EPT Prague 2016 par PokerStars - Main Event - 4

Peyroles rentre au stand

L'unique amateur restant dans le clan Français est le premier à s'incliner en ce Day 4. Logique, somme toute : Arnaud Peyroles possédait l'un des plus petits tapis sur la ligne de départ. L'ancien pilote de course a trouvé trois occasions d'envoyer son tapis préflop durant la première heure de jeu : s'il a été respecté les deux premières fois, son As-Dame poussé pour 18BB en milieu de parole a rencontré les Dames de petite blinde. Les cinq cartes du board sont autant de briques pour former un mur que se mange Arnaud, le forçant à sortir de la piste en 63ème place.

Arnaud remporte 17,200 euros pour ses efforts, dont une bonne partie seront directement réinvestis dans le High-Roller à 10,000€ qui s'annonce énorme avec plusieurs centaines de joueurs au départ. L'épreuve durera trois jours et rassemblera pas mal de pros du Team : on vous en reparle très vite.

Démarrage en douceur

Les croupiers (dont Laure, en photo ci-dessus, par ailleurs sosie officiel de l'actrice Susan Sarandon sur le circuit EPT) ont été somme toute cléments avec les joueurs du Main Event durant le premier niveau de 90 minutes du Day 4 : seulement dix éliminations sont à déplorer pour le moment, portant le total de joueurs restants à 55. Comme on vient de vous le raconter, l'amateur Arnaud Peyroles fait partie du lot, laissant à quatre pros Frenchies connus et reconnus la tâche d'aller chercher le dernier titre EPT de l'histoire.

Fabrice Soulier s'est chargé de l'une de ces éliminations en table TV, payant de BB le tapis de 120,000 d'un joueur poussant au bouton. Avec son As-Valet, Fabsoul n'a fait qu'une bouchée de 8, et a par la suite gagné quelques petits coups. Résultat des courses : son tapis a progressé de 529,000 à 820,000. Very well.

Peu d’action à vous raconter du côté des trois autres Français. Yohan Guilbert et Paul-François Tedeschi se battent, mais ont perdu des jetons : avec 260,000 et 203,000, respectivement avec des blindes passant à 8000/16,000, ils entrent dans la zone short-stack. Les deux partagent la même table en compagnie de Benjamin Pollak, qui a profité de la dernière main avant la pause pour tenter un 3-bet préflop. Son adversaire abandonne après un instant de réflexion et Ben lui montre une seule de ses cartes : la Q.

Concernant le programme du jour : les organisateurs ont annoncé que le Day 4 s'arrêterait une fois qu'il ne restera plus que 16 joueurs… Ou, à défaut, au terme de cinq niveaux de 90 minutes. Quoi qu'il arrive, la journée ne se poursuivra donc pas au delà de 21 heures.

Tableau de bord
55 joueurs restants (sur 1 192 au départ)
Prix mini 17 200€
Blindes 6 000/12 000 ante 2 000
Tapis moyen 650 000

Yoh vrilla

Au bouton, un joueur Polonais du nom de Mikolaj Zawadzki annonce tapis, pour 146,000 au total (9BB). Comme le veut désormais la tradition sur les gros tournois, la croupière jette un triange rouge marqué "ALL IN" dans sa direction, histoire que personne à table ne se méprenne sur sa décision.

Son voisin de gauche, le très bavard Martin Kabrhel, parlemente un peu, avant de déclarer « alors moi aussi, je fais tapis ! » depuis la petite blinde. Pendant que Yohan Guilbert commence à gigoter sur sa chaise de grosse blinde, la croupière ne semble pas enregistrer l’info.

Yohan poursuit sa réflexion, et au bout d’un moment, Kabrhel finit par faire remarquer à la croupière qu’elle pourrait utiliser le second triangle « ALL IN ». Celle-ci réalise enfin que Kabrhel est à tapis, et s’éxecute.

Kabhrel continue son bavardage, cette fois-ci en direction de Yoh Viral : « Tu as vu ? La croupière n’a plus de bouton « ALL IN », donc tu ne peux pas faire tapis ! »

Mais après avoir réfléchi quelques secondes de plus, Yoh imite ses deux adversaires, et fait lui aussi tapis, pour 250,000 environ (15BB).

Les jeux sont retournés :

As-Valet pour Zawadzki
As-Valet aussi pour Kabrhel, qui couvre ses deux adversaires et lâche un sarcastique « good call, very good call ! » en voyant le
As-9 du Français.

Le flop tombe Roi-9-7 : Yohan est sauvé ! Sauf que… Le turn est un Roi, et la rivière un Valet, replaçant les meilleures mains de départ en tête : Yohan Guilbert est éliminé, et son tapis partagé entre les deux autres.

"Pas de chance, vraiment", poursuit Kabrhel, décidément pas là pour se faire des amis. "Allez, il ne reste plus beaucoup de Français à éliminer... S'ils continuent de jouer comme ça, ça devrait aller. Bon, Benjamin [Pollak] n'aurait pas payé, n'est-ce pas ?"

Tandis que Yohan est déjà parti collecter son reçu (17,200 euros de gains), Kabrhel poursuit son travail de chambrage, rigolant avec Zawadzki du call du Français… Mais pour s’enerver aussi tôt en voyant un autre Français, son voisin de droite Paul-François Tedeschi se permettre de toucher son porte-bonheur, un rhinocéros miniature en plastique. Il se plaint immédiatement à la maîtresse : « Hé ! Il n’a pas le droit de faire ça ! Arrêtez le ! »

De vrais gamins.

Les chances de doublé se réduisent à peau de chagrin

Maxim Lykov (photo) a perdu un gros flip (88 contre As-10) mettant fin à son parcours en 53e place.

Le champion de Kiev (2009) laisse donc seul l’italien Salvatore Bonavena pour porter le flambeau des anciens vainqueurs EPT. Si vous m’aviez demandé mon avis, je n’aurais pas misé cher sur le fait que l’amateur vainqueur à Prague en 2008 devienne le « Last Main Event Champion Standing ».

Bonavena vient de gagner un flip pour doubler, mais reste short avec 330,000 (20BB).

PFT : DCD

Au retour de la première pause du Day 4, Paul-François Tedeschi a remporté un coin-flip crucial lui permettant de sortir la tête de l'eau et revenir à 25BB. Le come-back allait se réveler être de courte durée, la faute à un compatriote, Benjamin Pollak. "J'ai chatté contre lui", expliquera Ben après coup. "Je relance deux 9 UTG, il me 3-bet au bouton. J'ai shove." Le Corse retourne une paire de Valet mais Pollak va trouver l'une de ses outs pour doubler, et laisser Tedeschi avec trois blindes qui ne tarderont pas à partir au milieu avec une paire de 6 : cette fois, il fait face à une paire de Dames et ne parviendra pas à s'en sortir.

Pour son cinquième et dernier ITM sur un Main Event, Paul-François atteint la 49e place, bonne pour 17,200 euros.

Soulier : le faux pas ?

Au moment de collecter le prix de 21,540 euros correspondant à son élimination en 46ème place, Fabrice Soulier semblait s'en vouloir. Son dernier EPT venait t-il de s'achever sur une mauvaise décision ? La main qui a précipité sa sortie est en tout cas du genre compliqué. Une décision "close", diront ses collègues pros. Nous vous laissons juges avec ce récit détaillé :

En fin de parole, Mihai Manole envoie l’intégralité de son tapis, soit 264,000 (16,5BB). De petite blinde, l’Allemand Marius Gierse, qui possède un gros stack, se contente de payer. Fabrice est de grosse blinde, et donc dernier à agir, avec un stack de 740,000 (46BB)*** et une paire de Valets.

Une belle main, mais est-elle si belle face à l’action devant lui ?

Au final, Fabrice va décider d’envoyer lui aussi son tapis. Réponse instantanée de Gierse : c’est payé. Et pour cause : ce dernier s’était embusqué avec deux gros Rois. En face, Manole montre un petit As-8. Le board Dame-9-8-6-3 n’améliore aucun des deux joueurs en danger : Marius Gierse les élimine d’une seule main, et s’installe dans le fauteuil du chip-leader.

Fabrice quitte donc l’EPT sans titre mais avec un douzième et dernier ITM, le record pour un joueur Français, juste derrière ElkY. En douze ans, ce circuit lui aura offert quelques uns des plus beaux moments de sa carrière, comme une victoire sur le High-Roller de Vienne en 2014 (392,900€), une troisième place à Campione, Italie (2012), et une victoire sur un side-event à 2K lors de l’EPT Monte Carlo 2010, bonne pour 97,000 euros.

*** IMPORTANT : J’avais initialement écrit que Fabrice possédait un tapis de 550,000, soit 34BB. Comme il me l’a fait remarquer plus tard, Fabrice possédait en fait 46BB. La différence n’est pas anodine !

Ben basculant

Les Français à l'EPT, c'est - définitivement - terminé ! Malgré une brève embellie à la faveur d'un bad beat infligé au compatriote Paul-François Tedeschi, Benjamin Pollak aura passé la majeure partie de ce Day 4 en position short-stack, et c'est avec 13 grosses blindes qu'il joue son dernier coup, muni d'une main de premier choix : les Rois. Un joueur Norvégien du nom de Kent Roed tente le coup de petite blinde avec As-Valet.

Au lieu d'un double-up, c'est la sortie que de soit remettre Pollak, après un board As-5-4-10-As.

Pour sa 32e place, il remporte un prix relativement anecdotique (au regard de ses gains passés sur le circuit) de 21,540 euros, et le titre officiel de tout dernier Français à avoir inscrit son nom au palmarès d'un Main Event EPT, douze ans et trois mois jour pour jour après que Francis Mahiout ait ouvert le bal en se classant en 22ème position de l'étape inaugurale de Barcelone. Dans l'intervalle, nous aurons eu nombre d'occasion de vibrer au cours des 115 tournois organisés en 13 saisons, avec des tables finales par dizaines et pas moins de neuf victoires Tricolores.

Un chapitre se termine : l'EPT change de nom, se fondant dans un circuit mondialisé. Qui sera le premier à ouvrir le compteur des victoires sur les PokerStars Championships et Festivals ?

Il reste deux niveaux à jouer dans le Day 4 du Main Event, et le compteur affiche 28 joueurs. Je mets temporairement en pause ce reportage. Il nous reste encore deux journées entières de poker à vivre avant de dire définitivement adieu à l'European Poker Tour, et outre la couverture du Main, du HR à 10K et des derniers gros side-events, j'ai quelques gros articles en stock, à caractère rétrospectif et nostalgique. Bref, pour paraphraser un animateur de trash TV : ne zappez pas !