Prêté par Caen au Cercle Bruges, Manu Imorou retrouve le plaisir de fouler régulièrement les pelouses. Il nous parle de sa nouvelle vie et de ses dribbles destructeurs.
Alors, c'est comment la vie en Belgique une fois ?
Les premiers jours, c'est bizarre. Je suis parti un peu à l'arrache puisque j'ai su que je signais le 30 août. J'ai pris mes affaires à la va-vite, sans savoir vraiment à quoi m'attendre. Forcément, il y avait un peu d'appréhension. On se demande où on met les pieds. Et franchement aujourd'hui, je suis agréablement surpris. Les installations sont bien, l'équipe est cool et l'organisation est très professionnelle. C'est comme un club de Ligue 1. À ce niveau, je suis content. Après, il y a forcément un temps d'adaptation, notamment par rapport à ma femme et mes enfants. Tout ça rentre petit à petit dans l'ordre.
Le 30 août, tu postes une photo avec Da Silva et le commentaire « Se queda ». Finalement, c'est toi qui te tires. Est-ce que tu avais compris le concept ?
Non, il y a eu une incompréhension ! Je ne le faisais pas dans le sens de Piqué, pour une fois j'étais totalement premier degré. Je savais que Damien allait rester et je l'ai tweeté, ce n'est pas plus compliqué que ça. Par contre, pour mon cas personnel, j'étais sûr de partir à ce moment-là. J'ai eu des touches avec Lens et Auxerre au début du mercato mais j'ai préféré attendre dans un premier temps. J'espérais surtout rester en Ligue 1 pour te dire la vérité. Au vu de ma bonne préparation avec Caen, le coach m'a dit que je commençais la saison en tant que doublure de Vincent (Bessat). Au bout de quelques matchs, je me rends compte que je n'ai même pas ce rôle et je me suis alors décidé à bouger.
Tu es invaincu au Parc des Princes (deux matchs nuls avec Caen). As-tu senti le soulagement du PSG à l'annonce de ton départ ?
Bien sûr. Quand Neymar a signé, il m'a immédiatement envoyé un texto pour me demander de dégager du championnat. Et pour finir de me convaincre, Paris m'a envoyé des abonnements à l'année au stade, du coup c'est cool (rires). Mais c'est vrai que j'ai toujours eu des bons souvenirs au Parc. Notamment le match lors de l'ultime journée la saison dernière, on arrache la maintien au pied du mur. C'était fort !
Comment as-tu géré cette préparation d'avant-saison avec un départ le dernier jour du mercato ?
Je ne l'ai pas du tout mal vécu même s'il y a eu beaucoup d'incertitudes. J'avais envie de partir mais je me suis toujours préparé en me disant que je pouvais rester. Mentalement, je n'ai jamais décroché et je suis content de ce que j'ai fait durant la préparation. Ce qui m'a surtout manqué, c'est l'enchaînement des matchs en arrivant ici. Forcément, c'était un peu compliqué au début.
Profites-tu du fait que les matchs ne soient pas diffusés pour nous faire croire que tu réussis des dribbles à la Neymar sur ton côté ?
Alors déjà, les matchs sont diffusés. Tu peux les trouver en streaming ! Et sur le geste auquel tu fais référence, j'ai eu un peu de chance que le mec du club soit en bord de terrain parce qu'on ne voyait pas bien avec la caméra du stade. En plus, ce qui n'est pas dans la vidéo, c'est que je lui mets un autre petit pont juste avant. Je me suis dit : on me voit moins maintenant donc il faut que montre l'étendue de ma palette. Pour FIFA c'est bien, il ne faut pas que ma note descende trop.
Es-tu sûr d'être un défenseur gauche et pas un ailier ?
J'ai commencé milieu gauche mais dos au but, je suis vraiment nul. Après, dans la profondeur, pour centrer, rentrer intérieur, je peux me débrouiller. À Châteauroux, c'était le poste que j'occupais et au fur et à mesure des années, je suis redescendu. C'est en latéral que je me sens le mieux.
C’est ta deuxième expérience à l’étranger. Lors de la première à Braga, tu avais rencontré Leonardo Jardim. Quel souvenir en gardes-tu ?
Ce qui m’a marqué, c’est que le premier jour d’entraînement, on a fait un footing de quinze minutes, un toro et du jeu le reste du temps. On est passé très rapidement au ballon. Chaque échauffement commençait comme ça et je n’ai jamais eu de séance purement physique. Je ne sais pas la situation à Monaco mais c’est vraiment génial pour tous les joueurs de foot. En France, on m’avait toujours dit de ne pas trop monter mais au Portugal, c’était tout le contraire. Et puis la qualité de vie était géniale. J’aurais aimé rester mais une blessure a ralenti mon intégration et c’était dur de réclamer du temps de jeu à mon retour puisque l’équipe tournait très bien. Après le départ du coach, ils m’ont fait comprendre qu’il fallait que je me casse et je ne me voyais pas perdre du temps à 23 ans.
Caen est aujourd’hui à la lutte avec l’OL pour les places européennes. Selon toi, quel club sortira vainqueur de cette bataille ?
J’espère que ce sera Caen ! Vu son effectif, l’OL ne peut pas se permettre de finir derrière Caen (sauf si Caen finit deuxième). Sur la longueur, il ne devrait pas y avoir débat. Même si je trouve que Caen a fait un bon recrutement, tout en gardant la même ossature. L’arrivée d’Aït Bennasser fait un bien fou parce qu’il est propre techniquement. Associé à Féret, c’est très complémentaire. Sur les dernières années, on avait du mal à garder le ballon donc c’est positif. La paire de centraux est solide et on sait que Santini est capable de planter 15 buts. Si la dynamique reste bonne, ils peuvent finir dans les dix premiers.
Si tu devais faire un onze type de joueurs…
Au goal, Gounet, gardien de Quevilly, témoin de mariage et ami d’enfance. Derrière, Imorou, Da Silva, Adeoti et Appiah. On était tout le temps ensemble, Vercoutre nous surnommait « Les quatre fantastiques ». On avait joué avec cette défense lors de la victoire 3-0 contre Lyon en 2015. En six, je mets Kashi qui joue à Charlton. En huit, Lemar et Kanté. Ai-je vraiment besoin de me justifier ? Sur le côté gauche, je positionne Alessandrini. Côté droit, Romain Grange. On a été formés ensemble, il a été l’un de mes témoins de mariage, j’ai été l’un des siens… Il aurait dû faire carrière en Ligue 1 ! Et devant Griezmann. Je n’ai jamais joué avec lui mais je l’avais rencontré en vacances il y a deux ans, on avait fait quelques soirées ensemble.
Session one-shot « À quoi tu penses… »
Au réveil ?
« Je suis fatigué, il faut que je me recouche. »
Quand tu marques contre Ajaccio en Ligue 1 ?
« Is this shit real ? »
Avant de rentrer sur les terrains ?
J’aimerais faire le mec à dire : « Ouais je pense à ma femme, mes enfants » mais ce n’est pas vrai. Je pense à rien de particulier et je ne suis pas superstitieux.
Après une défaite sur FIFA ?
Je te répondrais quand j’aurai perdu mon premier match sur FIFA.
Quand tu vois Thomas Lemar sur son côté ?
Je me dis « Waouh, j’ai joué avec lui ! ». Déjà à l’entraînement, il était exceptionnel. Aujourd’hui, je me dis que ça aurait été génial d’évoluer à ses côtés au summum de sa forme. Je suis content pour lui en tout cas, il mérite tout ce qui lui arrive. Par contre, j’ai pleuré du sang quand Brahimi l’a récemment fait tomber sur un dribble.
Quand tu fais un tour dans ta collection de maillots ?
Je suis content, je me dis que je pars de loin. Je ne pensais jamais être professionnel et je suis fier de ce que j’ai fait. Je dois avoir 64 maillots… Ceux de Pastore et Verratti sont pas mal. J’ai ceux de mes potes aussi, notamment le maillot Los Angeles d’Alessandrini.
Quand Booba démarre un couplet ?
Je me dis qu’il est chaud. Sur certains sons, tu sens qu’il gère et qu’il en a sous la pédale un peu comme Neymar. Sur d’autres, il te rappelle qu’il est le meilleur.
Pour ton après-carrière ?
Je pense à plein de trucs. Forcément, il y aurait le kiff de travailler pour un club de foot. Pour l’instant, c’est très vague mais intégrer le staff communication me plairait. En tout cas, çe me parle. Après, le top, ce serait aussi de faire de la télé ou de la radio mais cela dépend des opportunités.