Rencontre au sommet
Main Event 500 € (Day 1C)
Nous arrêtant devant la table 172 en milieu d'après-midi pour admirer le toujours impeccable Tom Bedell (tenue du jour : polo rouge strié d'un maillage bleu océan, et le même bob noir Gucci qu'hier), une voix nous interpelle : celle de Lorenzo Lavis. Mais le marseillais, qui avait terminé l'année 2021 par une 4e place à 454 000 $ sur le WPT du Bellagio, devra se contenter d'un second rôle dans cet article. Car une heure plus tard, un siège vide remplaçait désormais Lorenzo. Et le héros de ce post sera donc son bourreau : Stefan Baczynski. Rassurez-vous, nous avons retrouvé Lorenzo en terrasse un peu plus tard : on aura l'occasion de vous recauser de lui.
Le gong retentit, annonçant la troisième pause de la journée. Après avoir fini de vérifier son stack (306 000, un montant enviable à ce stade du Day 1C), Stefan nous rembobine les faits. "
Relance du bouton. Petite blinde, je paie avec une paire de 7. Et Lorenzo 3-bet à 12 500 de BB. Fold du bouton, je paie." Le flop tombe A-7-8 dépareillés. Stefan check/call après la séance d'acting de rigueur. Turn : 4. "
Cette fois je check/raise. Il paie, il n'a plus que 25 000 derrière. Rivière : une brique, un 2 je crois. Je mise ce qu'il lui reste. Il a hésité, mais il a payé avec A
4
, double paire."
Avant de jouer cette main, le Parisien disposait déjà d’un imposant arsenal, acquis à la faveur d’une rencontre à la fois rare, chanceuse, et donc très lucrative. « Au début j’ai commencé par grind jusque 70 000. Et là, deux Rois. Un mec qui vient d’arriver ouvre à 1 500. Je paie pour piéger. Derrière, 3-bet à 9 500. Retour au premier joueur qui envoie son tapis, 50 000. Je paie. » En soi, l’affaire semble déjà très belle mais derrière, le 3-betteur s’empresse de payer aussi. C’est donc un showdown à trois qui s’annonce et, prenant un ascenseur émotionnel digne du dernier épisode de Dans la Tête d’un Pro en date, Stefan réalise qu’il est en fait loin derrière : sa paire de Rois fait certes face à deux Dames à sa gauche, mais à droite, l’autre joueur retourne deux As !
Sauf que… l'apparition d'un Roi au flop lui permet de braquer un pot de 200 000. Ce jeu est décidément merveilleux.
Qualifié hier via l’un des satellites organisés au casino de Torrelodones, Stefan se définit comme un joueur de live exclusivement. « Online, j’ai jamais accroché… Il y a quand même du gros niveau ! » C’est donc dans les cercles (et désormais clubs) parisiens, les Montmartre et autres Circus, qu’il roule sa bosse en tournoi. Aujourd’hui âgé de 37 ans, il se rappelle sa première partie, il y a une moitié de vie de cela, il venait d’atteindre la majorité : « Un cinq balles chez un pote. J’ai fini deuxième. J’ai gagné 75 balles. J’étais comme un dingue. » C’est « entre 2012 et 2015 » qui connaîtra sa période d’activité poker la plus intense. De nos jours, Stefan a levé le pied. « Avec le boulot… Je suis traiteur, on fait les mariages. Mais je pense revendre l’an prochain. C’est une entreprise familiale. » Des projets ? « Oui, dans le sport. Je pratique la course d’obstacles, comme les Spartan. J’aimerais bien faire quelque chose dans ce domaine. »
En attendant, Stefan va tenter de terminer proprement un Day 1C pour le moment très engagé, afin de revenir demain au casino pour entrer dans les places payées, comme il l'avait fait il y a trois ans sur le SISMIX Costa Brava.