Deux inconnus, deux anonymes, et pourtant…
Enis Rouissi et Yassine Baqal reviendront ce lundi pour aller chercher un titre FPS historique et 470 briques. L'amateur et le joueur de cash-game ont livré une partie fantastique pour poinçonner leur ticket pour le Day 4. Le premier est chipleader, le deuxième très bien placé, et les deux représenteront la France demain, avec l'ambition d'aller chercher la victoire. Face à eux, un quatuor de grinders internationaux, plus techniques, plus expérimentés, mais qu'ils ont jusque là superbement tenu en respect.
1 100 € Main Event FPS (Fin de Day 3)
Des quatre français titulaires en finale, ce sont les deux qu’on connaissait et qu’on attendait le moins. Et c’est tout à fait normal puisqu’Enis Rouissi et Yassine Baqal étaient tout simplement inconnus au bataillon, jusqu’à aujourd’hui.
Demain, ils auront l’occasion d’inscrire leur nom dans l’histoire des France Poker Series, sur le plus grand tournoi jamais organisé dans l’histoire du poker français. Qui sont donc ces deux anonymes qui joueront demain une partie de poker à 470 briques ?
Enis Rouissi est d’abord un miraculé. A 12 left de ce tournoi, il a mis deux Dames contre deux Rois pour un pot à 16 millions face au chipleader Kaçper Pyzara. Seul véritable “récréatif” du casting final, Enis joue au poker depuis de longues années. Il a squatté les clubs parisiens, les parties de cash game entre la France et la Tunisie, où il vit une grande partie du temps. Mais depuis un an, sa passion a pris un tournant, lorsque pour la première fois de sa vie, Enis découvrait les joies du MTT Live.
Un passage sur le Winamax Poker Tour, un beau deep run sur le WPT Prime à Aix-En-Provence (12e pour 6 450 €), quelques petits tournois ici et là… Rien de comparable avec le deep run qu’il vit aujourd’hui. Perçant un field de 4 149 joueurs, Rouissi a parfaitement négocier les derniers niveaux du jour, au point d’être le grand gagnant de ce début de finale.
Sa solidité, sa capacité à changer de rythme, à sélectionner les bonnes lines contre les bons profils ont montré qu’il avait toutes les qualités nécessaires pour aller au bout. Et ce n’est ni le manque d’expérience, ni les paliers vertigineux qui le feront trembler demain. Son statut d’amateur et d’outsider, pourrait peut être même le servir
« Je ne sais pas ce que mes adversaires se disent dans leur tête… Mais là où ça peut jouer, c’est que eux sont des joueurs pros. Ils font ça de leur vie. Moi, je gagne ma vie à côté, explique celui qui travaille comme associé dans une grande boite de conseil. Je suis déjà très heureux d’être arrivé là, et puis 470 000, ça changera beaucoup de chose, mais ce n’est pas la fin de la vie. J’aurais surement moins la pression que des joueurs dont c’est le métier ».
La France comptera un deuxième représentant, tout à fait différent. Ce qui pourrait tout de même rapprocher Enis de son compatriote Yassine Baqal, c’est leur anonymat et leur inexpérience du poker de tournoi. Le Parisien se définit clairement comme un joueur de cash-game. En privé comme en cercle, Yassine tâte le carton depuis de nombreuses années, et il dispose de nombreuses qualités, utiles en argent réel, comme en MTT. A commencer par la résilience.
Depuis deux jours, Yassine nous offre effectivement une démonstration de résistance. Pendant de longs niveaux, il s’est cramponné à son shortstack, perçant le field en restant caché dans le gruppetto. Surgissant au moment des demi-finales, il retombait encore dans la zone rouge à l’entame de la table finale, dont il a été le chiploser. Mais à aucun moment, Yassine n’a lâché l’affaire.
« J’ai passé l’essentiel du tournoi sous les vingt blindes, c’est ma zone de confort en fait, analyse le Parisien. J’étais déjà revenu de 4 blindes aujourd’hui, je me suis accroché pendant tout le tournoi, ce n’est pas en table finale que j’allais lâcher. A ce jeu, ça n’est jamais fini. Il m’a suffi de un ou deux all-in pour me remettre à flot, rappelle Yassine, qui a notamment joui d’un rush improbable, au meilleur des moments. En remontant à 8 millions, tout était jouable, puisqu’à part mon voisin qui a une tonne, les autres sont shorts aussi ».
Baqal reviendra demain avec 20 000 000 de jetons, soit une grosse trentaine de blindes et un stack quasi similaire à celui de Mateusz Moolhuizen et de Kacper Pyzara… Et deux fois plus que Scott Margereson et Blaz Zerjav. Des adversaires infiniment plus techniques ou expérimentés que lui. De là à le freiner dans ses ambitions ?
« Je vais revenir sans pression, on va chercher la win, affirme Yassine. Je suis peut être pas un spécialiste de tournoi mais ça fait quand même 18 ans que je joue au poker. Ca va le faire : demain, on va représenter la France ! ».
Face à nos deux Français, un quatuor britanno-hollando-polono-slovène. La légende britannique Margereson, le serial perfeur Moolhuizen, le jeune prodige Zerjav et le redoutable Pyzara seront des adversaires de choix. Les deux premiers espèrent ajouter un nouveau coup d’éclat à leur palmarès déjà bien fournis, les deux suivants s’apprêtent à jouer la partie qui pourrait changer leur carrière.
Après un début de finale cauchemardesque, Kacper Pyzara a su s’armer de patience pour finalement remonter la pente sur l’ultime main de la journée. Open-shove KQch de Pierre Merlin UTG pour ses 9 dernières blindes et tout le monde fold jusqu’au Polonais, qui découvre A
Q
en BB. Un board 3
5
4
2
8
, et « L’enchanteur » se contente de la 7e place, pour 73 580 €.
Quelques minutes plus tôt, son voisin et ami Julien Duveau succombait au diktat d’anis Rouissi. Open EP K
6
du chipleader, 3-bet shove 3
3
de « J3llyFish » pour ses derniers 6 400 000. La main est bancale, mais il n’y a que 10BB à mettre : payé. Rouissi frappe le 6
au flop, pas de 3, et Julien Duveau prend la 8e place, pour 56 590 €.
Nos deux Français n’ont pas réellement pu défendre leur chance dans cette finale. Ils n’ont pas vu de jeu et se sont contentés de folder en regardant les jetons circuler chez leurs adversaires, sans jamais assister à une élimination. Un scénario catastrophique qui a fait redescendre Julien et Pierre dans le ventre mou, puis dans la zone rouge, jusqu’au coup de grâce.
Le clan français se rangera donc vers Enis Rouissi et Yassine Baqal, deux visages qu’on ne connaissait et qu’on retrouvera ce lundi pour aller chercher un titre historique et 470 patates.
Chicpount 6 left - FPS Main Event 1 100 € - 4 149 entrées
Siège 1 - Scott Margereson (UK) : 8 800 000
Siège 2 - Blaz Zerjav (Slovénie) : 9 800 000
Siège 3 - Mateusz Moolhuizen (Pays-Bas) : 20 800 000
Siège 4 - Enis Rouissi (France) : 44 200 000
Siège 5 - Yassine Baqal (France) : 19 900 000
Siège 6 - Kacper Pyzara (Pologne) : 21 000 000
Rappel du Pay-out :
1er - 470 830 €
2e - 294 530 €
3e - 210 220 €
4e - 161 710 €
5e - 124 390 €
6e - 95 690 €
7e - Pierre Merlin : 73 580 €
8e - Julien Duveau : 56 590 €
9e - Pietro Croci : 43 540 €