What a feeling !
Sylvain Loosli remporte le PLO Highroller du PSC Barcelone et 236 400 €
Au retour de cinq semaines décevantes à Las Vegas,
Sylvain Loosli a renoué avec la victoire de fort belle manière en remportant la plus grosse épreuve de Pot-Limit Omaha du PSC Barcelona. Deux ans après
son historique titre sur le Super High-Roller à 50 000 €, c'est de nouveau en terres catalanes que le November Nine atteint les sommets : au terme d'une table finale aussi relevée que rapide, il démontre une fois encore que le No-Limit Hold'em n'est pas son unique terrain de chasse. Au cours des dernières années, on avait déjà observé Sylvain décrocher de belles places sur des formats à quatre cartes à Deauville, Dublin et Monte Carlo : cette fois, son triomphe est total et indélibile.
Cette victoire est d'autant plus savoureuse qu'elle est survenue au beau milieu d'une période creuse pour le pro du Team Winamax, avec
un long grind infructeux sur les WSOP, et plus généralement une année 2017 pauvre en résultats probants sur le circuit live. La réponse de Sylvain face à ce sale run ? Du travail, rien que du travail. "
Vegas était horrible, mais j'ai continué à bosser mon jeu et mon mental. Et c'est tellement bon quand ça finit par payer ! Il faut savourer ce genre de moments." Avant d'ajouter, paraphrasant la célèbre chanson : "
What a feeling !"
On vous l'avait raconté un peu plus tôt dans la journée : après un début de journé rêvé (une grosse main d'entrée de jeu, des livraisons d'un joueur très "créatif"), Sylvain s'était sorti de la zone rouge à l'approche de l'argent, multipliant son tapis par dix en moins d'une heure, ce qui lui avait de franchir tranquillement la (très longue) bulle, qui éclata à 15 joueurs restants, puis d'entamer la table finale en position de co-chip leader derrière le portugais
Pedro Zagalo, excellent compétiteur (on l'avait vu remporter un PLO à 5000€ ici-même à Barcelone il y a deux ans) qui allait plus tard se dessiner comme son antagoniste principal.
"
Tout peut aller très vite en PLO, et j'ai bénéficié d'un petit setup, sur le coup où j'ai la quinte et les deux tirages couleur contre top-paire plus tirage ventral et couleur. Après, je n'ai pas pu trop profiter de la bulle, car à ce moment il y avait beaucoup de gros stacks, mais j'ai toujours eu un bon tapis." C'est à ce moment que nous devons porter crédit à l'excellente structure du tournoi : au moment d'entamer le dernier duel, Sylvain possédait encore beaucoup de jetons alors qu'il n'avait éliminé qu'un seul joueur au cours de la finale. "
Quand on est revenu du dîner, on était encore cinq : une demi-heure plus tard, on était deux ! J'ai franchi les paliers en détente.
Mais j'ai chatté un coup, aussi, quand j'élimine le joueur qui termine quatrième [
Norbert Szecsi],
avec As-Dame-Valet-4 double-suité, je lui craque les As. J'étais obligé de payer préflop, il n'avait pas un termine énorme, mais c'est un coup important, bien entendu."
Sylvain se retrouve donc en duel avec un Pedro Zagalo (photo) dont le "momentum" était resté intact tout au long de la finale. L'écart des tapis est donc marqué : 1,7 millions chez le français, contre 3,7 millions chez le portugais. "
C'est un peu mieux que du deux contre un en sa faveur, donc rien n'était vraiment joué." D'autant qu'à ce stade, Sylvain disposait de plus de 80BB pour jouer ! Sauf que le début du duel fut loin d'être idéal pour le Team Pro : "
Je trouve un brelan et j'envoie deux barrels, mais il trouve la couleur rivière.
Après, je lâche des jetons dans un pot 3-bet." L'écart est maintenant de 4 contre 1, mais la partie était loin d'être terminée. Plusieurs showdowns gagnants (deux brelans, notamment, dont l'un gagnant face à une tentative de bluff ratée) lui permirent de remonter la pente à vitesse grand V, et après une demi-heure de duel, il était temps de refaire les comptes. Le croupier fut formel : avec 2,788 millions chez Pedro et 2,763 millions chez Sylvain, les tapis des deux joueurs n'étaient séparés que par une grosse blinde.
Négociations en cours, sous la supervision du staff
Quoi de plus naturel pour ces deux joueurs aguerris que de demander la mise en pause de la partie afin de discuter d’un deal ? Les négociations n’ont pas duré plus de dix minutes, Sylvain et Pedro s’entendant pour laisser un buy-in sur la table en guise de carotte. En plus du trophée, bien sûr - un trophée XXL, de la même taille que ceux donnés aux vainqueurs du Main Event et du Super Highroller, cette épreuve de PLO ayant elle aussi droit au label « Championship ». L’affaire est entendue, les mains sont sérrées, et les papiers officiels signés : Pedro s’assurait 231,400, tandis que Sylvain sécurisait 226,400€, avec 10 000€ en jeu pour celui qui apparaitraît sur la photo finale. "Il voulait 5000€ supplémentaires par rapport à un deal 50/50, racontera Sylvain après coup, « et c’est vrai que dans le feu de l’action, je le considérais comme un poil meilleur que moi en PLO. Et puis, le fait que je sois au milieu d’un downswing a un peu pesé dans la balance. J’ai dit OK, j’avais envie d’assurer un peu ! Mais normalement, je ne suis pas censé accepter. »
Le double up le plus crucial, celui qui a ouvert la voie de la victoire à Sylvain
Une fois le bouton « play » de nouveau enclenché, Sylvain allait envoyer Pedro dans les cordes avec deux paires « Dame-Ouitre » (dédicace à Kitbul) trouvées sur le turn : muni de deux paires inférieures floppées, Pedro n’a pas su abandonner face à la relance à tapis de Sylvain sur le turn, le faisant chuter immédiatement à moins de trente blindes. Pedro allait parvenir à doubler une fois, mais ce duel était décidément à sens unique : après une nouvelle floppée de showdowns gagnants, Sylvain fut définitivement déclaré vainqueur à 22 heures.
Très vite, les premiers hommages fleurissaient sur Twitter, y compris de la part des plus facétieux de ses coéquipiers :
Presque 20 ans après son sacre en patinage aux JO de Nagano, @SylvainLoosli remporte un nouveau titre à barca, cette fois en pot limit omaha pic.twitter.com/xOHbycSyrs
— CALAMUSA Pierre (@LeVietF0u) 24 août 2017
La victoire en équipe
Mais sinon : quelles sont les grandes différences entre le jeu de tournoi en PLO et celui en No-Limit Hold’em ? « Dans les deux cas, la survie est importante », explique Sylvain. « Au cours du tournoi, j’ai remarqué que certains joueurs avaient un peu du mal à folder : le PLO est un jeu où l’on a un peu trop tendance à penser qu’on a les cotes pour payer des relances, alors qu’en regardant bien, ce n’est pas toujours mathématiquement correct. » Au final, le secret n’en est pas vraiment un : Sylvain est arrivé bien préparé sur ce tournoi, notamment sur la dernière ligne droite. « J’ai énormément joué en PLO en CG heads up, j’ai beaucoup regardé les vidéos de RunItOnce [le site de Phil Galfond]. En duel, j’ai mixé entre des limps et relances au bouton, en jouant plus ou moins tous les coups. » On en tirera peut-être la morale suivante : quand les cartes ne vous sourient pas en No-Limit, rien ne vous empêche de vous essayer à une autre variante !
Résultats - PLO Highroller 10 300 €
111 inscrits (re-entry inclus) - Dotation 1 076 700 €
Vainqueur :
Sylvain Loosli (France, Team Winamax) 236 400 € après deal
Runner-up :
Pedro Zagalo (Portugal) 231 400 € après deal
3e :
Shyngis Satubayev (Kazakhstan) 124 900 €
4e :
Norbert Szecsi (Hongrie) 101 300 €
5e :
Mandy Calara (USA) 81 300 €
6e :
Oliver Weis (Allemagne) €63,500 €
7e :
Jan Suchanek (Rép. Tchèque) 50 100 €
8e :
Eder Campana (Brésil) 38 200 €
C’est possible, de se prendre un tour de pénalité a posteriori pour « nonchalance sur une photo finish » ? On espère que non. Bravo Sylvain !