On prend le même et on recommence
Simon Wiciak est le seul survivant français à 40 left de ce Main Event EPT Barcelone. Il reviendra demain armé de 50 blindes pour poursuivre sa route vers le titre. Un chemin qu'il connait déjà. De là à nous refaire le coup ?
Main Event 5 300 € (Fin du Day 4)
Seul contre tous. Des six Français présents au début de ce Day 4, Simon Wiciak est le seul à avoir résisté à cette 4e journée de Main Event. Quand ses compatriotes tombaient à intervalles réguliers, lui avançait solidement vers un nouveau Day 5 de Main Event EPT Barcelone, qu’il attaquera demain avec un stack solide de 1 208 000 jetons, à 40 left d’un improbable back-to-back.
"J’ai très bien démarré, concède le Team Pro Pokerstars. Je suis monté à 1,4 million très rapidement. J’ai eu un pic à 1 680 000, puis j’ai connu niveau un peu plus compliqué, quelques swings et un petit coup perdu sur la fin de journée, résume Wiciak, toujours très vif et synthétique quand il s’agit de débriefer une partie de cartes. Cette nouvelle journée au casino de Barcelone se termine comme beaucoup d’autres : avec un sac rempli de jetons, accumulé surement, sans se faire peur à aucun moment. Je n’ai pas joué de gros rocambolesque. Juste un 4-bet qui n’est pas passé. Pour le reste, j’ai été assez actif, j’ai joué surtout des petits pots et j’ai bien connecté les boards ».
39 concurrents le séparent désormais d’un exploit immense. Un rêve qu’on n’osait imaginer, mais qui parait de moins en moins fou à mesure que Simon avance dans ce Main Event. L’homme qui voit déjà ses photos partout sur les murs de l’allée menant à la salle de tournoi, qu’on appelle tous les jours pour aller en table télé, parler devant les caméras du streaming ou pour une interview de break… Mais n’est-il pas pesant qu’on lui rappelle sans cesse la possibilité de ce back-to-back ?
"Ça ne change rien à ma routine de grind, assure Simon. Je sais que c’est déjà super ce qu’il se passe. Pour autant, je ne me repose pas dessus en me disant que “ce n’est pas grave si ça ne va pas plus loin”. Quand on pense comme ça, généralement, ça ne se passe pas bien. Là, je suis un peu stressé, et c’est bon. Je sens la pression, c’est comme s’il n’y avait rien eu l’année dernière. Je me demande quel spot je prends, je me questionne et je reste dans ma zone".
Simon a beau faire abstraction de l’édition dernière, il connait le chemin qui mène vers le titre. Et son expérience demeure une arme de poids pour passer les épreuves qui l’attendent sur le chemin à venir. Le Wiciak de 2023 aurait même peut-être quelques conseils à apporter au Wiciak désormais floqué d’un écusson Pokerstars.
"C’est surtout qu’il y a des spots que je serai beaucoup plus à l’aise de prendre ou de refuser, nuance le joueur. C’est ça qui fait la différence. On va tomber dans des zones à 50, 40, 30 blindes… De vraies décisions vont se présenter. “Est-ce que je flat, est-ce que je 4-bet ce combo”. L’année dernière, les réponses sont venues assez naturellement puisque j’étais chipleader, et de beaucoup. Donc si je me ratais, il y avait un matelas. Cette année, ça ne sera pas pareil. C’est un autre tournoi, complètement différent. Ce qui change aussi, c’est l’image que les adversaires ont de moi. Il faut que je me mette à leur place. Je ne veux pas jouer un jeu basique, ou m’appuyer uniquement sur des ranges que j’ai dans la tête. La différence se fera aussi sur ma capacité d’adaptation".
Comme chaque soir, Simon répond avec beaucoup d’application à la tonne de journalistes qui lui tendent un micro, aux obligations que lui confère son statut de Team Pro, avant en fin de sortir de la salle pour rejoindre son hôtel. Pour un bain froid et une bonne nuit de sommeil ? Plutôt pour aller décompresser avec les copains Benny et Yu, qui l’attendent déjà pour une partie d’un nouveau jeu de société farfelu. Day 5 ou pas, on ne change pas une recette qui gagne.
"Si je commence à changer ça, qu’est-ce que je vais faire ? Je rentre et je reste droit dans mon lit, s’interroge Wiciak ? C’est cool de retrouver la famille Pokerstars. J’aime me détendre avec ça. Je me couche parfois un peu plus tard, je vois le matin si je vais au sport ou non, je m’écoute et je je m’adapte. Mais je ne vais pas arrêter ça pour autant. Aussi, il y a ma copine qui revient ce vendredi après le Day 5, comme l’année dernière. On refait le back-to-back là-dessus aussi".
La première fois depuis 2016
Simon Wiciak, c'est un peu le sequoia qui cache la forêt, le seul français qui se dresse encore contre les regs étrangers venus braquer la banque à Barcelone. Parce que oui, une fois n'est pas coutume, il n'y aura qu'un seul frenchie à 40 joueurs left d'un Main Event sur le sol européen, ce qui n'était pas arrivé depuis... 2016 avec un certain Benjamin Pollak à Prague (finalement 32ᵉ de l'épreuve).
On espérait tous que nos représentants tricolores allaient se hisser au Day 5, mais nous avons perdu rapidement Bingjian Ren (107ᵉ), Julien Rouquet (83ᵉ), Thomas Eychenne (75ᵉ), Nicolas Julien (63ᵉ) et la révélation Nolan Madène (46ᵉ).
Finaliste du PSPC en 2023, Thomas Eychenne a joué, et perdu, le pot du chiplead, dans un spot où il a 4-bet puis 3-barrel all-in avec les Rois sur un tableau Valet-Valet-9-9-9 pour se faire payer par deux beaux As, un pot à 2,2 millions qui le placerait dans le top 10 à l'issue de ce Day 4.
Du côté de Nolan Madène, c'est sur un spot très compliqué qu'il a rendu les armes en 46ème position. Pour son premier EPT, il n'est pas parvenu à folder AJ sur le tableau K47QT quand il y avait 53 en face, après s'être fait check/raise au flop puis 2-barrel all-in.
Et à l'international, ça dit quoi ?
Mais les Français ne sont pas les seuls à avoir pris la foudre sur ce Day 4 que les organisateurs ont dû écourter plus tôt que prévu pour éviter que le field ne soit trop maigre au Day 5. Sur les 113 au départ, il n'en reste plus que 40, dont un seul vainqueur EPT restant dans le field. Parmi les grands noms que l'on a perdus aujourd'hui, le vainqueur du premier PSPC Ramon Colillas (98ᵉ), le "Commissaire" Derk van Luijk (97ᵉ), vainqueur de l'EPT Monte-Carlo cette année, Byron Kaverman (92ᵉ), Claudio di Giacomo (88ᵉ), Georgios Karakousis (65ᵉ), Scott Margereson (57ᵉ), Umberto Ruggieri (50ᵉ), Jan-Eric Schwippert (45ᵉ) ou Mark Teltscher (41ᵉ), vainqueur de l'EPT Londres en saison 2 de l'EPT, éliminé sur la dernière main de la journée par Timothy Chung sur un beau bad beat des familles. À tapis preflop avec deux As contre deux 8, il voit le croupier retourner non pas un, mais deux 8 pour offrir un carré à son adversaire.
S'il ne reste que Simon Wiciak en vainqueur EPT, quelques finalistes EPT sont encore bien présents dans le field de ce Day 5 à venir, comme Govert Metaal (finaliste de l'EPT Prague en 2023), Rania Nasreddine, Fabian Kovalski ou les deux compères anglais Jack Sinclair et Harry Lodge.
On retrouve trois britanniques dans le Top 15, Harry Lodge (3ème), Timothy Chung (8ème) et Jack Sinclair (13ème). Harry Lodge a déjà dans le viseur sa troisième table finale sur un Main Event EPT, tandis que son pote Jack Sinclair visera lui sa deuxième.
Déjà chipleader à l'issue du Day 4 du Main Event des WSOP (et du Day 5), Stephen Song remet ça sur le Main Event de l'EPT. Avec une réussite insolente aujourd'hui, dont une paire de Valets qui a trouvé un Valet sur la rivière contre une paire de Rois à tapis preflop, l'Américain termine avec 4,1 millions et sera un sérieux client pour la suite de cet EPT Barcelona.
Alors qu'on la croyait déjà dehors après la perte d'un énorme pot avec les Dames contre les As de Jianwei Lin, Rania Nasreddine, tombé à une dizaine de blindes, a trouvé les ressources nécessaires pour effectuer une impressionnante remontada, avec notamment un hero call de classe mondiale effectué contre Timothy Chung. Si on avait raté la journée d'aujourd'hui, on pourrait croire que cet EPT Barcelona est un long fleuve tranquille pour la dernière joueuse en lice, tant elle truste le Top 10 à la fin de chaque journée.
Passé jusque là au travers de nos radars, Sriharsha Doddapaneni a pris la lumière, et les jetons, en fin de Day 4 pour s’installer directement dans le Top 5 du chipcount. Très actif et très intense dans ses jeux de regard, le joueur indien a notamment pris plusieurs jolis pots à Evgenii Sboev pour monter un tapis de 2 730 000 jetons. Le vainqueur WPT Vietnam espère être le 2e indien à atteindre une finale EPT après Vivek Rajkumar en 2009 (9e de l’EPT Londres), et même le premier si l’on considère que la légende indienne n’a pas atteint la table finale “officielle”
Tableau de bord
40 joueurs restants (sur 1 975 entrées)
48 minutes à jouer sur les blindes 10 000 / 25 000 / 25 000
Tapis moyen : 1 481 250
Prix assuré : 23 350 €
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