément d'expérience pour ses prochaines sorties.

Jusqu’au bout de l’exigence

Gautier Lucas éliminé en 5e place (45 000 €) Main Event - 500 € (Finale)

Gautier Lucas
Signe évident que nous avions affaire à un perfectionniste en la personne de Gautier Lucas : après son élimination (survenue quelques minutes après un double up avec Roi-6 contre le Dame-4 de Sébastien Lesoif), l'ancien semi-pro a trouvé le moyen de se demander à voix haute si c'était une si bonne idée que ça de jouer ses 10 blindes avec AJ... "Le qualifié short-stack allait poser la BB et la BB ante sur la main d'après, donc je sais pas..." Mais Sébastien Lesoif s'est empressé de dissiper ses doutes : cette main était largement suffisante pour s'engager au bouton. De grosse blinde, Alexane Najchaus a payé avec AQ, et le board 1054AQ nous a permis d'assister à la première élimination non signée par Omar Lakhdari.
Gautier Lucas
Joueur de cash-game en ligne assidu durant ses études, celui qui est désormais un récréatif (cinq ou six tournois live par an) récolte 45 000 euros après avoir offert une belle démonstration de jeu short-stack tout au long des deux derniers jours - il était dernier au classement alors qu'il restait 32 joueurs. Déçu, mais tout de même conscient de sa performance. "Je ne suis pas content de mon jeu post-flop, j'ai loupé un call hauteur Roi tout à l'heure. Mais arriver en table finale, c'est quand même un accomplissement."

Rémintada

Le rêve de Rémi Debord se poursuit ! Main Event - 500 € (Finale)

Rémi Debord

On attendait de Rémi Debord qu'il soit la victime expiatoire de cette phase à quatre. Après avoir passé une paire de 2 en batailles de blindes contre une relance à tapis d'Alexane Najchaus, le dernier qualifié freeroll de ce tournoi chute même à six blindes, loin des 123 d'Omar Lakhdari. "Il faut y aller," lui glisse alors Sébastien Lesoif. Non pas pour pousser son voisin à s'envoyer en l'air avec n'importe quoi, mais parce qu'il ne peut décemment pas se laisser déblinder éternellement. Aussi loin de tout le monde, le Rhônalpin se doit de prendre des risques s'il veut espérer autre chose qu'une quatrième place - qui serait déjà un formidable exploit.

Est-ce le signal dont avait besoin Rémi ? Toujours est-il que, dès la main suivante, il resteal avec un maigre Roi-2 dépareillé derrière une ouverture d'Omar Lakhdari. Avec 8-5 off, ce dernier se retrouve face à une décision pas si évidente. Bien sûr, il n'a que très peu de jetons à ajouter. Mais en laissant le short stack en vie, il peut continuer d'appliquer une énorme pression à Alexane et Sébastien. Un joueur live aussi expérimenté que lui sait bien évidemment tout ça. Voilà sans doute pourquoi, non sans réflexion, il décode de laisser ce pot à Rémi.

Omar Lakhdari

Le début d'une folle remontée pour ce dernier. Dans un joli rush de cartes, il multiplie les ouvertures et les resteals, à tapis mais pas que, jusqu'à monter à 16 millions, soit vingt blindes, en vingt minutes. Mais le meilleur reste à venir. Suite à un nouvel open d'Omar au bouton, Rémi découvre AK. La réponse est simple : tapis. Avec A9, cette fois Omar ne va nulle part. À la surprise d'absolument tout le monde, l'Algérien est derrière. Serait-ce sa première erreur de la TF ? Le flop AJJ ouvre la porte à quelques partages, mais le turn 5 et la rivière 7 sont de parfaites briques. Pour la première fois depuis le début de cette finale, Rémi a été payé après avoir tout mis au milieu et avec succès. Les cartes sont alors complètement rebattues. Jugez plutôt :

Rémi Debord

Omar Lakhdari : 42 millions (52 BB) Alexane Najchaus : 42 millions (52 BB) Sébastien Lesoif : 33 millions (41 BB) Rémi Debord : 33 millions (41 BB)

Lakhdari, la value infinie

Main Event - 500 € (Finale)

Omar Lakhdari
Omar Lakhdari est en tilt après avoir commis ce qui est peut-être sa première erreur de la finale... Tout du moins, c'est ce qu'il essaie de laisser paraître, envoyant une relance au bouton en ne cessant de gigoter et lancer des regards en l'air.

De petite blinde, Alexane Najchaus trouve un joli AQ mais décide de ne pas relancer. Elle paie les 2,1 millions demandés.

La Team Pro trouve ce qu’elle cherche sur le flop A24. Check, bien sûr, pour laisser Omar c-bet 1 million.

Turn : 9. Check, encore. Omar s’empare de grosses piles de jetons et les avance sans avoir pris le temps de compter. Toujours le tilt et/ou comédie du tilt. C’est compté : il y a 4 millions.

Rivière : 6. Un dernier check d’Alexane et Omar se met à construire des piles de jetons encore plus grandes avec une vitesse effrayante. Elles avancent au milieu. Le croupier compte. « Combien j’ai mis ? » demande Omar. Je pense qu’il pose vraiment la question. Je pense qu’il ne sait pas combien il a misé. Après vérifications, il y en a pour 16 millions, presque la moitié de son stack.

Très longue réflexion d'Alexane qui doit maintenant décider si sa top paire slowplayée mérite un call ou non. Elle aussi doit engager la moitié de son stack.

Alors, bluff ou pas bluff ? Alexane finit par avancer les jetons.

Bluff ou pas bluff ? Omar le tiltard, Omar le faux tiltard, Omar le roublard retourne 53.

Un pot de presque 60 millions. Omar a déjà tout récupéré.

Alexane Najchaus

Rémi Deborde

Le qualifié freeroll se fend d'un sublime hero call Main Event - 500 € (Finale)

Rémi Debord

La dynamique de la table s'est métamorphosée lors des deux derniers niveaux. En parallèle de la résurrection de Rémi Debord, on a vu Omar Lakhdari se prendre plus d'une fois les pieds dans son propre tapis. Attrapé plus d'une fois en bluff par Sébastien Lesoif, il a également vu filer un pot de 20 millions avec Valet-9 contre le As-9 d'Alexane Najchaus, sur un board hauteur 9. C'est ainsi avec un tapis réduit à 39 millions - il en avait plus du double deux heures plus tôt - que l'Algérien ouvre une énième fois depuis le bouton, à 2,2 millions. Rémi découvre alors un monstre à ce stade : AJ. Comme Alexane un peu plus tôt, il décide de simplement payer depuis la grosse blinde.

Sur le flop QJ9, le c-bet est automatique, pour 900 000. Rémi ne va nulle part et le 2 est checké par les deux hommes. C'est sur la rivière que cela se complique pour Rémi. Sur un K, Omar place à énorme parpaing en overbet : 6,2 millions. Les minutes défilent, durant lesquelles le n°2 de la All-Time Money List africaine développe tout l'éventail du parfait livetard : il discute, s'agite et va même jusqu'à se lever de son siège, toisant son adversaire. Par la stratégie conservatrice dont il a fait preuve jusque-là, le montant de la mise et la texture on ne peut plus connectée de ce tableau, tout porte à croire que le dernier freerolleur de ce Main Event va sagement passer, pour conserver son tapis intact, comme il a si bien su le faire depuis le début de cette finale.

Rémi Debord

Une célébration à la Daniil Medvedev

Sauf que non. Rémi se sent pousser des ailes et jette un jeton par-dessus la ligne blanche. Omar était-il en value ou en bluff ? Ce sera la réponse B, avec un simple A3. Tombé à 30 millions, le désormais ex-chipleader dégringole en dernière position, derrière Rémi qui se repositionne à 43 millions, alors que les blindes vont passer à 500 000 / 1 000 000. "J'aurais pas dû le laisser en vie !," l'entendra-t-on maugréer durant la pause qui a immédiatement suivi ce coup. Nous n'aurions pas dit mieux.

Omar Lakhdari

Les vingt minutes de break ne seront pas de trop à Omar Lakhdari pour passer ses nerfs

Ce 6 était vrai

Après une main rocambolesque, Alexane Najchaus récupère le fauteuil de chipleader Main Event - 500 € (Finale)

Alexane Najchaus

Pas le temps de respirer : les coups de mutant s'enchaînent autour de cette table finale. La confrontation qui nous intéresse cette fois-ci est inédite : le nouveau chipleader Sébastien Lesoif contre Alexane Najchaus. Premier de parole, Beu_C ouvre à deux millions avec ni plus ni moins que la meilleure main de départ : AA. En small blind, la sirène du Team Winamax découvre 87 et opte pour l'option agressive : 3-bet, et cher, pour huit millions. Seb se contente de payer et le flop est dévoilé : 543. Trois cartes idylliques pour Alexane, qui trouve un tirage couleur accompagné d'une gutshot. Elle choisit toutefois de ne pas enchaîner et tapote la table, imitée par le Normand.

C'est sur le turn 2 que les affaires reprennent. Alors que son adversaire vient de toucher une quinte, et n'est plus battu que par un 6 ou 6-7, LaSirenita annonce "treize millions", soit près de 60% de son stack. Sébastien call rapidement, pour voir la cinquième carte. À ce stade de notre article, nous vous demanderons s'il vous plait de bien vouloir écarter les enfants de votre écran.

La rivière est un 6.

Désormais dotée d'une maxi quinte à sept cartes, "max de chez max", Alexane pousse logiquement au milieu ses 9,4 millions restants. Seb est embêté. Il ne peut plus espérer qu'un partage. Mais la cote est trop belle : c'est payé. Il reçoit la mauvaise nouvelle en secouant la tête. Sa belle partition entachée, il retombe brusquement à 16 millions, pour autant de blindes. À l'inverse, avec 62 millions de jetons devant elle, Alexane prend pour la première fois les commandes de ce tournoi.

Lesoif s’offre une rasade

Main Event - 500 € (Finale)

Après s'être fait méchamment salir par Alexane Najchaus, Sébastien Lesoif a pu prendre une petite revanche juste avant la pause, en récupérant une partie des jetons perdus.

Ouveture au cutoff d’Alexane pour 2 millions, tapis annoncé chez Sébastien en petite blinde (12 millions), Alexane paie aussitôt et révèle une bombe : AK.

Sébastien a besoin d’aide avec son A4, il en trouve dès le flop 456. Le turn 7 ouvre la voie à un split, mais le turn Q confirme la survie chanceuse de Q. Mérité, dirons ses supporters après cette paire d’As craquée quelques minutes plus tôt.

Les stacks avant le début du niveau 600K/1,2M :

Alexane 61 millions
Rémi 36 m.
Omar 28 m.
Sébastien 25m.

Des débuts plus que prometteurs

Moins de trois d'expérience, moins d'un an de live... et déjà, une perf' majeure Alexane Najchaus éliminée en 4e place (60 000 €) Main Event - 500 € (Finale)

Alexane Najchaus
On venait de vous raconter comme Sébastien Lesoif s'était un peu vengé de cette paire d'As craquée par Alexane Najchaus... Une heure plus tard, le Normand a terminé d'effacer cette déconvenue, reprenant tous les jetons perdus contre la Team Pro. Et bien plus encore.

Rien de très technique dans ce coup typique des fins de tournois de No-Limit, le raconter ne demandera qu’une phrase. Ouverture d’Alexane au bouton, shove de Beu_C de BB, snap call d’Alexane : elle retourne AK, une main avec laquelle elle a déjà perdu contre Sébastien, et cela encore une fois le cas face à la petite pocket 55 qui évite l’accident sur un board 42693.

Le pot de 67 millions propulse Sébastien Lesoif dans les talons d’Omar Lakhdari, et fait chuter la Team Pro à moins de 4 blindes. Alexane se retrouve aussitôt UTG : elle refuse de faire tapis, pour engager ses jetons dès la main suivante, de BB donc, avec 89. Omar a tout mis de SB avec KJ, et reste en tête sur QA3610.

Alexane Najchaus
4e parmi 3 997 inscrits : seulement trois petites marches ont manqué à Alexane pour définitivement entrer dans la légende du Team W. Mais c'est déjà un sacré chapitre qu'elle a écrit dans une autobiographie poker encore très brève. Il y a moins de trois ans, elle découvrait le poker. Il y a moins d'un an, elle découvrait le live. Six mois après avoir intégré le Team, la spécialiste des Expressos signe déjà un résultat en MTT. La marque d'un talent naturel et précoce, et d'une capacité à apprendre et à s'adapter rares. De très bonne augure pour la suite !
Alexane Najchaus
Réactions à chaud :

« C’était une très belle finale. Je me suis préparée, je ne regrette rien. Pour une première expérience, c’est génial. »

« Rien que pour toutes les nouvelles choses que j’ai pu apprendre, c’est juste dingue. »

« Je suis Parisienne, je suis Team Wina. C’était ce qu’on appelle un match à domicile, non ? »

« Dès demain, retour à l’Expresso. Je ne prends jamais de vacances. »

« Attendez-moi au tournant au SISMIX à Marrakech ! »

Sébastien Lesoif
Le gros double-up de Sébastien Lesoif le met en très bonne position pour attaquer la phase 3-handed face à Rémi Debord et Omar Lakhdari

Que du kiff’

Dernier qualifié freeroll de cette Grande Finale, Rémi Debord décroche le bronze et remporte 82 000 € Main Event - 500 € (Finale)

Rémi Debord

"Je suis vidé, je n'ai plus d'émotions. J'ai bien du mal à dire combien de temps il va me falloir pour m'en remettre." Ceux qui pourraient penser que le poker n'est pas une activité physique n'ont jamais passé quatre journées pleines de tournoi avec un tapis tournant autour des vingt blindes. Rémi Debord, si. Et il a tout donné, à tous les niveaux. Qualifié freeroll à Lyon après avoir joué un seul et unique Tremplin online, le Rhônalpin a fait durer l'aventure jusqu'en troisième place, sur 2 987 entrants, pour passer de 0 à 82 000 €. "C'était une super expérience, a-t-il confié à chaud au micro de Harper. Je vais prendre le temps de décider ce que je vais faire de cet argent, j'ai plusieurs projets en tête. On peut aller au lit, maintenant ?"

Cette perf' est d'autant plus belle que Rémi est allé la chercher avec les tripes, sans jamais dévier de sa ligne, parfois un peu par la force des choses. Déjà, au retour du dinner break du Day 1, il ne comptait que 15 000 jetons sur les 50 000 de départ. "J'ai regardé les trains pour rentrer à Lyon... et puis j'ai mis mon casque et je me suis reconcentré." Dans sa bulle, il a sans doute prononcé le mot "all-in" plus que n'importe qui dans ce tournoi, ne se retrouvant qu'une seule fois à tapis payé avec la moins bonne main : lorsqu'il a trouvé une quinte flush en demi-finale pour doubler avec Dame-Valet contre As-Valet.

Rémi Debord

Aujourd'hui, il s'est fait payer deux fois. La seconde lui fut fatale. En bataille de blindes, Omar Lakhdari lui demande ses dix dernières blindes avec KT. Rémi découvre un monstre, dans n'importe quel cas mais surtout le sien : AQ. L'Algérien trouve presque le meilleur flop qu'il pouvait espérer avec cette main : J59, pour un "combo draw" couleur et gutshot. Cette dernière rentre dès le turn, une Q, qui scelle le destin du dernier qualifié freeroll du tournoi.

Omar Lakhdari - Rémi Debord

Une dernière main en forme de coup du sort, mais il en faut plus pour entamer la bonne humeur de Rémi. "J'ai bien défendu mes changes, je suis super content de moi. Oui, il y a eu des overfolds mais ça fait partie de mon jeu." Qu'est-ce qu'on ressent quand on attaque la finale short stack avec quinze blindes et que l'on voit les éliminations s'enchaîner devant ses yeux ? "Ça ne s'arrêtait jamais ! Je me disais 'Non, c'est pas possible, je ne vais quand même pas repartir avec l'épée !'" Et puis le rythme s'est ralenti une fois le dernier quatuor constitué. "C'était épuisant à quatre. Honnêtement, après tant d'heures à batailler, ça aurait été une déception de ne pas passer ce dernier palier. Alors que ce matin, j'étais même prêt à bust sur la première main, ça n'aurait pas été grave. En tout cas, j'ai zéro regret, c'était que du kiff' !"

Reste maintenant une question. "Comment reprendre la vie normale après ça ? En plus demain je retourne au boulot, j'ai des engagements, explique cet agent immobilier dans la banlieue de Bourg-en-Bresse. Après ma qualification à Lyon, j'avais été interviewé par La Voix de l'Ain et Le Progrès, j'avais déjà une petite notoriété dans ma commune [Chalamont, NDLR]. Qu'est-ce que ça va être après ça !" Restons d'ailleurs dans la région, Rémi tenant à en glisser une pour son club historique du Bourg Hold'em. "La présidente et le bureau dans son ensemble font un énorme boulot depuis dix ans. Ils vont partir prochainement, et je ne sais pas si le club va surprise après ça, donc je veux absolument leur dire merci."

Article Rémi Debord

Une chose est sûre, il ne passera pas non plus inaperçu lors de nos prochains festivals live à venir cette année, à commencer par le Winamax Club Trophy. "J'ai du mal à me dire que je vais rejouer au poker après ça... Le Trophy, il y a moyen que je le spew !" Si son binôme nous lit, on lui conseille de préparer dès maintenant son discours de motivation. Peut-être sera-t-il plus motivé fin septembre à Bratislava, afin de continuer son excellent run sur nos Main Events live. En cinq participations, le voici désormais avec quatre places payées, dont une superbe médaille de bronze. Rémi, bravo !

Vaincu par l’épée

Le grand animateur de cette table finale Omar Lakhdari termine runner-up (110 000 €) Main Event - 500 € (Finale)

Omar Lakhdari

Le 28e trophée était tout près. On pourrait presque aller jusqu'à dire qu'il lui tendait les bras. Cette épée de Champion du Winamax Poker Tour 2022/2023 aurait symbolisé la plus belle victoire de la carrière d'Omar Lakhdari. À la place, l'Algérien doit se contenter de la deuxième place, pour 110 000 €, ce qui reste sa deuxième meilleure perf', en quatorze ans à jouer des MTT et 151 places payées. "Pour un tournoi à 500 €, on les prend, avoue Omar, pragmatique. Mais il y a un peu de frustration, je joue pour la gagne." Personne n'a pu en douter aujourd'hui. Chipleader pour entamer la finale à huit, il a de loin été le joueur le plus actif, et ce, dans tous les sens du terme. Joueur de live chevronné, habitué des cercles de jeux de la capitale, avec de fréquentes incursions sur les festivals EPT, WPT et WSOP, il était de loin le plus expérimenté des derniers prétendants au titre, usant de toute sa panoplie pour sortir ses adversaires de sa zone de confort.

En étudiant soigneusement ses voisins lorsqu'il les obligeait à prendre des décisions parfois compliquées ; en leur parlant, souvent ; en bougeant, beaucoup ; mais surtout en faisant parler son sens du timing et ses capacités d'analyse hors du commun, il a assumé pleinement pendant des heures son statut de favori. Paradoxalement, son meilleur coup tactique aurait bien pu le mener à sa perte : lorsqu'il refuse de payer le maigre tapis de Rémi Debord alors qu'il n'a que deux places à ajouter avec un tapis qui dépasses les 120. Car derrière, le freerolleur lui a causé bien des soucis, notamment via un hero call qui a complètement rééquilibré les débats. "J'ai voulu faire un coup de génie, ça a bien failli se retourner contre moi. Je ne le referai plus !"

Heads-up

Mais alors qu'on le sentait dégoupiller, basculé en quatrième et dernière position, Omar est reparti au combat. Attirant les jetons à lui comme un aimant pour récupérer le chiplead, il a fini par exorciser ses démons en achevant Rémi, attaquant le heads-up contre Sébastien Lesoif avec une courte avance : 51 blindes contre 42. Et alors que l'on se dirige vers un long duel au couteau, à base de petits pots limpés, deux coups viennent décanter la situation.

Sur le premier, Omar check/raise de 2 à 7 millions avec J2 sur un flop 833. Il ralentit ensuite sur le turn 9, se contentant de check/call un deuxième barrel de 4 millions de Sébastien. S'il ne rentre pas son tirage couleur river, il trouve tout de même la top pair grâce au J. Brouillant une nouvelle fois les pistes, Omar reprend alors l'initiative, avec un beau parpaing à 7,6 millions. Problème : Beu_C avait floppé un brelan avec son 63. Les positions du début sont alors inversées, avec 31 blindes d'un côté contre 42 de l'autre.

Omar Lakhdari

Mais même après tant de lines improbables, de secouages de jetons intempestifs, de mises "poignée" et de plaquettes étalées n'importe comment au milieu de la table, il a tout de même fallu que le tournoi d'Omar Lakhdari s'achève sur un lancer de pièce tout ce qu'il y a de plus banal. Enfin, pas si banal que cela. Car les Dieux du poker sont facétieux. La paire de 9 qu'il a crucifié à deux reprises aujourd'hui avec deux Rois, éjectant vers la sortie Clément Muller puis Jorris Hesse ; cette paire de 9, Omar a fini par la recevoir. Et une fois de plus sur cette TF, elle n'a pas tenu. Dans une classique séquence de relances et surrelances préflop, Sébastien Lesoif finit par le payer avec AQ. Le rail chaque minute un peu plus fourni d'Omar croit au double up en découvrant le flop K32, mais l'A turn et la rivière 7 font tomber la pièce de l'autre côté.

Le clan de Beu_C exulte. Omar penche la tête, de l'air de celui qui en a vu d'autre. "C'était un beau duel, c'est une belle victoire, concède-t-il. Et c'était une belle finale, il y avait de tout : du Red Diamond, du Team Pro, du qualifié... Cela faisait un bon mix, c'était cool." Et n'est-ce pas finalement la meilleure conclusion que l'on pouvait donner ? Attendez, il reste un dernier article.

Omar Lakhdari - Sébastien Lesoif

Le grand cru de Lesoif

Sébastien Lesoif remporte le Winamax Poker Tour (155 000 €) Après un beau deep-run à Madrid, après une grosse victoire en side-event à Bratislava, le grinder Normand de 37 ans couronne douze mois d'ascension en live avec un sacre à Paris, devant 2 997 inscrits

Sébastien Lesoif vainqueur WiPT Paris
Il lui a d'abord fallu souffler un grand coup. Le temps de reprendre ses esprits. Le temps se mettre en condition pour le traditionnel ballet suivant la dernière main. Le temps de se mettre dans la peau d'un vainqueur. Afin de tenter un sourire pour les (nombreuses) photos, afin de trouver les réponses spontanées enthousiastes de rigueur pour les dictaphones tendus. Afin d'oublier la fatigue et contenir ses émotions tandis que déjà, les potes se pressent, chahutent, célèbrent. *

« Je ne réalise pas encore », nous dit Sébastien Lesoif après s’être assuré que le bar du Palais des Congrès était suffisamment approvisionné en champagne pour tous les amis et membres du staff encore présents. « Je suis encore dans l’émotion. Demain, ça reviendra à la normale. » Il y a de quoi être sur un nuage : le grinder de Cherbourg, habitué à jouer des tournois à 100 € ou moins sur Winamax (« et encore, pour les 100 €, pas toujours ») vient de remporter la première Grande Finale du Winamax Poker Tour organisée depuis 2018. Une épreuve ayant rassemblé 2 987 joueurs de tout le pays et de tous horizons, au buy-in de 500 €, un tarif correspondant pile au niveau auquel il se sent à l’aise pour jouer en live. Loin des Main Events et autres High Rollers pour top pros, mais en compagnie de toute la France du poker. Les amateurs comme les techniciens, les dilettantes, les appliqués.

Hier, avant la finale, on demandait à « Beu_C » s’il était le meilleur joueur à une table où il aurait à affronter un redoutable live tard, une joueuse du Team Winamax, un expert en short-track, ou encore un fin stratège du cash-game. Aujourd’hui, on lui a redemandé après sa victoire. Sa réponse n’a guère changé. « Je ne suis toujours pas sûr que ce soit moi. Ce n’est pas parce qu’on gagne qu’on est le meilleur ! J’ai vraiment été dans la zone, ça c’est sûr. J’ai joué le meilleur niveau dont j’étais capable. »

Sébastien Lesoif vainqueur WiPT Paris
"Dans la zone" : l'expression est de Lesoif, mais il est indéniable que nous autres observateurs l'avions dans le viseur depuis près d'un an. Festival après festival, le Normand de 37 ans n'a cessé de grimper les échelons en 2022 puis 2023. Une 23e place au WPO Madrid en mai a imprimé sa silhouette de Viking dans nos rétines. Une victoire sur l'un des plus beaux side events du WPO Bratislava, le Monster Stack, nous a permis de vraiment converser avec le personnage, attachant et charismatique. Suffisant pour en faire quelqu'un auquel on consacre un article dès le coup d'envoi du Day 1 du Winamax Poker Tour.

Au fait, comment on gagne une table finale du Winamax Poker Tour ? En se couchant tard la veille, on dirait. Après un Day 3 achevé avec 8 joueurs, Lesoif s’est immédiatement mis au travail. « J’ai discuté 30 minutes avec Chevre.Miel pour mettre une stratégie en place. Antoine Goutard aussi m’a aidé. Il allait falloir jouer serré, jouer l’ICM à fond, et surtout faire attention à Omar Lakhdari, car il peut être très chiant. J’avais profilé, je savais que Daniel Pereira était très fort aussi. » Il était déjà tard mais Lesoif n’avait pas fini. « Après, j’ai regardé tout le stream. Je me suis couché à 4h30 du matin ! J’ai regardé les sizings de tout le monde, j’ai tout noté avec mes potes. » Le réveil a sonné après six heures de sommeil : il fallait s’occuper un peu du physique. « J’ai pris un massage à l’hôte, on a mangé un bout, et puis j’ai fait une séance d’auto-hypnose. J’avais un coach, il s’appelle Rémy Epinoux, il m’avait donné des axes de travail. D’ailleurs : Rémy, si tu m’entends, merci ! »

Sébastien Lesoif vainqueur WiPT Paris
En finale, Sébastien Lesoif a appliqué le plan de jeu préparé la veille. Comme prévu, le chip-leader Omar Lakhdari s'est montré dangereux, se chargeant des trois premières éliminations (Daniel Pereira, Clément Muller et Jorris Hesse)... mais offrant un bol d'air à notre héros, qui paie le semi-bluff de l'Algérien avec une top paire. Double up, le premier. "Mon objectif, c'était de prendre 60 000 euros. La quatrième place, puisque j'avais le quatrième tapis. Quand j'y suis arrivé, j'étais vraiment. Après, je voulais vraiment prendre le prochain palier. Sans vouloir manquer respect à personne, je pensais avoir un petit edge sur Rémi."

La phase à 4 fut longue, et c’est là que Sébastien vivra le plus gros coup dur de la finale : une paire d’As craquée par Alexane Najchaus. Une joueuse qui a « étonné » Sébastien : « Une joueuse Expresso qui fait une perf’ comme ça, c’est exceptionnel. Elle est très gentille. Elle s’excuse quand elle gagne contre mes As, je lui dis pas grave, c’est le poker. Vraiment gentille. Après sa sortie, elle me dit ‹ c’est pour toi, j’espère ›. Adorable, une belle recrue. »

Il faudra que Sébastien déjoue les statistiques pour survivre (As-4 qui s’améliore contre As-Roi) puis gagne un gros flip (là aussi contre Alexane) pour enfin être en possession d’un gros tapis. Et donc commencer à visualiser la victoire. Après l’élimination de Rémi Debord en troisième place, le dernier duel pouvait commencer, contre le joueur considéré depuis le début comme le plus imprévisible, et le plus dangereux. « Je sais qu’avec des jetons, je peux être très chiant. Sans me vanter, je ne suis pas mauvais en heads-up. J’ai eu des infos de mes potes sur Omar. Je l’ai grind. Contrôler la taille des pots en position, c’était le but. Si ça durait six heures, alors ça durait six heures. Mentalement j’étais prêt à faire un marathon. Je savais que Omar pouvait être impatient, et d’ailleurs il me l’a dit tout de suite : 'C’est tes potes qui t’ont dit de tout limper ? ’ Il est très intelligent, c’est quelqu’un qui rentre dans la tête des gens. » Le duel n’aura pas duré longtemps : le flip est rapidement arrivé. Et la tartine de beurre doux est tombée du côté de Sébastien Lesoif.

Sébastien Lesoif vainqueur WiPT Paris
Remporter le Winamax Poker Tour, gagner 155 000 euros : le plus beau moment d'une vie de joueur ? "Je pense que c’est difficile de faire mieux lorsque l'on joue des 500 euros..." Mais ce n'est pas assez pour s'imaginer prendre l'ascenseur vers les high stakes. "Je vais peut-être monter un peu, mais je suis un peu scared money. Je fais très attention à ma bankroll, j’ai ma fille à nourrir. C'est peut-être ce qui m'a freiné. Là, ça s'est bien passé pendant un an. Le deep-run à Madrid m’a fait beaucoup de bien. La victoire sur le Monster Stack à Bratislava m’a donné la confiance. Et aujourd'hui, c'est la consécration."

Comme il l’avait fait lors de sa dernière victoire, Sébastien a beaucoup de gens à remercier au moment de soulever un nouveau trophée, cette fois le plus beau de sa carrière. « J’ai appelé BabPok à la pause. C’est grâce à elle si j’en suis arrivé là. ça, j’aimerais vraiment qu’on le marque. Je l’ai rencontrée il y a 5 ou 6 ans quand je faisais du poker amateur. Elle m’a vu tilter pour rien à une table. Elle est venue me voir, on se connaissait pas, on est devenus proches. Elle m’a beaucoup aidé. » Et aujourd’hui, derrière le rail il y avait Théo Rebour, Benjamin Hamman, Corentin Alves, Nicolas Vayssières, Corentin Sala. « On ne peut pas réussir tout seul. Bien sûr, la finalité, c’est toi, c’est ta réussite, mais si je n’avais pas tous ces gens autour de moi, je n’y serais pas arrivé. Les trois-quarts, ce sont des gens que j’ai connus à Bratislava, mais il y avait aussi mon meilleur pote, Pierrot, qui habite à côté. »

Sébastien Lesoif vainqueur WiPT Paris
Et la suite ? "On va aller fêter ça ce soir, c'est sûr." (NDLR : en fait, la teuf s'est simplement improvisée dans un Palais des Congrès vide, avec tous les amis cités plus haut, et des membres du staff tentant d'écrire leur dernier article. Grâce au vainqueur, il y avait largement assez de champagne pour tout le monde.) "Faire mieux un jour ? Pourquoi pas. Je ne vais pas m'arrêter là, c'est sûr. Je vais essayer qu'on reparle de moi." À part ça, direction la maison dès mardi, "pour retrouver les copains, fêter ça avec eux, et retrouver ma fille. Et du repos, beaucoup de repos. Je vais souffler, puis regarder la finale avec 2/3 potes pour regarder les erreurs que j'ai faites. Car on est pas là pour s'arrêter, je vais continuer."

155 000 euros, ce n’est pas rien. Ils vont servir à quoi ? « Je vais acheter une maison, c’est sûr. Celle où j’habite est à vendre. Si elle est encore dispo, c’est un snap call. » Pas de grosse augmentation de son style de vie poker à prévoir, donc. « Je vais monter de limite, mais en ligne. En live, je suis à l’aise sur les 500. Je n’en joue pas online, pas du tout. Je dois cashout tous les mois pour vivre, j’ai une fille. Quand tu vis 4/5 mois galères sur les tables de suite, tu ne montes pas. »

On approche bientôt du mot de la fin… "Ca fait un an que je travaille dur pour ça. Et voilà, c’est fait. C’est incroyable, je ne pouvais pas espérer mieux. C’est ça, la vie, ça reste. On se rappelle du premier, jamais du deuxième. Je suis vraiment content. Merci à Wina ! Même si l’organisation a été critiquée, c’est ma room de coeur, c’est là que je vais chercher des titres, c’est là que je joue tout le temps. Ils sont très pros."

Grande Finale Winamax Poker Tour - 500 €
2 987 inscrits (re-entries inclus) - Dotation 1 261 720 €

Sébastien Lesoif vainqueur WiPT Paris

Position Prénom Nom Prix
Vainqueur Sébastien Lesoif 155 000 €
Runner-up Omar Lakhdari 110 000 €
3e Rémi Debord 82 000 €
4e Alexane Najchaus 60 000 €
5e Gautier Lucas 45 000 €
6e Jorris Hesse 34 000 €
7e Clément Muller 26 00 €
7e Daniel Pereira 20 000 €
7e Christophe Beyer 15 000 €

Bravo à vous

WiPT Paris
L'édition 2022/2023 du Winamax Poker Tour s'achève par une table finale d'exception, relevée, divertissante, instantanément marquante. Comme le Palais des Congrès semble apaisé désormais : n'y subsistent que les éclats de voix du vainqueur et de ses amis faisant sauter un dernier bouchon de champagne en compagnie des membres du staff ayant terminé leur mission. Ce happy ending ne doit pas faire oublier les petits drames et grandes colères des derniers jours, les défauts d'organisations qui ont fait du lancement de cette Grande Finale une souffrance pour beaucoup d'entre vous. Pour nous va commencer le temps des remises en question. Et en jetant une dernière fois un coup d'oeil aux chiffres - qui forment un record pour un tournoi de poker organisé en France - et en repensant à tous les efforts qu'il a fallu déployer pour les atteindre, c'est vous que nous avons envie de féliciter. Le succès du Winamax Poker Tour, il appartient à vous. Et seulement à vous.

Benjo

See you next year WIPT…je vais m’endormir pour me réveiller cet été
4 étapes live, une win à Toulouse : 1 article à Bordeaux et une interview par Harper à Paris au Day1A puis busto trop tot

A l’année prochaine, à la vilette… :smiling_face_with_three_hearts:

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Salut vous allez bien