Combien de mains un highroller joue en 30 minutes ?
Réponse ci-dessous Super High Roller 25 000 € (pas de bracelet à gagner)
On sentait venir le coup des mois à l’avance : le dernier Highroller des WSOP-Europe s’annonçait d’entrée de jeu comme un misérable four. Pourquoi ? Deux raisons, selon nous :
1/ La mention « This is not a bracelet event » écrite en toutes lettres sur le programme. Ben oui, on a beau dire, malgré les années et l’usure du prestige, les brelogues siglées WSOP restent un joujou prisé de tous, les amateurs comme les plus gros pros à qui s’adresse clairement cette épreuve. Du coup, Highroller WSOP sans bracelet WSOP au bout n’est qu’un Highroller de plus, comme on peut en jouer toutes les semaines sur trois continents différents.
2/ La fatigue, tout bêtement : après dix jours (ou plus) à vivre « poker » à 100% à Rozvadov, ville où les seules attractions autres que le casino sont un bar à hôtesses et une boutique de prêteur sur gages, nombre de joueurs ayant dépensé une ou plusieurs bullets à 100,000€ sur le One Drop ont pris leurs jambes à leur cou aussitôt après avoir sauté du Main Event.
Et ça n'a pas loupé : à seize heures, horaire théorique du coup d'envoi, ils étaient moins d'une dizaine à se pointer dans la zone réservée à cette ultime réunion de riches sharks et baleines. Du coup, cette poignée d'acharnés a discuté un peu pour renégocier (avec l'accord des organisateurs, prêts à faire quelques concessions, c'est normal) les termes d'une épreuves deepstack prévue sur deux journées entières.Après une discussion somme toute rapide, il fut convenu que :
Des rounds de 30 minutes allaient amplement suffire.
Les deux premiers niveaux de blindes étaient supprimmés : on débuterait directement à 300/600, ante 100, avec un tapis de départ de 100,000.
Un re-entry serait autorisé, avec des « late reg » ouvertes jusque la fin du Level 8.
Avance rapide jusqu’au Level 8, justement : deux tables sont correctement remplies. Je reconnais des joueurs comme Martin Jacobson, Martin Kabhrel, Dominik Nitsche (du côté des pros), mais aussi Dan Shak et Jean-Noël Thorel (du côté des amateurs, qui représentent en partie la raison de la présence des pros).
Je reconnais aussi un joueur espagnol portant un logo forcément familier. Alors qu'il reste trois minutes à jouer dans le niveau 8, Adrian Mateos Diaz est plongé dans une intense réflexion. Sur un board K




Les secondes passent, puis les minutes. Adrian semble ne pas pouvoir prendre de décision. La pause démarre. Adrian appelle l’innénarrable Kate, arbitre en chef du tournoi. « Dis-moi ! On peut re-entry pendant la pause, ou c’est trop tard ? »
Kate lui répond qu’il n’est pas trop tard : elle fermera les inscriptions à la fin de la pause. Cette précision cimentera la décision d’Adrian : avec son Q10
, autrement dit un brelan, il ne peut pas prendre le risque de se faire bluffer. C’est payé ! Mais Ivan Luca ne bluffe pas : il montre Q
J
pour une diabolique quinte !
15 minutes plus tard, Adrian Mateos Diaz est de retour, un nouveau ticket d’inscription à la main. Le hasard du re-entry l’a placé à la même table qu’avant son élimination, mais à un siège différent : au lieu de jouer hors de position sur Jean-Noël Thorel, voilà Adrian assis à la gauche d’Ivan Luca. La fermeture des inscriptions nous permet de vous livrer…
Les chiffres définitifs du Highroller 25 000 € sans bracelet
21 inscriptions au total, dont 5 re-entry
Dotation : 492 765 €
Répartition des prix : 4 ITM, 210,112€ pour le vainqueur, 67,555€ pour le min-cash, et le reste pour les deux autres.
Blindes après la fermeture des inscriptions : 2000 / 4000 ante 500
Tapis moyen : 161 000 (40BB)
30 minutes en apnée Highroller
Je n’ai pas décollé de la table d’Adrian Mateos Diaz durant un niveau entier, celui joué après la fin des re-entry. Comme vous le verrez, nos highrollers aiment bien voir le maximum de flops : il est encore trop tôt dans le tournoi pour 3-bet ou 4-bet préflop trop souvent. Le tournoi, d’ailleurs, se terminera ce soir.
Main #1 : Adrien est UTG et ouvre à 8 500. Juste derrière, Felipe Ramos fait tapis pour 78,500. Juste derrière (encore !), Ole Schemion l’imite, il couvre Felipe. Les trois autres joueurs, dont Adrian, s’enfuient en courant, on les comprend. Les jeux sont retournés :
AA
chez Felipe Ramos
JJ
chez Ole Schemion.
Excellent timing du brésilien qui double son tapis après un board 3-9-7-6-6 sans danger.
Felipe Ramos et Ole Schemion
Main #2 : Adrian est de grosse blinde.
Au cut-off, Jean-Noël Thorel ouvre à 10,500. Adrian veut voir le flop. Celui-ci tombe
A4
9
. Adrian check/fold face à une mise de 15,000.
Main #3 : Adrian est de petite blinde.
Jean-Noël Thorel ouvre encore, du même montant (10,500). Felipe Ramos défend sa grosse blinde. Le flop tombe J7
4
et la séquence « pro qui se couche face à un amateur » se répète : Thorel c-bet et Ramos abandonne.
Main #4 : Adrian est au bouton.
Ivan Luca ouvre au cut-off pour 8,500. Adrian, Felipe et Ole passent : Ivan remporte les blindes et antes.
Main #5 : Adrian est au cutoff. Il ouvre à 8,000.
Jean-Noël Thorel défend sa grosse blinde et un flop 89
4
est retourné. Pas de mise.
Turn : Q. Toujours pas de mise.
Rivière : 7. Jean-Noël mise 10,000. Adrian paie. Les jeux ?
A4
chez le français,
A7
chez l’espagnol.
La plus grosse paire l’emporte, bien entendu.
Jean-Noel Thorel
Main #6 : Adrian est UTG+1.
Ivan Luca relance UTG pour 8,500. Max Altergott défend sa grosse blinde.
Flop : A7
9
. Max check, Ivan c-bet 7,000, Max check/call.
Turn : A. Check/check.
Rivière : 10. Max Altergot mise 7,500. Ivan Luca abandonne.
Main #7 : Adrian est UTG, et jette rapidement ses cartes.
Au bouton, Jean-Noël Thorel ouvre à 10,500. Ivan Luca défend sa BB.
Il n’y a pas d’action jusqu’au turn 10K
3
A
, moment que Thorel choisit pour miser 10,500 : Luca check/fold.
Main #8 : Adrian est de BB.
UTG+1, Ole Schemion ouvre à 8,500. Tous les autres passent, y compris Adrian.
Main #9 : Adrian est de SB.
Ole Schemion ouvre à 8,500 UTG. Felipe Ramos défend sa BB.
Flop : A10
3
. Felipe check/call un c-bet de 8,500.
Turn : J. Felipe check/call 22,000 supplémentaires.
Rivière : 5. Cette fois, c’est Felipe qui prend l’initiative, avec un bon parpaing à 32,500. Ole Schemion ne souhaite pas voir l’abattage : fold !
Main #10 : Adrian est au bouton.
Au cutoff, Ivan Luca ouvre à 8,000 et cela lui suffit pour ramasser ce qu’il y a au milieu.
Main #11 : Adrian est au cutoff.
UTG, Max Altergott ouvre à 9,000. Juste derrière, Ivan Luca 3-bet à 24,000. La parole revient à Max qui abandonne.
Max Altergott et Ivan Luca
Main #12 : Adrian est UTG+1.
Tout le monde passe jusque Jean-Noël Thorel qui, de petite blinde, ouvre (cher) à 2,500. Max Altergott défend sa BB.
Flop : 94
2
. Jean-Noël lâche un c-bet « poignée » de 20,000. Max paie sans avoir l’air trop embêté.
Turn : 6. Jean-Noël reste pensif un instant, puis checke. Max l’imite.
Rivière : 6. Jean-Noël checke encore. Max tapote la table, et les jeux sont retournés :
A3
chez Jean-Noël, autrement dit pas grand chose.
A2
chez Max, un « pas grand chose » qui est devenu un petit bout de truc. Ca gagne.
Main #13 : Adrian est UTG.
Au bouton, Jean-Noël Thorel ouvre à 10,500. Ivan Luca défend sa BB.
Les deux joueurs checkent tout au long d’un board 39
4
2
Q
.
Ivan Luca montre un KQ
qui a trouvé chaussure à son pied sur la rivière, battant le A
7
de Jean-Noël Thorel.
Quelques stats
Nombre de coups joués en un niveau de 30 mn : 13
Nombre de flops : 9/13
Nombre de turns : 7/13
Nombre de rivières : 6/13
Nombre de showdown : 4/13
Nombre de coups à tapis préflop : 1/13
Nombre d'ouvertures préflop de....
Felipe Ramos : 0
Ole Schemion : 2
Jean-Noël Thorel : 5
Max Altergott : 1
Ivan Luca : 3
Adrian Mateos Diaz : 2
Paroles échangées à table : aucune
Nombre d'éliminés : 0
Evolution du tapis d'Adrian : de 100 000 à 95 000