Comment se sent-on au moment de jouer une bulle à 35 barres ?
PS Players Championship (Day 3) - Blindes 4 000 - 8 000 Ante 8 000
L’un des grands moments de ce PSPC est en train de se jouer. Celui où des dizaines de Platinum Pass, jouant actuellement le tournoi de leur vie, se retrouvent aux portes de l’argent. Deux scénarios possibles : Ou tu es assuré de 35 100 $, une somme monstrueuse pour le commun des mortels, ou tu repars avec zéro. C’est le concept de la bulle, je ne vous apprends rien, mais les circonstances particulières dans lesquels se retrouvent ces amateurs renforcent encore la tension qui entoure ce moment fatidique.
Pour certains, c’est plus que toute leur bankroll, parfois même cent fois plus, parfois une année de salaire… Bref, la pression monétaire est réelle… Et les requins des Bahamas tentent évidemment d’en abuser. Un Platinum Pass short stack à la bulle d’un tel tournoi apparait comme une proie facile. Mais tout le monde ne réagit pas de la même manière.
« C’est tendu, confirme Quentin Krug-Basse, plus connu sur les réseaux pokerisitques sous le nom de FredyKruger. Le joueur démarre la journée avec un stack d’une vingtaine de blindes. Mais il n’a pas vraiment établi de stratégie. De toute façon, je ne connais pas les ranges de MTT, rappelle le spécialiste de Spins. Je vais y aller à l’instinct ».
Notre ami Cpiste a plutôt les bonnes intuitions. Tandis que je repasse à sa table dix minutes plus tard… Quentin a presque triplé ! « J’ai open KJ
au bouton, BB a défendu et c’est venu J
4
2
. Je c-bet il paie. Turn 4
, il lead small, ce qu’il doit faire assez souvent sur cette carte. River Q
, il mise encore, je paie et il montre A
5
, pour juste une gut-shot raté. Une orbite plus tard, j’open 10
10
au bouton, la SB shove pour 15BB, je paie, il a 5
5
, et ça tient ». Voilà comment négocier une bulle à 35 patates. Et pour le récompenser, il a le droit de jouer avec Davidi Kitai, qui remplace sa dernière victime en table 13.
Stéphane Jory connait lui aussi de belles émotions à l’approche de l’ITM. Parti avec 12 blindes, le Franco-Anglais a trouvé deux Dames en BB après un open shove d’un short UTG. Le Monsieur avec J10
, ça a tenu, et voilà l’amateur a près de 280 000. « Je me sens beaucoup mieux, s’enthousiasme celui qui remportait son ticket sur un freeeroll de 3 148 joueurs. J’avais regardé un peu les tableaux ce matin. J-10, je ne pense pas que c’était dedans. Il a trouvé un tirage ventral turn, mais ça a tenu ! ».
Adepte des tournois petits buy-in, ce passionné de longue date est tout simplement en passe de réaliser l’exploit pokeristique de sa vie. « Ca fait 25 ans que je fais du poker. Je viens d’une famille de joueurs de cartes, on faisait du poker fermé et des tas d’autres jeux. J’ai commencé sur Aol, American Online, je jouais en ligne dès 2002. Puis j’ai eu deux merveilleuses filles en 2004 et 2008. C’est là que le “FR” est arrivé, et que j’ai arrêté de jouer en ligne. Ca ne me plaisait pas de jouer dans une communauté fermée. Mon père est anglais, je me débrouille bien, et ça me plaisait de jouer contre des Néo-Zélandais, des Américains. Maintenant, je me fais des petits tournois Live de temps en temps. Je suis commercial dans le sud de la France, j’habite aujourd'hui du côté de Nimes, donc il m’arrive de faire quelques Lives 100 balles ou 200 balles ».
Après avoir éliminé son voisin de gauche, Stéphane voit arriver un certain Romain Lewis à sa table. « J’ai entendu que tu avais un père anglais ? Ca nous fait un bon point commun » commente Romain, qui prendra un petit coup gentil juste après à son voisin.
L’ambiance est beaucoup moins détendue chez Dan Taieb. Avec 11 blindes à 50 left, tension est palpable. Et le joueur est en effet dans un état de concentration ultime. « C’est un peu stressant » confirme le joueur. Habitué des hautes limites de Cash Game Online, Dan ne sent peut-être pas la même pression monétaire que les autres Platinum Pass, mais en revanche, difficile de s’adapter à la situation quand on a aucun repère : Le joueur vit tout simplement l’un de ses premiers tournois Live. « Ca serait mon premier ITM Live » rappelle Dan, qui vit une expérience neuve et totale.
Chez les non Platinum Pass, on n'aborde pas le moment crucial de la même manière. Demandez donc à Julien Pérouse, étonnant de sérénité, malgré un stack pas démentiel. « Je ne suis pas venu pour min-cash, pose directement le créateur de Step-up Poker. Après, la bulle vaut de l’argent, il faut stole un peu et choisir soigneusement et sagement ses spots. J’ai pu par exemple limp des mains qui auraient été parfois des folds. Ca dépend surtout des profils et des spots. Pour les Platinum Pass, il y a tellement d’EV à faire l’argent qu’il faut absolument passer la bulle. Avec 140 000, je ne suis pas tant en danger, mais le but n’est pas de passer avec 2 blindes. Il y en a qui peuvent craquer, qui sont stressés, il faut vraiment prendre son temps ».
Voyez la différence de discours. Sur les bords de sa table, Imad Moumen, lui, est presque sans voix. Le joueur vient de sauter au bout du premier niveau du jour. « Deux Dix contre As-Dame, il fait la dame tout de suite. Un flip à 35 000. Derrière, il me reste cinq blindes, Roi-Dame contre Valet-Dix, ça passe pas non plus ». Le coup de massue est terrible pour le vainqueur du Road to PSPC Paris. Chipleader du clan français au premier jour, Imad a fait les montagnes russes, se battant vaillamment sur le Day 2 pour remonter dans les hauteurs, avant d’entamer une nouvelle chute, sans pouvoir cette fois se rattraper.
Un Français de moins... Et une Team Pro Winamax. Shortstack depuis le début de journée, Leo Margets était tombée à deux blindes à l'entame du deuxième niveau. L'Espagnole croit en ses chances de retour après un triple-up, puis un double-up avec K-8 contre A-9 où elle trouvait le Roi River. Deux minutes plus tard, les jetons partent encore au milieu. AQ
pour Leo, deux Valets chez son voisin. 3 briques au flop, J
turn, l'A
river ne changera rien, Margets est éliminé de ce PSPC. Il reste donc Davidi, Mustapha et Romain pour défendre les couleurs du Team.
On termine avec une bonne nouvelle : Jade Kieu, vainqueur elle aussi à Paris l’année précédente, vient de trouver son double-up, avec deux Rois contre Q-J.