PokerStars European Poker Tour Barcelona '24-

La Fiesta Está Buena

Après les vacances, la fête ! L'European Poker Tour fait sa rentrée à Barcelone, pour une étape qui sait allier les affluences explosives et l'ambiance festive. Prise de marque entre les ferias de la gare et la plage de la Barceloneta, avant d'attaquer la Day 3 d'un Estrellas Main Event bien bleu.

Feria

Quoi de mieux que de reprendre le boulot un 31 aout à Barcelone. 30 degrés à l’ombre, la plage à quelques mètres du casino, la musique, la fête… Comme un parfum de vacances en pleine rentrée.

En cinq années de coverages, c’est la première fois que je me pose mes bagages dans ce Casino, accueillant chaque année la plus massive des étapes de l’European Poker Tour. Avant de franchir les portes de l’établissement, une petite ballade s’impose pour prendre mes repères, saisir l’atmosphère de la ville, gouter mes premières Escalivadas (tapas locales à base d’aubergines et poivrons grillés) et entendre chanter l’accent catalan dans les ruelles étroites de la ville de Gaudi.

L’Espagne est un pays de fête. On connait les “ferias”, ces grands rendez-vous populaires, où les gens investissent les rues pour chanter, danser, boire et pourquoi pas lâcher quelques taureaux. Barcelone ne déroge pas à la règle, mais ici, chaque commune a sa propre fête. Tour à tour, chaque quartier de la ville héberge ses ferias et pendant que les tables de l’EPT se montait, les scènes musicales se dressaient autour de la Plaça de Sants.

Feria

Des marées humaines qui dégoulinent dans chaque artère, des torrents de cervezas qui coulent dans les bars éphémères et des litres de sueurs ruisselant sur les fronts du public, qui reprend en chœur les grands classiques de la variété espagnole.

Des pogos, du perreo, des scènes de célébrations populaires pour prendre le pouls de la ville. Ce samedi, nous poursuivons avec une fête d’un autre style, moins tapageuse, moins houblonnée mais tout aussi électrique. De l’autre côté de la cité catalane, longez la plage de la Barceloneta et franchissez les portes du Casino. Des milliers de joueurs venus du monde entier sont déjà là pour la plus massive des étapes de l’European Poker Tour. Une fois n’est pas coutume, ce Barcelone s’annonce historique.

Salle

Des records d’affluence explosés en 2022, cuvée Bendinelli, après une finale d’anthologie animé par l’inimitable Jimmy Guerrero. En 2023, c’est Lucien Cohen qui assurait le One Man Show d’un Estrellas qui restera dans les annales. Une semaine plus tard, nous assistions à l’avènement de Simon Wiciak, le jeune prodige dont on suivait les premiers exploits sur les Winamax Series, quelques mois plus tôt. Cette fois, c’est sur un field de plus de 2 000 joueurs et l’un des tournois les plus relevés du monde que “Luraken” remportait le titre, devenant le 11e français à inscrire son nom dans l’histoire de l’EPT.

Plage

Beaucoup de bons souvenirs, mais il est temps d’en créer d’autres. Le festival a commencé depuis cinq jours et plusieurs français se sont déjà signalés. Thomas Santerne sur les plateaux High Roller, Stéphane Volpato dans la catégorie senior ou encore Jean-Noël Thorel, sur l’énorme Warm-up à 30 000 € de buy-in. Le clan tricolore marque déjà Barcelone de son sceau, alors que le plus gros reste à venir.

Thomas Santerne

Le dénouement du massif Estrellas, avec encore de nombreux français en course. La machine Alexandre Réard, le trublion Mus’ Amaouche, et bien sûr Yu Brécard. Le commentateur joue cette fois les protagonistes, et se retrouvait même dans le Top 10 du chipcount au départ de ce Day 3. Un peu plus de 60 joueurs encore en course au moment où j’écris ces lignes et nous irons très bientôt au cœur de l’action pour suivre nos héros français de plus près.

Yu Brécard

Nous garderons également un œil sur le Super High Roller. 100 000 € de buy-in, qu’on déjà déboursé une quinzaine de joueurs talentueux et/ou fortunés. Dans le lot, deux Français, au background assez différents. Le scientifique Jean-Noël Thorel, déjà sacré hier, et la fusée Thomas Santerne. Nos deux Bleus affrontent un escadron de High Staker américains, venus en nombre sur ce Barcelone.

Côté Winamax ? Le W rouge vient avec un commando réduit. Leo Margets guidera les troupes à domicile, Gaëlle Baumann tentera d'enchainer après sa victoire sur le High Roller Kill Tilt Series, tandis que Davidi Kitai et Julien Sitbon tenteront d'allonger leur liste de succès barcelonais déjà bien fournie.

Voilà pour les premières tapas. Le festin est déjà servi et se prolongera jusqu’à dimanche prochain. Dans les cuisines du coverage, Tapis_Volant me rejoindra en cours de route pour ajouter son grain de sel. Vous connaissez le menu, le line-up… Que la fête commence !

Thorel avait des ailes

Petite séance de rattrapage avec les premières envolées françaises, et notamment du dragon Thorel qui a encore enflammé les tables High Stakes (crédis Photos : Pokerstars)

Thorel

Un Fredéric Delval sauvage apparait au bureau des inscriptions. "On joue le 2 200 € ou le 100 00 €" demande-je à l’amateur aixois ? En effet, Fred est certainement le grinder français le plus souple en termes de grand écart de buy-in. "C’est vrai que ça m’est arrivé de jouer un 25 000 € sur le Triton Monte-Carlo et le lendemain, un 50 € Swiss Poker Series à Aix-Les-Bains" valide Delval. Cette semaine, les tournois "Nosebleed", il les laisse à son acolyte et expert en la matière, Jean-Noël Thorel.

"Il a encore fait fort hier, introduit Delval, informant que le copain a tout simplement remporté le 30 000 € Warm-up, pour un peu plus d’un demi-million d’euros. Il faut dire qu’il a eu un rush incroyable, décrit Fred, qui n’a évidemment rien loupé de l’action. De 10 left, jusqu’à la bulle (7 joueurs payés), il a enchainé quinte flush, quinte flopée… Derrière, il sort Petrangelo à la bulle, et juste après, il fait deux Rois contre deux Dames chez Antonius !".

JNT jouit alors d’un chiplead solide, qu’il ne lâchera pas. Il s’offrira lui-même le scalp de Maher Nouira pour se retrouver en heads-up face à Justin Saliba. Souvent Poulidor, Jean-Noël trouve la faille face à l’Américain pour décrocher son 3e pique rouge. Ce demi-million de gains supplémentaire lui permet par ailleurs de passer la barre des 20 millions de dollars de gains en tournois.

"On s’est couché à 3h50, donc le floor Olivier Franceschi nous a dit “Bon, Monsieur Thorel, vous n’en avez pas besoin tout de suite des 500 000 ? On fera la photo et le pay-out demain" rapporte Delval. Pas le temps de passer par la case photo, voilà JNT déjà en piste sur un tournoi encore un peu plus vertigineux. Le fameux Super High Roller à 100 000 €.

Stéphane roi des Seniors, pléthore de High Roller

Volpato

Un autre vétéran français a également fait parler de lui. Stéphane Volpato ramène lui aussi le pique à la maison en s’adjugeant le 1000 € Seniors. Un tournoi ayant rassemblé 265 quinquagénaires (et plus), permettant à cet amateur d’empocher la coquette somme de 42 245 €, explosant au passage son record de gains acquis l’an dernier… Sur le 1000 € Seniors de Barcelone (51e pour 1 690 €).

Angelov

Le début de festival a surtout été animé par la succession de High Roller. Boris Angelov sur le 10 000 € Mystery Bounty, Steve O’Dwyer sur le tout nouveau “Cuatro Knockout”, Kayhan Mokri (sur le 20 000 €) et Byron Kaverman (sur le 25 000 €) ont ainsi ajouté un titre, et quelques centaines de milliers d’euros à leur palmarès. À noter que Thomas Santerne a pris la 3e place du 20 000 €, encaissant ainsi un nouveau gain à six chiffres, une semaine après sa place de runner-up sur le Super High Roller Bowl.

Pour décrocher leur première médaille d’or à domicile, les Espagnols se consolent sur le 1000 € 8-game, remporté par Marc Bora, pour 22 790 €.

Un EPT Barcelone sans Espagnol

Tandis que le Super High Roller prend forme, on déplore l’absence des grinders locaux, loin d’être souverain dans leur pays.

100 000 € Super High Roller (Day 1)

Salle

L’EPT Barcelone aurait pu être la grande fête du poker espagnol. Mais pour cela, il eut fallu qu’il y ait des Espagnols. Voyons donc du côté du Super High Roller. Une dizaine de nord-américains, deux Français, deux Norvégiens, un Suédois, un Irlandais… Des représentants du monde entier, mais pas un Espagnol. Une seule question : Porque ?

"C’est à cause de la nouvelle législation, expliquent nos confrères de Poker-Red. Il y a deux ans, le gouvernement a voté une loi assimilant les joueurs de poker à des sportifs professionnels. La nouvelle loi prévoit que les joueurs seront directement prélevés de 20% sur leurs gains en casino".

La règle s’applique théoriquement à tous les joueurs, sans distinction de nationalité. Mais dans les faits, ce prélèvement de 20% n’est pas réellement exécuté par les casinos. "Le gouvernement, qui ne comprend rien au jeu, a fait cette loi en pensant récupérer plus de taxes sur les joueurs de poker. Au contraire, il les a tous fait fuir, affirme notre confrère espagnol. Même si les casinos ne taxent pas les joueurs, beaucoup de joueurs espagnols refusent de venir sur les évènements nationaux. Des joueurs comme Adrian Mateos ou Juan Pardo, qui sont très médiatisés, seraient les premiers à éventuellement subir ces prélèvements. C’est pour cela qu’ils ne sont pas là. Ils auraient même aimé que les tournois High Roller ne se remplissent pas, pour que le boycott fasse plus de bruit".

Casino

Ni Adrian Mateos, ni Sergio Aido, ni Juan Pardo, ni Sergi Reixach… Seul Ramon Colillas est de la partie, légèrement obligé par son statut de Team Pro Pokerstars. Pour le reste, aucun des grands joueurs du pays ne participe au plus grand évènement du circuit espagnol. « Même sur les middle-buy-in ou sur le Main Event, de nombreux Espagnols ne viendront pas » prédit Poker-Red.

Pas d’Espagnols en Espagne, mais bien des Américains ! Déjà venus en nombre à Paris, les grinders des US se sont passés le mot et sont venus en groupe pour jouer les tournois les plus chers de cet EPT. Nick Petrangelo, Mike Watson, Seth Davies, Byron Kaverman,; Jesse Lonis, Justin Saliba, David Coleman, Sean Winter, Sam Greenwood… Près d’une dizaine de nord-américain ont déjà pris place dans le Super High Roller de ce samedi.

Antonius

Vainqueur de ce même tournoi à Monte-Carlo, Patrick Antonius confirme son retour en force sur tous les formats possibles. Face à lui, mentionnons la présence de Vladimir Korzinin, un VIP au look de vieux sage, qui re-entry les buy-in à 100 000 € comme on re-entry le Sunday Surprise. Un grand sourire, même au moment de busto et une énergie solaire comme on en voit rarement aux tables de poker.

JNT Korzinin

Le vétéran estonien a pris place aux côtés… Du vétéran Français. Jean-Noël Thorel est comme toujours le doyen du field, mais aussi le chipleader. Déjà trois stacks pour le vainqueur du Warm-up, qui n’en finit plus de marcher sur les High Stakers, qu’ils viennent d’Espagne ou d’ailleurs.

Un patron et deux invités

Trois Français reviendront demain à 19 left du Main Event Estrellas. On ne s’étonnera pas de voir Alex Réard en position pour faire un nouveau coup d’éclat. Un peu plus de la présence du Team Forteresse Guy Madar et de l’amateur en plein rêve Sylvain Berthelot. Le trio reviendra demain pour boxer contre Parker Talbot, Martin Zamani ou encore Rien Lin pour aller chercher une perf à 625 000 €.

Réard

7 138 joueurs sur la ligne de départ, 19 survivants après le troisième tour de piste. Parmi eux, trois représentants tricolores. Alex Réard, Guy Madar et Sylvain Berthelot. Runner-up de l’UDSO Gujan-Mestras il y a quelques jours, le taulier de l’équipe Unibet confirme une fois de plus la machine à perf qu’il est. Sur tout type de buy-in, sur des fields de toutes les tailles et face à tout type de joueurs, Alexandre Réard sait trouver la clef pour monter des jetons et emmener son tapis dans les derniers stades du tournoi. Il reviendra demain avec une grosse trentaine de blindes et un avantage certain en expérience et dans la capacité à gérer la dynamique des dernières tables, avec de si gros montants en jeu.

"J’ai eu deux premières heures difficiles ou je suis descendu jusqu’à six blindes. J’ai réussi à remonter autour des 80 left et ça c’est bien passé par la suite, résume Alex. C’est 20 left, il y a beaucoup d’argent à gagner et un niveau très hétérogène. Mais dans l’ensemble, maintenant, les joueurs qu’il reste à ce stade du tournoi sont tous relativement bons. C’est un bon spot, mais on ne se projette pas : le but est de rester dans le moment présent".

Madar

Le double (et presque triple) champion du monde ajoutera demain sa 258e ligne Hendon Mob, avec l’espoir de décrocher une onzième perf à au moins six chiffres… Il sera escorté par deux compatriotes au palmarès légèrement moins ébouriffant. Guy Madar (photo) semi-pro spécialiste de Live, qu'on avait vu faire un coup d’éclat lors du dernier Vegas, où il atteignait la finale d’un énorme 600 $ devant plus de 5 000 joueurs.

Berthelot

Et enfin, Sylvain Berthelot, développeur informatique exilé à Lisbonne, jeune papa, amateur complet, déjà assuré de réalisé le deep-run de sa vie.

"Je suis très fatigué, mais très content ! J’étais venu avec dix blindes ce matin, et j’aurai dix blindes demain matin" résume joyeusement Sylvain. Entre ces deux mêmes points, il s’est passé pourtant bien des choses. "Il y a eu un gros chemin, et beaucoup d’émotions. Je suis passé par des hauts, par des bas, j’ai eu un rush de dingue… Par contre, sur le dernier niveau, je crois que j’ai spew. J’ai même un peu fait de la m*****, il faut dire ce qui est. Mais je suis encore vivant !".

Berthelot

Amateur de longue date, Sylvain est parfaitement conscient de son niveau, et de l’écart technique qui le sépare des quelques requins nageant encore dans le field. "C’est mon premier vrai deep run. J’avais fait 30e sur le FPS de Monte-Carlo, mais c’était y’a sept huit ans. Ça fait presque dix ans que je ne joue plus vraiment. Depuis que je suis papa, c’est plus compliqué de trouver le temps de jouer. Là, je me suis motivé à venir avec un pote, Mickael. Il a deep run aussi ce tournoi et moi, je me retrouve au Day 4 !".

Le voilà désormais à 19 left de 625 000 €. Une situation et des montants qui ne paralyse en rien le joueur. « Les situations de forte pression, je les connais. Que ce soit avec mon boulot, je travaille dans l’informatique, ou dans d’autres choses. Le stress, les émotions, je sais gérer » assure le joueur, qui est moins sûr de lui sur la partie tactique. "Ma stratégie, tu veux que je te dise, c’est d'attendre les belles cartes… Et elles sont venues" rigole le joueur, qui confesse volontiers avoir été plutôt “serré”. "J’ai eu l’impression que c’est les cartes qui m’ont guidé. J’ai joué essentiellement mes cartes, j’ai eu un bon rush, je sens que je suis bien aidé. Et ça fait plaisir quand ça arrive !".

Le Marseillais reconnait la part de good-run, tout à fait nécessaire pour percer un tournoi de plus de 7 000 joueurs. Sylvain a également su faire preuve de patience et temporiser sur la fin de partie, d’autant qu’il était coincé entre les deux plus gros stacks, et les deux meilleurs joueurs de la table. "C’était l’enfer. Le Mexicain (Santiago Nadal), il était over-aggro et il touchait des trucs improbables. Et puis, Parker ! Heureusement, il s’est un peu calmé sur la fin. Je pense qu’il était un peu bourré. En même temps, il a bu je ne sais pas combien de Gin Tonic. Le mec, il tient. Je vais peut-être lui offrir un ou deux verres demain" plaisante Sylvain.

Lin

Parker Talbot, mais aussi un certain Claudio Di Giacomo. 4e de ce même tournoi il y a 6 ans, le vétéran italien reviendra avec le 3e plus gros tapis. Enfin, impossible d’oublier ce diablotin de Martin Zamani. Rendu célèbre pour avoir détruit la réputation de Brynn Kenney, le grinder américain reviendra demain avec 30 blindes et sera clairement l’un des outsiders à suivre.

Chicpount

Santiago

Intraitable sur les derniers niveaux, Santiago Nadal reviendra demain avec un tour d'avance sur la conccurence

Nom Pays Jetons
Santiago Nadal Mexicain 36 000 000
Paker Talbot Canada 17 700 000
Claudio Di Giacomo Italie 17 125 000
Guy Madar France 15 725 000
Jean-Pierre Benvenga Suisse 15 175 000
Alexandre Réard France 12 300 000
Martin Zamani USA 12 000 000
Ren Lin Chine 11 000 000
Stanislovas Vinicenka Lituanie 10 575 000
Wissam Ouertani Italie 9 950 000
Johannes Verhagen Pays-Bas 9 850 000
Hugo De Oca Argentine 8 075 000
Francesco Macri Italie 7 500 000
Dorian Machio Espagne 7 000 000
Magnus Persson Suède 6 450 000
Dario Pieruzzini France 4 950 000
Theodoros. Ampelikiotis Grèce 4 350 000
Guy Cicconi USA 4 300 000
Sylvain Berthelot France 4 225 000

Pay-out

Place Gain
1er 625 000 €
2e 430 000 €
3e 302 000 €
4e 227 000 €
5e 173 000 €
6e 136 400 €
7e 104 500 €
8e 79 400 €
9e 61 680 €
10-11e 50 590 €
12-13e 42 130 €
14-15e 35 120 €
16-17e 30 530 €

Les trois font la paire

Alexandre, Sylvain et Kevin s’accrochent toujours dans ce Main Event Estrellas. Le trio bleu a résisté au passage des premiers niveaux, sans trop prendre de jetons. 13 joueurs sont encorne dans la course, toujours menée par l’impitoyable Santiago Nadal.

1 100 € Estrellas Poker Tour Main Event (Day 4)

Estrellas + SHR

Zamani, Talbot et Ren Lin se fendent la poire sur ce Day 4 Estrellas tandis que derrière, Thomas Santerne boxent avec Antonius et consorts sur le Super High Roller

Pas de round d’observation. La première heure de jeu a accouché d’une série d’éliminations permettant de faire le tri parmi le shortstacks. Dario Pieruzzini est le premier à rendre les armes, puis le dernier Espagnol du field quitte à son tour la partie, pris dans les filets de… Sylvain Berthelot.

Berthelot

Le moins connu et le plus petit des trois tapis français s’offre un grand bol d’air suite à ce bras de fer entre shortstack. Open-shove A2 pour ses 8 dernières blindes, payé par KJ chez l’Espagnol et le Français tient sur le bord 334AA. Quelques minutes plus tard, Berthelot tend le piège avec AK avec un limp en bataille de blindes. Theodoros saute à pied joint avec son 78 : tapis, snap-call et le Grec ne trouvera aucune carte pour se sortir du guêpier.

Berthelot passe ainsi la barre des dix millions de jetons. Une barre symbolique qu’Alex Réard et Kevin Madar avaient déjà dépassé hier soir. Réuni à la même table depuis le début des demi-finales, les deux hommes sont depuis repassé dans la zone rouge. Le Team Pro Unibet a perdu un coup à tapis inévitable avec 77 contre les deux As du shortstack Stanislovas Vinicienka.

Réard

Kevin lui, ne trouve pas les bons timings. Des open-folds, des petits coups post-flops perdus et le Team Forteresse voit sa muraille transformée en petite palissade. 9 blindes tout de même encore pour Madar, à l’entrée du niveau 300 000 - 600 000.

Madar

Côté étranger, on a perdu le Grec Theodoros Ampelikiotis, l’Argentin Hugo De Oca, l'Italien Wissam Ouertani et l’Américain Guy Cicconi. Parker Talbot lui, a frôlé la correctionnelle après avoir perdu plusieurs gros coups d’entrée contre Martin Zamani. Le Canadien vient cependant de doubler à deux reprises pour revenir de 2 à 9 blindes. Avec plus de 60 blindes, Santiago poursuit sa croisière dans la cabine de chipleader.

Nadal

Madar, file dare-dare

La France perd l’un de ses trois mousquetaires. Dans un jour sans, Kevin Madar quitte le tournoi en 13e position sur une rencontre imparable. En revanche, Sylvain Berthelot a encore trouvé le spot pour revenir dans la course, à 12 left de 625 000 €. Alex Réard, lui, s’accroche autour des quinze blindes.

1 100 € Estrellas Poker Tour Main Event (Day 4)

Madar

Une journée à oublier. En quatre heures de jeu, Kevin Madar n'a pas gagné un vrai coup et sa belle casserole de jetons a réduit à petit feu sur les premiers niveaux. A l’entame du 37e, le "Team Forteresse" tombe sous la barre des 10 blindes et voit se présenter un spot qu’il ne peut refuser.

Open HJ Francesco Macri 1 500 000 (sur 300 000-600 000), 3-bet de son voisin Magnus Persson à 4 000 000. Au bouton et avec 4 600 000 devant lui, Kevin Madar découvre un beau AK. Pas question de faire le lâche : tapis ! Tout le monde foldera, à l’exception bien sûr du Suédois qui n’a que 600 000 à rajouter avec… AA. La main qu’on ne voulait pas voir. Un board sans saveur, où Kevin sera drawing-dead dès la turn. Le beau parcours de Madar s’arrête en 13e position. Un nouveau deep-run de choix, sur plus de 7 000 joueurs, après cette dixième place acquise deux mois plus tôt à Vegas sur un énorme 600 $ WSOP Deepstack. 42 130 € pour récompenser cette performance.

Berthelot

Sur l’autre table, Sylvain Berthelot poursuit son numéro. Cantonné au rôle de spectateur depuis le début de journée, il observe tranquillement Martin Zamani, Rien Lin et Parker Talbot s’échanger les vannes et les parpaings. Berthelot trouve enfin un spot d’open au CO et voit son voisin Talbot demander le tapis pour ses 10 millions de jetons. Avec 1010, le défi est accepté par Sylvain, en bonne posture face au A5 adverse. Le flop 1067 est plutôt bon, et la turn A plie déjà l’affaire. 20 500 000 pour l’amateur de Lisbonne !

La tête dans les Estrellas

L’amateur français continue sur sa lancée et accroche une place en finale du Main Event Estrellas. On aurait même pu voir deux tricolores au casting, si Alexandre Réard n’avait pas subi le bad beat contre Jean-Pierre Benvenga.

1 100 € Estrellas Poker Tour Main Event (Day 4)

TF Estrellas

Un premier double-up contre Parker Talbot, un ou deux vols de blindes et même une élimination ! Sylvain Berthelot trouve la clef pour ouvrir la serrure Di Giacomo, au point de flirter avec les quarante blindes. Le Français a déstacké l’Italien en deux temps. Défense 108 sur un open bouton de Claudio au bouton. C-bet petit - payé sur le flop Q83. Turn 8, check-check. River 3, Sylvain envoie un parpaing trois-quarts pot, entrainant un beau call-muck du transalpin. Main suivante, Di Giacomo envoie ses huit dernières blindes avec A9. Payé par 44. Le 9 au flop, mais une improbable flush backdoor donnera le pot à Berthelot, désormais au-dessus des 28 millions de jetons.

Alex Réard

Sous le regard, tantôt stoïque, tantôt souffrant de Sonny Franco et Rony Halimi, Alex Réard perd un 70-30 à quelques dizaines, ou ventaines milliers d'euros.

Sur l’autre table, Alex Réard n’a pas connu la même fortune. Le Team Pro Unibet avait trouvé le bon spot en réceptionnant un open-shove CO de Jean-Pierre Benvenga. Le A7 du Suisse était dominé par le JJ adverse. La main chère à Winda sera effectivement craqué à cause d’un A tombé sur le flop. Réard se contente de la 11e place, pour 42 130 €.

Ren Lin

À 10 left, le shortstack Ran Lin prend ses responsabilités : Open-shove Q8, payé par Parker Talbot avec AJ. Un board a suspens QJ6K7 accouchera d’une nouvelle élimination, et de la table finale de cet Estrellas Main Event.

Nom Pays Jetons
Santiago Nadal Mexique 42 000 000
Martin Zamani USA 37 000 000
Francesco Macri Italie 30 800 000
Sylvain Berthelot France 30 100 000
Magnus Persson Suède 24 400 000
Parker Talbot Canada 22 300 000
Jean Benvenga Suisse 16 500 000
Sanislovas Vinicienka Lituanie 5 500 000
Johannes Verhagen Pays-Bas 5 400 000

Le diablotin les plonge dans les enfers

Martin Zamani marche sur la table finale. L’Américain incarne à la perfection son rôle de grinder diabolique et fait bruler un par un ses adversaires dans les flammes de l’enfer.

1 100 € Estrellas Poker Tour Main Event (Day 4)

Martin Zamani

Une coupe en bataille aux bouclettes grasses et luisantes. Un regard narquois, accompagné d’un rictus démoniaque qui se transforme même en cri de hyène lorsque pris dans l’ivresse du gambling, Martin Zamani se met à rire aux éclats.

Ses mimiques frôlant avec la psychopathie, ses réactions impulsives, ses petites phrases malines font de cette finale Estrellas un spectacle captivant. Martin attire les caméras, les spectateurs qui le connaissent comme ceux qui le découvrent. Le problème, c’est qu’il attirait déjà les jetons.

Martin Zamani

A l’instar de son comportement, le jeu de Zamani est hors du commun. Ultra actif, le grinder propose des “lines” surprenantes, à base de raises, de leads et de mise sous pression constante. Naturellement agressif, le joueur ne se prive d’ouvrir davantage son éventail vue la configuration actuelle : Zamani dispose d’un chiplead large qui ne cesse de grossir d’orbites en orbites.

Les paliers désormais colossaux servent sa stratégie et tandis que le 2e en jetons passe sous les vingt blindes, Zamani opte pour une tactique radicale : tapis pré-flop à toutes les mains, ou presque.

L’acting, la stratégie… Mais surtout, la réussite. Illustration avec cet open-shove sur la blinde du chiploser Stanislovas Vincienka. Le Lituanien s’empresse de payer avec son A3. Domination-nation contre le 63 adverse, le jeune grinder est en bonne posture pour faire doubler ses douze blindes. 34K sur le flop. 7 sur la turn.

« GG. It was nice to play with you » se permet Zamani, comme pour invoquer le mauvais sort avant même que ne soit sorti la river… 5d. Une sorcellerie diabolique qui met brutalement fin au parcours de Stanislovas, 7e pour 104 500 €.

Martin Zamani

Deux minutes plus tard le spectacle continue. Open-shove 90 millions (90 BB) de Zamani UTG. Juste derrière lui, Francesco Macri réfléchit quelques secondes. Il semble être prêt à mettre lui aussi son tapis au milieu… Payé ! KK montré par l’Italien, qui ne veut surtout pas voir un As après que Zamani dévoile son A6. « Good Game » se permet de nouveau l’Américain, poursuivant ainsi son effroyable runnin-gag.

458 sur le flop. Rien de mieux sur la turn J. River 7, Zamani vient de rentrer la quinte ventrale, pour craquer les Barbus de Francesco, 6e pour 136 400 €.

La razzia Zamani continue avec une nouvelle élimination. Un nouveau duel improbable, avec 42 chez Martin contre A3 chez Jean Benvenga. Un flop K43, un 5 sur la turn, et un dernier 4 river. Brelan, et nouvelle élimination de l’Américain. Le Suisse prend la 5e place, pour 173 000 €.

Martin Zamani

Et Sylvain Berthelot dans tout ça ? Et bien, il se débrouille comme un chef. Toujours aussi discret, le Français se montre une fois tous les quart d’heure pour ramasser quelques pions salvateurs. Esquivant les duels contre Zamani, il a réussi à se refaire la cerise contre l’ancien chipleader, Santiago Nadal. Un duel bouton contre BB avec AK contre A7 chez le Mexicain. Sylvain frappe la quinte max sur le board 210J10Q et revient à 30 millions de jetons, soit presque le 2e stack en circulation, derrière l’intouchable Zamani, à plus de 100 000 millions de jetons.

Retour de flamme

Le diable s’est piqué avec son trident. Martin Zamani fait doubler tour à tour ses trois adversaires. Le sort de cette table finale est plus indécis que jamais… Et Sylvain Berthelot est clairement en position d’outsider.

1 100 € Estrellas Poker Tour Main Event (Finale)

Zamani Berthelot

Il a fait le dos rond, il a attendu son spot… Et il a renversé le tyran. Sylvain Berthelot négocie parfaitement une situation ICM ultra tendue et se replace idéalement dans un 4-max bouleversant d’action et d’indécision.

Il y a une demi-heure, Martin Zamani possédait plus de 120 millions de jetons, soit 80BB, alors qu’aucun de ses adversaires n’en comptait plus de 25. Le premier double-up de Santiago avec A5 contre Q3 sonne comme un coup d’arrêt dans la domination écrasante de Zamani. Quelques minutes plus tard, c’est au tour de Parker Talbot de revenir dans le jeu, avec un As-Valet qui tient contre le A2 adverse.

Vient ensuite ce superbe trap de Berthelot. Limp UTG, tapis 30 millions effectifs, fold dans les blindes, et snap-call de Berthelot. « Tu as les As ? » demande Zamani, sentant qu’il s’est fait attrapé. Non, juste un beau AK, suffisant pour dominer le KJ de l’Américain. Le board 689QQ valide le double-up.

Zamani berthelot

L’hégémonie américaine est terminée. Zamani conserve son costume de chipleader, les concurrents organisent la résistance, Sylvain Berthelot en tête, avec un stack désormais très jouable de 60 millions. Entracte, puis le spectacle reprendra dans une heure !

Berthelot

Le clan Berthelot célèbre après cet attrapage en règle

Chipcount :

Martin Zamani (USA) : 86 600 000 Sylvain Berthelot (France) : 61 700 000 Santiago Nadal (Mexique) : 33 100 000 Parker Talbot (Canada) : 32 600 000

Blindes à venir : 1 000 000 - 2 000 000 Ante 2 000 000

La France prend le pouvoir

Sylvain Berthelot s’empare pour la première fois du chiplead du tournoi. Sans coups à tapis ni rencontres favorables, juste à la force du poignet.

1 100 € Estrellas Poker Tour Main Event (Finale)

Berthelot

Ce n’est plus le même match. Et ce n’est plus le même Berthelot. L’homme qui se faufilait entre les paliers, se cachant pendant de longues orbites avant de trouver le spot de double-up a totalement changé de stratégie. Le Marseillais augmente la cadence, défend davantage, et se permet quelques moves qui font très mal à ses adversaires. Ses victimes préférées ? Les deux ogres qui le cernent depuis hier : Martin Zamani et Parker Talbot. Les deux ont notamment subi un check-raise de derrière les fagots qui a calmé le premier et réduit le stack du deuxième à peau de chagrin.

Open Berthelot 5 millions en batailles de blindes (sur 1M - 1,5M), et défense de Zamani. Le flop vient 839 et Sylvain c-bet à 4 millions. Zamani s’empare d'une pile de jetons blanc et avance le raise : 10 millions. Quelques secondes plus tard, le Français jette ses mains vers l’avant en prononçant les mots magiques : “all-in”. Snap-fold, le Français passe les 55 millions.

Quelques minutes plus tard, Parker Talbot ouvre les hostilités au bouton. 4 millions, suivi par Berthelot et le flop vient J43sdh. C-bet 3 millions, payé. Turn Q, check, 2-barrel 10 millions, et check-raise tapis du Français. Parker n’a que dix blindes à ajouter dans ce pot énorme, mais c’est déjà trop. Fold de Parker, Berthelot prend le chiplead à Zamani, qui contrôlait la table depuis le début d’après-midi.

Parker Talbot

Le Canadien sortira quelques minutes plus tard. Open Zamani 97, shove 9BB de Talbot A10, payé. 949 sur le flop, un 10 sur la turn pour croire au miracle, mais la river Qh valide le double-up. Le Team Pro Pokerstars échoue au pied du podium, pour 227 000 €. Sylvain, Martin et Santiago sont assurés de 300 barres, et demandent d’ailleurs à regarder les chiffres.

Deal

"Je prends pas 30 000, ni 40 000 d'ailleurs. Je prends.... 300 000 !"

La tête dans les Estrellas

Complètement fou. Venu avec un pote sur un coup de tête pour son premier “vrai tournoi” depuis près de huit ans, Sylvain Berthelot repart avec le titre Estrellas, devant plus de 7 000 joueurs, pour un gain stratosphérique de 499 224 €. Un exploit que l’amateur marseillais a du mal à croire. Et pourtant, il avait ce feeling, ce sentiment indescriptible qu’il était capable de décrocher l’Estrellas.

1 100 € Estrellas Poker Tour Main Event (Fin)

Berthelot

« AHHHHHHRRGGG ! ». Un cri libérateur au milieu de la Main Room du Casino Barcelona. Tous les joueurs se retournent de leur siège pour comprendre d’où vient cette explosion de joie. En voyant le sourire euphorique de Sylvain Berthelot, qui serre le poing à côté de la table, les spectateurs comprennent vite. C’est lui le grand vainqueur du Main Event Estrellas, l’homme qui vient d’abattre un field de 7 138 joueurs, pour près d’un demi-million d’euros.

Berthelot

"Je ne touche plus terre ! Pince-moi plus fort" s’exclame le vainqueur en tombant dans les bras de ses amis Mickael et Julien. Ces mêmes gars avec qui il commençait le poker il y a plus de quinze ans, dans le club de Marseille Hold’em. Cette fois, c’est dans la cour des grands, sur un EPT Barcelone, sur le 2e plus grand 1 000 € de l’histoire du poker européen et face à des joueurs de classe mondiale que Sylvain réalise l'exploit d'une vie.

Berthelot

Mais comment un amateur, qui ne touche les cartes qu’une fois par an, qui ne suit rien de l’actualité, des évolutions techniques du jeu, peut-il venir à bout d’un tel tournoi ? Comme toujours, le gagnant se réfugie derrière le “good run”, mais invoque une autre arme moins répandue, les “good vibes”.

"J’ai reçu énormément de good vibes, assure le joueur. Micka, c’est un ami d’enfance. Vivre ce truc avec lui, c’est incroyable, et ça m’a poussé. Je voyais les messages de mes amis, de ma famille, et j’avais mes petits rituels. Pendant les pauses, je croisais tout le temps ce même gars de la sécurité à qui je tapis dans la main. Pareil avec les mecs contre qui j’avais joué au jour 1 ou 2... J’ai pris les good vibes de tout le monde. C’est assez indescriptible, mais j’étais porté par cette énergie".

Berthelot

Porté par le run et par les bonnes ondes, Sylvain a volé à travers les jours de tournoi marathon, sans pour autant planer dans les hautes altitudes. Dix blindes à la fin du Day 2, dix blindes à la fin du Day 3 et encore aujourd’hui, Sylvain a souvent fait le dos rond dans le peloton, avant de surgir dans le “money-time”. La manière dont il a retourné cette table finale en est la parfaite illustration. Parti shortstack, il a d’abord joué de patience avant de se libérer en milieu de partie, transcendé par la confiance… Et par ce sentiment qu’il était capable d’aller au bout.

"C’est dingue de dire ça, c’est peut-être prétentieux, mais j’avais la sensation que c’était mon tournoi, quasiment depuis le début. Même quand j’étais shortstack, je me disais que ce n’était pas grave, que j’allais doubler et revenir. Comme une bonne étoile qui me guidait. J’ai fait des folds très sicks, probablement mal joué… Comme si une petite voix me disait pas celle-là".

Berthelot y croyait. Et ce malgré son tapis boiteux ou son statut d’inconnu au bataillon, d’autant que sur les trois dernières tables, le joueur se retrouvait à chaque fois au milieu des deux épouvantails restant dans le field : Martin Zamani et Parker Talbot.

Berthelot Zamani Parker

"Le fait de ne pas suivre l’actualité du poker, de ne pas connaitre la tête des joueurs, ça m’aide, puisque je ne m’en fais pas une montagne. Je ne me dis pas “lui, il a dix millions de Hendon Mob, lui, attention c’est un gros Shark…”. Je ne les connaissais pas ! Je sentais que c’était des pros, des bons joueurs, mais je ne me suis pas senti petit au milieu d’eux. C'est du poker, on a tous les mêmes cartes".

Sylvain a découvert en cours de route à qui il avait affaire. En l’occurrence, à des requins ayant goulument croqué les titres online, mais aussi, à des trublions capables de déstabiliser une table par leur parlotte incessante.

"En demi-finale déjà, le Zamani m’a rendu dingue. Il rigolait tout le temps… L’Asiatique (Ren Lin) aussi. Ils envoyaient les vannes tout le temps et en plus, on m’a interdit le casque, puisqu’on était en table télé. Ça m’a presque sorti du tournoi. Zamani était très chiant, mais en même temps, c’était bonnard. Et puis Parker (Talbot), bien sympa, mais je n'en reviens pas de voir à quel point il tient l’alcool ! J’hallucine. Et malgré tous les Gin Tonic, il regardait les stacks et en deux secondes, il savait le montant au jeton près !".

Berthelot

Sylvain a renversé Talbot sur ce check-raise turn qui laissait le Canadien sous les dix blindes. Après le deal à trois, il attirait l’Américain dans ces filets sur un duel de blindes avec As-Dame contre As-4. Seul l’obstacle Santiago Nadal le séparait du titre Estrellas. Le heads-up fut reglé en un quart d’heure.

Open 4 millions du Mexicain, défense de Berthelot et le flop vient AQ6. C-bet 4 millions payé. Turn 10, Sylvain lead pour 10 millions, payé. River K, lead tapis pour un peu plus de 40 millions. Santiago réfléchit quelques secondes, et finit par payer. Sylvain se lève en retournant son K4. Les nuts, pour crucifier le KJ adverse. Ca y’est, Sylvain Berthelot est champion ESPT.

Berthelot Santiago Nadal

Une victoire que l’amateur n’aurait pu écrire de plus belle manière. Un gars qui découvrait le jeu par le poker associatif en 2008. Qui a pris gout au jeu, aux sessions online, qui s’est même offert quelques petits Vegas avec le copain Salette, il y a dix ans de cela. Un passionné qui a mis sa passion entre parenthèse après la naissance de ces filles. "Quand les enfants sont petits, tu ne dors pas. Il y a plein de choses qui font que le poker online, ce n’est plus possible. Je m’autorisais quelques shots une fois par an. Un DSO ou un FPS par ci-par là. Mais depuis 2017, je n’ai quasi pas rejoué. J’ai déménagé à Lisbonne en 2022, et cette année, un ami, Julien Subreville, a vu qu’une étape de l’Irish Poker Tour se jouait là-bas. Je me suis dit pourquoi pas, ça fait longtemps. On l’a joué ensemble, j’ai fait un petit ITM de m¨¨¨ mais j’ai un peu repris gout. C’est là que j’ai dit à mon pote Micka, “ça te dirait d’aller faire un petit ESPT ? En plus à Barcelone, ça peut être sympa”.

Berthelot Liarte

Belle inspiration. Sylvain a vécu avec son copain l’aventure poker de sa vie et repart avec le pactole. D’ailleurs, on va faire quoi de tout cette oseille ? "Ça ne va pas être une bankroll, prévient le grand vainqueur. Je vais payer le crédit de la maison, les études de mes filles, acheter un peu de bitcoin… Et puis, je rêve de jouer le Main Event WSOP. Je ne sais pas si je le ferai dès l’année prochaine, mais je vais m’offrir ce cadeau. Et surtout, on a prévu de faire un voyage au Japon. Mes filles sont fan d’animés de truc comme ça. Je pense qu’il sera un peu plus beau que prévu le voyage". Bons voyages Monsieur Berthelot, et merci pour ces moments.

Berthelot

Place Nom Pays Prix
1er Sylvain Berthelot France 499 224 €
2e Santiago Nadal Mexique 394 526 €
3e Martin Zamani USA 463 250 €
4e Parker Talbot Canada 227 000 €
5e Jean Benvenga Suisse 173 000 €
6e Francesco Macri Italie 136 400 €
7e Sanislovas Vinicienka Lituanie 104 500 €
8e Magnus Persson Suède 79 400 €
9e Johannes Verhagen Pays-Bas 61 680 €

Comment ça, il y avait un Main Event ?

Il parait qu’on était venu couvrir un Main Event EPT. C’était effectivement le plan initial, légèrement perturbé par la prouesse de Sylvain Berthelot. Entre les quelques pauses de l’ESPT, j’ai tout de même tourné autour des tables pour repérer les quelques visages français. Pas de stress, ce n’est que le Day 1A, la première ronde de cette longue danse catalane qui nous emmènera jusqu’à dimanche. Voici tout de même un petit point comptable.

Peter Jorgne

Pourquoi s'embarrasser à chercher un chipleader alors qu'une photo de Peter Jorgne sera bien plus virale et agréable pour les yeux ? Toujours aussi généreux en sourire, le James Bond Suédois poursuit son histoire d'amour avec l'EPT du côté de Barcelone. 1ère mission réussie avec 91 000 jetons dans le sac pour le Day 2.

696. C’est le nombre d’entrées comptabilisées au coup de sifflet final de ce Day 1A. Un score honorable, mais tout de même inférieur aux deux dernières éditions (792 en 2023, 749 en 2022). Rien d’alarmant, Barcelone a l’habitude de faire carton plein sur le Day 1B. En 2022, le deuxième flight avait attiré presque deux fois plus de joueurs que le premier.

Citons quelques-unes des têtes d’affiche figurant parmi les 223 survivants. 10e du dernier EPT Prague, Preben Stokkan démarre du bon pied cette édition barcelonaise, en montant l’un des Top 10 stack du jour. Sirzat Hissou (189 500), Kenny Hallaert (164 000), Govert Metaal (148 000) ou encore Krasimir Yankov (134 000) font partie des regs ayant passé une belle journée. Côté Français, c’est Daniel Veloson qui mène la délégation.

Daniel Veloson

Régulier du circuit français, le franco-malgache emballe un stack de près de 200 000 jetons pour l’une de ses premières apparitions sur cette gamme de buy-in. Beau Day 1 également pour le revenant Anthony Cruz. Jadis vainqueur d’un side EPT Deauville et finalise WPTDS, Anthony revient à ses premières amours en montant un stack solide de 156 000 jetons.

Baumann

Le W rouge était également représenté aujourd’hui, avec les deux patronnes du Team, Leo Margets et Gaëlle Baumann. La Catalane devra repasser par le Day 1B pour percer ce Main Event à domicile, mais Gaëlle s’est accroché pour mettre 58 000 jetons dans le sac. Pas le plus impressionnant des stacks mais le plus haut point de Gaëlle, qui assure l’essentiel malgré un Day 1 compliqué.

Zeros Guenni

Deux écoles, une même passion. Mikael Guenni a fait la connaissance de "Zeros". Deux légendes en leur pays qui ont eu le plaisir de boxer l'un contre l'autre. Et après le premier round, c'est le Français qui gagne au point.

Romain Locquet (149 000), Jacques Der Megreditchian (122 000), Robin Zagorski (114 000), Antoine Labat (113 500), Mathieu Di Meglio (100 000), Klaus Pautrot (87 500), Fabrice Maltez (77 000), Mikael guani (72 500), Kostya Zaks (72 500), Mehdi Rabah (71 500), Imad Derwiche (61 000), Mercedes Osti (56 000), Theo Degrave (51 000), Youness Ait Hssain (47 500), Nolan Madene (47 000) et Benjamin Gros (44 000) seront également du Day 2.

Schwaederle

Encore une dure journée au bureau pour “CrazyDonkey"

C’est tout ce que je peux vous dire sur ce Day 1A. On aura certainement plus d’infos sur le Day 1B… A moins que des Français ne décident d’occuper notre attention sur le High Roller FPS. Après tout, ils ne sont que sept représentants sur les 26 survivants. Avec du Jeremy Palvini, du Hugues Girard, du Ronald Steinmetz… Et un Cédric Schwaederle en 5e position ! J’ai l’impression que ces joueurs vont encore contre-carrer nos plans. Pour le Main comme pour le High Roller, rendez-vous demain midi !