PokerStars Championship Macao - Tournois annexes

Super High-Roller : Sylvain Loosli sera au Day 2

Film Macao
Super High-Roller 400 000 HKD (fin du Day 1)

Ils ont tergiversé au moment de poser la liasse de billets sur le comptoir : contrairement à ce que j’avais pu laisser entendre à la fin du premier article de ce reportage, tant leur agenda cette semaine est déjà bien chargé en tournois à gros buy-in. Mais au bout du compte, Davidi Kitai et Sylvain Loosli ont bel et bien pris part au tournoi le plus cher du PokerStars Championship Macao, portant haut les couleurs du Team Pro dans le Super High-Roller, fort de leurs succès passés dans des épreuves de ce type. Il leur en a couté l’équivalent de 50 000 euros chacun, et pour l’un d’entre eux, cette somme est déjà passée par pertes et profits : Davidi n’aura pas survécu à un Day 1 ayant rassemblé 62 joueurs. Contrairement à 17 de ses concurrents, le Belge a décliné l’option « re-entry », et laisse donc Sylvain faire cavalier seul au Day 2 : le November Nine a terminé le premier tour avec un tapis

Les 10 joueurs possédant les plus gros tapis en fin de Day 1 selon PokerNews.com sont…

Michael Egan (Australie) 1 067 000
Sam Greenwood (Canada) 976 000
Yuan Li (Chine) 897 000
Daniel Neilson (Australie) 851 000
James En Ning Chen (Taiwan) 830 000
Dan Smith (USA) 803 000
Fedor Holz (Allemagne) 790 000
Stevan Chew (Australie) 753 000
Isaac Haxton (USA) 739 000
Behzad Ahadpour (Saint-Christophe-et-Niévès) 719 000

Un total de trois français seront au Day 2, dont un Don Limit faisant une de ses rares apparitions en tournois, et un Jean-Noël Thorel ayant remis la main au portefeuille après avoir perdu sa première cave.

Cyril Andre 595 000
Bertrand « ElkY » Grospellier 531 000
Sylvain Loosli (Team W) 318 000
Jean-Noel Thorel 175 000

Joueurs restants : 47 (mais on peut encore s’inscrire au départ du Day 2)
Blindes au Day 2 : 3 000/6 000 ante 1 000
Reprise du Day 2 : 12h30, heure locale (soit 6h30 du matin en France : on est en avance sur vous les amis ! Promis, demain je vous donne les numéros du Loto cinq heures avant le tirage.)
Particularité de l’épreuve : elle tourne à l’aide d’une « shot clock », qui ne donne que 30 secondes maximum à chaque joueur pour prendre sa décision sur chaque street, avec 3 jokers d’une minute disponibles en cas de besoin (et on suppose que sur un tournoi aussi relevé, ils ne seront pas de trop.)
Dotation estimée : 30 millions de dollars de Hong-Kong, soit 3,75 millions d’euros.

€50 000 ???!!!

Et moi qui balise quand je mise 25 cts…

Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir

Davidi Kitai revient... et puis repart Super High-Roller 400 000 HKD (Day 2)

Macau
Chassez le naturel, il revient au galop. Je suis à Macao depuis moins d'une heure, mais je suis déjà revenu en terrain familier. Qu'on soit à Las Vegas, Paris, Dublin, Marrakech ou Macao, il n'y a rien qui ressemble plus à un tournoi de poker qu'un autre tournoi de poker, et le Super High-Roller du PokerStars Championship, dont le Day 2 est actuellement en cours, ne ne fait pas exception : des tables de jeu, des cartes, des jetons, des croupiers appliqués, des superviseurs qui courent d'une table à l'autre, et des joueurs, dont les visages nous sont pour la plupart familiers. On ne se refait pas : ma seconde peau de "couvreur" ne me quitte jamais, et cinq minutes après avoir fait mon entrée au (très luxueux) City of Dreams, le casino qui accueille le festival, je déambulais entre les tables, appareil photo et bloc-notes à la main.
Kitai
A mon arrivée, le compteur affichait un chiffre de 34 joueurs restants, parmi lesquels un fameux Belge que je ne m'attendais pas à croiser. Eliminé hier lors du Day 1, Davidi Kitai a pris le temps de la réflexion tout au long de la soirée, pour finir par décider à prendre une seconde "bullet" : "Mes stackers m'ont fait confiance, et ont donné le feu vert. C'est le plus beau High-Roller de l'année ! Entre un quart et un tiers du field est composé de riches amateurs." Las : après un bon départ sur ce Day 2, Kitbul s'est fait sortir en milieu d'après-midi.
Loosli
Sylvain Loosli, lui, se bat avec un vent de face difficile à gérer : son stack de 240,000 correspondant, à quelques jetons près, à la somme dont disposaient les joueurs au moment du coup d'envoi donné la veille et, augmentation des blindes aidant, cela ne représente plus que quinze grosses blindes. Après avoir entamé le Day 2 à une table composée presque entièrement de pros (Dan Smith, Steve O'Dwyer, Sergio Aido...), le November Nine s'est vu déplacé à une table non moins difficile, où j'ai reconnu Xuan Liu et ElkY, ce dernier possédant un tapis imposant.
Cyril
J'ai manqué l'élimination de Cyril André, quelque part aux alentours de la trentième place, et lorsque je suis arrivé, Jean-Noel Thorel était déjà sorti (probablement après avoir tenté l'un des moves agressifs dont le joueur amateur le plus balla du circuit Français s'est fait la spécialité au cours des années)

Parlons argent : avec 23 joueurs au compteur pour 13 places payées, la bulle ne semble plus très loin. L’échelle des prix prévoit des gains allant de 676,000HKD (environ 86K en dollars US) jusqu’à 8,974 millions HKD (soit 1,154 million de dollars US). La dotation totalise 33,8 millions HKD, constituée par 88 inscriptions effectuées par 64 joueurs. Il y a donc eu 24 re-entries… et on me souffle qu’au moins un joueur a re-entry quatre fois !

Le plan pour ce Day 2 est de jouer un total de 10 niveaux, où de tomber à huit joueurs restants.

Smith & O'Dwyer
Dan Smith et Steve O’Dwyer

Holz
Le plus jeune retraité du poker : Fedor Holz

ElkY : le supplice chinois

ElkY
Le cliché numéro 1 qui colle à la peau du joueur chinois, en particulier le modèle "riche homme d'affaires" ? Facile : il aime mettre les jetons au milieu. Corrolaire : il n'aime pas jeter ses cartes. Je viens d'en avoir une première preuve avec un coup proprement ahurissant qui a précipité l'élimination d'un ElkY pourtant si bien parti sur ce Super High-Roller.

Le bourreau est un joueur inconnu de nos services se nommant Qiang Lin. Ce dernier entame l’action de façon tout à fait innocente (ou pas) avec un limp, pour 16,000. Juste derrière lui, ElkY relance et la parole revient au joueur chinois, qui procède à un volte-face complet avec une sur-relance à 225,000. Dans le jargon, ça s’appelle un New-York back-raise* (j’adore ce genre de jargon dont personne ne connaît l’origine et à la sonorité rigolote, ça me rappelle le skateboard, c’est dommage qu’il n’y en ait pas plus dans le poker). Pas le moins du monde intimidé par la tactique, ElkY augmente un peu plus les enchères, avec un 4-bet à 400,000.

A ce moment, Sylvain Loosli, qui se tenait debout à côté de moi, se penche et me souffle discrètement : « Si ElkY n’a pas les As dans ce spot, je ne sais pas ce qu’il a. » Un élément accrédiant cette lecture : avec ce 4-bet, notre Français a déjà engagé quelque chose comme la moitié de son tapis. Commit, donc. Ce qui n’empêchera pas Qiang Lin d’engager les jetons manquants.

Le croupier retourne un flop J54. Qiang check et sans surprise, ElkY fait partir le reste de son tapis au milieu. Avec un tapis similaire à celui de son adversaire, Qiang Lin n’a que trente secondes pour se décider (rappelons que ce tournoi fonctionne avec une « shot clock » empêchant les tanks), et c’est donc sans avoir à attendre que nous l’entendons annoncer « call. »

ElkY montre la main prédite par Sylvain : AA.
Qiang retourne… AK ! Même pas une paire, à peine un vague tirage.

J’ai sorti la calculette : à ce stade, le français est favori à 92,12% !

Mais, mais, mais : un 2 est retourné, puis un 8. L’improbable s’est produit : Qiang Lin a trouvé une couleur miraculeuse, et c’est un ElkY défait qui quitte ce Super High-Roller en 21ème place.

  • EDIT : Pas tout à fait (voire même pas du tout), comme me l’a fait remarquer domino7 sur Wam-Poker, un New-York back-raise est plutôt le fait de simplement payer une relance, avant de soi-même relancer lorsque la parole nous revient. Ici, on a plutôt affaire à un limp-reraise. Du coup, le Tribunal des Couvreurs me condamne à limp-reraise pendant mes trente prochaines parties de cash-game.

Phew… et je croyais que j’avais été malheureuse hier en perdant à peu près de la même façon dans mon Monster à 2€ :mrgreen:

C’est pas tout a fait ca un new york back raise, ici c’est juste un limp/3bet ca s’approche un peu de l’idée du new york back raise mais celui ci consiste a call un open puis 4 bet quand quelqu’un a squeeze.

Ha oui en effet. On le voit tellement rarement :slight_smile:

Shot clock : quand le poker devient une course contre la montre

Super High-Roller 400 000 HKD (Day 2)

Shot Clock
Impossible de la manquer en se promenant autour des tables du SHR. De la taille d'un gros radio réveil, la boîte est posée à la droite du croupier. Le décompte de l'horloge se met en route à chaque action de jeu, pour chaque joueur, lors de chaque coup joué, et sur chacune des tables en activité. Le compte à rebours débute à trente secondes. S'il tombe à zéro, vos cartes sont automatiquement perdues. Trois "jokers" sont offerts à chaque joueur, sous la forme de trois jetons blancs sans dénomination : chacun de ceux-ci vous offre trente secondes supplémentaires de réflexion.

24H ChronoBon, d’après ce que j’ai pu observer en pratique, à l’usage les règles sont un peu plus souples que cela : j’ai par exemple remarqué que le croupier attendait quelques secondes avant de lancer le décompte, à l’aide de deux boutons poussoirs reliés à l’horloge : rouge pour démarrer, vert pour remettre à zéro - on m’a ensuite confirmé qu’effectivement, le croupier comptait silencieusement jusqu’à cinq avant d’appuyer sur le bouton - et en fin de décompte, quelques secondes supplémentaires de débordement sont tolérées. Mais qu’importe : voilà, dans les grandes lignes les règles d’utilisation de cette fameuse « Shot Clock » qui fait tant parler en ce moment. Elle a autant de détracteurs que de fans, et on commence à la voir apparaître de temps à autre sur les tournois, en général des tournois très chers.

Le but affiché est évident : redonner du rythme aux tournois de poker deep-stack trop souvent ralentis par des joueurs - souvent des pros - un peu trop enclins à se donner un maximum de temps de réflexion, y compris pour des décisions a priori anodines. Lors de la dernière édition du tournoi One Drop à 1 million de dollars des WSOP, j'ai entendu que certains des riches amateurs engagés dans l'épreuve avaient juré de ne plus jamais participer à l'épreuve, agacés qu'ils étaient de se faire scruter deux minutes par les jeunes pros qui leur faisaient face sur chacune de leurs relances. Ils n'ont pas tort, dans le sens où les temps de réflexion ont suivi, au cours des dix dernières années, une courbe croissante (à peu près au même rythme que l'amélioration des structures, soit dit en passant !) jusqu'à atteindre un certain degré de ridicule, lorsque des joueurs avaient besoin de trente secondes pour se décider à relancer ou non préflop au niveau 50/100 d'un tournoi avec 30,000 jetons. Les mecs, vous jouez 15 tables sur Internet du soir au matin, faut pas charrier !

Shot clock
L'intérêt de cette règle a déjà été débattu ad nauseam sur toute la planète poker, y compris lors de notre émission de radio dominicale le Multiplex Poker. J'y vois au moins un avantage : avec une telle horloge, chaque joueur est sur un même pied d'égalité. Car en temps normal, l'usage du "time" est fonction de plein de choses : la présence ou non de joueurs impatients et prompt à dénoncer les abus des joueurs les plus lents, la bonne volonté du floor à accepter ou non de faire un décompte, etc. Une fois l'horloge en place, tous ces paramètres disparaissent. Mais en pratique, il faut avouer que les secondes défilent vite, en particulier lorsque l'on doit décider si notre paire de Valets est suffisante pour payer son tapis préflop dans une épreuve qui nous a coûté 50,000 euros.

Qu'en pensent les pros ?

« Cela m’oblige à planifier la main à l’avance », explique Sylvain Loosli, « ce qui est plutôt une bonne chose dans mon cas. Je dois tout de suite penser à ce que je vais faire si je me fais check-raise, si le mec fait tapis, etc. » Les fans de Davidi Kitai, grand « tankeur » devant l’éternel, ne seront pas surpris : le Belge n’est que peu sensible aux charmes de ce dispositif. « C’est un peu chaud quand même, 30 secondes. Au Panama, c’était une minute, c’était déjà un peu mieux. » Comme Sylvain, Davidi admet cependant que cela l’amène à réfléchir comme un joueur d’échecs, c’est à dire deux coups à l’avance. Je lui demande si, face à l’ineluctable décompte de trente à zéro secondes, les joueurs penchent plutôt vers le fold prudent, ou à l’inverse le fameux « fuck call » (copyright Harper). « Cela favorise les bluffs, clairement », répond Davidi. « Quand on n’a que trente secondes pour décider si on doit payer ou non une grosse mise, en général on n’a pas le temps de payer : on va plus souvent jouer la sécurité et folder. » Une bonne nouvelle pour Davidi, dont le style est volontiers bluffeur ? « Non, je ne pense pas que ce soit une trop bonne idée de trop bluffer contre ce genre de joueurs. Si je passe deux bluffs par jour, c’est déjà largement suffisant ! »

Xuan Liu
Super High-Roller, le point à 21H51 : 17 joueurs au compteur. On a perdu Sylvain Loosli peu avant la pause-diner (un banal flip avec deux Valets contre le As-Dame de Qiang Lin, le bourreau d’ElkY) : il ne reste donc plus aucun joueur français en course dans le tournoi le plus cher du festival. La bulle éclatera ce soir : 13 joueurs seront primés. On comptera peut-être parmi eux des habitués des hautes sphères comme Dan Smith, Isaac Haxton, Steve O’Dwyer, Sergio Aido ou Fedor Holz, mais pas Xuan Liu (photo), éliminée une demi-heure avant Sylvain.

Main Event : le coup d’envoi du Day 1A sera donné lundi à midi (soit 6 heures du matin en France).

Les Top Sharks s’amusent

PokerStars Asia Open 5 500HKD (Day 2)

Plus que deux tables et 19 joueurs dans l'un des nombreux side-events à buy-in modéré du festival (600€ l'entrée), parmi lesquels deux tricolores que vous connaissez très bien.

Ludovic Riehl
Doyen des Top Sharks (en sa qualité de vainqueur de la toute première édition de notre concours annuel en janvier 2012), Ludovic Riehl poursuit son chemin en solitaire depuis un peu plus d'une année. Si on le croise cette semaine à Macao, c'est parce qu'il passe de plus en plus de temps sur le continent asiatique. "C'est en train de devenir une tradition annuelle", explique Mikedou. "Quelques jours à Singapour pour voir mon filleul, puis Manille, où un couple d'amis réside. Macao n'est qu'à deux heures des Philippines... Ensuite, je vais visiter les îles." Ludovic est déjà familier avec les charmes du Las Vegas de l'Orient. "J'ai visité Macao il y a sept ou huit ans, pour jouer l'Asian Poker Tour. C'était le premier tournoi pour lequel je me qualifiais en ligne !"

483 inscriptions ont été enregistrées dans cette épreuve relativement turbo (rounds de 30mn durant le Day 1, une heure aujourd’hui [EDIT : c’était une erreur : les niveaux du Day 2 sont aussi courts que ceux du Day 1]), et Mikedou se bat actuellement avec un stack d’une douzaine de blindes, en jouant principalement préflop, donc. Pas le droit à l’erreur !

Guillaume Diaz
Constat similaire pour Guillaume Diaz en ce qui concerne la profondeur de tapis : le Top Shark 2014 pointe à une douzaine de blindes. En revanche, Volatile38 découvre pour la première fois Macao et le style particulier des joueurs locaux. "Soit ils jouent très serré, soit il ne foldent jamais : on en croise très peu au juste milieu !" Lors du Day 1, Guillaume est passé par la case re-entry et est arrivé au cap de la bulle avec un stack réduit, le forçant à serrer son jeu. Un double-up en fin de journée (75 contre Roi-Valet) lui a permis d'atteindre le Day 2 avec vingt blindes.

Ce tournoi annexe se terminera aujourd’hui, probablement assez tard. Il y a 360,000 dollars de Hong-Kong à aller chercher : l’équivalent de 43,000 euros. Face à nos Top Shark : un field quasiment 100% asiatique, où j’ai reconnu la pro PokerStars Celina Lin.

Go mikedou ! :sunglasses:

Une finale, deux Top Shark

PokerStars Asia Open 5 500HKD (Day 2)

Finale Top Shark
Ils l'ont fait : Ludovic Riehl et Guillaume Diaz sont en finale de l'Asian Open. Si Volatile38 n'a pas encore quitté la zone short-stack (15BB, ce qui n'est cependant pas très loin de la moyenne : la structure est plutôt rapide), Mikedou a vécu des demi-finales spectaculaires, multipliant son tapis par 15 en l'espace de deux heures. Une épopée qu'il me résume en quatre coups : "Avec 100,000, je shove 108 : je suis payé par As-7, je double. Ensuite, je recommence avec J9 : je suis payé par 77 et je gagne le flip. Rebelote avec 99 qui tient contre As-Roi. Là, je passe à un million, et j'élimine un joueur avec As-Dame contre As-2."

Le rythme assez frénétique de l’épreuve n’a pas faibli une fois la table finale entamée : le temps d’écrire cet article qu’ils sont déjà deux finalistes a avoir pris la porte de sortie…

Guillaume Diaz décroche la 4e place de l’Asia Open

PokerStars Asia Open 5 500HKD (Table finale)

Guillaume Diaz
Ce n'est pas une victoire, mais Guillaume Diaz s'en contentera : après avoir bataillé en short-stack tout au long de la journée, le membre du Team Pro inscrit à son palmarès une première finale à Macao, après avoir quitté l'Asia Open en quatrième place. Son tapis n'était pas si éloigné de la moyenne à cinq joueurs restants, mais à ce stade d'un tournoi à la structure rapide, le diable se niche dans les détails.
Rail
Car l'écart entre le chip-leader et le short-stack est en fin de compte très faible, de l'ordre d'une quinzaine de blindes grand maximum, et le tournoi se joue donc bien souvent sur des décisions "ICM", c'est à dire en fonction de l'échelle des prix restants à distribuer. En fin d'une partie comme celle-ci, la différence entre les mains parfaites pour envoyer son tapis et celles bonnes à jeter préflop sont de l'ordre de la décimale. Dans le monde du poker 2.0, tout un tas de logiciels et applications sont disponibles pour permettre aux joueurs de savoir s'ils ont fait le bon "move", mais dans le feu de l'action, il est bien entendu impossible d'y avoir recours, et donc prendre systématiquement la décision mathématiquement parfaite. "Je crois avoir fait une petite erreur à un moment", expliquera donc Volatile38 après sa sortie. "Un As-5 off que j'ai jeté préflop, alors que j'aurais probablement du le jouer contre le chip-leader, vu mon stack et celui des joueurs restants."
Guillaume Diaz
La décision close typique, dans ce que Guillaume résumera comme "une bataille de shorts". Sa partie se terminera peu après, son As-7 poussé UTG se heurtant à As-Valet. Récompense finale : 144,000 dollars de Hong-Kong, soit un peu plus de 17,000 euros.
Rail
Table finale Asia Open

Le final s’est joué sur la calculette

Ludovic "Mikedou" Riehl conclut un deal avec son dernier adversaire PokerStars Asia Open 5 500HKD (Table finale)

Heads Up Ludovic Riehl
Après l'élimination du dénommé Kwun Ngai Vincent Li (Hong Kong) en troisième place, Vladimir Shabalin représentait le dernier obstacle entre Ludovic Riehl et le trophée de l'Asia Open. Avec des tapis séparés par trois grosses blindes seulement (3,765 millions pour le français, 3,47 pour le russe sur 50,000/100,000), il était inévitable que le dernier duel du tournoi soit précédé par une petite discussion entre ses deux acteurs. En quatre lettres : deal.

Vladimir l'annonça d'emblée : ce fameux trophée l'intéressait tout particulièrement. Il était même prêt à faire des concessions d'ordre financier pour s'en garantir l'obtention. 10,000 dollars de Hong-Kong, prélevés sur ses gains après avoir réparti équitablement les prix restants en fonction du poids en jetons de chacun.

Ludovic Riehl
1,200 euros offerts en freeroll en échange d'un symbole : l'offre loin d'être anodine si l'on considère que la répartition des prix prévoyait 360,000HKD pour le vainqueur, et 265,000HKD pour le runner-up. Que faire ? Après avoir demandé un court break aux superviseurs pour en discuter avec les français massés derrière le rail, Mikedou revint avec une contre-offre : il ne consentirait à abandonner le trophée qu'en échange de 20,000 dollars.

Vladimir tenta de couper la poire en deux. « Que dis-tu de 15,000 ? »

Mikedou lui répondit qu’à ce montant, il préfèrait jouer. « De base, je n’aime pas trop cette idée d’en finir comme ça. Je te propose 20,000 parce que c’est un montant que je ne peux pas refuser, du point de vue de l’équité et de la gestion de bankroll. En dessous, je préfère finir à la régulière. » Les deux joueurs continuurent d’échanger, jusqu’à ce le russe n’en finisse, avec l’équivalent d’un « fuck call » version deal : « Allez, OK, 20,000 c’est bon. » Les superviseurs ont validé les sommes après avoir entré les chiffres sur leur calculette, et les deux joueurs ont validé le deal avec une signature sur la feuille de match officielle du tournoi. L’Asian Open se terminait ainsi « sur tapis vert ».

Deal
Sautant la case finale d'un heads-up qui aurait été immanquablement soumis à une forte variante, a fortiori face à un adversaire considéré de l'avis général comme très dangereux (une rapide recherche Google attestera d'ailleurs un impressionnant pedigree en ligne), Ludovic Riehl a donc préféré un "tiens" plutôt que deux "tu l'auras".

Il s’assure ainsi 334,000HKD, une somme très proche de celle qui était promise au vainqueur… Mais sans avoir à jouer ! En face, Vladimir Shabalin empoche le trophée, et remporte 291,000HKD. De l’avis général du rail français, Mikedou a pris la bonne décision : la perte du plaisir symbolique de ramener un trophée physique à la maison est largement compensé par l’équité gagnée lors de la transaction. « C’est un tournoi à 600 balles, on s’en fout du trophée ! » résumera l’un d’entre eux. « Le but, c’est de gagner le plus d’argent possible. »

Ludovic Riehl
Conséquence directe pour Mikedou : "Je vais buy-in direct le Main Event ! Ce matin, je m'étais dit que je le jouerais si je terminais au moins en cinquième place." Mission accomplie !

VGG ludo :smiley: :sunglasses:

cool de le revoir avec en prime la win :wink:

LUDO

Les mêmes mecs remportent le même tournoi

Super High-Roller
C'était bien la peine de voyager 11 000 bornes pour obtenir ce résultat : le tournoi le plus cher du PokerStars Championship Macao s'est joué entre Steve O'Dwyer et Fedor Holz. A peu près pareil qu'à Las Vegas, donc. Ou à Barcelone. Ou à Monte Carlo. Ou à Melbourne. Ou aux Philippines. Bref, vous l'avez compris, pour ces deux-là, qu'importe la localisation, pourvu qu'on ait l'ivresse.

A l’attention de ceux qui comptent les points, sachez qu’il s’agit de la onzième victoire de Steve O’Dwyer depuis 2009 sur un tournoi au buy-in de 5000$ ou plus, et sa 43ème finale. Son jeune dauphin, lui, disputait sa 17ème finale sur un tournoi similaire, sur un laps de temps bien plus court : depuis 2013. Il manque de peu sa huitième victoire dans cette gamme de buy-in. Au total des gains de garrière, Fedor Holz garde un (somme tout léger) avantage sur O’Dwyer, avec 21,7 millions pour l’Allemand, contre 17,6 millions chez l’Américain. Cela gràce à trois tournois lui ayant rapporté 3,4 millions de dollars ou plus rien que pour l’année 2016 (!)

Résultats - Super High-Roller 400 000HK$
88 inscriptions - Dotation 33,802 millions HK$

Steve O'Dwyer
Vainqueur : Steve O’Dwyer (USA) 8 974 000 HK$
Runner-up : Fedor Holz (Allemagne) 6 236 000 HK$
3e : Manig Loeser (Allemagne) 4 124 000 HK$
4e : Kahle Burns (Australie) 3 228 000 HK$
5e : Zuo Wang (Chine) 2 603 000 HK$
6e : Qiang Lin (Chine) 2 028 000 HK$
7e : James Chen (Taiwan) 1 605 560 HK$
8e : Zhao Hongjun (Chine) 1 251 000 HK$

Davidi, expert ès remontada

Une nouvelle finale pour Davidi Kitai NL Holdem - Single Re-Entry / Shot Clock 206 000$ (Table finale)

Davidi Kitai
On ne donnait pas cher de sa peau en demi-finales : avec 2,2 blindes devant lui (autant dire rien du tout) à quatorze joueurs restants dans l'épreuve High-Roller jouée sur une seule journée, l'élimination de Davidi Kitai semblait inéluctable, un point final à une lente et douloureuse extinction.

Mais c’est mal connaître le génie belge, dont les trésors ne patience ne cessent de m’épater tournoi après tournoi. Sa stratégie lorsqu’il n’a que peu de jetons n’est pas loin de représenter un anathème sur le circuit pro : ils sont très peu à se laisser, comme lui, tomber aussi bas. Lorsque l’envie lui prend, sa méthode dévie largement de la norme actuelle, dominée par les calculs à la virgule près des logiciels désormais utilisés de tous les joueurs pros (« Avec X grosses blindes au cut-off, il faut faire tapis avec Y% de tes mains », ce genre de choses). Davidi peut se montrer beaucoup plus attentiste que ce que préconisent les mathématiques… Et ça fonctionne ! [EDIT : Je me suis un peu trop avancé. « En dessous de 8BB, je ne dévie pas des maths », me dira Davidi un peu plus tard à la faveur d’un break. « Mais au dessus, je m’en écarte souvent. »]

Je sais ce que vous allez me dire : « Benjo, arrête d’être result oriented, le Dav’ il doit sauter 99% du temps quand il a aussi peu de jetons, il a chatté, c’est tout. » Mais mon rôle n’est pas ici d’expliquer les secrets du génie ou de justifier ses choix stratégiques - j’en serais bien incapable. Je me contenterai d’exposer les faits : deux heures après avoir été annoncé pour mort, Davidi est en table finale (et donc in the money), toujours short-stack mais plus que jamais vaillant.

Davidi Kitai
Double-up à la bulle : Davidi savoure en silence

Pour cela, il lui a bien entendu fallu un peu de réussite lorsqu’il était payé à tapis (un coin-flip gagné par-ci, un 60/40 par là), et que dans le même temps ses adversaires connaissent des fortunes moins heureuses. Arrivé en finale avec quatre blindes, Davidi a doublé d’entrée de jeu, et a ensuite observé avec un soupir de soulagement l’élimination de Mikita Badziakouski en neuvième place : il venait de s’assurer au moins un min-cash (correspondant à l’équivalent de 50,000 euros, tout de même), et des espoirs d’exploit renouvelés.

Le manège se poursuit à l’heure où j’écris ces lignes : tandis que Davidi est parvenu à doubler une fois de plus, le chinois Shuo Li vient de quitter la finale en septième place. Le pro du Team Winamax remportera quoi qu’il arrive 778,000HK$ (85,000 euros environ), mais n’est pas à l’abri de quelques double ups supplémentaires : si la remontada venait à se poursuivre, il pourrait bien aller chercher les 3,645 millions promis au vainqueur. Face à lui se dressent deux joueurs chinois et plusieurs pros occidentaux connus de nos services : David Peters, Nick Petrangelo et Jack Salter.

Davidi Kitai
Davidi Kitai
Davidi Kitai

Davidi Kitai s’incline en quatrième place

NL Holdem - Single Re-Entry / Shot Clock 206 000$

Davidi Kitai
Une soirée à Macao, une finale pour un Team Pro : dans la foulée de Guillaume Diaz, quatrième de l'Asia Open il y a 24 heures, Davidi Kitai a signé une nouvelle performance de choix en terminant à une position identique sur le désormais traditionnel High-Roller turbo organisé en marge du Day 1B du Main Event, ajoutant une nouvelle ligne à son palmarès, et engrangeant au passage 1,29 million de dollars de Hong-Kong (soit 155,000 euros).

Comme d'habitude sur ce genre de tournois mélangeant un niveau de jeu très élevé à une structure rapide (les niveaux de trente minutes ont défilé à toute vitesse), la fin de partie a ressemblé à un match de bataille navale à haute tension : avec un stack moyen tombé aussi bas que 12 blindes, il ne fallait pas se louper sur ses relances all-in préflop, qui constituaient l'arme principale à disposition des joueurs. Pour les puristes : nous avions affaire à un jeu basé purement sur l'ICM. La hauteur des tapis et l'échelle des prix restants constituaient plus ou moins les seuls facteurs à prendre en compte pour se décider ou non à envoyer la sauce.

Davidi Kitai
Et prendre les bonnes décisions ne suffisait pas : il fallait en plus survivre à l'épreuve du board. Ainsi, lorsque Nick Petrangelo se mit all-in avec A9 et que Davidi le paya de grosse blinde avec A10, le belge, qui venait de gagner un énième coup à tapis (face à Quan Zhou), se voyait offrir une situation "win win" en or, favori qu'il était pour éliminer un joueur et passer chip-leader avec seulement deux adversaires restant à battre. Las : le croupier a retourné un 9 dès le flop, faisant passer l'avantage du côté de Petrangelo.
Davidi Kitai
Retombé à quatre blindes, Davidi n'a pourtant pas baissé les bras - après tout, il en possédait deux fois moins quatre heures plus tôt, lorsqu'il restait encore 14 joueurs - et a tenu encore un bon moment, avant de finalement jouer sa dernière main face au même Nick Petrangelo, avec un Roi-7 ne s'améliorant pas face à As-10.
Davidi Kitai
Deux minutes plus tard, le tournoi était terminé, Quan Zhou se débarassant à toute vitesse de Jack Salter, puis Petrangelo, pour s'adjuger le titre et 3,65 millions de dollars (environ 469,000 dollars). Les fans de Dans la Tête d'un Pro l'auront remarqué avec amusement : Salter et Petrangelo étaient déjà assis aux côtés de Davidi lors de la finale du 6-max à 10,000$ des WSOP 2016 !

« Je ne peux pas être déçu par ce scénario », réagira à chaud Davidi peu après sa sortie, voyant comme à son habitude le verre à moitié plein. « J’aurais pu tout aussi bien sortir en demi-finales, avant la bulle. » Lors d’une pause, le Belge confiait au clan tricolore que ces tournois turbo sont épuisants à jouer, du fait de la structure turbo ne laissant aucune place pour le beau jeu en fin de partie. Mais sont-ils profitables ? « Je pense avoir un edge, malgré la structure. J’ai l’impression que les joueurs sous-estiment la qualité de mes mains. Au showdown, je suis souvent devant, ou au pire en flip. Je bluffe moins que ce à quoi on peut s’attendre. Et puis, en début de partie, il y a de la place pour jouer, et pas mal de joueurs s’envoient un peu trop en l’air. »

Davidi Kitai
Une statistique qui impressionnante : ce soir, Davidi Kitai a disputé sa 27ème finale sur un tournoi au prix d'entrée de 5000$ ou plus. "Mais c'était seulement ma première perf sur un High-Roller turbo ! J'en ai disputé sept au total. J'ai tout fait sur ces tournois, y compris me faire sortir par Neymar [l'attaquant du FC Barcelone, NDLR] !"
Davidi Kitai
En plus de démontrer une fois de plus qu'il est bel et bien l'un des joueurs les plus difficiles à abattre sur les gros tournois, Davidi prend une bouffée d'air frais en faisant remonter le capital de confiance, après un début d'année jugée peu convaincant sur le circuit. "Maintenant, j'aimerais bien de nouveau monter un gros tapis sur un tournoi. Cela fait plusieurs deep runs de suite où je suis perpetuel short-stack, à batailler avec rien. J'ai envie de m'amuser avec de grosses piles !" Pourquoi pas dès demain, l'occasion du Day 2 du Main Event, pour lequel il s'est qualifié hier ?

Rail Français
Le rail français a apporté un soutien crucial

Benjo
Votre serviteur en train de se demander si la couleur bat la quinte ou si c'est l'inverse
Rail français
Showdown
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Macao
Macao

GG
Que dire de plus ? GG, Génie !

GG davidi :wink: