[ITW] WorkAndPlay, 800 000 € dans le métro
Il venait de se faire virer. Sur la route du retour, il a lancé un Expresso. Quelques minutes plus tard, sa journée avait soudainement pris une nouvelle tournure… L’intéressé nous raconte cette folle histoire.
Imaginez. Il est 7 heures du mat’, le 31 décembre. Après une dure nuit de labeur, on vient de vous annoncer que ce n’est pas la peine de revenir bosser le lendemain. Vous rentrez chez vous, tout penaud, avec un collègue. En métro, comme d’hab'. Pour passer le temps, et peut-être pour vous changer les idées, vous décidez de lancer quelques parties sur Winamax, depuis votre téléphone. Vous ouvrez vos tables de cash-game familières… Mais votre camarade vous suggère de tenter des Expresso. Pour une fois.
Sans trop savoir pourquoi, vous l’écoutez. Vous en gagnez un, puis deux. C'est votre arrêt : vous lui dites au revoir, et vous en jouez un dernier pour la route... Là, miracle : la table à 1 million apparaît. Cinq minutes plus tard, vous êtes plus riche de 800 000 €. Oui, vous venez de remporter un Expresso Million.
Cette incroyable histoire, dont vous avez peut-être eu vent dans des médias généralistes ces derniers temps, c’est celle de WorkAndPlay. Et ce conte de fées, il vous le raconte, dans une interview pleine de reconnaissance.
Commençons par le début de cette affaire, au petit matin. Tu n’étais pas forcément dans les meilleures dispositions au moment de jouer cet Expresso…
Je sortais du boulot car je pratique un travail de nuit. J’étais avec un collègue de travail. On prenait la même ligne de métro et il me voyait jouer en cash game sur Winamax. Il me dit : “Pourquoi n’essaierais-tu pas quelques petits Expresso ?”. Donc je l’écoute, j’en lance un à 5 €, je gagne 10 €. Puis un second à 10 € et je gagne 20 €. J’abandonne mon collègue, je descends à la gare Saint-Lazare. Je suis encore sur le quai, j’en lance un troisième à 5 €... et je tombe sur cet Expresso Million !
Quelle est ta réaction ?
Je me dis que ce n’est pas possible. En fait, je suis resté bloqué dans ma tête et sur l'écran pendant facilement trente secondes ou une minute. Et puis j'ai réalisé que c'était bien réel. Alors j’ai essayé de m’isoler de la foule, de me planquer dans un coin discret parce que j'avais le cœur qui battait à 200 à l’heure. J’étais stressé, j’avais peur de perdre la connexion. Je me suis mis dans une bulle, en essayant de faire abstraction de tout ce qui m'entourait et de jouer le mieux possible pour remporter cet Expresso.
Tu commences plutôt bien la partie. On a l’impression que tu n’as pas peur de l’enjeu…
Quand je suis rentré dans la partie, je suis vraiment passé en mode compétiteur. Dès le début, j'ai senti que mes adversaires étaient fébriles. Moi, j'étais dans ma bulle, je voulais absolument gagner. C'est pour ça que j'ai mis énormément d'agression rapidement. Bon, j’ai regardé le replay après et il y a des sizings où je trouve que j'ai exagéré. Mais sur le moment, j'en ai profité parce que je les ai sentis faibles. En fait, je n'ai pas eu peur de poser les jetons au milieu, car de base, je suis un joueur de cash game. Parfois, j'en mets un peu partout, mais c'est un peu mon tempérament. Cela m'a servi, donc tant mieux. De toute façon, il faut de la réussite.
Puis arrive la dernière main, sur laquelle tu te retrouves mal embarqué…
Sur la dernière main, je fais tapis avec 62
, et on me paye avec 5
4
. Il fait le 4 au flop, et à ce moment je pense avoir perdu le coup. Bon, je me dis aussi que ce n’est pas grave, car je suis chipleader, et que la partie n’est pas finie. En gros, je me retrouve à peu près à égalité avec mon adversaire si je perds. Et à la river il n’y a plus que le 6 qui me sauve…
Comment tu réagis quand tu réalises que tu viens de toucher la carte magique ?
Après avoir gagné, j'ai pleuré plusieurs fois. J'ai remercié la vie, l'univers. J'ai remercié toutes les personnes que j'ai aimées tendrement et qui m'ont quitté. J'ai remercié tellement de gens, en fait. Quand ça nous tombe dessus, on n'a qu'une envie, c'est de remercier la vie, tout ce qui nous entoure parce que la vie, elle est certes dure, mais elle est belle et elle mérite qu'on se batte pour elle. Prendre un taxi ? Non, je suis rentré, je n'ai pas changé mes habitudes, je suis rentré en métro comme d'habitude avec ma petite marche d'une demi-heure à pied.
On pourrait imaginer que tu l’as tout de suite annoncé à tes proches en rentrant chez toi ?
Non, non. Il y a très peu de personnes qui sont au courant. Je suis quelqu'un de très discret. Et pour vivre heureux, vivons cachés. J'ai juste dit que j'avais gagné un petit tournoi de poker… D’ailleurs, pour le réveillon, j'ai fait une soirée en famille, tranquille et conviviale. Je n'ai pas fait de folie.
Si tu n’avais pas gagné, tu l’aurais pris comment ?
Je ne m'y attendais pas. Donc, quoi qu'il se serait passé, cette journée, pour moi, elle restera magique et lunaire. Je ne pensais pas tomber sur un Expresso Million en plein métro, en sortant du boulot. Et encore moins le gagner ! Quand on a la chance de tomber sur une table comme ça, on ne peut qu'être content.
Ce gain de 800 000 €, il change quoi pour toi ?
Je n'ai pas de mots. Ça change ma vie. L'année 2024 a été très compliquée. Au final, je vais me retrouver sur l'année 2025 avec beaucoup moins de questions. Mentalement, ça va beaucoup mieux. Je n'ai pas de mots pour remercier Winamax, parce que sans vous, je n'en serais pas là aujourd'hui. Il ne faut pas l'oublier.
Tu es un habitué de notre pokerroom ?
C'est la room numéro un pour moi. Les Space KO, je trouve ça sympa aussi. Le concept est vachement original, c'est une belle initiative.
“C'est une grosse somme, mais ça peut partir très vite. C'est beaucoup et très peu à la fois.”
Tu vas faire quoi de ton argent ?
Je compte utiliser cet argent dans des biens actifs ou passifs, le sécuriser. Je préfère l'investir dans de la pierre ou dans des choses qui sont concrètes, où je ne perdrai pas d'argent sur le long terme. Pour la suite, je suis en train de réfléchir, mais soit faire du locatif, soit de l'achat/ventes. Tout va tourner autour de l'immobilier. Et puis après, peut-être essayer de me diversifier aussi dans les assurances-vie. Je ne suis pas pressé, je vais essayer de prendre le temps de bien analyser la situation et de faire les choses step by step. Je ne vais pas m'affoler, je préfère faire les choses intelligemment : c'est une grosse somme, mais ça peut partir très vite. Je suis quelqu'un d'assez simple de base et ce n'est pas cette somme-là qui me fera changer, j'ai quand même les pieds sur terre.
Tu n'as pas prévu de t’offrir de beaux tournois de poker par exemple ?
J’aurai peut-être ce genre de choses en tête, mais ma priorité va être d'acheter une résidence principale, et de reprendre une activité. Je veux retrouver un travail rapidement. Une fois que je me serai remis en place financièrement et que j'aurai mon appartement, je pourrai réfléchir à cela. Et je ne vais pas aller sur un WSOP à 1 000 ou 10 000 $ dès demain alors que je n'ai pas les connaissances techniques.
Vois-tu cet événement comme un signe du destin ?
Il y a une phrase philosophique que j'aime bien qui dit qu'il faut savoir absorber la pluie pour pouvoir profiter du soleil. J'ai tellement enduré de choses compliquées ces derniers temps, ces dernières années, émotionnellement, financièrement, que je pense que c'est un petit coup de pouce du destin. Je pense qu'il n'y a rien d'anodin dans la vie. C'est mon point de vue, on a tous des visions différentes. Mais au fond de moi, malgré les difficultés que j'ai vécues, j'ai toujours eu une bonne étoile au-dessus de ma tête. Il faut juste croire en ses rêves, rien n’est impossible. On a tous des capacités en nous, concernant chaque être humain. En fait, si on a un rêve, il faut s'écouter soi-même, il ne faut pas écouter les gens qui vont dire : "Il ne faut pas croire, il ne faut pas faire ci, il ne faut pas faire ça, tu ne vas pas y arriver." Quand j'ai envie de faire quelque chose, je le fais. Il faut écouter son cœur et son instinct.
Avant ce 31 décembre, peux-tu nous raconter ton parcours de joueur de poker ?
J’ai 40 ans aujourd’hui, et j’ai commencé le poker dans les années 2000/2005, dans un club de poker parisien, situé rue de la Pompe. C’était une association, il y avait Valentin Messina à l'époque. Cela fait donc 15-20 ans que je joue, mais en fait, je jouais sans jouer. C'est-à-dire qu'avec le boulot, je n'ai jamais vraiment eu le temps de m’y mettre à fond, de bosser le jeu. C'était vraiment en mode détente et loisir. Au final, je ne suis pas resté longtemps dans ce club, puis j’ai totalement arrêté de jouer car je n’avais pas le temps de penser au poker : je m'étais concentré sur le travail parce qu'il faut bien se nourrir. C'est juste que ce n'était pas le moment pour moi. J'avais d'autres priorités.
Tu n'a jamais vraiment eu de bankroll solide ?
Non, jusqu'à présent, toutes les parties de poker que je faisais, c'était en mode décompression, en sortant du boulot. Donc, je n'ai jamais déposé de grosses sommes. Quand j'ai joué cet Expresso, je ne me rappelle plus exactement combien il me restait de sous sur mon compte Winamax, mais je n'avais pas grand-chose.
"Mon but c'est d'essayer de vivre du poker. [...] Cela a toujours été un rêve"
Est-ce que ce gain peut justement être l’occasion pour toi de tenter enfin l'aventure du poker professionnel ?
Je vais peut-être me consacrer un peu plus au poker, pourquoi pas cette année ou l'année prochaine. Je vais faire les choses étape par étape, mais mon but c'est d'essayer de vivre du poker et je compte bien me former et essayer de passer les étapes, et pourquoi pas compter une petite année à fond dans le poker. Cela a toujours été un rêve et moi qui crois en mes rêves, je sais qu'à l'heure actuelle, ce n'est pas encore le moment parce que j'ai besoin de poser des bases solides, des fondations. J'ai vraiment envie de faire les choses bien. En fait, je ne suis pas pressé, ça prendra le temps qu'il faudra. Cette fois, j'aurai une vraie gestion de bankroll. Si ça marche, tant mieux, et si ça ne marche pas, ce n'est pas grave. De toute façon, c'est dans l'échec qu'on apprend et l'échec, ça nous permet de grandir, de mûrir, de prendre des bonnes décisions, de se remettre en question. Je suis quelqu'un qui marche beaucoup au feeling. Mon instinct a toujours été là pour me protéger et pour me guider vers des bonnes choses. Et le poker, je ne compte pas lâcher, ça m'importe tellement. C'est un jeu que j'adore. Je me vois là-dedans, alors je me dis pourquoi pas.
Avant d’envisager le futur, c'était quoi ton activité de joueur ces dernières années ?
Quand je sortais du boulot, je lançais des petits Expresso ou des petites séances de cash game. C'est tout. J'avais un temps de jeu limité. Généralement, je jouais en Escape sur Winamax. J'aime bien parce qu'on peut passer de main en main, on ne s’ennuie pas. Et j’ai beaucoup de mal avec le multitabling. Je préfère me concentrer sur une table ou deux. Actuellement, je joue sur un tout petit écran qui ne fait même pas 15 pouces, ou sur mon téléphone.
Tu te décrirais comment, en tant que joueur de poker ?
J'ai des bases, mais il y a plein de connaissances techniques qui me manquent. Ça, j'en suis conscient parce que pour les avoir, il faut bosser le jeu. Mais je n'ai jamais travaillé et j'ai toujours pris le poker à la cool. Et là, je ne suis pas posé chez moi comme il faut. Je ne suis pas tout seul dans ma bulle, et je n'ai pas envie de m'investir dans quelque chose si je ne suis pas dans la bonne énergie, dans le bon appartement. Je ne veux plus faire d'erreurs ou prendre des décisions à la va-vite. Pour se lever le matin, il faut reprendre le sport, il faut bien manger [WorkAndPlay est un ancien sportif de haut niveau, NDLR]. Parce que pour jouer son meilleur poker, il faut avoir un mental. Le plus gros combat, il est là. Tout le monde peut acquérir les connaissances techniques avec un peu d'apprentissage. Et ce mental-là, on l'a en ayant une hygiène de vie de sportif.
Tu joues aussi en live ?
En fait, je suis davantage un joueur de live, j'y suis plus performant. J'analyse davantage les personnes que les cartes. Je suis assez spirituel, alors je suis dans l'observation de l'humain, la gestuelle, la manière de parler, le comportement. Je suis allé jouer en cash-game au Maroc et au Canada par exemple.
As-tu déjà eu l’occasion de jouer des tournois payants en live ?
Les tournois, c'est le concept qui m'attire et qui me plaît le plus. Mais c’est celui que je maîtrise le moins. Parce que ça demande vraiment beaucoup de choses, et je m’adapte plus facilement à des fields de cash-game. Là, je suis en train d'apprendre un peu la manière de jouer des tournois et c'est totalement différent selon le nombre de blindes qu’on possède. Il y a beaucoup plus de paramètres à prendre en considération qu’en cash game. Ça demande une patience mentale et une énergie considérable, car les parties sont beaucoup plus longues. Mais je compte m'améliorer.
“Même un joueur qui a très peu de connaissances peut gagner une partie à un million”
Tu me parlais de Valentin Messina, qui a été Champion de France et runner-up EPT. Est-ce que son parcours t'inspire ?
C'est vrai que rencontrer des personnes comme Valentin, qui est super humble, ça fait rêver. Je pense qu’il y a énormément de similitudes entre la vie réelle et le poker. Dans la vie, on n'a rien sans rien. Et si je veux réussir dans le poker, il va falloir que je travaille d'arrache-pied, mais je n’ai pas peur.
Tu suis le poker depuis longtemps... Y-a-t-il des stars qui te font rêver ?
L'un de mes joueurs préférés, c'est Alexandre Réard. Il a un mental et un mindset... Il est très très bon, c'est un exemple. Au sein du Team Winamax, si je devais en citer un, ce serait Julien Sitbon. Une très belle personne humainement, que j'ai eu la chance de côtoyer. Il dégage de bonnes valeurs.
Tu dresses aussi un parallèle entre la vie et le poker.
Il y a énormément de similitudes entre les deux. Quand tu perds des êtres chers, ça te met des claques dans la gueule. Ce sont des moments compliqués, mais qui permettent de t'endurcir. Dans le poker aussi, si tu arrives à absorber la pluie, tu vas réussir à gérer les moments compliqués. C'est ça que je kiffe dans ce jeu.
C’est quoi la leçon principale que tu tires de cette histoire ?
Je suis un grand rêveur et je pense qu'il faut rêver, c'est ce qui est beau dans la vie. C’est super important de rêver parce que cela nous permet d'avancer, de nous battre dans des moments compliqués. Si ça m’est arrivé à moi, ça peut arriver à d'autres. Il faut croire, il faut essayer, il faut provoquer la chance. S'il y a eu 42 jackpots à 1 million qui sont tombés sur Wina en 2024, c'est qu'il y a des possibilités de tomber dessus. 2 €, c’est un café. Il y en a qui font énormément de volume, moi, je n'ai lancé que trois Expresso ce jour-là. Ce qui est magnifique dans le poker, c'est que tout le monde peut y arriver, même quelqu'un qui a très peu de connaissances peut s'en sortir et gagner une partie à un million. Au final, il n'y a pas de règle. Tout le monde peut avoir sa chance.
Propos recueillis par Rootsah
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