THIS IS THE END

THIS IS THE END

Dans l’article précédent Amour, gloire, et raté, je décrivais cette envie de percer dans le journalisme Poker. La plume, l’envie d’écrire sur des coin flips, de faire vivre une rivière d’anthologie, de taper frénétiquement sur mon clavier pour narrer la brique qui ne changera rien. J’en avais rêvé de ce poste, et bien il me passait sous le nez, et encore une fois il allait me falloir rebondir et me trouver une autre voie…

Je retrouve mes collègues d’Ojala pour leur annoncer que finalement je continue l’aventure avec eux. Je me replonge directe sur le projet et tout l’aspect communication, démarchage. Le groupe est en mode flux tendu, les deux trois ronds qui tombent dans les caisses ressortent illico, la faute à une majorité de personnes dans le groupe étant au chômdu ou sans aucune ressources. Du coup nos projets prennent du temps à se monter… beaucoup de temps. On essaie bien de se démerder par nous même, mais bon… ça reste un métier. Notre public croit, les like facebook grimpent, si quelques semaine plus tot je me prenais pour Benjo Di Meo, là je commence à me dire qu’il y a de la place pour nous, et je me prends à devenir Maceo.

Le poker tient toujours une place privilégiée, tant que la tune ne rentre pas je joue mon RSA pour essayer de payer le paquet de pâte du soir. Parfois ça rentre… mais la plus part du temps il m’arrive de perdre jusqu’à mon dernier sous. Il est trop dur pour moi de m’admettre qu’il faut que j’arrête de jouer, j’avais réussi pendant un an à en vivre c’est bien que j’avais le talent pour… je bosse le saxo quatre à cinq heures par jour et les cartes me prennent au moins autant de temps. Ma copine qui a toujours été ouverte, diplomate et pas prise de tête me fait comprendre qu’il y a des limites, et me dis que j’ai un problème avec le jeu. En entendant ça, et sachant pertinemment que c’était vrai mais sans vouloir l’admettre, je me mis en rogne « Bordel mais je sais me contrôler! » mais rien que le volume sur lequel je disais ça prouvait bien que ce n’était pas le cas. J’étais dans le dénie verbal alors que je savais bien au fond de moi que ces dix années passées à jouer m’avait péniblement fait dégager un bénéfice de 5k€… soit 250€ par an… pas de quoi bander. Je me mure dans un silence coupable, je rumine mon « putain mais je sais gérer »… puis une voix intérieur « - T’es sur? » « - Mais bien sur que je suis sur »… « - T’es sur sur? » « -  » la remise en question était en marche.

En parallèle le groupe bosse, travail, donne tout. Nous commençons à faire des scènes sympathiques, notre réseau se développe, notre niveau augmente, nous commençons à travailler un véritable show. Se greffe au band, un ingénieur du son, un ingénieur lumière, un manager , bref tout ce qu’il faut pour que l’ensemble décolle. D’autant plus que les salles de 200 personnes ne suffisent plus, les gens font la queue devant. Tout ces arguments nous font y croire dur comme fer, mais avant de voir plus grand il faut faire les choses bien, et je sens bien qu’en terme d’organisation le groupe avance à deux vitesses : le bassiste qui se la joue « yeah mec, tu sais moi je suis en freelance, je peux pas trop m’investir », le percussionniste « Arthur tu sais j’ai mon travail… », le batteur « Je pars à la fin de l’année donc m’en veux pas »… en revanche quand il s’agit de prendre le cachet les gars sont là se servent et ne prennent même pas le temps de réfléchir au simple fait d’investir pour le groupe.

Comme après chaque concert, nous nous retrouvons autour d’un verre pour une réunion afin de voir les points à améliorer. Le thème du jour ? « Une bonne communication interne ». L’ambiance n’est pas la même que d’habitude, elle est tendue alors que les sujets sensibles n’ont pas encore été abordés. Puis Sebastian (le directeur artistique) me dit : « Ecoute Arthur : tu nous mets la pression pour communiquer et faire venir du monde, tu veux qu’on se développe, qu’on avance, qu’on enregistre et tout… tu mets trop de pression, tu casses les couilles, en plus ton niveau de saxo doit s’améliorer parceque c’est pas avec toi qu’on va décoller ». En entendant ces phrases j’étais Ali contre Foreman lors de ce match d’anthologie à Kinshasa, me prenant droite sur droite sans ne rien pouvoir faire… bloqué dans les cordes. Les autres enchainent, et balance leurs arguments. Je sens que les mecs ont ruminé ça pendant des mois sans même être venu m’en parler et leurs tirades versaient le venin qu’ils avaient emmagasiner. Certes j’étais et j’assumais être le relou du groupe, le mec qui appelait pour fixer les rendez vous et pour que tout le monde soit à l’heure, pour motiver les uns et les autres lors des coups de mous, pour démarcher, pour organiser les rencontres avec les pros, et surtout je m’efforçait de toujours dire les choses directement pour éviter qu’on puisse me traiter un jour de faux cul, On voulait bien être pro non? Quand enfin ils finirent leurs diatribes, je ne me sentais plus à ma place, je ne savais même pas si je devais pleurer ou quoi… j’étais sous le choc, le vide, le néant, je ne comprenais plus rien. « Du coup avec ce que vous me dites, vous êtes en train de me dire quoi? que vous voulez arrêter avec moi? » plus un bruit, les yeux se tournent vers le sol, aucun n’ose croiser mon regard… « bon ben ok… réfléchissez et si c’est ce que vous voulez, votez! » Une, deux trois mains se lèvent, la chanteuse Anne essaie bien de me défendre, mais se résoudra à lever la main « Vous êtes le maillon faible, Aurevoir! ». Les mecs avant de partir me disent : « par contre on aimerait bien que tu deviennes notre manager » c’était la cerise sur le gâteau…

Autant vous le dire, j’ai chuté dans une dépression bien dure, je n’avais plus de projet, plus d’envie, j’étais écoeuré de la musique, et en plus tous les soirs je rêvais que je renvoyais Sebastian qui était sans papier chez lui au Chili, j’ai même failli appeler les flics pour me venger, la haine m’envahissait. Je m’étais fait piller mon rêve et ce pourquoi je bossais si dur pendant 3 ans. Autant vous dire que le retour aux cartes était une nécessité absolue pour oublier toute cette merde. Étonnamment alors que mon moral était au plus bas je refis quelques performances, pour prendre 1,2k sur le mois de juin, ce qui m’entraîna dans une dynamique compulsive ritualisée. Je jouais alors tous les jours et j’avais vraiment envie de me refaire à l’ancienne, le seul projet qui s’offrait à moi à ce moment là c’était celui de me refaire comme à la belle époque. Heureusement, j’ai rapidement trouvé un travail de chargé de diffusion pour une compagnie de théâtre qui me payait pour le boulot que je faisais pour le groupe OJALA. J’ai petit à petit grâce à l’aide de ma copine repris pied, repris l’envie de jouer du saxo, et surtout repris conscience que le jeu prenait beaucoup trop d’emprise sur moi, il était temps de me l’admettre, il était temps de l’admettre au monde entier : J’étais addict!

C’est le moment d’ouvrir wam-poker et d’écrire, de poser les mots sur ce qui n’était que des sensations, de laisser l’opportunité à d’autres personnes de voir ce qu’est l’addiction et comment elle se matérialise. Il est possible que d’autres personnes se reconnaissent dans ces lignes, mon parcours n’est pas extraordinaire, et si c’est votre cas n’hésitez pas à sortir de votre confort et à en parler, des gens, des services sont là pour vous accompagner. Pour moi ma thérapie fut l’écrit, et surtout vos mots d’encouragement et votre fidélité, mon addictologue bien entendu, et la chance d’avoir une chérie qui m’aime suffisamment pour continuer de me tendre la main au quotidien pour éviter que je ne rechute.

Les mois ont passé depuis le début cette aventure, et encore une fois je me répète mais vous avez une part énorme dans ma volonté de me sevrer. Du coup je n’ai pas prévu de vous lâcher : déjà parceque je suis toujours addict et que je vais continuer à poster pour faire des bilans. Mais j’ai également prévu de vous expliquer mon projet qui est assez lourd pour mériter sa place ici. Il s’agira d’une suite direct de la série Plaisir et Addiction, que je ferai surement sous forme de vlog. Pour vous dire ce projet me prend tellement de temps que sur le mois de Juin je n’ai quasiment pas eu le temps de jouer. Serait-ce un début de rémission?

(Un nouveau projet)

Bonne chance pour tes projets que je suivrai avec plaisir…

vraiment sympa à lire, pas mal de coup dur mais tu t’en sors rempli d’expérience !

On est beaucoup d’addict à penser maîtriser mais quand la variance n’est pas de notre coté c’est vraiment pas facile !

Gros GL pour la suite.

Teasing de malade, j’achète !

gg Arthur pour ce début de « rémission » :wink:
xxl gl pour ton projet et au plaisir de te lire a nouveau

Damn, tu sais faire vibrer la corde sensible toi. Bravo pour être allé au bout de ce blog en tout cas, la boucle semble bouclée. Et maintenant ?

Bravo pour tes écrits, très agréable à lire. La dimension émotionnelle y est présente, c’est fluide, dynamique.
Si les descriptions des environnements étaient plus détaillées, je me dirais que tu es en train d’écrire un livre et non un article de journaliste, et j’aime bien :wink:

GL aussi pour tes projets, ta vie qui se construit.

Je mets ton blog sous surveillance :mrgreen:

Mauvais choix de titre pour une fois – je t’en ai trouvé un autre:

THIS IS THE BEGINNING

GL pour tout !!! :wink:

@Chhriis : Merci mec, c’est cool à toi d’avoir suivi et d’avoir partager tes commentaires. La boucle est totalement bouclé pour ce qui est de la rétrospective, et maintenant?.. bon allez je peux vous en livrer un peu plus. Je travaille sur un projet qui vise à la féderation de l’ensemble des acteurs de la vie musicale lyonnaise (groupes, studio de répète, studio d’enregistrement, techniciens, magasin de musique et encore bien d’autres acteurs), le but étant de permettre aux groupes d’avoir accès aux différents prestataire beaucoup plus facilement que le bouche à oreille comme cela se passe dans 90% du temps (même pour un truc aussi standard que trouver un local de répète). Voilà Lyon (comme surement toutes les villes) possède un talent monstrueux musicalement et essayer de le faire éclore en développant cet outil est devenu ZE OBJECTIF!.. mais il vous en reste encore bien encore à savoir sur Les Micros Lyonnais… (ça va le teasing?)

@KCNARF95 : Yes merci mon ami, je sais pas si j’écrirai beaucoup dans un avenir proche mais par contre y a quand même bien moyen de se marrer à faire le con devant une cam :wink:

@Kalimhiro : Allez je t’ai lâché un peu d’info, mais point trop n’en faut! je te tiendrai au jus pour le lancement du projet officiel. D’ailleur si t’es chaud descend sur Lyon pour le Lancement y a même moyen que je t’héberge… (c’est pas de suite de suite)

@WinaRSA : Merci amigo pour ces bons mots! « le plus dur c’est de l’admettre » comme disait … je sais plus qui mais on s’en branle :wink:

@Samsonov : Merci mec, j’espère que la suite te plaira :wink:

@Nonneobstant : Ou encore … LA RÉSURRECTION!!!

@BellaGio : Merci beaucoup, j’y avais pensé à écrire un bouquin mais sincèrement le temps à y consacrer est autrement plus long. Mais bon c’est un sacré compliment, j’espère que la suite (même si elle ne sera pas écrite) te plaira également.