Interview de Nicolas Puydebois

Interview de Nicolas Puydebois

Nicolas Puydebois a connu le grand Olympique Lyonnais. Avec son expérience, l’ancien gardien de but tente d’analyser la saison 2016/2017 du club.

Troisième et deuxième gardien de l’Olympique Lyonnais au début de la grande période du club, Nicolas Puydebois est aujourd’hui consultant sur « Olympique et Lyonnais ! » et conseiller en gestion de patrimoine. De Coupet à Aulas, tout le monde y passe.

Ton papa était gardien de but. Est-ce qu’il t’a poussé à t’intéresser à ce poste ou était-ce naturel ?

Je voulais faire comme lui ! Ce qui était drôle surtout, c’est qu’il ne souhaitait pas que je devienne gardien. Quand il m’emmenait aux premiers entrainements, il me surveillait pour m’empêcher de lever la main quand le coach demandait un joueur à mettre dans les cages. Dès qu’il avait le dos tourné, j’en profitais pour lui désobéir. Je ne sais pas vraiment ce qui m’attirait dans ce rôle, d’autant plus que cela reste un poste ingrat. J’estime malgré tout que c’est le poste le plus complet et qui demande un état d’esprit particulier.

T’es-tu trouvé tout de suite doué pour occuper ce poste ?

Alors là, pas du tout (rires). Il faut savoir que je suis rentré à l’Olympique Lyonnais à l’âge de huit ans et il y avait déjà un esprit de compétition. C’est un club élitiste qui fait un bilan à chaque fin d’année pour savoir si tu restes pour la saison qui suit. Je pense être passé limite à chaque fois. J’ai réellement franchi un cap à partir des moins de 17 ans où j’ai changé de dimension dans mon jeu. L’objectif initial était d’atteindre les moins de 15 ans pour avoir un bon niveau et m’en sortir en CFA ou en DH. Ensuite, je me suis pris au jeu… De toute façon, j’étais conscient que je n’avais pas de grandes qualités intrinsèques pour m’imposer au haut niveau.

Quand on fait toutes ses classes à l’OL et qu’on ne finit pas titulaire au club, est-ce une déception ?

Franchement non. Je suis arrivé à un moment où il y avait Grégory Coupet devant moi. Ce serait manquer de lucidité que de dire que j’aurais mérité une place de titulaire. À l’époque, je savais qu’ils prendraient le meilleur gardien possible si Greg était amené à partir. Et puis les jeunes n’avaient pas autant de place dans le groupe qu’aujourd’hui. On était quelques-uns à vivre avec les professionnels mais aucun n’avait les clés de l’équipe. Tout se passait bien, la hiérarchie était bien établie. On avait l’objectif de se faire progresser les uns les autres avec Joël Bats, Greg et Vercoutre. On était fiers de faire partie de l’élite du football français.

Justement, peux-tu nous raconter l’Olympique Lyonnais du début des années 2000 ?

J’étais dans le groupe dès la saison 2000-2001 et j’ai connu les cinq premiers titres. On était dans la continuité puisqu’on avait terminé troisième et deuxième à plusieurs reprises lors des années précédentes. C’était la logique de nous voir à cette place après les efforts consentis par les joueurs et la très bonne gestion du club. C’était un groupe génial, on s’entendait quasiment tous bien, sur et en dehors du terrain. Bien sûr, il y avait des petits accrochages comme celui entre Greg et Vikash (Dhorasoo) mais c’est normal. Ce qui était important, c’est que tout le monde mettait son égo de côté sur le terrain, tous tournés vers un même objectif.

Quel grand moment retiens-tu de ces trois saisons passées au club en professionnel ?

Le premier titre à Gerland contre Lens ! J’étais troisième gardien à cette époque donc j’ai suivi la rencontre dans la tribune. J’avais la chance d’être supporter et également partie prenante puisque j’avais préparé le match avec le groupe. Au coup de sifflet final, rentrer sur la pelouse pour monter sur l’estrade, c’était fort et particulier !

Récemment, tu as eu un accrochage avec Jean-Michel Aulas qui n’avait pas apprécié tes critiques sur le club. Avec le recul, comment analyses-tu cet échange ?

Il est dans son rôle de président qui consiste à défendre l’institution. Par contre, dénigrer un joueur qu’on a fait signer, c’est aussi remettre en question ce qui s’est passé durant la grande période. Après réflexion, je pense que c’était aussi pour détourner l’attention après la défaite dans le derby. J’étais là au mauvais endroit au moment moment. Pendant deux jours, c’était vraiment compliqué puisqu’il y a eu un petit emballement médiatique. Dans mon rôle de consultant, j’aspire à être tranquille, à ne pas chercher le conflit mais à être le plus juste possible. Je pense qu’il s’est trompé dans sa façon de communiquer.

Aujourd’hui, l’OL est dépassé en championnat mais peut viser une coupe d’Europe. Comment peut-on expliquer la saison du club ?

C’est difficile à analyser. Il n’y a pas de cohérence dans la performance, pas de vérité d’un match à un autre. Si le club avait mis les mêmes ingrédients en championnat et en coupe d’Europe, il serait bien plus haut. Il y a parfois un côté suffisant, comme si les joueurs ne brillaient que dans les grosses affiches. Ils ont du mal à se transcender naturellement. Avec une meilleure attitude, l’OL aurait pu faire une grande saison. Tu n’es pas en demi-finale d’Europa League par hasard… C’est qu’il y a de la qualité.

Peux-tu nous donner un pronostic sur Ajax - OL ?

Je pense que ce sera difficile mais je vois bien une victoire 2-1 de l’OL (la cote est @9).

Session one-shot Olympique Lyonnais

Le joueur le plus professionnel ?

Grégory Coupet. C’était un travailleur de l’ombre. Il donnait tout pour son métier sur tous les plans. C’était le premier à répondre aux sollicitations des supporters. On est toujours en contact. Le monde professionnel ne me manque pas forcément mais travailler avec lui serait un grand plaisir.

Le joueur le plus râleur ?

« Djila » Diarra. Sur le terrain, auprès de l’arbitre et même dans les petits jeux à l’entrainement !

Le joueur le plus doué techniquement ?

Hatem Ben Arfa. Sur deux mètres carrés, tu ne lui prends pas le ballon.

Ton modèle étant plus jeune ?

J’aimais bien Joël Bats et Jean-Luc Ettori.

C’était comment Juninho à l’entraînement ?

C’était dur (rires). On restait souvent pour faire des coups francs avec lui. J’avais deux bourreaux pendant ma période au club : lui et Sonny Anderson. Tu progresses mais tu rentres démoralisé après les entrainements.